La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones
La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones
© Jean-Marc Tanguy

publié le 05 décembre 2025 à 19:13

803 mots

La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones

La marine assure que les fusiliers marins les ont neutralisés, apparemment avec des fusils brouilleurs Nerod F5 de MC2 Technologies. Le procureur (représentant du ministère de la Justice), lui, assure qu'il n'y « pas d'ingérence étrangère » et que le ou les télépilotes n'ont pas été retrouvés.


Une activité inhabituelle à l'Ile Longue le 4 décembre

Survolée régulièrement par des drones aériens (encore mi-novembre, mais déjà dès janvier 2015!), l'Ile Longue a connu une activité inhabituelle le 4 décembre, obligeant les fusiliers marins, en charge de la protection défense -lutte antidrone comprise- à engager leurs effecteurs. Cinq drones auraient été détectés à compter de 19h30. Avec un éventail de coupables possibles, de provocateurs, altermondialistes, antinucléaires, promoteurs de solutions antidrones, proxys des russes, russes eux-mêmes.

Plusieurs drones neutralisés 

Plusieurs drones ont ainsi été neutralisés, mais le porte-parole du commandant maritime du théâtre Atlantique (CECLANT), le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle (également pilote de Rafale Marine) assure de son côté qu'il n'y a eu aucun dégât sur cette installation stratégique qui héberge régulièrement jusqu'à deux lots de 16 missiles M51, et trois SNLE (le quatrième étant à la mer avec le troisième lot de missiles). Le site héberge aussi une installation de MCO, des stocks d'ogives, des rechanges, des composants de missiles. Bref, c'est le cœur du cœur, sans doute un des sites les plus protégés. Donc exposés : le fait d'avoir réussi un survol n'est pas un exploit -aucune bulle n'est étanche à 100% et l'effet recherché a donc été partiellement obtenu : décrédibiliser les autorités, et notamment la marine, et la dissuasion nucléaire. Les dégâts sont en fait nuls : pas de dégâts matériels, et seuls ds compétiteurs pourront croire avoir réussi un exploit.

Brouillage de liaison de données entre drone et télépilote 

Les fusils brouilleurs Nerod F5 qui semblent responsables de ces neutralisations brouillent la liaison de données entre le drone et le télépilote. Le drone devient ainsi stationnaire, peut poser au sol, ou encore revenir à la station de contrôle, trahissant ainsi la position du télépilote. C'est ainsi que l'armée de l'air et de l'espace avait récolté un record d'interpellations de télépilotes durant les JO2024 (interpellations réalisées par les forces de sécurité intérieure, sur renseignement air). Pourtant aucun télépilote n'a été interpellé par la marine. Peut-être le résultat d'un manque de réactivité des forces de sécurité : l'Ile Longue est grande, et le ou les télépilotes peuvent avoir agir de loin, en embarcation...

Le parquet militaire de Rennes, en charge de l'instruction

Le manque de destruction physique ne veut pas dire que les drones n'étaient pas porteurs de charges explosives. Le porte-parole n'a levé aucun doute dans ce domaine, renvoyant au parquet militaire de Rennes, en charge de l'instruction. Les drones sont un problème de sécurité depuis plus de 25 ans, et l'augmentation de leurs performances (emport d'armes à feu, de charges explosives, augmentation de portée et de vitesse) pose clairement problème aux autorités. Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) planche à la fois sur les plans d'urgence et sur les moyens de contrer la menace, évolutifs comme évolutive et protéiforme est la menace.

Contre les drones, la panacée n'existe pas

Il a pu au moins, en une quinzaine d'années, trouver des interlocuteurs fiables (MC2 Technologies, CS, Cerbair, MBEA, etc), et des équipements en... fiabilisation croissante. Avant les JO2024, les militaires, notamment ceux de l'armée de l'air et de l'espace étaient un peu dubitatifs face à des problèmes de jeunesse du système Parade, présenté comme la panacée. On le sait, contre les drones, la panacée n'existe pas, la marine peut désormais en témoigner.

Une kyrielle de moyens à l'Ile Longue 

A l'Ile Longue, elle déploie pourtant une kyrielle de moyens, des fusiliers marins (Nerod F5, fusils calibre 12, fusils d'assaut HK416 et 417), le Parade de CS, un système de commandement et de contrôle baptisé Sentinelle (aussi produit par CS) ainsi que des missiles Mistral de l'armée de terre. On peut rappeler que la marine devait recevoir des équipements qui n'ont finalement pas été livrés en 2025, rappelait récemment des députés de la commission de la défense.

Vigilance renforcée 

La proximité de la base aéronavale de Landivisiau est sensée procurer une vigilance renforcée, qui risque, pour le coup, de se transformer en police du ciel, face à un risque de drones plus militarisés et plus gros. La marine a aussi des savoirs-faire pour intercepter des drones en vol, comme elle l'a montré en mer Rouge en opérations (avec un Panther de la 36F), mais aussi lors de multiples exercices Wildfire impliquant aussi bien des navires que des hélicoptères Panther et NH90, ainsi que des Rafale utilisés en air-air et air-surface.

Un exercice de grande ampleur à Toulon en juin 

La marine ne peut pas être taxée d'avoir négligé ce sujet essentiel pour ses unités à la mer et ses bases navales -Toulon a mené un exercice de grande ampleur en juin-. Cela n'aura pas suffi, rappelant l'impératif « d'humilité » sur ces sujets. Comme le général Dominique Tardif, major-général de l'armée de l'air et de l'espace, l'indiquait aux lecteurs d'Air et Cosmos il y a deux mois.

