Armée de l'Air  : Que dit le rapport de la RAND ?
Yannick Genty Boudry
YGB

publié le 21 septembre 2023 à 16:51

436 mots

Armée de l'Air  : Que dit le rapport de la RAND ?

Suite à la publication du rapport polémique de la Rand Corporation contre l'Armée de l'Air, Air&Cosmos fait le point sur les arguments présentés par ce think-tank financé par l'US Air Force.


Des capacités limitées ?

Ce rapport d’une durée de 107 pages offre une vision critique des difficultés auxquelles est soumise l’Armée de l’Air dans ses activités quotidiennes. Publié le 16 juin 2021, le rapport de la RAND Corporation sur les capacités militaires françaises dans le cadre d’un affrontement de haute intensité a fait débat. Pour autant, quand est-il réellement des capacités de l’Armée de l’Air ?

Quelles sont les difficultés ?

Le rapport liste un ensemble de trois capacités majeures qui font actuellement défaut à l’AAE dans une éventuelle gestion du combat de haute intensité. Premièrement, le manque d’avions cargo est souligné, obligeant les responsables militaires à sous-traiter le déplacement des véhicules lourds à des sociétés privées. Lors de l’opération Serval, jusqu’à 75% de la logistique lourde ont ainsi été convoyés par des gros porteurs Ukrainiens. Ce point n’est pas nouveau et une amélioration à court terme est très peu probable, en effet, le C-17 Globemaster III, seul appareil pouvant répondre au besoin n’est plus fabriqué. La deuxième difficulté concerne la réduction de la menace sol-air, la mission SEAD, essentielle à l’entrée en premier dans un espace fortement contesté. Dans ce cas de figure, l’Armée de l’Air ne dispose pas de missiles spécialisées tel l’AGM-88 « Harm » à l’instar des américains. Cela étant, elle dispose néanmoins d’une capacité réduite avec le Scalp d’une portée supérieure à 500 kilomètres. L’idée de développer un vecteur spécialisé pour ce type de mission fait progressivement son chemin en Europe, notamment en Finlande et en Allemagne. Du côté français, plusieurs parlementaires ont récemment demandé le développement d’un Rafale équipé pour la guerre électronique et la mission SEAD, à l’instar de l’EA-18G « Growler ». Le dernier point concerne le stock de munitions, jugé très faible par de nombreux experts dans le cadre d’un combat de haute intensité avec une centaine de sorties de combat par jour. De son côté, l'État-Major, sans fournir de chiffres assure qu’elle dispose d’un stock conséquent lui permettant de soutenir une coalition aérienne dans la durée.

Quelles conclusions en tirer ?

Loin d’offrir uniquement une vision critique, ce rapport fait également l’éloge de l’Armée de l’Air qui renouvelle progressivement son matériel, comme en témoigne les Rafale, A400M, A330 MRTT, CUGE, ALSR qui formeront l’une des plus puissantes forces aériennes européennes de demain. Par ailleurs, son bon de niveau de préparation (https://www.air-cosmos.com/article/le-raid-des-rafale-tahiti-heifara-wakea-jour-1-25035)  et sa capacité à accomplir un vaste éventail de missions est également souligné. Pour autant, l’Armée de l’Air ne pourra s’engager seule dans un combat de haute intensité, elle nécessitera le soutien de ses partenaires Otaniens, mais l’Armée de l’Air constitue pour l’OTAN un soutien de premier plan dans les futures opérations aériennes. 

Commentaires
user_picture Petrau 01/11/2021 11:58

Le fait que la Rand Corporation soit financée par l'état américain n'enlève rien à la pertinence de ses conclusions quant aux capacités des armées ... françaises face à un conflit de haute intensité : en gros, une bonne technicité mais des moyens, en particulier aériens, beaucoup trop faibles ne permettant de "tenir" seulement quelques jours. Ces conclusions sont peu contestables. L'exemple des Rafale est édifiant : une fois décompté les 14 appareils qui sont cannibalises (dixit madame Parly) au profit de ceux qui restent en service, les 12 appareils vendus à la Grèce, les 12 autres en cours de vente à la Croatie et les appareils immobilisés pour maintenance, il ne reste guère plus de 20 à 30 appareils opérationnels. Et ceci pour ne parler que des avions de combat. Le diagnostic est sensiblement le même pour les avions de transport, la défense anti-aerienne, les drones, ... Alors que faire, sachant que notre pays croule sous les dettes et que les budgets ne sont pas illimités. Peut être, en premier lieu mettre à jour le livre blanc sur la défense en prenant en compte les données les plus récentes : le conflit d'Azerbaidjan, le fiasco américain en Afghanistan ( la défaite cinglante infligée par des combatants en haillons armés de Kalachnikov), la fragilité du cyberspace, la fragilité des moyens spatiaux militaires, ... Et quelles conséquences en tirer : d'abord l'abandon du projet de donner un successeur au Charles de Gaulle, une machine hypervulnerale aus armes hypersoniques qui seront bien au point d'ici peu d'années. Réfléchir à la suite à donner au Rafale : la furtivite qui justifie en grande partie la réalisation du Scaf est un leurre, les russes, les chinois, ... disposent des moyens de détection de ce type d'appareils. Pourquoi ne pas se diriger vers un Rafale F6 plus motorisé disposant des dernières technologies en matière de combats collaboratif et accompagné d'UCAV pour "entrer en premier. Pour ce qui est des drones, un appareil de 2ème génération réalisé par Dassault via une collaboration type Neuron se substituerait pertinament à un Eurodrone qui sera dépassé lors de sa mise en service, si toutefois il voit le jour. Enfin, au vu de la fragilité du cyberspace, des investissements conséquents sur des systèmes robustes de suppléance apparaissent indispensables. Il y aurait encore beaucoup à dire.. plus



