Alors que les Turcs multiplient les ventes de drones MAME TB2 (Medium Altitude Medium Endurance) depuis le début du conflit en Ukraine, l'avionneur coréen KAI vient de s'ajouter à la longue liste des compétiteurs qui ambitionnent de s'attaquer au juteux marché des drones MALE (Medium Altitude Long Endurance) en présentant au salon aéronautique de Busan, le Next Corps Surveillance. Alliant pragmatisme industriel et commercial, de nombreux pays profitent de la croissance spectaculaire de la demande pour se positionner à l'export et ainsi financer leur BITD naissante. Mais surtout, pour attaquer les marchés traditionnels des acteurs européens. Dans ce nouveau paysage concurrentiel, la France apparaît désormais comme une cible de choix.
Présenté par KAI (Korean Aerospace Industry) pour la première fois en février 2022, le Next Corps Surveillance UAV (NCSUAV) est un drone MALE de 17 mètres d’envergure arborant un turbopropulseur, et dont les capacités en vol restent particuliérement protégées. Selon certaines sources coréennes, son autonomie avoisinerait les 18h de vol et son rayon d’action... seulement 200 km puisqu'il ne dispose pas encore de liaisons de données par satellites. Toutefois, ce programme met en lumière la très dynamique filière drone de la péninsule. Déjà en 2011, la Korean Air Aerospace Division (KAL-ASD) avait développé le KUS-FS, commandé par Séoul en août 2020. Ce drone de reconnaissance souverain, est équipé d’un radar d’imagerie développé par LIG Nex1, et d’un système électro-optique/infrarouge (EO/IR), développé lui par Hanwha Corporation. De plus, son endurance de 24h annoncée au début du programme, pourrait finalement être portée à 36h. A partir de 2025, Séoul partagera les opérations de surveillance terrestre et maritime entre ses 4 drones Global-Hawk et ceux de conception locale au sein de la 39e escadre de reconnaissance. Lucidité et ténacité font bon ménage en Corée où, dès les années 90, Séoul amorçait le développement de sa filière drone avec l'aide discrète des israéliens. Les plateformes tactiques comme le RQ-101 de KAI, et le KUS-FT de KAL-ASD permirent de structurer l'intégration de capteurs réalisés localement, et surtout de maîtriser l'exploitation des données collectées au travers de stations sol dédiées.
Comme Séoul, Taipei s'inscrit dans une dynamique analogue, avec le développement de son drone MALE Teng Yun 2, et même Djakarta avec son Puna qui a effectué son premier "roll-out" en janvier dernier. Mais surtout, face aux restrictions d'exportations américaines, on assiste actuellement à un véritable bourgeonnement de projets et de programmes. Les Russes ont lancé en mai dernier la production du MALE armé Altius-RU, et réalisé le premier vol du Sirius réalisé par Kronstadt. Et ce moins de 2 ans après le déploiement réussi en Syrie de son drone MAME armé Orion. La mise en service du Sirius fin 2023 devrait être suivie de près par les débuts du Helios-RLD, un drone AEW d'une autonomie de 30 h, lui aussi développé comme l'Orion par Kronstadt. Côté chinois, le CASIC WJ-700 a effectué son premier vol en janvier 2021. Il complétera prochainement les capacités ISR et de frappe déjà offertes par les autres drones MALE Chinois, comme le CH-5 mais surtout le Wing Loong II d'AVIC plébiscité aux EAU et en Arabie-Saoudite en raison du conflit yéménite. Des acquisitions qui n'empêchent pas pour autant les deux pays d'explorer la piste des développements nationaux. Ainsi Abu Dhabi après avoir vendu 12 exemplaires de son drone Male Yabhon à l'Algérie et à la Russie, propose désormais toute une gamme d'UAV derrière le consortium de défense EDGE. Quant à Ryad après avoir réalisé une version locale du drone turc Karayel de Vestel, Intra Defense Technologies (IDT) a présenté au World Defense Show, le Samoom. Un MALE de 24m d'envergure conçu pour emporter 1 tonne d'armements. Quant au Qatar, sa stratégie consiste pour l'instant à financer la BITD turque depuis l'avénement au pouvoir du parti Justice et Développement dont elle proche idéologiquement. D'où le fait que l'émirat soit l'un des VRP les plus efficaces du TB2, de part et d'autre de la Mer Rouge.
