Alors qu’il patrouillait en mer Baltique, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 a été pris à partie par un radar d’engagement d’une batterie S-400 russe. Si aucun missile ne fut tiré, cette nouvelle tentative de déstabilisation russe reste tout de même la dernière étape avant le tir effectif des missiles antiaériens depuis les lanceurs de cette même batterie.
Le 14 janvier à 10h31, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de l'Aéronautique navale montait en altitude après avoir décoller de la base de l'Aéronautique navale de Lann-Biouhé (Morbihan, France). Il ne reviendra que le lendemain matin, peu après 02h39. Les sites de live tracking permettent de suivre une partie du vol de l'appareil, engagé dans le cadre de la mission Baltic Sentry. Celle-ci vise à surveiller les agissements de navires et sous-marins dans cette zone afin d'éviter de nouveaux dégâts sur des câbles sous-marins.
Mais comme expliqué dans une publication sur X par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, l'équipage a eu "très chaud" pendant quelques minutes : le radar de conduite de tir d'une batterie antiaérienne longue portée a illuminé l'avion de patrouille maritime français alors même que ce dernier volait bien loin de l'espace aérien russe.
Pour saisir la signification de cette manœuvre, il faut comprendre le fonctionnement basique d'une batterie antiaérienne S-400 (SA-21 Growler) et de sa composition. En premier lieu, la batterie doit pouvoir détecter tous les avions, hélicoptères, missiles et drones. Cette mission est attribuée à un radar d'acquisition, comme l'énorme 91N6 (Big Bird) ou encore le 96L6 (Cheese Board) au sein des batteries S-400. La détection est alors transmise au poste de commandement de la batterie. Jusqu'ici, l'Atlantique 2 ne risque rien du tout, tout comme les nombreux avions civils ou militaires survolant la Baltique. Cependant, le poste de commandement a décidé d'enclencher un radar d'engagement/de conduite de tir, très certainement un 92N6 (Grave Stone). Et c'est cette action qu'il faut relever comme extrêmement importante car un radar de conduite de tir n'a qu'un seul et unique but : guider les missiles sol-air de la batterie vers la cible visée/illuminée par ce même radar. Ainsi, il s'agissait purement et tout simplement de la dernière étape avant le tir de missiles antiaériens pour éventuellement abattre l'Atlantique 2. Heureusement, aucun départ de missile n'a été détecté : la manœuvre était une nouvelle fois déstabilisatrice et reste sous le seuil de ce qui pourrait être qualifié d'un acte de guerre. Toutefois, ce seuil n'était pas si éloigné que ça, d'où la dangerosité avérée et dénoncée de la manœuvre en question.
À noter que les exemples de radars cités ci-dessus ne comprennent pas les nombreux radars pouvant compléter une batterie S-400 russe. Il y a par exemple la possibilité d'ajouter des mâts mobiles 40V6M. Ceux-ci sont alors équipés à leur sommet d'un radar d'acquisition 96L6 ou d'engagement 92N6. L'intérêt est de pouvoir contrer les effets bloquant de la courbure de la terre, des forêts, montagnes, vallées,... bref, obstacles naturels. Ainsi, un mât équipé d'un radar d'acquisition permettra une détection plus lointaines de cibles potentielles volant en très basse altitude. Dans le cas d'un radar d'engagement, c'est le guidage des missiles qui pourra être effectué à plus longue portée par rapport au même radar d'engagement situé au sol.
En dehors des mâts, il y a aussi le très récent Podlet-K1, entré en service à partir de 2018 au sein des Forces armées russes. Ce dernier avait fait la une de actualité quand des rebelles syriens en avait capturé un exemplaire intact en décembre dernier. Et la liste continue avec les radars de détection 56N6, 67N6 (en mobile ou sur mât), Nebo-M (trois antennes possibles : RLM-M, RLM-D ou RLM-S),...