user_picture Petrau 01/11/2021 18:32

J'ai oublié, au titre des économies pertinentes, l'abandon du projet de char de combat MGCS, déjà enlisé par ailleurs dans les affres d'une coopération ... franco-allemande parsemée de non-dits. Dommage sans doute pour les nostalgiques, mais on ne refera pas la bataille de Koursk. plus



Yannick Genty Boudry
YGB
21/09/2023 16:51
436 mots

Armée de l'Air  : Que dit le rapport de la RAND ?

Suite à la publication du rapport polémique de la Rand Corporation contre l'Armée de l'Air, Air&Cosmos fait le point sur les arguments présentés par ce think-tank financé par l'US Air Force.

Armée de l'Air  : Que dit le rapport de la RAND ?

Des capacités limitées ?

Ce rapport d’une durée de 107 pages offre une vision critique des difficultés auxquelles est soumise l’Armée de l’Air dans ses activités quotidiennes. Publié le 16 juin 2021, le rapport de la RAND Corporation sur les capacités militaires françaises dans le cadre d’un affrontement de haute intensité a fait débat. Pour autant, quand est-il réellement des capacités de l’Armée de l’Air ?

Quelles sont les difficultés ?

Le rapport liste un ensemble de trois capacités majeures qui font actuellement défaut à l’AAE dans une éventuelle gestion du combat de haute intensité. Premièrement, le manque d’avions cargo est souligné, obligeant les responsables militaires à sous-traiter le déplacement des véhicules lourds à des sociétés privées. Lors de l’opération Serval, jusqu’à 75% de la logistique lourde ont ainsi été convoyés par des gros porteurs Ukrainiens. Ce point n’est pas nouveau et une amélioration à court terme est très peu probable, en effet, le C-17 Globemaster III, seul appareil pouvant répondre au besoin n’est plus fabriqué. La deuxième difficulté concerne la réduction de la menace sol-air, la mission SEAD, essentielle à l’entrée en premier dans un espace fortement contesté. Dans ce cas de figure, l’Armée de l’Air ne dispose pas de missiles spécialisées tel l’AGM-88 « Harm » à l’instar des américains. Cela étant, elle dispose néanmoins d’une capacité réduite avec le Scalp d’une portée supérieure à 500 kilomètres. L’idée de développer un vecteur spécialisé pour ce type de mission fait progressivement son chemin en Europe, notamment en Finlande et en Allemagne. Du côté français, plusieurs parlementaires ont récemment demandé le développement d’un Rafale équipé pour la guerre électronique et la mission SEAD, à l’instar de l’EA-18G « Growler ». Le dernier point concerne le stock de munitions, jugé très faible par de nombreux experts dans le cadre d’un combat de haute intensité avec une centaine de sorties de combat par jour. De son côté, l'État-Major, sans fournir de chiffres assure qu’elle dispose d’un stock conséquent lui permettant de soutenir une coalition aérienne dans la durée.

Quelles conclusions en tirer ?

Loin d’offrir uniquement une vision critique, ce rapport fait également l’éloge de l’Armée de l’Air qui renouvelle progressivement son matériel, comme en témoigne les Rafale, A400M, A330 MRTT, CUGE, ALSR qui formeront l’une des plus puissantes forces aériennes européennes de demain. Par ailleurs, son bon de niveau de préparation (https://www.air-cosmos.com/article/le-raid-des-rafale-tahiti-heifara-wakea-jour-1-25035)  et sa capacité à accomplir un vaste éventail de missions est également souligné. Pour autant, l’Armée de l’Air ne pourra s’engager seule dans un combat de haute intensité, elle nécessitera le soutien de ses partenaires Otaniens, mais l’Armée de l’Air constitue pour l’OTAN un soutien de premier plan dans les futures opérations aériennes. 


