42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas
42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas
© US DoD

publié le 19 décembre 2022 à 13:00

1872 mots

42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas

Le GAO, équivalent américain de la Cour des Comptes en France, a publié un rapport en novembre sur 49 appareils utilisés au sein du Département de la Défense. Le F-35 faisait partie des appareils analysés et plusieurs problèmes ont été mis en avant, avec notamment une production ralentie suite à un avion toujours en développement, des problèmes logistiques ainsi que de maintenance. Le rapport met aussi en avant les problèmes d'autres appareils mais aussi le coût à l'heure de vol, dont le montant pour certains avions est très impressionnant.


Un nouveau rapport du GAO

Le Government Accountability Office ou GAO est un organisme fédéral américain dont les objectifs sont d'auditer, évaluer et enquêter sur les différents comptes publics du budget fédéral. En France, il est comparable à la Cour des Comptes.

L'organisme a publié le 10 novembre un rapport sur 49 types d'aéronefs en service au sein de l'US Army, de l'US Air Force, de l'US Navy ou de l'US Marines Corps. L'avion de combat F-35 fait partie des avions audités, et de nombreux problèmes ont (une fois de plus) été reportés. Ce n'est pas la première fois que le GAO suit de très près le F-35 car il s'agit d'un des programmes aéronautiques cumulant un énorme budget au sein des différentes branches du Département de la Défense (DoD). Le rapport en question renvoie donc vers d'autres rapports antérieurs (le rapport du 10 novembre et deux autres rapports centrés sur le F-35 sont disponibles à la fin de cet article et sourcés directement dans les paragraphes).

Une production toujours au ralenti

Le F-35 n'est toujours pas terminé car son développement continue afin d'éliminer les nombreux problèmes subsistant sur les trois versions de l'avion de combat et le développement de son simulateur n'est toujours pas terminé alors que ce dernier devait permettre de réduire le nombre d'heures d'entrainement à réaliser en vol (GAO-22-105128, p. 13). La pleine production du F-35 n'est donc toujours pas lancée et ne ce sont toujours que des appareils de pré-série qui sont livrés. Ce faible rythme accroît les coûts d'acquisition du F-35 mais permettent d'éviter des frais de mise à jour ultérieurs.

Les différentes composantes du DoD acquièrent néanmoins des F-35 et le GAO estime que si la pleine production de l'avion est lancée en 2023, pas moins de 1.115 F-35A/B/C de présérie auraient déjà été livrés, soit approximativement un tiers des appareils commandés. Une estimation très lourde de conséquences car elle implique que cette flotte de F-35 exploitée par les Forces armées américaines et étrangères devra probablement être améliorée après leur livraison (GAO-22-105128, p. 15 et 16). Or, le fait de faire subir une maintenance lourde à 1.115 F-35 afin "d'effacer" leurs éventuels problèmes augmentera le prix des avions d'un montant aujourd'hui inconnu mais probablement non négligeable... Et ce scénario pessimiste pourrait encore s'assombrir si, comme cela semble être le cas, la pleine production n'est pas notifiée à Lockheed Martin par le DoD.

Des problèmes d'immobilisation

Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis).
Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis). © Lockheed Martin
Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis).

De manière générale, le F-35 est aussi la bête noire des techniciens au vu de ses problèmes de moteurs : le nombre de F-35 ne disposant pas de moteurs opérationnels est passé de 2 avions en janvier 2020 à 36 en février 2022, et la tendance stagne entre 30 à 40 appareils entre juillet 2021 et février 2022 (GAO-22-105995, p. 14).

Le DoD demande officiellement un maximum de 6 % de F-35 cloués au sols pour des raisons de motorisation, mais cette limite est déjà dépassée depuis avril 2021 avec une vingtaine d'avions au sol (GAO-22-105995, p. 14). Les causes sont techniques mais pas seulement : la chaine logistique ne semble pas adaptée, avec trop peu de capacités de réparation et/ou d'entretien. Pire encore, certaines pièces de rechanges ne sont pas fiables. Il faut remarquer que la lenteur de la maintenance et de la réparation des moteurs a très vite amené à un manque de moteurs de rechange opérables (GAO-22-105995, p. 17-18).

Le GAO note toutefois que le DoD a officiellement reconnu ces différents problèmes et cherche des solutions. Il y a d'ailleurs eu une légère amélioration de la durée de la maintenance (au niveau du dépôt, à savoir la maintenance lourde) des F-35 : 188 jours de moyenne en novembre 2018 à 131 jours en septembre 2021... mais cela reste encore loin des 30 jours maximum demandés par le DoD (GAO-22-105995, p. 9).

