Alors que des images et informations commencent à émerger, il est possible d’avoir une meilleure idée sur la perte d’un avion radar russe A-50 et l’Il-22M sérieusement endommagé le 14 janvier en Ukraine. La perte de l’A-50 se confirme par les deux parties au conflit et deux images corroborent aussi le tir d’un missile sur l’Il-22M. Certaines informations restent manquantes, tout particulièrement sur le trajet de l’Il-22M et plusieurs hypothèses restent valables en ce qui concerne le tir sur cet appareil.
Le 14 janvier, un avion de guet aérien avancé et de commandement A-50 Mainstay russe survolait la région de Berdiansk et la mer d'Azov. Les militaires ukrainiens et les milbloggers russes s'accordent sur la perte totale de l'appareil. La cause de cette perte est inconnue, cependant, Berdiansk se trouve à une centaine de kilomètres de la ligne de front. Or, avec une portée de 160 kilomètres, un lanceur d'une batterie Patriot PAC-2 peut avoir tiré avec succès un missile contre le Mainstay russe.
Pour rappel, l'A-50 Mainstay est un avion soviétique/russe développé et produit par Beriev. Il est utilisé pour des missions de contrôle d'un espace aérien et de commandement des forces aériennes dans cette même zone. Pour ce faire, Beriev a modifié l'avion de transport stratégique Il-76 Candid en lui ajoutant de nombreux capteurs, en ce compris un radar placé dans un radôme au-dessus du fuselage de l'avion. Le nombre exact d'appareils actuellement en service est inconnu et les sources varient. De manière générale, une dizaine d'appareils seraient en service au sein des Forces Aérospatiales russes, dont sept avions auraient été modernisés aux standards A-50U. Cet appareil modernisé voit son radar amélioré avec une portée qui passe de 400 à 600 kilomètres, la possibilité de suivre un nombre augmenté de cibles ou encore la modernisation des systèmes internes. L'A-50, et ses sous-variantes, peut être ravitaillé en vol (probe and drogue) et l'équipage en configuration standard comprend 15 militaires.
En plus d'être un appareil disponible en faible nombre, le Mainstay est très important pour les Forces russes déployées en Ukraine. Le 17 novembre 2023, dans son désormais rapport journalier (ci-dessous), le Defense Intelligence britannique annonçait que les Mainstay prendront une part bien plus active dans l'invasion russe de l'Ukraine. Grâce à leur capacité de détection et de surveillance de l'espace aérien, ces avions pourront détecter les futurs F-16 ukrainiens. L'information sera alors transmise aux batteries antiaériennes longue portée S-400 (SA-21 Growler), capables de détruire des avions situés à +380 kilomètres et une altitude de +30 kilomètres. Il est intéressant de noter que le Defense Intelligence note à la fin de sa publication du 17 novembre 2023 une annonce qui s'avérera prémonitoire : "Il existe une possibilité réaliste que la Russie accepte davantage de risques en rapprochant de la ligne de front des Mainstay afin de remplir efficacement son nouveau rôle".
Cette patrouille n'était cependant pas effectuée dans cette optique : l'ISW (Institute for the Study of War), citant Kostyantyn Mashovets, précise que depuis le 3 janvier dernier, les A-50 Mainstay russes effectuaient des patrouilles constantes suite aux menaces d'attaques ukrainiennes sur les infrastructures militaires russes en Crimée, en ce compris les infrastructures de la Flotte russe de la mer Noire. Il est vrai que la Crimée a subi de nombreuses attaques aériennes ukrainiennes, utilisant des drones et des missiles, en ce compris des missiles de croisière SCALP-EG/Storm Shadow. Ce missile, lancé depuis les bombardiers tactiques Su-24, a ainsi permis la destruction d'une corvette, d'un sous-marin et d'un navire de débarquement lourd russes, et plus retentissant encore, un centre de commandement et de communication stratégique et le quartier général de la Flotte russe de la mer Noire. L'effet de ce missile est ainsi donc très élevé sur les arrières russes, notamment sur les installations militaires en Crimée. La France vient justement d'annoncer la livraison prochaine d'une quarantaine de missiles SCALP-EG supplémentaires.