Bien avant l'arrivée au pouvoir de Recep Erdogan, la Turquie avait déjà compris la nécessité d'une stratégie souveraine dans ce domaine, alors qu'à l'époque la majeure partie des chroniqueurs anglo-saxons considéraient qu'il s'agissait d'une chasse gardée pour les grands avionneurs. Mais Ankara n'était pas dupe puisqu'à l'époque les outsiders du marché, comme Elbit ou General Atomics, venaient eux du monde des capteurs et du traitement de l'information. Aprés une fructueuse coopération avec les israéliens au début des années 2000, Turkish Aerospace Industries lancait sa gamme de drones armés Anka, tout en initiant le développement d'une plateforme de la classe du Heron-TP, l'Aksungur, selon 3 configurations: ISR, Elint, et Gunship. Mais surtout est-il encore besoin de revenir sur la "success story" de Baykar, cette petite société créée comme Apple dans un garage par deux frères passionnés d'aéronautique et diplômés du MIT. Ceux-ci vont réaliser en 2014 un petit drone tactique armé, le TB2, destiné aux forces spéciales de la Gendarmerie pour lutter contre la guérilla du PKK à l'est du pays. Un drone low-cost réalisé par une PME à partir d'équipements déjà développés et disponibles sur étagère, comme la fameuse caméra canadienne Wescam MX-15D. Certes limité sur le plan opérationnel, en raison de son simple moteur à piston et de ses armements qui ne portent pas à plus de 20 km, ce drone dispose d'une architecture ouverte et donc évolutive pour répondre aux nouvelles nécessités du terrain. Un drone érigé en symbole de la résistance ukrainienne, mais qui prépare en fait les marchés à un drone autrement plus efficient, le MALE armé Akinci, produit de la coopération entre Ankara et Kiev (son moteur le MS500, est réalisé par Motor Sich, dont les américains ont empêché de justesse la prise de contrôle par une holding chinoise). Aussi, alors que bon nombre de fonctionnaires ironisent sur le "Tagazou turc", force est de constater qu'en moins de 7 ans Baykar aura construit prés de 300 TB2 vendus dans plus de 13 pays, et aura initié des négociations avec 13 autres. Des pays tous situés sur l'arc de crise qui s'étend du Golfe de Guinée au Pakistan en passant par l'Europe centrale et la Corne de l'Afrique. Un rayonnement commercial qui offre à Ankara un levier diplomatique et militaire sans précédent depuis la fin de l'Empire ottoman.
En cela, la Turquie s'oppose avec succès au syndrome bien français du chef-d'oeuvre et de son corollaire de surspécifications qui aboutissent systématiquement à des programmes chronophages, mais surtout à des systémes rigides et aux coûts totalement dissuasifs pour les clients potentiels. Et ce, alors même que les innovations technologiques issues du monde civil ne cessent de démontrer leur pertinence sur les systèmes d'armes les plus pointus. Pire la BITD française est désormais menacée sur des marchés protégés. Le mois dernier, le Niger recevait 6 drones Bayraktar TB2 commandés en novembre 2021, soit un système complet. Mais d'autres pays de la zone, bien qu'aidés par la France depuis plus de 10 ans face au djihadisme, se sont laissés séduire par les tournées africaines de Recep Tayyip Erdoğan en octobre 2021 et février 2022. Le Togo, le Tchad, le Bénin, et même le Burkina Faso seraient entrés en négociation, alors que le Sénégal s'interroge. Ces pays de la BSS suivent en cela le mouvement initié par la Libye et le Maroc (19 TB2 à lui seul), mais aussi par la Tunisie avec ses 3 drones MALE armés ANKA-S. Il ne s'agit pas pour autant d'une stratégie de duplicité de ces pays francophones à l'égard de notre diplomatie, car dans ce domaine la France n'a tout simplement plus rien à proposer.