Voir la partie de la revue de presse vidéo ci-contre dédiée au moteur F135 du F-35.

Un coût à l'heure de vol qui ne s'améliore pas significativement

Pendant l'année fiscale 2020 (FY2020), l'heure de vol d'un F-35 (toutes versions confondues) est de 41.986 $ (GAO-23-106217, p. 205) soit environ 39.500 € au cours actuel. S'il s'agit d'une diminution de 2,3 % par rapport à la FY2019, le coût reste trop élevé et insoutenable sur le long terme. En effet, l'arrivée du F-35 devait initialement permettre le retrait des F-16 au sein de l'USAF, or l'heure de vol pour le parc de F-16 vieillissant a certes augmenté de 16,3 % par rapport à la FY2019, mais elle n'est "que" de 26.927 $ (GAO-23-106217, p. 232) soit ~25.400 € actuels. D'un point de vue financier, il est donc impensable de remplacer la totalité de la flotte de F-16 par des F-35, le coût d'exploitation du F-35 devant à l'origine être égal au F-16.

Des conséquences externes

Le GAO prend bien évidemment en compte la hausse de certains postes concernant les F-35 américains, suite à l'augmentation du nombre d'appareils en service. Il note également que cette augmentation n'a pas eu un effet négatif sur les appareils cloués au sol pour des raisons de motorisation défectueuse : entre juin 2021 et juin 2022, la flotte de F-35 a augmenté de 20 % alors que le nombre d'appareils cloués au sol a diminué de 2 % (GAO-23-106217, p. 207). En revanche, la pandémie de COVID-19 a également eu un impact négatif sur toute la chaine logistique (GAO-22-105128, p. 17).

Le GAO identifie aussi des conséquences indirectes du F-35 sur les autres appareils :

  • la mise en service ralentie des F-35B du Corps des Marines a obligé sa composante aérienne à prendre des mesures pour garder ses avions de combat AV-8B Harrier II opérationnels (remotorisation, retrait des appareils demandant trop d'heures de maintenance,...)
  • le manque de personnel technique au sein des différentes forces peut avoir un effet négatif sur les autres appareils suite au F-35 : les personnels techniques sont formés sur les systèmes complexes du F-35 et cela demande du temps. Or, suite au manque accru de personnels, certains avions sont obligés de rester plus longtemps en période de maintenance (c'est notamment le cas des AV-8B). Pour l'instant, ces problèmes sont temporisés par une plus grosse utilisation d'entreprises privées (GAO-23-106217, p. 212).

Un rapport sur d'autres appareils

Le GAO a clairement identifié le F-35 comme un point particulier sur ses enquêtes et rapports mais le rapport publié le 10 novembre concerne également 48 autres appareils :

  • augmentation des coûts pour le B-52 Stratofortress suite à de la corrosion
  • un taux inattendu de réparations sur les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et créant un manque de pièces de rechange
  • pièces de rechange difficilement disponibles pour les bombardiers B-2A Spirit, demandant la mise en place d'une cannibalisation, jugée totalement inefficace
  • de manière générale, des temps de maintenance et réparation beaucoup trop long mais qui s'expliquent par le manque de personnels pendant la pandémie de COVID-19.
  • ... (pendant 352 pages !)

Quelques coûts impressionnants

En termes de classement par coûts par heure de vol, le classement des avions devant être remplacés par le F-35 est le suivant :

  • 22.531 $/h de vol pour l'avion d'attaque A-10 Thunderbolt II (GAO-23-106217, p. 214)
  • 26.927 $/h de vol pour l'avion de combat F-16 Fighting Falcon (GAO-23-106217, p. 232)
  • 30.404 $/h de vol pour l'avion de combat F/A-18E/F Super Hornet (GAO-23-106217, p. 188)
  • 39.029 $/h de vol pour l'avion de combat AV-8B Harrier II (GAO-23-106217, p. 208)

Les diverses variantes du RC-135 pourraient encore voler jusqu'en 2044, date à laquelle le plus vieil appareil aura atteint sa limite d'heure de vol, soit après 81 ans de service (GAO-23-106217, p. 171)

Comme démontré par le conflit en Ukraine, les RC-135 et E-8C JSTARS sont essentiels dans le recueil d'informations sur les troupes russes et biélorusses. Cependant, leurs coûts sont très élevés :

  • 95.339 $/h de vol pour le RC-135 (GAO-23-106217, p. 167)
  • 120.137$/h de vol pour le E-8C JSTARS (GAO-23-106217, p. 161)
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial).
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial). © A-10C Thunderbolt II Demonstration Team (Facebook)
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial).

