Chaque année, les commémorations du débarquement de Normandie sont l’occasion d’apercevoir des parachutages. Le plus gros parachutage avait eu lieu à La Fière, mobilisant 4 Dakota d’époque mais aussi 18 avions de transport tactique modernes et pas moins de 1 400 parachutistes. Plus de 100 000 personnes seraient d'ailleurs venues assister aux différents parachutages.
Durant la première semaine de juin, la Normandie vivait au rythme des diverses commémorations, cérémonies officielles, démonstrations militaires,... La population, touristes, militaires et vétérans pouvaient apercevoir de nombreuses activités, comme par exemple le meeting aérien d'Arromanches, rassemblant pendant quelques heures pas moins de 150 000 personnes venues admirer les différents avions et hélicoptère. Le dimanche 9 juin clôturait la plupart des commémorations dans la région. Si de nombreux parachutages étaient visibles durant toute la semaine, le parachutage de La Fière permettait de terminer en beauté ce 80ème anniversaire. Il s'agit concrètement du plus gros parachutage des commémorations, avec approximativement 1 300 à 1 400 parachutistes largués depuis les airs.
Vers 10h du matin, alors que plus de 100 000 personnes s'étaient rassemblées dans les marais à l'est de Sainte-Mère-Église, quatre avions de transport C-47 Skytrain/Dakota, escortés par deux chasseurs Spitfire, ont largué un premier stick de parachutistes, avec notamment des associations et clubs de parachutismes, habillés en tenue d'époque pour l'occasion, ainsi que des militaires d'active. Une fois la dropzone dégagée, les quatre Dakota ont redécollé seuls et largué vers 11 heure un second stick, clôturant au passage la partie plutôt historique de ce parachutage.
La seconde partie commença vers 12h et fut conséquente, au vu des moyens déployés par différentes forces aériennes :
Le spectacle était impressionnant : les 18 avions de transport tactique se suivaient l'un derrière l'autre et larguaient un premier stick de parachutistes américains, anglais, français, belges,... avant de refaire un passage 10 minutes plus tard, pour larguer un second stick de parachutistes. Pour le plus grand plaisir des petits et des grands, le ciel se couvrait alors de parachutistes pendant de longues minutes. Sur la dropzone, la joie des paras était clairement visible : ils venaient d'effectuer un saut sur une zone mythique. Une deuxième vague a été larguée en milieu d'après-midi et les sauts se sont terminés par un largage de quelques parachutistes en haute altitude et par les Golden Knights, l'équipe de parachutisme de présentation de l'US Army. Quatre C-130J ont aussi profité de la fin de l'évènement pour effectuer un passage basse altitude sur la dropzone.
À noter que ces sauts furent l'occasion d'effectuer des échanges ; des parachutistes belges provenant des diverses unités du Special Operation Regiment (SOR) ont ainsi échangé leur parachute avec des parachutes américains (et vice-versa). C'est ainsi que plusieurs militaires belges affichaient un badge de parachutiste de l'US Army, comme affiché par deux paras sur l'image ci-dessous (pour des raisons de confidentialité, les visages ont été floutés).
Quelques incidents mineurs ont été décomptés : quelques paras sont tombés dans les zones humides ou cours d'eau de la dropzone mais se sont très vite relevés, notamment grâce aux sapeurs-pompiers déployés sur ces points sensibles. Un parachutiste américain, comme ses ainés en 1944, a vu son parachute s’emmêler dans un arbre mais il ne dut pas attendre bien longtemps avant d'être secouru.
