Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine
Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine
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publié le 28 décembre 2024 à 06:00

1462 mots

Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine

Un missile balistique a de nouveau été intercepté au-dessus d’Israël. Cependant, ce dernier n’a pas été détruit par un système israélien mais bien par la batterie THAAD déployée par les États-Unis directement en Israël. Cette interception est historique car il s’agit de la toute première utilisation d’un THAAD de l’US Army contre un réel missile balistique hostile.


Une vidéo

Le 13 octobre 2024, le Département de la Défense américain (équivalent du ministère des Armées en France) annonçait le déploiement en Israël d'une batterie antimissile Terminal High-Altitude Area Defense, plus connue sous son acronyme THAAD. Moins de deux mois plus tard, une vidéo publiée le 27 décembre sur les réseaux sociaux (ci-dessous) confirmait son utilisation afin de défense Israël. La menace n'est pour l'instant pas confirmée mais des premières informations l'identifie comme un missile balistique de moyenne portée (MRBM) tiré par les rebelles yéménites houthis. Pour rappel, un MRBM est un missile à trajectoire balistique et dont la portée maximale est comprise entre 1000 et 2999 kilomètres. La vidéo ne permet pas d'apercevoir le lanceur mais à partir de 0:20, il est possible d'entendre une personne s'écrier en anglais :

"Eighteen years waiting for this!" ou en français "Dix-huit ans que j'attends ça !"

Il s'agit plus que probablement d'un militaire de l'US Army appartenant à la batterie. Cette phrase a une double importance car elle confirme tout d'abord le tir depuis une batterie THAAD. En effet, il y a 18 ans, le 12 juillet 2006, un élément complet d'une batterie THAAD (lanceur, radar, systèmes de communication, centre de commandement, missile complet,...) effectuait pour la toute première fois une interception réussie d'un missile cible Hera (Lockheed Martin).

C'est aussi une interception historique pour l'US Army car c'est la toute première fois qu'une batterie THAAD ouvrait le feu sur une cible réelle et non pas lors d'un entrainement ou d'un essai. Ce n'est toutefois pas la première interception pour une batterie THAAD : en janvier 2022, l'une des deux batteries THAAD des Forces armées émiriennes ouvrait leu feu contre un missile également tiré par les rebelles houthis.

Un trou capacitaire entre le Patriot et le SM-3

Pour rappel, la défense anti-missile balistique des Forces armées américaines est assurée par plusieurs systèmes afin d'offrir une bulle antimissile multi-couches et capable d'intercepter différentes catégories de missiles balistiques. Le THAAD s'inscrit entre les batteries MIM-104 Patriot et les bien plus puissants missiles RIM-161/SM-3 tirés par les croiseurs lance-missiles de la classe Ticonderoga et les destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke.

Concrètement, les batteries de Patriot assurent la couche la plus basse de cette bulle antimissile, avec une interception du missile lors de sa descente vers sa cible et qu'il se trouve dans l'atmosphère terrestre (phase de vol dite terminale). À noter que le Patriot est conçu pour intercepter uniquement deux catégories de missiles balistiques, à savoir les missiles balistiques courte ou moyenne portée (SRBM, portée maximale de 999 kilomètres ou MRBM, portée max entre 1000 et 2999 kilomètres).

Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE.
Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE. © Lockheed Martin
Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE.

En revanche, le SM-3 (et ses nombreuses variantes) de l'US Navy représente la couche très haute de l'interception de missiles balistiques :

  • en fin de décollage, lorsque le missile se trouve encore dans l'atmosphère terrestre (vol endo-atmosphérique) mais non loin de sa sortie de l'atmosphère terrestre,
  • durant sa phase de vol à mi-course, lorsque le missile est sorti de l'atmosphère terrestre (vol exo-atmosphérique), qu'il atteint son altitude la plus élevée (apogée) et redescend vers sa cible,
  • et durant le début de la phase terminale, lorsque le missile balistique est en train de descendre dans l'atmosphère terrestre.

Au niveau des cibles, le SM-3 IIA, soit la toute dernière version du SM-3 (en cours de développement), peut intercepter la totalité des missiles balistiques (SRBM, MRBM, IRBM et ICBM). Au vu de ses capacités, les données techniques de ce missile sont bien évidemment classifiées mais les estimations donnent le tournis : une portée estimée à 1000 voire même 2500 kilomètres et une altitude pouvant atteindre les 1000 kilomètres.