En effet, aucune alternative n'est venue succéder au drone MALE Harfang d'Airbus, malgré plusieurs guerres industrielles picrocholines dont l'enjeu consistait à "Franciser" le drone israélien Héron-TP pour la modique somme d'un milliard d'euros ... Un drone dont on oubli souvent qu'il a été codéveloppé à l'origine par bureau d'études d'Aérospatiale en 1995. De guerre lasse, l'Armée de l'Air confrontée à des objectifs de résultats dans la BSS s'est tournée vers le Reaper américain, et l'Armée de Terre elle vers le Patroller de Safran pour ses besoins tactiques. Une solution dans ce cas souveraine et pragmatique mais avec une plateforme (le moto-planeur de Stemme) non armable. Que d'occasions manquées lorsque l'on songe que Sagem qui commercialisait le drone Sperwer a même décliné l'accord stratégique que lui proposait General Atomics à ses débuts pour développer le Reaper. Certes, le programme Eurodrone est désormais sécurisé, et il s'agira d'un nouveau succès technologique pour l'Europe. Mais cette plateforme géante de 11 tonnes n'est pas spécifiée pour répondre aux besoins militaires du moment, ni à ceux du plus grand nombre. En outre, il ne sera probablement pas disponible à l'export avant au moins 2030. En attendant, du côté de la DGA, aucune solution ne semble avoir été planifiée pour sécuriser les positions de la BITD française, sur un marché qui doublera dans 5 ans et atteindra 70 Geurs en 2030. Soit le premier marché d'acquisition de matériels de défense accessible au monde avec le cyber.
Seule l’Italie, qui exporte depuis 2007 son petit drone tactique « Falco » produit par Leonardo, reste pour l’instant capable de proposer dans l'immédiat un drone MALE, le Falco Xplorer, qui a effectué son premier vol en janvier 2020, et vient de débuter sa campagne de promotion commerciale à l'exportation.
En somme, la BITD européenne, et à fortiori française, occupe une position éminemment paradoxale. Ses capacités d'innovations technologiques et de ressources en faisaient au début des années 2000 le compétiteur tout désigné des leaders américains et israéliens du marché. Pourtant à force de laisser passer les trains, celle-ci n'a pas seulement favorisé l'émergence de nouveaux concurrents pour lesquels le marché des drones n'est qu'un premier pas, elle a surtout initié l'attrition de ses marchés traditionnels qui garantissent par leurs retombées le financement de notre souveraineté. Car ne nous y trompons pas, les drones ne sont pas un matériel neutre mais un écosystème, qui une fois acquis impose ses standards en termes de liaisons de données, de cyber sécurité, d'armements, de combat collaboratif, de chaîne logistique, de formation ... Se laisser marginalisé aujourd'hui sur ce marché revient pour la France à hypothéquer d'autres segments dont les évolutions nécessaires à notre souveraineté dépendent de clients critiques comme les EAU, l'Arabie Saoudite, l'Inde ou Singapour.
Alors que les Turcs multiplient les ventes de drones MAME TB2 (Medium Altitude Medium Endurance) depuis le début du conflit en Ukraine, l'avionneur coréen KAI vient de s'ajouter à la longue liste des compétiteurs qui ambitionnent de s'attaquer au juteux marché des drones MALE (Medium Altitude Long Endurance) en présentant au salon aéronautique de Busan, le Next Corps Surveillance. Alliant pragmatisme industriel et commercial, de nombreux pays profitent de la croissance spectaculaire de la demande pour se positionner à l'export et ainsi financer leur BITD naissante. Mais surtout, pour attaquer les marchés traditionnels des acteurs européens. Dans ce nouveau paysage concurrentiel, la France apparaît désormais comme une cible de choix.