Par ailleurs, cette commémoration démontre aussi la capacité de projection de forces au niveau OTAN. Alors bien évidemment, avec une dropzone restreinte, les avions ne pouvaient larguer en formation... mais lors d'opérations réelles, ces 18 avions auraient pu larguer en moins de 10 minutes un nombre important de parachutistes, ainsi que leur matériel lourd.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, pas moins de 800 avions de transport Skytrain/Dakota larguent des milliers de parachutistes américains sur le Cotentin. À l'ouest de Sainte-Mère-Église des marais et surtout le Merderet forment un obstacle naturel à la progression dans cette direction. Deux possibilités : le pont de Chef-du-Pont et le pont de La Fière. Ces deux ponts deviennent ainsi des objectifs de la mission aéroportée américaine. Cependant, malgré un parachutage bien plus précis que la moyenne, le 1er bataillon du 505ème régiment d'infanterie parachutiste de la 82ème division aéroportée (505th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division) ne parvient pas à regrouper assez d'hommes pour former deux groupes et prendre les deux ponts. Le major Frederick C. A. Kellam prend alors la décision de foncer sur La Fière. Deux assauts sont lancés aux premières lueurs du jour mais sont tous deux repoussés par les Allemands présents dans la zone.
Toutefois, plus le temps passe, plus les paras se regroupent : il est estimé que 550 paras étaient présents à l'est de La Fière en fin de matinée ! Un assaut est alors lancé par trois compagnies (comp. A/505 PIR, comp. G 507 PIR, comp. B/508 PIR) et, après de rudes combats, capturent le hameau. La compagnie G fera même l'exploit de s'établir de l'autre côté du pont. Le 1er bataillon du 505 PIR relève les paras après l'assaut mais, à peine mis en position défensive autour du pont, doit faire face à une contre-attaque d'infanterie allemande, soutenue par quelques chars légers ex-français Renault R35. L'attaque est importante mais trois R35 sont détruits avec des bazookas et les Allemands sont stoppés avant le pont. Des renforts sont ensuite transférés sur place depuis Chef-du-Pont (alors pris par d'autres paras de la 82ème division aéroportée) et le lendemain, la position est à nouveau renforcée par le 1er bataillon du 325ème Régiment d'Infanterie de Planeur (325th Glider Infantry Regiment).
Alors que le 8 juin est plutôt "calme" à La Fière, le 9 juin, le 1er bataillon du 325 GIR passe à l'offensive vers l'ouest mais échoue : les marais et chaussées dégagées favorisent les actions défensives américaines... mais aussi allemandes ! Le 3ème bataillon du 325 GIR attaque en fin de matinée, appuyé par une douzaine de chars Sherman (746th Tank Bataillon) et des obusiers de 155 mm (90th Division Artillery), premiers éléments débarqués à entrer en action à La Fière. Malgré des pertes, Les Helpiquets, situé à 1,6 kilomètres à l'ouest du pont de La Fière est libéré. Le 9 juin au soir et en début de journée du 10 juin, les paras voient enfin arriver le 325ème Régiment d'Infanterie de la 90ème Division d'Infanterie, unité récemment débarquée sur Utah Beach. Celle-ci a reçu comme objectif de foncer à l'ouest par les ponts de La Fière et Chef-du-Pont : il faut couper la presqu’île du Cotentin avant de foncer sur Cherbourg. Face à la pression des paras et désormais fantassins débarqués, les forces allemandes sont obligées de se retirer pour se regrouper : La Fière est définitivement sécurisée.
Au final, cette bataille fait partie des combats inconnus de la Normandie mais reste impressionnante au vu de l'intensité des combats et des moyens engagés. Stratégiquement, elle permet aux éléments débarqués de pouvoir mettre le cap à l'ouest sans devoir prendre deux ponts stratégiques, évitant au passage l'utilisation défensive des marais en tant qu'obstacle naturel pour une éventuelle ligne de défense allemande sur le flanc des forces d'invasion alliées.
Plus d'images de l'édition 2024 des parachutages de La Fière dans la publication X ci-dessous.
Note : la description de la bataille de La Fière de cet article ne représente qu'un humble résumé de ces quatre jours de combats presque continus. Des raccourcis ont été volontairement effectués afin de résumer au mieux la bataille : aucune mention des opérations infructueuses du 507th PIR à l'ouest de La Fière, description uniquement des grandes actions, description minimale des forces allemandes (91. Infanterie Division et Panzer-Ersatz-Abteilung 100), le rôle important joués par plusieurs officiers et officiers supérieurs, etc.