À propos des F-16, il faut noter qu'une hypothèse a été soulevée sur plusieurs réseaux sociaux ; l'utilisation d'avions de combat F-16 Fighting Falcon, enfin livrés à l'Ukraine, et utilisés pour attaquer ces deux appareils russes. Cela voudrait signifier que l'Ukraine était prête à sacrifier au moins l'un de ces rares appareils au-dessus d'une centaine de kilomètres de terrain contrôlé par les Russes et potentiellement défendu par de nombreux moyens sol-air, sans oublier les patrouilles d'avions de combat russes. Il faudrait également avoir terminé l'entrainement des pilotes et mécaniciens. Actuellement, les informations concernant le centre d'entrainement de F-16 européen en Roumanie sont très faibles, en dehors de la livraison de cinq F-16 ex-hollandais. En revanche, en ce qui concerne les pilotes ukrainiens entrainés au Royaume-Uni, un premier groupe a été transféré au Danemark à la fin du mois de décembre 2023/au début du mois de janvier 2024. Sur place, ils apprendront enfin à voler sur le Fighting Falcon, en faisant notamment leurs premières heures de F-16 sur des F-16B danois, norvégiens et prochainement, belges. C'est aussi sans compter sur l'armement transféré aux Ukrainiens pour les F-16 ou encore sur les capacités de détection des F-16. Bref, beaucoup trop d'inconnues, aucune image de F-16 aux cocardes ukrainiennes et des pilotes et mécaniciens, jusqu'à présent, toujours en train de s'entrainer. Cette hypothèse est donc peu probable.
Un second appareil russe a également subit des dégâts en plein vol, comme confirmé par l'appel radio (publié sur les réseaux sociaux). Celui-ci est présenté comme une demande d'atterrissage en urgence d'un avion de commandement et de relais de communication Il-22M-11 Coot-B. Le pilote demande, en plus de libérer la piste de l'aéroport d'Anapa (Kraï de Krasnodar, Russie), le déploiement des services incendies et d'ambulances une fois l'avion posé. Deux images viennent confirmer l'urgence de cet atterrissage. Il s'agit de la queue d'un Il-22M-11, numéroté RF-95678, sur l'aéroport d'Anapa. Les impacts, clairement visibles sur la queue de l'avion, confirment qu'un missile a bel et bien été lancé sur celui-ci. Comme démontré dans la deuxième publication, il ne manque pas seulement une boule renfermant un capteur mais bel et bien une partie de la dérive (en bleu).
Pour rappel, l'Il-22M-11 est un avion de transport Il-18D spécialisé pour assurer des missions de commandement et de relais de communication aéroporté. Il faut noter qu'avec la capacité de commandement de l'A-50, les deux appareils pouvaient effectuer des missions de commandement. De fait, ll-22M effectuait probablement une mission de relais de communication, à moins que les deux avions volaient pour effectuer deux missions différentes...
Cet avion est facilement reconnaissable grâce à ses antennes en "L inversés" et un petit carénage ovale situé au-dessus de la dérive verticale. Il ne doit pas être confondu avec trois avions similaires mais aux missions bien différentes ;
Une grande question reste sans réponse pour le Coot-B ; où se trouvait l'avion lors de l'impact missile ? S'il se trouvait à Berdiansk, l'avion a peut-être subi un tir de missile Patriot PAC-2. Cependant, est-ce qu'un pilote oserait un atterrissage d'urgence, avec un appareil dans cet état, sur l'aéroport d'Anapa, situé à approximativement 200 kilomètres de Berdiansk... au lieu de se diriger vers la base aérienne de Taganrog, située à 160 kilomètres de Berdiansk ? La question se pose également si l'Il-22M volait plus à l'Ouest de la mer d'Azov : pourquoi choisir Anapa et non pas une base aérienne en Crimée, bien plus proche ?
En revanche, est-ce qu'un avion touché par un tir ami émanant des défenses antiaériennes du pont de Crimée, situé à seulement 70 kilomètres de l'aéroport d'Anapa, irait se poser sur ce même aéroport ? Toutefois, si cette hypothèse reste valable, il n'est toujours pas possible de confirmer le tracé de vol de l'avion de commandement russe. Une vidéo publiée par le général Valeriy Zaloujny, commandant en chef des Forces armées ukrainiennes, montre le tracé de plusieurs appareils russes sur la mer d'Azov mais il est impossible de reconnaitre le tracé de l'Il-22. Une chose est sure, l'avion est sérieusement endommagé et ne revolera pas de sitôt... voire même jamais !