Ainsi, le Pentagone manquait à la fois d'une capacité intermédiaire, entre les Patriot et les SM-3, mais aussi d'une capacité terrestre antimissile balistique lourde, plus puissante que les Patriot. C'est ainsi qu'est né la volonté de détenir le THAAD, développé et produit par Lockheed Martin.

Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024).
Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024). © MDA
Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024).

THAAD

Une batterie complète de THAAD se compose de plusieurs éléments. Il y a tout d'abord 6 camions lance-missiles sur châssis de camion lourd 8x8 HEMTT, avec une possibilité de déployer une batterie renforcée composée d'un total de 9 camions lance-missiles. Chaque camion emporte 8 missiles intercepteurs conteneurisés, soit 48 missiles par batteries et jusqu'à 72 missiles pour une batterie renforcée. Chaque intercepteur se présente sous la forme d'un missile mesurant 6,2 mètres de long, 0,4 mètre de diamètre et d'une masse de 662 kilogrammes. Le missile comprend un booster à comburant solide alors que l'intercepteur (étage unique) est dirigé au niveau de sa trajectoire à l'aide de plusieurs mini-propulseurs. Une fois séparé du booster et de l'anneau inter-étage, le capteur infrarouge va détecter le missile à détruire. C'est lors de cette phase que les propulseurs vont jouer un rôle très important car le véhicule tueur (kill vehicle) ne va pas exploser mais bel et bien entrer en collision avec le missile à détruire. 

Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois.
Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois. © US Army
Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois.

Cette méthode dite "toucher-pour-tuer" (hit-to-kill) permet d'assurer qu'en cas d'interception réussie, le missile touché sera incapable de poursuivre sa trajectoire. Dans le cas du THAAD, l'énergie cinétique accumulée par l'intercepteur va littéralement détruire le missile balistique en plein vol. À noter que contrairement à la plupart des intercepteurs antimissiles, il n'est pas limité à une interception endo ou exo-atmosphérique : l'intercepteur du THAAD peut intercepter des missiles balistique de courte, moyenne et de portée intermédiaire (IRBM de portée limitée) durant la phase terminale mais aussi durant la fin de la phase descendante à mi-course. L'intercepteur dispose d'une portée maximale située entre 150 et 200 kilomètres (Congressional Research Service) et aurait une altitude maximale estimée à 149,67 kilomètres (BFBS Forces News).

Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997).
Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997). © MDA
Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997).

Chaque batterie THAAD dispose d'un radar AN/TPY-2 mais ce dernier est un véritable système de systèmes, comme démontré sur l'image ci-après. Il permet de détecter, suivre et classifier des missiles balistiques au profit de la batterie THAAD mais aussi pour les autres systèmes antimissiles balistiques. En effet, s'il s'agit du capteur de la batterie THAAD, ce radar peut aussi être déployé indépendamment afin de soutenir une batterie Patriot et/ou des navires de l'US Navy (DOT&E). Il est utilisé sous deux modes de détection : un mode de détection avancé pour détecter les départs de missiles balistiques ou un mode de détection terminal, pour offrir une couverture radar d'éventuels missiles balistiques lors de leur phase de vol terminal. Développé et produit par Raytheon, ce radar en bande X disposerait d'une portée variant en fonction du mode d'utilisation. Seules des estimations de portée sont disponibles : 870 à +1000 voire même 3000 kilomètres de portée en fonction de la taille du missile balistique à détecter.

Le centre de commandement permet de coordonner les différents moyens de détection propres à la batterie, en dehors de la batterie (radars mobiles, sur des navires,... constellations de satellites,...) ainsi que les camions lance-missiles et missiles intercepteurs. Il peut aussi être intégré au sein d'une bulle antimissile multi-effecteurs, avec des Patriot de l'US Army et les navires de l'US Navy équipés de missiles antiaériens à capacité antimissile balistique SM-6 (basse couche, vol endo-atmosphérique, contre les SRBM et MRBM) et missiles antimissiles balistique SM-3. Cette interopérabilité permet ainsi de déployer et coordonner avec grande efficacité une bulle antimissile balistique multi-couches et multi-effecteurs.

AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar.
AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar. © US Army
AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar.

Beaucoup de systèmes au Moyen-Orient

Si le focus est sur Israël, les Forces armées américaines disposent de nombreux systèmes à capacité antimissile balistique au Moyen-Orient. Un pont aérien avait été organisé durant la fin de l'année 2023 afin de déployer plusieurs bataillons de Patriot et une batterie THAAD en plus des moyens terrestres déjà déployés. Or, un rapport du Congressional Research Service datant du 17 octobre 2024 confirme que les Patriot et la batterie THAAD sont toujours présents dans la région, en plus de la batterie THAAD déployée en Israël. Au niveau de l'US Navy, lorsque la situation le demande, plusieurs navires équipés en missiles SM-6 et SM-3 sont déployés en Méditerranée orientale. Les destroyers lance-missiles USS Arleigh Burke (DDG-51, classe Arleigh Burke I) et/ou USS Carney (DDG-64, classe Arleigh Burke I) ont d'ailleurs joué un rôle historique dans la nuit du 13 au 14 avril 2024 ; alors que des drones, missiles de croisière et missiles balistiques iraniens se dirigeaient vers Israël, l'un des deux ou les deux destroyers ont tiré pour la toute première fois des missiles SM-3 contre de réels missiles balistiques hostiles.

Enfin cette utilisation relance à nouveau le questionnement du degré d'intégration des systèmes antimissiles balistiques américains au sein de la défense antimissile balistique israélienne : simple coordination des effecteurs ? Intégration commune des données radars israéliennes et américaines ? Intégration de tous les systèmes ?

Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019).
Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019). © USAF
Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019).
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28/12/2024 06:00
1462 mots

Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine

Un missile balistique a de nouveau été intercepté au-dessus d’Israël. Cependant, ce dernier n’a pas été détruit par un système israélien mais bien par la batterie THAAD déployée par les États-Unis directement en Israël. Cette interception est historique car il s’agit de la toute première utilisation d’un THAAD de l’US Army contre un réel missile balistique hostile.

Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine
Israël : toute première interception historique d'un missile par la batterie THAAD américaine

Une vidéo

Le 13 octobre 2024, le Département de la Défense américain (équivalent du ministère des Armées en France) annonçait le déploiement en Israël d'une batterie antimissile Terminal High-Altitude Area Defense, plus connue sous son acronyme THAAD. Moins de deux mois plus tard, une vidéo publiée le 27 décembre sur les réseaux sociaux (ci-dessous) confirmait son utilisation afin de défense Israël. La menace n'est pour l'instant pas confirmée mais des premières informations l'identifie comme un missile balistique de moyenne portée (MRBM) tiré par les rebelles yéménites houthis. Pour rappel, un MRBM est un missile à trajectoire balistique et dont la portée maximale est comprise entre 1000 et 2999 kilomètres. La vidéo ne permet pas d'apercevoir le lanceur mais à partir de 0:20, il est possible d'entendre une personne s'écrier en anglais :

"Eighteen years waiting for this!" ou en français "Dix-huit ans que j'attends ça !"

Il s'agit plus que probablement d'un militaire de l'US Army appartenant à la batterie. Cette phrase a une double importance car elle confirme tout d'abord le tir depuis une batterie THAAD. En effet, il y a 18 ans, le 12 juillet 2006, un élément complet d'une batterie THAAD (lanceur, radar, systèmes de communication, centre de commandement, missile complet,...) effectuait pour la toute première fois une interception réussie d'un missile cible Hera (Lockheed Martin).

C'est aussi une interception historique pour l'US Army car c'est la toute première fois qu'une batterie THAAD ouvrait le feu sur une cible réelle et non pas lors d'un entrainement ou d'un essai. Ce n'est toutefois pas la première interception pour une batterie THAAD : en janvier 2022, l'une des deux batteries THAAD des Forces armées émiriennes ouvrait leu feu contre un missile également tiré par les rebelles houthis.