Chaque année, les commémorations du débarquement de Normandie sont l’occasion d’apercevoir des parachutages. Le plus gros parachutage avait eu lieu à La Fière, mobilisant 4 Dakota d’époque mais aussi 18 avions de transport tactique modernes et pas moins de 1 400 parachutistes. Plus de 100 000 personnes seraient d'ailleurs venues assister aux différents parachutages.
Durant la première semaine de juin, la Normandie vivait au rythme des diverses commémorations, cérémonies officielles, démonstrations militaires,... La population, touristes, militaires et vétérans pouvaient apercevoir de nombreuses activités, comme par exemple le meeting aérien d'Arromanches, rassemblant pendant quelques heures pas moins de 150 000 personnes venues admirer les différents avions et hélicoptère. Le dimanche 9 juin clôturait la plupart des commémorations dans la région. Si de nombreux parachutages étaient visibles durant toute la semaine, le parachutage de La Fière permettait de terminer en beauté ce 80ème anniversaire. Il s'agit concrètement du plus gros parachutage des commémorations, avec approximativement 1 300 à 1 400 parachutistes largués depuis les airs.
Vers 10h du matin, alors que plus de 100 000 personnes s'étaient rassemblées dans les marais à l'est de Sainte-Mère-Église, quatre avions de transport C-47 Skytrain/Dakota, escortés par deux chasseurs Spitfire, ont largué un premier stick de parachutistes, avec notamment des associations et clubs de parachutismes, habillés en tenue d'époque pour l'occasion, ainsi que des militaires d'active. Une fois la dropzone dégagée, les quatre Dakota ont redécollé seuls et largué vers 11 heure un second stick, clôturant au passage la partie plutôt historique de ce parachutage.
La seconde partie commença vers 12h et fut conséquente, au vu des moyens déployés par différentes forces aériennes :
Le spectacle était impressionnant : les 18 avions de transport tactique se suivaient l'un derrière l'autre et larguaient un premier stick de parachutistes américains, anglais, français, belges,... avant de refaire un passage 10 minutes plus tard, pour larguer un second stick de parachutistes. Pour le plus grand plaisir des petits et des grands, le ciel se couvrait alors de parachutistes pendant de longues minutes. Sur la dropzone, la joie des paras était clairement visible : ils venaient d'effectuer un saut sur une zone mythique. Une deuxième vague a été larguée en milieu d'après-midi et les sauts se sont terminés par un largage de quelques parachutistes en haute altitude et par les Golden Knights, l'équipe de parachutisme de présentation de l'US Army. Quatre C-130J ont aussi profité de la fin de l'évènement pour effectuer un passage basse altitude sur la dropzone.
À noter que ces sauts furent l'occasion d'effectuer des échanges ; des parachutistes belges provenant des diverses unités du Special Operation Regiment (SOR) ont ainsi échangé leur parachute avec des parachutes américains (et vice-versa). C'est ainsi que plusieurs militaires belges affichaient un badge de parachutiste de l'US Army, comme affiché par deux paras sur l'image ci-dessous (pour des raisons de confidentialité, les visages ont été floutés).
Quelques incidents mineurs ont été décomptés : quelques paras sont tombés dans les zones humides ou cours d'eau de la dropzone mais se sont très vite relevés, notamment grâce aux sapeurs-pompiers déployés sur ces points sensibles. Un parachutiste américain, comme ses ainés en 1944, a vu son parachute s’emmêler dans un arbre mais il ne dut pas attendre bien longtemps avant d'être secouru.