Déployé dans le cadre de la mission Baltic Sentry, ses différents capteurs lui ont permis de surveiller les différents mouvements maritimes et sous-marins pour faire face aux menaces qui pèsent sur les infrastructures sous-marines critiques (câbles électriques, câbles de transfert de données,...). Or, cet appareil est justement spécialisé en premier lieu pour les missions de patrouille et de surveillance maritimes :
Si ces capacités sont logiques pour un avion de patrouille maritime, ce dernier dispose aussi d'autres capacités, faisant de cet avion un véritable couteau suisse pour les Forces armées françaises :
Cette capacité ELINT a très certainement été intéressante pour la mission du 15 janvier, de nombreux radars militaires étant déployés à Kaliningrad. C'est même plus que probablement grâce à cette capacité que le type de batterie antiaérienne russe est connu. Cependant, il ne s'agit pas non plus d'un avion dédié à la reconnaissance électromagnétique (SIGINT). Il n'est en rien comparable avec des avions dédiés à ce genre de mission : les anciens C-160G Gabriel et les futurs Archange français ou encore les stratégiques RC-135V/W Rivet Joint et RC-135U Combat Sent américains. À titre d'exemple, sur les 8 personnes dans la cabine (derrière le cockpit) d'un Atlantique 2, seulement une seule s'occupe de la capacité ELINT. En revanche, la cabine d'un Rivet Joint accueille jusqu'à 17 personnes en charge des différents moyens ELINT et COMINT.
Enfin, le 15 janvier, un autre avion français survolait la région. Il s'agissait d'un plus discret Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance (ALSR), surnommé Vador. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un avion léger, un Beechcraft King Air 350, modifié pour assurer des missions de reconnaissance grâce à des capteurs SIGINT et IMINT sous son ventre. Cependant, au moment où l'Atlantique 2 commençait à survoler la mer Baltique, l'ALSR survolait la Pologne en longeant la frontière biélorusse. Il est donc fort peu probable qu'il ait pu capter une émission en lien avec l'accrochage radar de la batterie S-400 russe.
Alors qu’il patrouillait en mer Baltique, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 a été pris à partie par un radar d’engagement d’une batterie S-400 russe. Si aucun missile ne fut tiré, cette nouvelle tentative de déstabilisation russe reste tout de même la dernière étape avant le tir effectif des missiles antiaériens depuis les lanceurs de cette même batterie.
Le 14 janvier à 10h31, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de l'Aéronautique navale montait en altitude après avoir décoller de la base de l'Aéronautique navale de Lann-Biouhé (Morbihan, France). Il ne reviendra que le lendemain matin, peu après 02h39. Les sites de live tracking permettent de suivre une partie du vol de l'appareil, engagé dans le cadre de la mission Baltic Sentry. Celle-ci vise à surveiller les agissements de navires et sous-marins dans cette zone afin d'éviter de nouveaux dégâts sur des câbles sous-marins.
Mais comme expliqué dans une publication sur X par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, l'équipage a eu "très chaud" pendant quelques minutes : le radar de conduite de tir d'une batterie antiaérienne longue portée a illuminé l'avion de patrouille maritime français alors même que ce dernier volait bien loin de l'espace aérien russe.
Pour saisir la signification de cette manœuvre, il faut comprendre le fonctionnement basique d'une batterie antiaérienne S-400 (SA-21 Growler) et de sa composition. En premier lieu, la batterie doit pouvoir détecter tous les avions, hélicoptères, missiles et drones. Cette mission est attribuée à un radar d'acquisition, comme l'énorme 91N6 (Big Bird) ou encore le 96L6 (Cheese Board) au sein des batteries S-400. La détection est alors transmise au poste de commandement de la batterie. Jusqu'ici, l'Atlantique 2 ne risque rien du tout, tout comme les nombreux avions civils ou militaires survolant la Baltique. Cependant, le poste de commandement a décidé d'enclencher un radar d'engagement/de conduite de tir, très certainement un 92N6 (Grave Stone). Et c'est cette action qu'il faut relever comme extrêmement importante car un radar de conduite de tir n'a qu'un seul et unique but : guider les missiles sol-air de la batterie vers la cible visée/illuminée par ce même radar. Ainsi, il s'agissait purement et tout simplement de la dernière étape avant le tir de missiles antiaériens pour éventuellement abattre l'Atlantique 2. Heureusement, aucun départ de missile n'a été détecté : la manœuvre était une nouvelle fois déstabilisatrice et reste sous le seuil de ce qui pourrait être qualifié d'un acte de guerre. Toutefois, ce seuil n'était pas si éloigné que ça, d'où la dangerosité avérée et dénoncée de la manœuvre en question.