L'avion de commandement stratégique E-4B National Operations Airborne Center, qui accompagne le Président américain ou encore le Secrétaire de la Défense lors de leurs déplacements, coûte 372.496 $/h de vol ! (GAO-23-106217, p. 155)

Du côté des hélicoptères de transport lourds et des tiltrotors, les coûts sont très variés :

  • 3.920 $/h de vol pour un CH-47F (GAO-23-106217, p. 251)
  • 42.767 $/h de vol pour un MV-22B Osprey (GAO-23-106217, p. 296)
  • 45.612 $/h de vol pour un CH-53E Super Stallion (GAO-23-106217, p. 289)
  • 48.535 $/h de vol pour un MH-53E Sea Dragon (GAO-23-106217, p. 263)
  • 79.958 $/h de vol pour un CV-22 Osprey (GAO-23-106217, p. 309)

Le rapport donne aussi d'autres informations, comme le nombre total d'heures de vol effectuées pour toute la flotte d'un seul type d'appareil. Cumulé avec le coût à l'heure de vol, certains montants sont également considérables. Ainsi, le coût à l'heure de vol pour les bombardiers stratégiques B-52 Stratofortress est de 88.354 $. Avec près de 14.298 heures de vol effectuées pendant la FY20, cela représente un budget de 1,263 milliards $, soit 1,190 milliard d'euros. A titre de comparaison, le budget de l'Armée de l'Air et de l'Espace était en 2020 de 7,5 milliards d'euros !

CV-22B_USAF.jpg
CV-22B des Forces spéciales de l'USAF lors d'un ravitaillement en vol de nuit. © USAF
CV-22B_USAF.jpg
Commentaires
user_picture Hadrien 20/12/2022 11:04

Cet avion est un abonnement a vie et va pomper les budgets de moultes pays qui vont se retrouver à ne pas employer cet ... avion a cause des coûts et en même temps ne pas pouvoir en changer plus



19/12/2022 13:00
1872 mots

42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas

Le GAO, équivalent américain de la Cour des Comptes en France, a publié un rapport en novembre sur 49 appareils utilisés au sein du Département de la Défense. Le F-35 faisait partie des appareils analysés et plusieurs problèmes ont été mis en avant, avec notamment une production ralentie suite à un avion toujours en développement, des problèmes logistiques ainsi que de maintenance. Le rapport met aussi en avant les problèmes d'autres appareils mais aussi le coût à l'heure de vol, dont le montant pour certains avions est très impressionnant.

42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas
42.000 $ l'heure de vol pour le F-35 : le coût d'exploitation ne s'améliore pas

Un nouveau rapport du GAO

Le Government Accountability Office ou GAO est un organisme fédéral américain dont les objectifs sont d'auditer, évaluer et enquêter sur les différents comptes publics du budget fédéral. En France, il est comparable à la Cour des Comptes.

L'organisme a publié le 10 novembre un rapport sur 49 types d'aéronefs en service au sein de l'US Army, de l'US Air Force, de l'US Navy ou de l'US Marines Corps. L'avion de combat F-35 fait partie des avions audités, et de nombreux problèmes ont (une fois de plus) été reportés. Ce n'est pas la première fois que le GAO suit de très près le F-35 car il s'agit d'un des programmes aéronautiques cumulant un énorme budget au sein des différentes branches du Département de la Défense (DoD). Le rapport en question renvoie donc vers d'autres rapports antérieurs (le rapport du 10 novembre et deux autres rapports centrés sur le F-35 sont disponibles à la fin de cet article et sourcés directement dans les paragraphes).


20/12/2022 11:04

Cet avion est un abonnement a vie et va pomper les budgets de moultes pays qui vont se retrouver à ne pas employer cet ...  avion a cause des coûts et en même temps ne pas pouvoir en changer plus


Une production toujours au ralenti

Le F-35 n'est toujours pas terminé car son développement continue afin d'éliminer les nombreux problèmes subsistant sur les trois versions de l'avion de combat et le développement de son simulateur n'est toujours pas terminé alors que ce dernier devait permettre de réduire le nombre d'heures d'entrainement à réaliser en vol (GAO-22-105128, p. 13). La pleine production du F-35 n'est donc toujours pas lancée et ne ce sont toujours que des appareils de pré-série qui sont livrés. Ce faible rythme accroît les coûts d'acquisition du F-35 mais permettent d'éviter des frais de mise à jour ultérieurs.