L'action du 14 janvier est étonnante, au vu du danger encouru par ses deux avions, pourtant considérés comme importants d'un point de vue tactique. Un avion de commandement n'est pas du tout censé voler dans une zone couverte par des systèmes antiaériens longue portée ennemis, de même qu'un avion AEW&C. Le cas de l'AEW&C est peut-être un excès de confiance de la part de l'état-major russe, pensant qu'aucun système antiaérien longue portée ukrainien ne pouvait couvrir la région de Berdiansk. Est-ce une mauvaise détection de la menace de la part des Forces russes ? Une embuscade bien préparée par les Ukrainiens ? En ce qui concerne l'hypothèse du tir ami sur l'Il-22M, celui-ci, encore une fois si cette hypothèse se confirme, coûte cher, il ne s'agit plus de la destruction accidentelle en vol d'un missile ou d'un avion de combat russe mais bel et bien d'un avion de commandement, avec des officiers et personnels hautement formés à l'utilisation des systèmes de communication. D'ailleurs, la perte de l'A-50 est également une perte de personnels hautement qualifiés, en ce compris des officiers formés aux opérations aériennes complexes.
Quoiqu'il en soit, les Russes perdent deux avions assez rares et aux capacités importantes : l'Il-22M pour gérer des opérations mais également relayer les informations d'autres capteurs, d'autres appareils,... et un A-50(U?) pouvant surveiller l'espace aérien à longue distance et qui devrait servir de clé de voute pour la détection des futurs F-16 ukrainiens.
Enfin, côté ukrainien, la perte des deux avions est une victoire tactique ; une opération était peut-être en cours mais la perte de deux avions de soutien signifia peut-être l'arrêt de l'opération en question. Le tir du Patriot PAC-2 étant quasi certain pour le Mainstay, ce dernier démontre pour la troisième fois que les Forces armées ukrainiennes n'utilisent pas uniquement ces batteries autour de villes importantes : fin décembre 2023, entre 3 et 5 avions de combat russes étaient abattus au-dessus de la partie de l'oblast de Kherson contrôlée par les Forces armées russes et le 13 mai, des trois hélicoptères et deux avions de combat russes étaient abattus par un système antiaérien Patriot PAC-2 alors que ceux-ci volaient en Russie. Ce déplacement d'un lanceur ou éventuellement d'une batterie aux quatre coins de l'Ukraine permet aux Forces armées ukrainiennes de faire reculer les appareils russes d'une centaine de kilomètres. Il faut préciser que ce recul est un avantage défensif pour les Ukrainiens mais aux retombées offensives limitées ; si la menace air-air russe recule, la menace sol-air russe reste bien présente sur les zones couvertes par les différents systèmes antiaériens russes.
Alors que des images et informations commencent à émerger, il est possible d’avoir une meilleure idée sur la perte d’un avion radar russe A-50 et l’Il-22M sérieusement endommagé le 14 janvier en Ukraine. La perte de l’A-50 se confirme par les deux parties au conflit et deux images corroborent aussi le tir d’un missile sur l’Il-22M. Certaines informations restent manquantes, tout particulièrement sur le trajet de l’Il-22M et plusieurs hypothèses restent valables en ce qui concerne le tir sur cet appareil.
Le 14 janvier, un avion de guet aérien avancé et de commandement A-50 Mainstay russe survolait la région de Berdiansk et la mer d'Azov. Les militaires ukrainiens et les milbloggers russes s'accordent sur la perte totale de l'appareil. La cause de cette perte est inconnue, cependant, Berdiansk se trouve à une centaine de kilomètres de la ligne de front. Or, avec une portée de 160 kilomètres, un lanceur d'une batterie Patriot PAC-2 peut avoir tiré avec succès un missile contre le Mainstay russe.
Pour rappel, l'A-50 Mainstay est un avion soviétique/russe développé et produit par Beriev. Il est utilisé pour des missions de contrôle d'un espace aérien et de commandement des forces aériennes dans cette même zone. Pour ce faire, Beriev a modifié l'avion de transport stratégique Il-76 Candid en lui ajoutant de nombreux capteurs, en ce compris un radar placé dans un radôme au-dessus du fuselage de l'avion. Le nombre exact d'appareils actuellement en service est inconnu et les sources varient. De manière générale, une dizaine d'appareils seraient en service au sein des Forces Aérospatiales russes, dont sept avions auraient été modernisés aux standards A-50U. Cet appareil modernisé voit son radar amélioré avec une portée qui passe de 400 à 600 kilomètres, la possibilité de suivre un nombre augmenté de cibles ou encore la modernisation des systèmes internes. L'A-50, et ses sous-variantes, peut être ravitaillé en vol (probe and drogue) et l'équipage en configuration standard comprend 15 militaires.
