22.07 milliards d’euros, c’est le nouveau budget 2026-2028 de l’agence spatiale européenne voté par les états membres. C’est bien plus qu’espéré. On remarque quelques écueils mais le bilan est globalement très satisfaisant. Mais quand jette un œil sur où va l’argent et d’où vient l’argent, on remarque que l’ESA va vivre une nouvelle ère, et pas forcément celle qu’on pourrait espérer.
« Vous avez fait l’Histoire » : le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher est apparu tout sourire à la conférence de presse. La veille, à l’ouverture de la conférence ministérielle à Brême, il demandait le ton grave : « allez-vous choisir l’unité ou la fragmentation ? ». Banco, tout le monde a suivi, au point que le budget final a surpris tout le monde.
En tenant compte de l’inflation, le budget de l’ESA augmente de 17%. Il est dopé par la fantastique souscription allemande de plus de 5 Mds€, soit 45% de plus qu’en 2022, à la dernière ministérielle. Derrière, la France et l’Italie augmentent doucement leur souscription à respectivement 3.6 Mds€ et 3.5 Mds€. La France sauve donc la face en tant que second souscripteur, on s'attendait à une éventuelle participation italienne de 4 milliards.
A part le Royaume-Uni, la Suède et la Roumanie qui baissent leur souscription, tous les états membres ou associés ont augmenté leur adhésion. Beaucoup y ont même mis un fort entrain : plus de la moitié des états membres a augmenté sa souscription de plus de 40%, dont 5 qui ont plus que doublé la leur. Parmi eux, l’Espagne qui monte à 1.85 Md€, et la Pologne passe à 731 M€, soit + 277% par rapport à 2022. L’ESA a d’ailleurs signé un accord pour réfléchir à y construire un centre dédié à la sécurité. Etat associé, le Canada quadruple sa souscription et la monte à 408 M€, un signal fort à l’heure où l’ESA multiplie les coopérations stratégiques à l’international (Japon, Corée du Sud, Australie), face aux doutes américains.
S’attendait-on à une telle augmentation ? Depuis des semaines, l’ESA nous rassurait en martelant que si le budget atteignait 20 Mds€ sur les 22 demandés, ce serait considéré comme un succès. Aujourd’hui, les états membres ont satisfait à 99.2% la proposition de la direction. Un record historique, mais intéressé.
Tous les états membres ont compris que l’espace sera la première ligne du prochain conflit. C’était le cas la veille de l’invasion russe. On le vit actuellement au Venezuela avec du brouillage massif des signaux GPS à l’aube d’une possible attaque américaine, comme l’a révélé Bloomberg, forçant les compagnies aériennes à dérouter ou stopper leurs liaisons. On ignore pour l’instant quelle part du budget de l’ESA provient de budgets dédiés à la défense des états membres, mais elle bat tous les records depuis la création de l’agence, il y a 50 ans.
C’est un changement de paradigme. En attendant le budget spatial de l’Union Européenne, le budget de l’ESA est indexé sur le risque de guerre en Europe. Ainsi, plusieurs états membres ont considérablement souscrit dans des projets de l’ESA en lien avec les questions de sécurité et de défense, dont en particulier l’investissement de l’agence dans le développement de la constellation européenne Iris² de télécommunications en orbite basse (près de 900 M€ avec des participations notables de l’Allemagne, la France, et l’Espagne). Mais c’est surtout dans le programme ERS (European Resilience from Space) qu’ont été dirigés les fonds, avec un volet observation de la Terre, un volet télécoms, et un volet navigation. Financé par l’UE à partir de 2028, ERS ne peut attendre. L’ESA avait demandé 1.35 Md€. Le programme a reçu plus que prévu, et les souscriptions restent ouvertes jusqu’à l’année prochaine.
Juste avant sa conférence de presse, Josef Aschbacher a annoncé que le premier astronaute européen à voler autour de la Lune à bord de la mission Artemis V sera allemand, sans préciser qui. Les deux autres sièges sécurisés par l’ESA à bord de missions ultérieures (uniquement orbitales), seront attribués à un Français et un Italien. L’exploration humaine ou robotique est pourtant la partie du budget qui souffre le plus, avec 800 M€ de moins que prévu. Des choix seront à faire. L’arbitrage aura lieu en décembre, selon une source. Dans ces conditions, difficile d’imaginer comment un européen pourrait marcher sur la Lune. La seule bonne nouvelle vient de la Nasa, qui a confirmé hier son soutien à la mission Exomars.
Le budget dédié aux sciences a progressé de 19% par rapport à 2022. L’ESA est en train de clôturer le programme Cosmic Vision et lance « Voyage 2050 » avec comme première mission un projet d’exploration de la surface d’Encelade, lune glacée de Saturne.
La France avait annoncé déployer près de 1.7 Md€ dans le budget du transport spatial, avec un ticket particulièrement important pour l’European Launcher Challenge. L’ELC avait sélectionné cinq mini-lanceurs de compagnies privées (Maiaspace, RFA, Isar Aerospace, PLD Space, et Orbex). Son budget a explosé : 900 M€, deux fois plus que prévu. L’avenir des lanceurs européens semble donc s’écrire à travers l’ELC, le budget dédié aux futurs lanceurs ayant été moins gâté. Reste enfin une part importante à la continuité d’Ariane 6 et de Vega-C. Hier, l’ESA annonçait viser 27 vols Ariane 6 entre 2027 et 2029, et 16 vols Vega-C dans les quatre prochaines années.