Les différentes composantes du DoD acquièrent néanmoins des F-35 et le GAO estime que si la pleine production de l'avion est lancée en 2023, pas moins de 1.115 F-35A/B/C de présérie auraient déjà été livrés, soit approximativement un tiers des appareils commandés. Une estimation très lourde de conséquences car elle implique que cette flotte de F-35 exploitée par les Forces armées américaines et étrangères devra probablement être améliorée après leur livraison (GAO-22-105128, p. 15 et 16). Or, le fait de faire subir une maintenance lourde à 1.115 F-35 afin "d'effacer" leurs éventuels problèmes augmentera le prix des avions d'un montant aujourd'hui inconnu mais probablement non négligeable... Et ce scénario pessimiste pourrait encore s'assombrir si, comme cela semble être le cas, la pleine production n'est pas notifiée à Lockheed Martin par le DoD.

Des problèmes d'immobilisation

Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis).
Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis). © Lockheed Martin
Ligne d'assemblage des F-35 au sein des installations de Lockheed Martin à Fort Worth (Texas, États-Unis).

De manière générale, le F-35 est aussi la bête noire des techniciens au vu de ses problèmes de moteurs : le nombre de F-35 ne disposant pas de moteurs opérationnels est passé de 2 avions en janvier 2020 à 36 en février 2022, et la tendance stagne entre 30 à 40 appareils entre juillet 2021 et février 2022 (GAO-22-105995, p. 14).

Le DoD demande officiellement un maximum de 6 % de F-35 cloués au sols pour des raisons de motorisation, mais cette limite est déjà dépassée depuis avril 2021 avec une vingtaine d'avions au sol (GAO-22-105995, p. 14). Les causes sont techniques mais pas seulement : la chaine logistique ne semble pas adaptée, avec trop peu de capacités de réparation et/ou d'entretien. Pire encore, certaines pièces de rechanges ne sont pas fiables. Il faut remarquer que la lenteur de la maintenance et de la réparation des moteurs a très vite amené à un manque de moteurs de rechange opérables (GAO-22-105995, p. 17-18).

Le GAO note toutefois que le DoD a officiellement reconnu ces différents problèmes et cherche des solutions. Il y a d'ailleurs eu une légère amélioration de la durée de la maintenance (au niveau du dépôt, à savoir la maintenance lourde) des F-35 : 188 jours de moyenne en novembre 2018 à 131 jours en septembre 2021... mais cela reste encore loin des 30 jours maximum demandés par le DoD (GAO-22-105995, p. 9).

Voir la partie de la revue de presse vidéo ci-contre dédiée au moteur F135 du F-35.

Un coût à l'heure de vol qui ne s'améliore pas significativement

Pendant l'année fiscale 2020 (FY2020), l'heure de vol d'un F-35 (toutes versions confondues) est de 41.986 $ (GAO-23-106217, p. 205) soit environ 39.500 € au cours actuel. S'il s'agit d'une diminution de 2,3 % par rapport à la FY2019, le coût reste trop élevé et insoutenable sur le long terme. En effet, l'arrivée du F-35 devait initialement permettre le retrait des F-16 au sein de l'USAF, or l'heure de vol pour le parc de F-16 vieillissant a certes augmenté de 16,3 % par rapport à la FY2019, mais elle n'est "que" de 26.927 $ (GAO-23-106217, p. 232) soit ~25.400 € actuels. D'un point de vue financier, il est donc impensable de remplacer la totalité de la flotte de F-16 par des F-35, le coût d'exploitation du F-35 devant à l'origine être égal au F-16.

Des conséquences externes

Le GAO prend bien évidemment en compte la hausse de certains postes concernant les F-35 américains, suite à l'augmentation du nombre d'appareils en service. Il note également que cette augmentation n'a pas eu un effet négatif sur les appareils cloués au sol pour des raisons de motorisation défectueuse : entre juin 2021 et juin 2022, la flotte de F-35 a augmenté de 20 % alors que le nombre d'appareils cloués au sol a diminué de 2 % (GAO-23-106217, p. 207). En revanche, la pandémie de COVID-19 a également eu un impact négatif sur toute la chaine logistique (GAO-22-105128, p. 17).