En plus d'être un appareil disponible en faible nombre, le Mainstay est très important pour les Forces russes déployées en Ukraine. Le 17 novembre 2023, dans son désormais rapport journalier (ci-dessous), le Defense Intelligence britannique annonçait que les Mainstay prendront une part bien plus active dans l'invasion russe de l'Ukraine. Grâce à leur capacité de détection et de surveillance de l'espace aérien, ces avions pourront détecter les futurs F-16 ukrainiens. L'information sera alors transmise aux batteries antiaériennes longue portée S-400 (SA-21 Growler), capables de détruire des avions situés à +380 kilomètres et une altitude de +30 kilomètres. Il est intéressant de noter que le Defense Intelligence note à la fin de sa publication du 17 novembre 2023 une annonce qui s'avérera prémonitoire : "Il existe une possibilité réaliste que la Russie accepte davantage de risques en rapprochant de la ligne de front des Mainstay afin de remplir efficacement son nouveau rôle".
Cette patrouille n'était cependant pas effectuée dans cette optique : l'ISW (Institute for the Study of War), citant Kostyantyn Mashovets, précise que depuis le 3 janvier dernier, les A-50 Mainstay russes effectuaient des patrouilles constantes suite aux menaces d'attaques ukrainiennes sur les infrastructures militaires russes en Crimée, en ce compris les infrastructures de la Flotte russe de la mer Noire. Il est vrai que la Crimée a subi de nombreuses attaques aériennes ukrainiennes, utilisant des drones et des missiles, en ce compris des missiles de croisière SCALP-EG/Storm Shadow. Ce missile, lancé depuis les bombardiers tactiques Su-24, a ainsi permis la destruction d'une corvette, d'un sous-marin et d'un navire de débarquement lourd russes, et plus retentissant encore, un centre de commandement et de communication stratégique et le quartier général de la Flotte russe de la mer Noire. L'effet de ce missile est ainsi donc très élevé sur les arrières russes, notamment sur les installations militaires en Crimée. La France vient justement d'annoncer la livraison prochaine d'une quarantaine de missiles SCALP-EG supplémentaires.
À propos des F-16, il faut noter qu'une hypothèse a été soulevée sur plusieurs réseaux sociaux ; l'utilisation d'avions de combat F-16 Fighting Falcon, enfin livrés à l'Ukraine, et utilisés pour attaquer ces deux appareils russes. Cela voudrait signifier que l'Ukraine était prête à sacrifier au moins l'un de ces rares appareils au-dessus d'une centaine de kilomètres de terrain contrôlé par les Russes et potentiellement défendu par de nombreux moyens sol-air, sans oublier les patrouilles d'avions de combat russes. Il faudrait également avoir terminé l'entrainement des pilotes et mécaniciens. Actuellement, les informations concernant le centre d'entrainement de F-16 européen en Roumanie sont très faibles, en dehors de la livraison de cinq F-16 ex-hollandais. En revanche, en ce qui concerne les pilotes ukrainiens entrainés au Royaume-Uni, un premier groupe a été transféré au Danemark à la fin du mois de décembre 2023/au début du mois de janvier 2024. Sur place, ils apprendront enfin à voler sur le Fighting Falcon, en faisant notamment leurs premières heures de F-16 sur des F-16B danois, norvégiens et prochainement, belges. C'est aussi sans compter sur l'armement transféré aux Ukrainiens pour les F-16 ou encore sur les capacités de détection des F-16. Bref, beaucoup trop d'inconnues, aucune image de F-16 aux cocardes ukrainiennes et des pilotes et mécaniciens, jusqu'à présent, toujours en train de s'entrainer. Cette hypothèse est donc peu probable.
Un second appareil russe a également subit des dégâts en plein vol, comme confirmé par l'appel radio (publié sur les réseaux sociaux). Celui-ci est présenté comme une demande d'atterrissage en urgence d'un avion de commandement et de relais de communication Il-22M-11 Coot-B. Le pilote demande, en plus de libérer la piste de l'aéroport d'Anapa (Kraï de Krasnodar, Russie), le déploiement des services incendies et d'ambulances une fois l'avion posé. Deux images viennent confirmer l'urgence de cet atterrissage. Il s'agit de la queue d'un Il-22M-11, numéroté RF-95678, sur l'aéroport d'Anapa. Les impacts, clairement visibles sur la queue de l'avion, confirment qu'un missile a bel et bien été lancé sur celui-ci. Comme démontré dans la deuxième publication, il ne manque pas seulement une boule renfermant un capteur mais bel et bien une partie de la dérive (en bleu).
Pour rappel, l'Il-22M-11 est un avion de transport Il-18D spécialisé pour assurer des missions de commandement et de relais de communication aéroporté. Il faut noter qu'avec la capacité de commandement de l'A-50, les deux appareils pouvaient effectuer des missions de commandement. De fait, ll-22M effectuait probablement une mission de relais de communication, à moins que les deux avions volaient pour effectuer deux missions différentes...