À noter que les exemples de radars cités ci-dessus ne comprennent pas les nombreux radars pouvant compléter une batterie S-400 russe. Il y a par exemple la possibilité d'ajouter des mâts mobiles 40V6M. Ceux-ci sont alors équipés à leur sommet d'un radar d'acquisition 96L6 ou d'engagement 92N6. L'intérêt est de pouvoir contrer les effets bloquant de la courbure de la terre, des forêts, montagnes, vallées,... bref, obstacles naturels. Ainsi, un mât équipé d'un radar d'acquisition permettra une détection plus lointaines de cibles potentielles volant en très basse altitude. Dans le cas d'un radar d'engagement, c'est le guidage des missiles qui pourra être effectué à plus longue portée par rapport au même radar d'engagement situé au sol.
En dehors des mâts, il y a aussi le très récent Podlet-K1, entré en service à partir de 2018 au sein des Forces armées russes. Ce dernier avait fait la une de actualité quand des rebelles syriens en avait capturé un exemplaire intact en décembre dernier. Et la liste continue avec les radars de détection 56N6, 67N6 (en mobile ou sur mât), Nebo-M (trois antennes possibles : RLM-M, RLM-D ou RLM-S),...
Déployé dans le cadre de la mission Baltic Sentry, ses différents capteurs lui ont permis de surveiller les différents mouvements maritimes et sous-marins pour faire face aux menaces qui pèsent sur les infrastructures sous-marines critiques (câbles électriques, câbles de transfert de données,...). Or, cet appareil est justement spécialisé en premier lieu pour les missions de patrouille et de surveillance maritimes :
Si ces capacités sont logiques pour un avion de patrouille maritime, ce dernier dispose aussi d'autres capacités, faisant de cet avion un véritable couteau suisse pour les Forces armées françaises :
Cette capacité ELINT a très certainement été intéressante pour la mission du 15 janvier, de nombreux radars militaires étant déployés à Kaliningrad. C'est même plus que probablement grâce à cette capacité que le type de batterie antiaérienne russe est connu. Cependant, il ne s'agit pas non plus d'un avion dédié à la reconnaissance électromagnétique (SIGINT). Il n'est en rien comparable avec des avions dédiés à ce genre de mission : les anciens C-160G Gabriel et les futurs Archange français ou encore les stratégiques RC-135V/W Rivet Joint et RC-135U Combat Sent américains. À titre d'exemple, sur les 8 personnes dans la cabine (derrière le cockpit) d'un Atlantique 2, seulement une seule s'occupe de la capacité ELINT. En revanche, la cabine d'un Rivet Joint accueille jusqu'à 17 personnes en charge des différents moyens ELINT et COMINT.
Enfin, le 15 janvier, un autre avion français survolait la région. Il s'agissait d'un plus discret Avion Léger de Surveillance et de Reconnaissance (ALSR), surnommé Vador. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un avion léger, un Beechcraft King Air 350, modifié pour assurer des missions de reconnaissance grâce à des capteurs SIGINT et IMINT sous son ventre. Cependant, au moment où l'Atlantique 2 commençait à survoler la mer Baltique, l'ALSR survolait la Pologne en longeant la frontière biélorusse. Il est donc fort peu probable qu'il ait pu capter une émission en lien avec l'accrochage radar de la batterie S-400 russe.
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