Le GAO identifie aussi des conséquences indirectes du F-35 sur les autres appareils :

  • la mise en service ralentie des F-35B du Corps des Marines a obligé sa composante aérienne à prendre des mesures pour garder ses avions de combat AV-8B Harrier II opérationnels (remotorisation, retrait des appareils demandant trop d'heures de maintenance,...)
  • le manque de personnel technique au sein des différentes forces peut avoir un effet négatif sur les autres appareils suite au F-35 : les personnels techniques sont formés sur les systèmes complexes du F-35 et cela demande du temps. Or, suite au manque accru de personnels, certains avions sont obligés de rester plus longtemps en période de maintenance (c'est notamment le cas des AV-8B). Pour l'instant, ces problèmes sont temporisés par une plus grosse utilisation d'entreprises privées (GAO-23-106217, p. 212).

Un rapport sur d'autres appareils

Le GAO a clairement identifié le F-35 comme un point particulier sur ses enquêtes et rapports mais le rapport publié le 10 novembre concerne également 48 autres appareils :

  • augmentation des coûts pour le B-52 Stratofortress suite à de la corrosion
  • un taux inattendu de réparations sur les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon et créant un manque de pièces de rechange
  • pièces de rechange difficilement disponibles pour les bombardiers B-2A Spirit, demandant la mise en place d'une cannibalisation, jugée totalement inefficace
  • de manière générale, des temps de maintenance et réparation beaucoup trop long mais qui s'expliquent par le manque de personnels pendant la pandémie de COVID-19.
  • ... (pendant 352 pages !)

Quelques coûts impressionnants

En termes de classement par coûts par heure de vol, le classement des avions devant être remplacés par le F-35 est le suivant :

  • 22.531 $/h de vol pour l'avion d'attaque A-10 Thunderbolt II (GAO-23-106217, p. 214)
  • 26.927 $/h de vol pour l'avion de combat F-16 Fighting Falcon (GAO-23-106217, p. 232)
  • 30.404 $/h de vol pour l'avion de combat F/A-18E/F Super Hornet (GAO-23-106217, p. 188)
  • 39.029 $/h de vol pour l'avion de combat AV-8B Harrier II (GAO-23-106217, p. 208)

Les diverses variantes du RC-135 pourraient encore voler jusqu'en 2044, date à laquelle le plus vieil appareil aura atteint sa limite d'heure de vol, soit après 81 ans de service (GAO-23-106217, p. 171)

Comme démontré par le conflit en Ukraine, les RC-135 et E-8C JSTARS sont essentiels dans le recueil d'informations sur les troupes russes et biélorusses. Cependant, leurs coûts sont très élevés :

  • 95.339 $/h de vol pour le RC-135 (GAO-23-106217, p. 167)
  • 120.137$/h de vol pour le E-8C JSTARS (GAO-23-106217, p. 161)
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial).
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial). © A-10C Thunderbolt II Demonstration Team (Facebook)
A-10C Thunderbolt II de démonstration (camouflage spécial).

L'avion de commandement stratégique E-4B National Operations Airborne Center, qui accompagne le Président américain ou encore le Secrétaire de la Défense lors de leurs déplacements, coûte 372.496 $/h de vol ! (GAO-23-106217, p. 155)

Du côté des hélicoptères de transport lourds et des tiltrotors, les coûts sont très variés :

  • 3.920 $/h de vol pour un CH-47F (GAO-23-106217, p. 251)
  • 42.767 $/h de vol pour un MV-22B Osprey (GAO-23-106217, p. 296)
  • 45.612 $/h de vol pour un CH-53E Super Stallion (GAO-23-106217, p. 289)
  • 48.535 $/h de vol pour un MH-53E Sea Dragon (GAO-23-106217, p. 263)
  • 79.958 $/h de vol pour un CV-22 Osprey (GAO-23-106217, p. 309)

Le rapport donne aussi d'autres informations, comme le nombre total d'heures de vol effectuées pour toute la flotte d'un seul type d'appareil. Cumulé avec le coût à l'heure de vol, certains montants sont également considérables. Ainsi, le coût à l'heure de vol pour les bombardiers stratégiques B-52 Stratofortress est de 88.354 $. Avec près de 14.298 heures de vol effectuées pendant la FY20, cela représente un budget de 1,263 milliards $, soit 1,190 milliard d'euros. A titre de comparaison, le budget de l'Armée de l'Air et de l'Espace était en 2020 de 7,5 milliards d'euros !

CV-22B_USAF.jpg
CV-22B des Forces spéciales de l'USAF lors d'un ravitaillement en vol de nuit. © USAF
CV-22B_USAF.jpg


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20/12/2022 11:04

Cet avion est un abonnement a vie et va pomper les budgets de moultes pays qui vont se retrouver à ne pas employer cet ... avion a cause des coûts et en même temps ne pas pouvoir en changer plus