Un trou capacitaire entre le Patriot et le SM-3

Pour rappel, la défense anti-missile balistique des Forces armées américaines est assurée par plusieurs systèmes afin d'offrir une bulle antimissile multi-couches et capable d'intercepter différentes catégories de missiles balistiques. Le THAAD s'inscrit entre les batteries MIM-104 Patriot et les bien plus puissants missiles RIM-161/SM-3 tirés par les croiseurs lance-missiles de la classe Ticonderoga et les destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke.

Concrètement, les batteries de Patriot assurent la couche la plus basse de cette bulle antimissile, avec une interception du missile lors de sa descente vers sa cible et qu'il se trouve dans l'atmosphère terrestre (phase de vol dite terminale). À noter que le Patriot est conçu pour intercepter uniquement deux catégories de missiles balistiques, à savoir les missiles balistiques courte ou moyenne portée (SRBM, portée maximale de 999 kilomètres ou MRBM, portée max entre 1000 et 2999 kilomètres).

Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE.
Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE. © Lockheed Martin
Tir d'essai d'un missile antiaérien Patriot PAC-3 MSE.

En revanche, le SM-3 (et ses nombreuses variantes) de l'US Navy représente la couche très haute de l'interception de missiles balistiques :

  • en fin de décollage, lorsque le missile se trouve encore dans l'atmosphère terrestre (vol endo-atmosphérique) mais non loin de sa sortie de l'atmosphère terrestre,
  • durant sa phase de vol à mi-course, lorsque le missile est sorti de l'atmosphère terrestre (vol exo-atmosphérique), qu'il atteint son altitude la plus élevée (apogée) et redescend vers sa cible,
  • et durant le début de la phase terminale, lorsque le missile balistique est en train de descendre dans l'atmosphère terrestre.

Au niveau des cibles, le SM-3 IIA, soit la toute dernière version du SM-3 (en cours de développement), peut intercepter la totalité des missiles balistiques (SRBM, MRBM, IRBM et ICBM). Au vu de ses capacités, les données techniques de ce missile sont bien évidemment classifiées mais les estimations donnent le tournis : une portée estimée à 1000 voire même 2500 kilomètres et une altitude pouvant atteindre les 1000 kilomètres.

Ainsi, le Pentagone manquait à la fois d'une capacité intermédiaire, entre les Patriot et les SM-3, mais aussi d'une capacité terrestre antimissile balistique lourde, plus puissante que les Patriot. C'est ainsi qu'est né la volonté de détenir le THAAD, développé et produit par Lockheed Martin.

Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024).
Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024). © MDA
Tir d'un missile SM-3 Block IIA depuis le destroyer lance-missiles USS MacCampbell (DDG-85, classe Arleigh Burke IIA) lors de l'essai FTO-23 (8 février 2024).

THAAD

Une batterie complète de THAAD se compose de plusieurs éléments. Il y a tout d'abord 6 camions lance-missiles sur châssis de camion lourd 8x8 HEMTT, avec une possibilité de déployer une batterie renforcée composée d'un total de 9 camions lance-missiles. Chaque camion emporte 8 missiles intercepteurs conteneurisés, soit 48 missiles par batteries et jusqu'à 72 missiles pour une batterie renforcée. Chaque intercepteur se présente sous la forme d'un missile mesurant 6,2 mètres de long, 0,4 mètre de diamètre et d'une masse de 662 kilogrammes. Le missile comprend un booster à comburant solide alors que l'intercepteur (étage unique) est dirigé au niveau de sa trajectoire à l'aide de plusieurs mini-propulseurs. Une fois séparé du booster et de l'anneau inter-étage, le capteur infrarouge va détecter le missile à détruire. C'est lors de cette phase que les propulseurs vont jouer un rôle très important car le véhicule tueur (kill vehicle) ne va pas exploser mais bel et bien entrer en collision avec le missile à détruire. 

Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois.
Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois. © US Army
Lanceur antimissile balistique THAAD en position de tir sur la base aérienne d'Andersen (Guam) afin d'intercepter d'éventuels missiles chinois.