22.07 milliards d’euros, c’est le nouveau budget 2026-2028 de l’agence spatiale européenne voté par les états membres. C’est bien plus qu’espéré. On remarque quelques écueils mais le bilan est globalement très satisfaisant. Mais quand jette un œil sur où va l’argent et d’où vient l’argent, on remarque que l’ESA va vivre une nouvelle ère, et pas forcément celle qu’on pourrait espérer.
« Vous avez fait l’Histoire » : le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher est apparu tout sourire à la conférence de presse. La veille, à l’ouverture de la conférence ministérielle à Brême, il demandait le ton grave : « allez-vous choisir l’unité ou la fragmentation ? ». Banco, tout le monde a suivi, au point que le budget final a surpris tout le monde.
En tenant compte de l’inflation, le budget de l’ESA augmente de 17%. Il est dopé par la fantastique souscription allemande de plus de 5 Mds€, soit 45% de plus qu’en 2022, à la dernière ministérielle. Derrière, la France et l’Italie augmentent doucement leur souscription à respectivement 3.6 Mds€ et 3.5 Mds€. La France sauve donc la face en tant que second souscripteur, on s'attendait à une éventuelle participation italienne de 4 milliards.
A part le Royaume-Uni, la Suède et la Roumanie qui baissent leur souscription, tous les états membres ou associés ont augmenté leur adhésion. Beaucoup y ont même mis un fort entrain : plus de la moitié des états membres a augmenté sa souscription de plus de 40%, dont 5 qui ont plus que doublé la leur. Parmi eux, l’Espagne qui monte à 1.85 Md€, et la Pologne passe à 731 M€, soit + 277% par rapport à 2022. L’ESA a d’ailleurs signé un accord pour réfléchir à y construire un centre dédié à la sécurité. Etat associé, le Canada quadruple sa souscription et la monte à 408 M€, un signal fort à l’heure où l’ESA multiplie les coopérations stratégiques à l’international (Japon, Corée du Sud, Australie), face aux doutes américains.
S’attendait-on à une telle augmentation ? Depuis des semaines, l’ESA nous rassurait en martelant que si le budget atteignait 20 Mds€ sur les 22 demandés, ce serait considéré comme un succès. Aujourd’hui, les états membres ont satisfait à 99.2% la proposition de la direction. Un record historique, mais intéressé.
Tous les états membres ont compris que l’espace sera la première ligne du prochain conflit. C’était le cas la veille de l’invasion russe. On le vit actuellement au Venezuela avec du brouillage massif des signaux GPS à l’aube d’une possible attaque américaine, comme l’a révélé Bloomberg, forçant les compagnies aériennes à dérouter ou stopper leurs liaisons. On ignore pour l’instant quelle part du budget de l’ESA provient de budgets dédiés à la défense des états membres, mais elle bat tous les records depuis la création de l’agence, il y a 50 ans.
C’est un changement de paradigme. En attendant le budget spatial de l’Union Européenne, le budget de l’ESA est indexé sur le risque de guerre en Europe. Ainsi, plusieurs états membres ont considérablement souscrit dans des projets de l’ESA en lien avec les questions de sécurité et de défense, dont en particulier l’investissement de l’agence dans le développement de la constellation européenne Iris² de télécommunications en orbite basse (près de 900 M€ avec des participations notables de l’Allemagne, la France, et l’Espagne). Mais c’est surtout dans le programme ERS (European Resilience from Space) qu’ont été dirigés les fonds, avec un volet observation de la Terre, un volet télécoms, et un volet navigation. Financé par l’UE à partir de 2028, ERS ne peut attendre. L’ESA avait demandé 1.35 Md€. Le programme a reçu plus que prévu, et les souscriptions restent ouvertes jusqu’à l’année prochaine.
Juste avant sa conférence de presse, Josef Aschbacher a annoncé que le premier astronaute européen à voler autour de la Lune à bord de la mission Artemis V sera allemand, sans préciser qui. Les deux autres sièges sécurisés par l’ESA à bord de missions ultérieures (uniquement orbitales), seront attribués à un Français et un Italien. L’exploration humaine ou robotique est pourtant la partie du budget qui souffre le plus, avec 800 M€ de moins que prévu. Des choix seront à faire. L’arbitrage aura lieu en décembre, selon une source. Dans ces conditions, difficile d’imaginer comment un européen pourrait marcher sur la Lune. La seule bonne nouvelle vient de la Nasa, qui a confirmé hier son soutien à la mission Exomars.
Le budget dédié aux sciences a progressé de 19% par rapport à 2022. L’ESA est en train de clôturer le programme Cosmic Vision et lance « Voyage 2050 » avec comme première mission un projet d’exploration de la surface d’Encelade, lune glacée de Saturne.
La France avait annoncé déployer près de 1.7 Md€ dans le budget du transport spatial, avec un ticket particulièrement important pour l’European Launcher Challenge. L’ELC avait sélectionné cinq mini-lanceurs de compagnies privées (Maiaspace, RFA, Isar Aerospace, PLD Space, et Orbex). Son budget a explosé : 900 M€, deux fois plus que prévu. L’avenir des lanceurs européens semble donc s’écrire à travers l’ELC, le budget dédié aux futurs lanceurs ayant été moins gâté. Reste enfin une part importante à la continuité d’Ariane 6 et de Vega-C. Hier, l’ESA annonçait viser 27 vols Ariane 6 entre 2027 et 2029, et 16 vols Vega-C dans les quatre prochaines années.
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