Vénus : l’abandon
Vénus : l’abandon
© Jaxa

publié le 16 novembre 2025 à 15:00

484 mots

Vénus : l’abandon

Il n’y plus aucune sonde spatiale active autour de Vénus. Le 29 octobre dernier, L’agence spatiale japonaise (Jaxa) a annoncé que la sonde Akatsuki était définitivement arrêtée, plusieurs mois après l’absence de signal. Cette absence de données va durer longtemps.


Après la Lune, Vénus, la jumelle terrible de la Terre, était une des cibles prioritaires de la conquête spatiale, avec Mars. Dans les décennies 1960-1980, la planète a été visée par 24 missions, beaucoup pilotées par l’Union Soviétique, et dont la plupart se sont soldées par un échec. Avec le nouveau millénaire, l’essor du cycle du cycle du carbone de la Terre dans les débats scientifiques et politiques braque de nouveau les projecteurs sur Vénus, où le cycle s’est emballé. En avril 2006, début une étude continue de la planète et de son atmosphère avec la sonde européenne Vénus Express, rejointe par Akatsuki en 2010. Vénus Express prend fin en 2014. A partir de mai 2024, la sonde japonaise ne donne plus de nouvelles. Aujourd’hui, la Jaxa met officiellement fin à la mission. Vénus est esseulée.

10 ans de solitude

La fin d’Akatsuki va laisser la communauté sans données scientifiques recueillies in situ pendant plusieurs années. En 2021, une étude controversée sur la découverte de phosphine dans l’atmosphère de Vénus permet à la planète de revenir au premier plan, alors que les agences spatiales concentraient leurs efforts vers Mars. L’emballement médiatique autour de possibles traces de vie dans l’atmosphère a favorisé les choix de soutien financier à de futures missions déjà présélectionnées. Met l’effervescence retombe avec la solidité de l’étude. Et Vénus n’est pas prête à avoir de la visite. Etat des lieux des missions :

  • DAVINCI (Nasa) : traversée de l’atmosphère, prévue pour un lancement dès 2030, la mission est sur le point d’être annulée par le budget 2026 de l’agence par le gouvernement Trump.
  • VERITAS (Nasa) : orbiter, lancement prévu en 2031, la mission subira le même sort de DAVINCI.
  • EnVision (ESA) : prévue pour 2034.

Avant d’envahir l’Ukraine, la Russie ambitionnait un retour du programme Venera. Mais il y a peu d’espoir dans les conditions budgétaires actuelles. Enfin, la Chine et l’Inde (mission Shukrayaan) ont des projets, mais Vénus n’est prioritaire pour personne. Il est donc fort probable que Vénus reste seule pendant une dizaine d’année…

Economie vénusienne ?

Il reste néanmoins une issue encore un peu saugrenue : et si Vénus devenait le laboratoire des missions commerciales interplanétaires ? En passe de devenir directeur de la Nasa avec sa re-nomination par Donald Trump, Jared Isaacman plaide pour la fin des missions sur mesures et souhaite faire recours au services commerciaux. C’est déjà le cas pour la Nasa et son programme CLPS en parallèle au programme lunaire Artemis. La Nasa cultive toujours plus cette même vision pour la planète rouge, en construisant une « économie martienne ».

La société américaine Rocket Lab visait également Vénus au début des années 2020, la mission a été plusieurs fois reportée et n’est pas prioritaire dans le calendrier de la compagnie. La conception de la plateforme satellite pour mission interplanétaire a toutefois permis à Rocket Lab de développer les sondes Escapade de la Nasa, mises en orbite par New Glenn il y a quelques jours.

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16/11/2025 15:00
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Vénus : l’abandon

Il n’y plus aucune sonde spatiale active autour de Vénus. Le 29 octobre dernier, L’agence spatiale japonaise (Jaxa) a annoncé que la sonde Akatsuki était définitivement arrêtée, plusieurs mois après l’absence de signal. Cette absence de données va durer longtemps.

Vénus : l’abandon
Vénus : l’abandon

Après la Lune, Vénus, la jumelle terrible de la Terre, était une des cibles prioritaires de la conquête spatiale, avec Mars. Dans les décennies 1960-1980, la planète a été visée par 24 missions, beaucoup pilotées par l’Union Soviétique, et dont la plupart se sont soldées par un échec. Avec le nouveau millénaire, l’essor du cycle du cycle du carbone de la Terre dans les débats scientifiques et politiques braque de nouveau les projecteurs sur Vénus, où le cycle s’est emballé. En avril 2006, début une étude continue de la planète et de son atmosphère avec la sonde européenne Vénus Express, rejointe par Akatsuki en 2010. Vénus Express prend fin en 2014. A partir de mai 2024, la sonde japonaise ne donne plus de nouvelles. Aujourd’hui, la Jaxa met officiellement fin à la mission. Vénus est esseulée.

10 ans de solitude

La fin d’Akatsuki va laisser la communauté sans données scientifiques recueillies in situ pendant plusieurs années. En 2021, une étude controversée sur la découverte de phosphine dans l’atmosphère de Vénus permet à la planète de revenir au premier plan, alors que les agences spatiales concentraient leurs efforts vers Mars. L’emballement médiatique autour de possibles traces de vie dans l’atmosphère a favorisé les choix de soutien financier à de futures missions déjà présélectionnées. Met l’effervescence retombe avec la solidité de l’étude. Et Vénus n’est pas prête à avoir de la visite. Etat des lieux des missions :

  • DAVINCI (Nasa) : traversée de l’atmosphère, prévue pour un lancement dès 2030, la mission est sur le point d’être annulée par le budget 2026 de l’agence par le gouvernement Trump.
  • VERITAS (Nasa) : orbiter, lancement prévu en 2031, la mission subira le même sort de DAVINCI.
  • EnVision (ESA) : prévue pour 2034.

Avant d’envahir l’Ukraine, la Russie ambitionnait un retour du programme Venera. Mais il y a peu d’espoir dans les conditions budgétaires actuelles. Enfin, la Chine et l’Inde (mission Shukrayaan) ont des projets, mais Vénus n’est prioritaire pour personne. Il est donc fort probable que Vénus reste seule pendant une dizaine d’année…

Economie vénusienne ?

Il reste néanmoins une issue encore un peu saugrenue : et si Vénus devenait le laboratoire des missions commerciales interplanétaires ? En passe de devenir directeur de la Nasa avec sa re-nomination par Donald Trump, Jared Isaacman plaide pour la fin des missions sur mesures et souhaite faire recours au services commerciaux. C’est déjà le cas pour la Nasa et son programme CLPS en parallèle au programme lunaire Artemis. La Nasa cultive toujours plus cette même vision pour la planète rouge, en construisant une « économie martienne ».

La société américaine Rocket Lab visait également Vénus au début des années 2020, la mission a été plusieurs fois reportée et n’est pas prioritaire dans le calendrier de la compagnie. La conception de la plateforme satellite pour mission interplanétaire a toutefois permis à Rocket Lab de développer les sondes Escapade de la Nasa, mises en orbite par New Glenn il y a quelques jours.



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