Par ailleurs, cette commémoration démontre aussi la capacité de projection de forces au niveau OTAN. Alors bien évidemment, avec une dropzone restreinte, les avions ne pouvaient larguer en formation... mais lors d'opérations réelles, ces 18 avions auraient pu larguer en moins de 10 minutes un nombre important de parachutistes, ainsi que leur matériel lourd.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, pas moins de 800 avions de transport Skytrain/Dakota larguent des milliers de parachutistes américains sur le Cotentin. À l'ouest de Sainte-Mère-Église des marais et surtout le Merderet forment un obstacle naturel à la progression dans cette direction. Deux possibilités : le pont de Chef-du-Pont et le pont de La Fière. Ces deux ponts deviennent ainsi des objectifs de la mission aéroportée américaine. Cependant, malgré un parachutage bien plus précis que la moyenne, le 1er bataillon du 505ème régiment d'infanterie parachutiste de la 82ème division aéroportée (505th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division) ne parvient pas à regrouper assez d'hommes pour former deux groupes et prendre les deux ponts. Le major Frederick C. A. Kellam prend alors la décision de foncer sur La Fière. Deux assauts sont lancés aux premières lueurs du jour mais sont tous deux repoussés par les Allemands présents dans la zone.
Toutefois, plus le temps passe, plus les paras se regroupent : il est estimé que 550 paras étaient présents à l'est de La Fière en fin de matinée ! Un assaut est alors lancé par trois compagnies (comp. A/505 PIR, comp. G 507 PIR, comp. B/508 PIR) et, après de rudes combats, capturent le hameau. La compagnie G fera même l'exploit de s'établir de l'autre côté du pont. Le 1er bataillon du 505 PIR relève les paras après l'assaut mais, à peine mis en position défensive autour du pont, doit faire face à une contre-attaque d'infanterie allemande, soutenue par quelques chars légers ex-français Renault R35. L'attaque est importante mais trois R35 sont détruits avec des bazookas et les Allemands sont stoppés avant le pont. Des renforts sont ensuite transférés sur place depuis Chef-du-Pont (alors pris par d'autres paras de la 82ème division aéroportée) et le lendemain, la position est à nouveau renforcée par le 1er bataillon du 325ème Régiment d'Infanterie de Planeur (325th Glider Infantry Regiment).
Alors que le 8 juin est plutôt "calme" à La Fière, le 9 juin, le 1er bataillon du 325 GIR passe à l'offensive vers l'ouest mais échoue : les marais et chaussées dégagées favorisent les actions défensives américaines... mais aussi allemandes ! Le 3ème bataillon du 325 GIR attaque en fin de matinée, appuyé par une douzaine de chars Sherman (746th Tank Bataillon) et des obusiers de 155 mm (90th Division Artillery), premiers éléments débarqués à entrer en action à La Fière. Malgré des pertes, Les Helpiquets, situé à 1,6 kilomètres à l'ouest du pont de La Fière est libéré. Le 9 juin au soir et en début de journée du 10 juin, les paras voient enfin arriver le 325ème Régiment d'Infanterie de la 90ème Division d'Infanterie, unité récemment débarquée sur Utah Beach. Celle-ci a reçu comme objectif de foncer à l'ouest par les ponts de La Fière et Chef-du-Pont : il faut couper la presqu’île du Cotentin avant de foncer sur Cherbourg. Face à la pression des paras et désormais fantassins débarqués, les forces allemandes sont obligées de se retirer pour se regrouper : La Fière est définitivement sécurisée.
Au final, cette bataille fait partie des combats inconnus de la Normandie mais reste impressionnante au vu de l'intensité des combats et des moyens engagés. Stratégiquement, elle permet aux éléments débarqués de pouvoir mettre le cap à l'ouest sans devoir prendre deux ponts stratégiques, évitant au passage l'utilisation défensive des marais en tant qu'obstacle naturel pour une éventuelle ligne de défense allemande sur le flanc des forces d'invasion alliées.
Plus d'images de l'édition 2024 des parachutages de La Fière dans la publication X ci-dessous.
Note : la description de la bataille de La Fière de cet article ne représente qu'un humble résumé de ces quatre jours de combats presque continus. Des raccourcis ont été volontairement effectués afin de résumer au mieux la bataille : aucune mention des opérations infructueuses du 507th PIR à l'ouest de La Fière, description uniquement des grandes actions, description minimale des forces allemandes (91. Infanterie Division et Panzer-Ersatz-Abteilung 100), le rôle important joués par plusieurs officiers et officiers supérieurs, etc.
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