Cette méthode dite "toucher-pour-tuer" (hit-to-kill) permet d'assurer qu'en cas d'interception réussie, le missile touché sera incapable de poursuivre sa trajectoire. Dans le cas du THAAD, l'énergie cinétique accumulée par l'intercepteur va littéralement détruire le missile balistique en plein vol. À noter que contrairement à la plupart des intercepteurs antimissiles, il n'est pas limité à une interception endo ou exo-atmosphérique : l'intercepteur du THAAD peut intercepter des missiles balistique de courte, moyenne et de portée intermédiaire (IRBM de portée limitée) durant la phase terminale mais aussi durant la fin de la phase descendante à mi-course. L'intercepteur dispose d'une portée maximale située entre 150 et 200 kilomètres (Congressional Research Service) et aurait une altitude maximale estimée à 149,67 kilomètres (BFBS Forces News).

Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997).
Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997). © MDA
Schéma d'un missile antimissile balistique d'une batterie THAAD (10 octobre 1997).

Chaque batterie THAAD dispose d'un radar AN/TPY-2 mais ce dernier est un véritable système de systèmes, comme démontré sur l'image ci-après. Il permet de détecter, suivre et classifier des missiles balistiques au profit de la batterie THAAD mais aussi pour les autres systèmes antimissiles balistiques. En effet, s'il s'agit du capteur de la batterie THAAD, ce radar peut aussi être déployé indépendamment afin de soutenir une batterie Patriot et/ou des navires de l'US Navy (DOT&E). Il est utilisé sous deux modes de détection : un mode de détection avancé pour détecter les départs de missiles balistiques ou un mode de détection terminal, pour offrir une couverture radar d'éventuels missiles balistiques lors de leur phase de vol terminal. Développé et produit par Raytheon, ce radar en bande X disposerait d'une portée variant en fonction du mode d'utilisation. Seules des estimations de portée sont disponibles : 870 à +1000 voire même 3000 kilomètres de portée en fonction de la taille du missile balistique à détecter.

Le centre de commandement permet de coordonner les différents moyens de détection propres à la batterie, en dehors de la batterie (radars mobiles, sur des navires,... constellations de satellites,...) ainsi que les camions lance-missiles et missiles intercepteurs. Il peut aussi être intégré au sein d'une bulle antimissile multi-effecteurs, avec des Patriot de l'US Army et les navires de l'US Navy équipés de missiles antiaériens à capacité antimissile balistique SM-6 (basse couche, vol endo-atmosphérique, contre les SRBM et MRBM) et missiles antimissiles balistique SM-3. Cette interopérabilité permet ainsi de déployer et coordonner avec grande efficacité une bulle antimissile balistique multi-couches et multi-effecteurs.

AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar.
AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar. © US Army
AN/TPY-2 sur l'atoll de Kwajalein pendant un essai antimissile en 2012 (de g. à dr.) : l'unité de climatisation, le système électronique et l'antenne radar.

Beaucoup de systèmes au Moyen-Orient

Si le focus est sur Israël, les Forces armées américaines disposent de nombreux systèmes à capacité antimissile balistique au Moyen-Orient. Un pont aérien avait été organisé durant la fin de l'année 2023 afin de déployer plusieurs bataillons de Patriot et une batterie THAAD en plus des moyens terrestres déjà déployés. Or, un rapport du Congressional Research Service datant du 17 octobre 2024 confirme que les Patriot et la batterie THAAD sont toujours présents dans la région, en plus de la batterie THAAD déployée en Israël. Au niveau de l'US Navy, lorsque la situation le demande, plusieurs navires équipés en missiles SM-6 et SM-3 sont déployés en Méditerranée orientale. Les destroyers lance-missiles USS Arleigh Burke (DDG-51, classe Arleigh Burke I) et/ou USS Carney (DDG-64, classe Arleigh Burke I) ont d'ailleurs joué un rôle historique dans la nuit du 13 au 14 avril 2024 ; alors que des drones, missiles de croisière et missiles balistiques iraniens se dirigeaient vers Israël, l'un des deux ou les deux destroyers ont tiré pour la toute première fois des missiles SM-3 contre de réels missiles balistiques hostiles.

Enfin cette utilisation relance à nouveau le questionnement du degré d'intégration des systèmes antimissiles balistiques américains au sein de la défense antimissile balistique israélienne : simple coordination des effecteurs ? Intégration commune des données radars israéliennes et américaines ? Intégration de tous les systèmes ?

Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019).
Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019). © USAF
Chargement d'un lanceur de THAAD dans un C-17A Globemaster III (2019).


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