Cet avion est facilement reconnaissable grâce à ses antennes en "L inversés" et un petit carénage ovale situé au-dessus de la dérive verticale. Il ne doit pas être confondu avec trois avions similaires mais aux missions bien différentes ;
Une grande question reste sans réponse pour le Coot-B ; où se trouvait l'avion lors de l'impact missile ? S'il se trouvait à Berdiansk, l'avion a peut-être subi un tir de missile Patriot PAC-2. Cependant, est-ce qu'un pilote oserait un atterrissage d'urgence, avec un appareil dans cet état, sur l'aéroport d'Anapa, situé à approximativement 200 kilomètres de Berdiansk... au lieu de se diriger vers la base aérienne de Taganrog, située à 160 kilomètres de Berdiansk ? La question se pose également si l'Il-22M volait plus à l'Ouest de la mer d'Azov : pourquoi choisir Anapa et non pas une base aérienne en Crimée, bien plus proche ?
En revanche, est-ce qu'un avion touché par un tir ami émanant des défenses antiaériennes du pont de Crimée, situé à seulement 70 kilomètres de l'aéroport d'Anapa, irait se poser sur ce même aéroport ? Toutefois, si cette hypothèse reste valable, il n'est toujours pas possible de confirmer le tracé de vol de l'avion de commandement russe. Une vidéo publiée par le général Valeriy Zaloujny, commandant en chef des Forces armées ukrainiennes, montre le tracé de plusieurs appareils russes sur la mer d'Azov mais il est impossible de reconnaitre le tracé de l'Il-22. Une chose est sure, l'avion est sérieusement endommagé et ne revolera pas de sitôt... voire même jamais !
L'action du 14 janvier est étonnante, au vu du danger encouru par ses deux avions, pourtant considérés comme importants d'un point de vue tactique. Un avion de commandement n'est pas du tout censé voler dans une zone couverte par des systèmes antiaériens longue portée ennemis, de même qu'un avion AEW&C. Le cas de l'AEW&C est peut-être un excès de confiance de la part de l'état-major russe, pensant qu'aucun système antiaérien longue portée ukrainien ne pouvait couvrir la région de Berdiansk. Est-ce une mauvaise détection de la menace de la part des Forces russes ? Une embuscade bien préparée par les Ukrainiens ? En ce qui concerne l'hypothèse du tir ami sur l'Il-22M, celui-ci, encore une fois si cette hypothèse se confirme, coûte cher, il ne s'agit plus de la destruction accidentelle en vol d'un missile ou d'un avion de combat russe mais bel et bien d'un avion de commandement, avec des officiers et personnels hautement formés à l'utilisation des systèmes de communication. D'ailleurs, la perte de l'A-50 est également une perte de personnels hautement qualifiés, en ce compris des officiers formés aux opérations aériennes complexes.
Quoiqu'il en soit, les Russes perdent deux avions assez rares et aux capacités importantes : l'Il-22M pour gérer des opérations mais également relayer les informations d'autres capteurs, d'autres appareils,... et un A-50(U?) pouvant surveiller l'espace aérien à longue distance et qui devrait servir de clé de voute pour la détection des futurs F-16 ukrainiens.
Enfin, côté ukrainien, la perte des deux avions est une victoire tactique ; une opération était peut-être en cours mais la perte de deux avions de soutien signifia peut-être l'arrêt de l'opération en question. Le tir du Patriot PAC-2 étant quasi certain pour le Mainstay, ce dernier démontre pour la troisième fois que les Forces armées ukrainiennes n'utilisent pas uniquement ces batteries autour de villes importantes : fin décembre 2023, entre 3 et 5 avions de combat russes étaient abattus au-dessus de la partie de l'oblast de Kherson contrôlée par les Forces armées russes et le 13 mai, des trois hélicoptères et deux avions de combat russes étaient abattus par un système antiaérien Patriot PAC-2 alors que ceux-ci volaient en Russie. Ce déplacement d'un lanceur ou éventuellement d'une batterie aux quatre coins de l'Ukraine permet aux Forces armées ukrainiennes de faire reculer les appareils russes d'une centaine de kilomètres. Il faut préciser que ce recul est un avantage défensif pour les Ukrainiens mais aux retombées offensives limitées ; si la menace air-air russe recule, la menace sol-air russe reste bien présente sur les zones couvertes par les différents systèmes antiaériens russes.
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