Présenté par KAI (Korean Aerospace Industry) pour la première fois en février 2022, le Next Corps Surveillance UAV (NCSUAV) est un drone MALE de 17 mètres d’envergure arborant un turbopropulseur, et dont les capacités en vol restent particuliérement protégées. Selon certaines sources coréennes, son autonomie avoisinerait les 18h de vol et son rayon d’action... seulement 200 km puisqu'il ne dispose pas encore de liaisons de données par satellites. Toutefois, ce programme met en lumière la très dynamique filière drone de la péninsule. Déjà en 2011, la Korean Air Aerospace Division (KAL-ASD) avait développé le KUS-FS, commandé par Séoul en août 2020. Ce drone de reconnaissance souverain, est équipé d’un radar d’imagerie développé par LIG Nex1, et d’un système électro-optique/infrarouge (EO/IR), développé lui par Hanwha Corporation. De plus, son endurance de 24h annoncée au début du programme, pourrait finalement être portée à 36h. A partir de 2025, Séoul partagera les opérations de surveillance terrestre et maritime entre ses 4 drones Global-Hawk et ceux de conception locale au sein de la 39e escadre de reconnaissance. Lucidité et ténacité font bon ménage en Corée où, dès les années 90, Séoul amorçait le développement de sa filière drone avec l'aide discrète des israéliens. Les plateformes tactiques comme le RQ-101 de KAI, et le KUS-FT de KAL-ASD permirent de structurer l'intégration de capteurs réalisés localement, et surtout de maîtriser l'exploitation des données collectées au travers de stations sol dédiées.
Comme Séoul, Taipei s'inscrit dans une dynamique analogue, avec le développement de son drone MALE Teng Yun 2, et même Djakarta avec son Puna qui a effectué son premier "roll-out" en janvier dernier. Mais surtout, face aux restrictions d'exportations américaines, on assiste actuellement à un véritable bourgeonnement de projets et de programmes. Les Russes ont lancé en mai dernier la production du MALE armé Altius-RU, et réalisé le premier vol du Sirius réalisé par Kronstadt. Et ce moins de 2 ans après le déploiement réussi en Syrie de son drone MAME armé Orion. La mise en service du Sirius fin 2023 devrait être suivie de près par les débuts du Helios-RLD, un drone AEW d'une autonomie de 30 h, lui aussi développé comme l'Orion par Kronstadt. Côté chinois, le CASIC WJ-700 a effectué son premier vol en janvier 2021. Il complétera prochainement les capacités ISR et de frappe déjà offertes par les autres drones MALE Chinois, comme le CH-5 mais surtout le Wing Loong II d'AVIC plébiscité aux EAU et en Arabie-Saoudite en raison du conflit yéménite. Des acquisitions qui n'empêchent pas pour autant les deux pays d'explorer la piste des développements nationaux. Ainsi Abu Dhabi après avoir vendu 12 exemplaires de son drone Male Yabhon à l'Algérie et à la Russie, propose désormais toute une gamme d'UAV derrière le consortium de défense EDGE. Quant à Ryad après avoir réalisé une version locale du drone turc Karayel de Vestel, Intra Defense Technologies (IDT) a présenté au World Defense Show, le Samoom. Un MALE de 24m d'envergure conçu pour emporter 1 tonne d'armements. Quant au Qatar, sa stratégie consiste pour l'instant à financer la BITD turque depuis l'avénement au pouvoir du parti Justice et Développement dont elle proche idéologiquement. D'où le fait que l'émirat soit l'un des VRP les plus efficaces du TB2, de part et d'autre de la Mer Rouge.