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05/12/2025 19:13
803 mots

La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones

La marine assure que les fusiliers marins les ont neutralisés, apparemment avec des fusils brouilleurs Nerod F5 de MC2 Technologies. Le procureur (représentant du ministère de la Justice), lui, assure qu'il n'y « pas d'ingérence étrangère » et que le ou les télépilotes n'ont pas été retrouvés.

La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones
La base navale de l'Ile Longue survolée par plusieurs drones

Une activité inhabituelle à l'Ile Longue le 4 décembre

Survolée régulièrement par des drones aériens (encore mi-novembre, mais déjà dès janvier 2015!), l'Ile Longue a connu une activité inhabituelle le 4 décembre, obligeant les fusiliers marins, en charge de la protection défense -lutte antidrone comprise- à engager leurs effecteurs. Cinq drones auraient été détectés à compter de 19h30. Avec un éventail de coupables possibles, de provocateurs, altermondialistes, antinucléaires, promoteurs de solutions antidrones, proxys des russes, russes eux-mêmes.

Plusieurs drones neutralisés 

Plusieurs drones ont ainsi été neutralisés, mais le porte-parole du commandant maritime du théâtre Atlantique (CECLANT), le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle (également pilote de Rafale Marine) assure de son côté qu'il n'y a eu aucun dégât sur cette installation stratégique qui héberge régulièrement jusqu'à deux lots de 16 missiles M51, et trois SNLE (le quatrième étant à la mer avec le troisième lot de missiles). Le site héberge aussi une installation de MCO, des stocks d'ogives, des rechanges, des composants de missiles. Bref, c'est le cœur du cœur, sans doute un des sites les plus protégés. Donc exposés : le fait d'avoir réussi un survol n'est pas un exploit -aucune bulle n'est étanche à 100% et l'effet recherché a donc été partiellement obtenu : décrédibiliser les autorités, et notamment la marine, et la dissuasion nucléaire. Les dégâts sont en fait nuls : pas de dégâts matériels, et seuls ds compétiteurs pourront croire avoir réussi un exploit.

Brouillage de liaison de données entre drone et télépilote 

Les fusils brouilleurs Nerod F5 qui semblent responsables de ces neutralisations brouillent la liaison de données entre le drone et le télépilote. Le drone devient ainsi stationnaire, peut poser au sol, ou encore revenir à la station de contrôle, trahissant ainsi la position du télépilote. C'est ainsi que l'armée de l'air et de l'espace avait récolté un record d'interpellations de télépilotes durant les JO2024 (interpellations réalisées par les forces de sécurité intérieure, sur renseignement air). Pourtant aucun télépilote n'a été interpellé par la marine. Peut-être le résultat d'un manque de réactivité des forces de sécurité : l'Ile Longue est grande, et le ou les télépilotes peuvent avoir agir de loin, en embarcation...

Le parquet militaire de Rennes, en charge de l'instruction

Le manque de destruction physique ne veut pas dire que les drones n'étaient pas porteurs de charges explosives. Le porte-parole n'a levé aucun doute dans ce domaine, renvoyant au parquet militaire de Rennes, en charge de l'instruction. Les drones sont un problème de sécurité depuis plus de 25 ans, et l'augmentation de leurs performances (emport d'armes à feu, de charges explosives, augmentation de portée et de vitesse) pose clairement problème aux autorités. Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) planche à la fois sur les plans d'urgence et sur les moyens de contrer la menace, évolutifs comme évolutive et protéiforme est la menace.

Contre les drones, la panacée n'existe pas

Il a pu au moins, en une quinzaine d'années, trouver des interlocuteurs fiables (MC2 Technologies, CS, Cerbair, MBEA, etc), et des équipements en... fiabilisation croissante. Avant les JO2024, les militaires, notamment ceux de l'armée de l'air et de l'espace étaient un peu dubitatifs face à des problèmes de jeunesse du système Parade, présenté comme la panacée. On le sait, contre les drones, la panacée n'existe pas, la marine peut désormais en témoigner.

Une kyrielle de moyens à l'Ile Longue 

A l'Ile Longue, elle déploie pourtant une kyrielle de moyens, des fusiliers marins (Nerod F5, fusils calibre 12, fusils d'assaut HK416 et 417), le Parade de CS, un système de commandement et de contrôle baptisé Sentinelle (aussi produit par CS) ainsi que des missiles Mistral de l'armée de terre. On peut rappeler que la marine devait recevoir des équipements qui n'ont finalement pas été livrés en 2025, rappelait récemment des députés de la commission de la défense.

Vigilance renforcée 

La proximité de la base aéronavale de Landivisiau est sensée procurer une vigilance renforcée, qui risque, pour le coup, de se transformer en police du ciel, face à un risque de drones plus militarisés et plus gros. La marine a aussi des savoirs-faire pour intercepter des drones en vol, comme elle l'a montré en mer Rouge en opérations (avec un Panther de la 36F), mais aussi lors de multiples exercices Wildfire impliquant aussi bien des navires que des hélicoptères Panther et NH90, ainsi que des Rafale utilisés en air-air et air-surface.

Un exercice de grande ampleur à Toulon en juin 

La marine ne peut pas être taxée d'avoir négligé ce sujet essentiel pour ses unités à la mer et ses bases navales -Toulon a mené un exercice de grande ampleur en juin-. Cela n'aura pas suffi, rappelant l'impératif « d'humilité » sur ces sujets. Comme le général Dominique Tardif, major-général de l'armée de l'air et de l'espace, l'indiquait aux lecteurs d'Air et Cosmos il y a deux mois.



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