01/11/2021 11:58

Le fait que la Rand Corporation soit financée par l'état américain n'enlève rien à la pertinence de ses conclusions quant aux capacités des armées ...  françaises face à un conflit de haute intensité : en gros, une bonne technicité mais des moyens, en particulier aériens, beaucoup trop faibles ne permettant de "tenir" seulement quelques jours. Ces conclusions sont peu contestables. L'exemple des Rafale est édifiant : une fois décompté les 14 appareils qui sont cannibalises (dixit madame Parly) au profit de ceux qui restent en service, les 12 appareils vendus à la Grèce, les 12 autres en cours de vente à la Croatie et les appareils immobilisés pour maintenance, il ne reste guère plus de 20 à 30 appareils opérationnels. Et ceci pour ne parler que des avions de combat. Le diagnostic est sensiblement le même pour les avions de transport, la défense anti-aerienne, les drones, ... Alors que faire, sachant que notre pays croule sous les dettes et que les budgets ne sont pas illimités. Peut être, en premier lieu mettre à jour le livre blanc sur la défense en prenant en compte les données les plus récentes : le conflit d'Azerbaidjan, le fiasco américain en Afghanistan ( la défaite cinglante infligée par des combatants en haillons armés de Kalachnikov), la fragilité du cyberspace, la fragilité des moyens spatiaux militaires, ... Et quelles conséquences en tirer : d'abord l'abandon du projet de donner un successeur au Charles de Gaulle, une machine hypervulnerale aus armes hypersoniques qui seront bien au point d'ici peu d'années. Réfléchir à la suite à donner au Rafale : la furtivite qui justifie en grande partie la réalisation du Scaf est un leurre, les russes, les chinois, ... disposent des moyens de détection de ce type d'appareils. Pourquoi ne pas se diriger vers un Rafale F6 plus motorisé disposant des dernières technologies en matière de combats collaboratif et accompagné d'UCAV pour "entrer en premier. Pour ce qui est des drones, un appareil de 2ème génération réalisé par Dassault via une collaboration type Neuron se substituerait pertinament à un Eurodrone qui sera dépassé lors de sa mise en service, si toutefois il voit le jour. Enfin, au vu de la fragilité du cyberspace, des investissements conséquents sur des systèmes robustes de suppléance apparaissent indispensables. Il y aurait encore beaucoup à dire.. plus




Commentaires
01/11/2021 11:58

Le fait que la Rand Corporation soit financée par l'état américain n'enlève rien à la pertinence de ses conclusions quant aux capacités des armées ... françaises face à un conflit de haute intensité : en gros, une bonne technicité mais des moyens, en particulier aériens, beaucoup trop faibles ne permettant de "tenir" seulement quelques jours. Ces conclusions sont peu contestables. L'exemple des Rafale est édifiant : une fois décompté les 14 appareils qui sont cannibalises (dixit madame Parly) au profit de ceux qui restent en service, les 12 appareils vendus à la Grèce, les 12 autres en cours de vente à la Croatie et les appareils immobilisés pour maintenance, il ne reste guère plus de 20 à 30 appareils opérationnels. Et ceci pour ne parler que des avions de combat. Le diagnostic est sensiblement le même pour les avions de transport, la défense anti-aerienne, les drones, ... Alors que faire, sachant que notre pays croule sous les dettes et que les budgets ne sont pas illimités. Peut être, en premier lieu mettre à jour le livre blanc sur la défense en prenant en compte les données les plus récentes : le conflit d'Azerbaidjan, le fiasco américain en Afghanistan ( la défaite cinglante infligée par des combatants en haillons armés de Kalachnikov), la fragilité du cyberspace, la fragilité des moyens spatiaux militaires, ... Et quelles conséquences en tirer : d'abord l'abandon du projet de donner un successeur au Charles de Gaulle, une machine hypervulnerale aus armes hypersoniques qui seront bien au point d'ici peu d'années. Réfléchir à la suite à donner au Rafale : la furtivite qui justifie en grande partie la réalisation du Scaf est un leurre, les russes, les chinois, ... disposent des moyens de détection de ce type d'appareils. Pourquoi ne pas se diriger vers un Rafale F6 plus motorisé disposant des dernières technologies en matière de combats collaboratif et accompagné d'UCAV pour "entrer en premier. Pour ce qui est des drones, un appareil de 2ème génération réalisé par Dassault via une collaboration type Neuron se substituerait pertinament à un Eurodrone qui sera dépassé lors de sa mise en service, si toutefois il voit le jour. Enfin, au vu de la fragilité du cyberspace, des investissements conséquents sur des systèmes robustes de suppléance apparaissent indispensables. Il y aurait encore beaucoup à dire.. plus



01/11/2021 18:32

J'ai oublié, au titre des économies pertinentes, l'abandon du projet de char de combat MGCS, déjà enlisé par ailleurs dans les affres d'une coopération ... franco-allemande parsemée de non-dits. Dommage sans doute pour les nostalgiques, mais on ne refera pas la bataille de Koursk. plus