Bravo à la dga pour sa vision mais ça on l'habitude. Et surtout un grand bravo aux industriels qui ne veulent même pas mettre ... 50m par an sur la table de fonds propres depuis les années 2000. Vu que les responsables seront morts et enterrés depuis longtemps lorsque les vrais problèmes arriveront, ils préfèrent s'en mettre plein les poches et tant pis pour leur petits enfants. Pas de boulots pour eux, pas de drones pour les protéger. plus
Bien avant l'arrivée au pouvoir de Recep Erdogan, la Turquie avait déjà compris la nécessité d'une stratégie souveraine dans ce domaine, alors qu'à l'époque la majeure partie des chroniqueurs anglo-saxons considéraient qu'il s'agissait d'une chasse gardée pour les grands avionneurs. Mais Ankara n'était pas dupe puisqu'à l'époque les outsiders du marché, comme Elbit ou General Atomics, venaient eux du monde des capteurs et du traitement de l'information. Aprés une fructueuse coopération avec les israéliens au début des années 2000, Turkish Aerospace Industries lancait sa gamme de drones armés Anka, tout en initiant le développement d'une plateforme de la classe du Heron-TP, l'Aksungur, selon 3 configurations: ISR, Elint, et Gunship. Mais surtout est-il encore besoin de revenir sur la "success story" de Baykar, cette petite société créée comme Apple dans un garage par deux frères passionnés d'aéronautique et diplômés du MIT. Ceux-ci vont réaliser en 2014 un petit drone tactique armé, le TB2, destiné aux forces spéciales de la Gendarmerie pour lutter contre la guérilla du PKK à l'est du pays. Un drone low-cost réalisé par une PME à partir d'équipements déjà développés et disponibles sur étagère, comme la fameuse caméra canadienne Wescam MX-15D. Certes limité sur le plan opérationnel, en raison de son simple moteur à piston et de ses armements qui ne portent pas à plus de 20 km, ce drone dispose d'une architecture ouverte et donc évolutive pour répondre aux nouvelles nécessités du terrain. Un drone érigé en symbole de la résistance ukrainienne, mais qui prépare en fait les marchés à un drone autrement plus efficient, le MALE armé Akinci, produit de la coopération entre Ankara et Kiev (son moteur le MS500, est réalisé par Motor Sich, dont les américains ont empêché de justesse la prise de contrôle par une holding chinoise). Aussi, alors que bon nombre de fonctionnaires ironisent sur le "Tagazou turc", force est de constater qu'en moins de 7 ans Baykar aura construit prés de 300 TB2 vendus dans plus de 13 pays, et aura initié des négociations avec 13 autres. Des pays tous situés sur l'arc de crise qui s'étend du Golfe de Guinée au Pakistan en passant par l'Europe centrale et la Corne de l'Afrique. Un rayonnement commercial qui offre à Ankara un levier diplomatique et militaire sans précédent depuis la fin de l'Empire ottoman.
En cela, la Turquie s'oppose avec succès au syndrome bien français du chef-d'oeuvre et de son corollaire de surspécifications qui aboutissent systématiquement à des programmes chronophages, mais surtout à des systémes rigides et aux coûts totalement dissuasifs pour les clients potentiels. Et ce, alors même que les innovations technologiques issues du monde civil ne cessent de démontrer leur pertinence sur les systèmes d'armes les plus pointus. Pire la BITD française est désormais menacée sur des marchés protégés. Le mois dernier, le Niger recevait 6 drones Bayraktar TB2 commandés en novembre 2021, soit un système complet. Mais d'autres pays de la zone, bien qu'aidés par la France depuis plus de 10 ans face au djihadisme, se sont laissés séduire par les tournées africaines de Recep Tayyip Erdoğan en octobre 2021 et février 2022. Le Togo, le Tchad, le Bénin, et même le Burkina Faso seraient entrés en négociation, alors que le Sénégal s'interroge. Ces pays de la BSS suivent en cela le mouvement initié par la Libye et le Maroc (19 TB2 à lui seul), mais aussi par la Tunisie avec ses 3 drones MALE armés ANKA-S. Il ne s'agit pas pour autant d'une stratégie de duplicité de ces pays francophones à l'égard de notre diplomatie, car dans ce domaine la France n'a tout simplement plus rien à proposer.
En effet, aucune alternative n'est venue succéder au drone MALE Harfang d'Airbus, malgré plusieurs guerres industrielles picrocholines dont l'enjeu consistait à "Franciser" le drone israélien Héron-TP pour la modique somme d'un milliard d'euros ... Un drone dont on oubli souvent qu'il a été codéveloppé à l'origine par bureau d'études d'Aérospatiale en 1995. De guerre lasse, l'Armée de l'Air confrontée à des objectifs de résultats dans la BSS s'est tournée vers le Reaper américain, et l'Armée de Terre elle vers le Patroller de Safran pour ses besoins tactiques. Une solution dans ce cas souveraine et pragmatique mais avec une plateforme (le moto-planeur de Stemme) non armable. Que d'occasions manquées lorsque l'on songe que Sagem qui commercialisait le drone Sperwer a même décliné l'accord stratégique que lui proposait General Atomics à ses débuts pour développer le Reaper. Certes, le programme Eurodrone est désormais sécurisé, et il s'agira d'un nouveau succès technologique pour l'Europe. Mais cette plateforme géante de 11 tonnes n'est pas spécifiée pour répondre aux besoins militaires du moment, ni à ceux du plus grand nombre. En outre, il ne sera probablement pas disponible à l'export avant au moins 2030. En attendant, du côté de la DGA, aucune solution ne semble avoir été planifiée pour sécuriser les positions de la BITD française, sur un marché qui doublera dans 5 ans et atteindra 70 Geurs en 2030. Soit le premier marché d'acquisition de matériels de défense accessible au monde avec le cyber.
Seule l’Italie, qui exporte depuis 2007 son petit drone tactique « Falco » produit par Leonardo, reste pour l’instant capable de proposer dans l'immédiat un drone MALE, le Falco Xplorer, qui a effectué son premier vol en janvier 2020, et vient de débuter sa campagne de promotion commerciale à l'exportation.
En somme, la BITD européenne, et à fortiori française, occupe une position éminemment paradoxale. Ses capacités d'innovations technologiques et de ressources en faisaient au début des années 2000 le compétiteur tout désigné des leaders américains et israéliens du marché. Pourtant à force de laisser passer les trains, celle-ci n'a pas seulement favorisé l'émergence de nouveaux concurrents pour lesquels le marché des drones n'est qu'un premier pas, elle a surtout initié l'attrition de ses marchés traditionnels qui garantissent par leurs retombées le financement de notre souveraineté. Car ne nous y trompons pas, les drones ne sont pas un matériel neutre mais un écosystème, qui une fois acquis impose ses standards en termes de liaisons de données, de cyber sécurité, d'armements, de combat collaboratif, de chaîne logistique, de formation ... Se laisser marginalisé aujourd'hui sur ce marché revient pour la France à hypothéquer d'autres segments dont les évolutions nécessaires à notre souveraineté dépendent de clients critiques comme les EAU, l'Arabie Saoudite, l'Inde ou Singapour.
Bravo à la dga pour sa vision mais ça on l'habitude. Et surtout un grand bravo aux industriels qui ne veulent même pas mettre ... 50m par an sur la table de fonds propres depuis les années 2000. Vu que les responsables seront morts et enterrés depuis longtemps lorsque les vrais problèmes arriveront, ils préfèrent s'en mettre plein les poches et tant pis pour leur petits enfants. Pas de boulots pour eux, pas de drones pour les protéger. plus
Désolé, mais le Baykar turc (littéralement : porte-drapeau) n’a pas du tout été fondé par deux frères fauchés mais passionnés dans un garage comme ... Apple!!! Leur fondateur / PDG/ actionnaire majoritaire est le gendre de….Erdogan!! plus
C'est vrai qu'on peut s'interroger sur le fait qu'on est capable de faire des bijoux comme le Rafale, AM400 et le Neuron et être ... complètement absent sur le marché du drone. Manque de lucidité ? manque de volonté ? Stratégie individualiste financière ? plus
Bravo à la dga pour sa vision mais ça on l'habitude. Et surtout un grand bravo aux industriels qui ne veulent même pas mettre ... 50m par an sur la table de fonds propres depuis les années 2000. Vu que les responsables seront morts et enterrés depuis longtemps lorsque les vrais problèmes arriveront, ils préfèrent s'en mettre plein les poches et tant pis pour leur petits enfants. Pas de boulots pour eux, pas de drones pour les protéger. plus