Le gouvernement japonais a sélectionné un pôle d’industriels du spatial pour disposer d’un grand nombre de satellites d’observations de la Terre, au service de la sécurité nationale. Le Japon suit donc la grande tendance mondiale de 2025 en se constituant sa propre flotte pour la défense.
L’annonce de la sélection des industriels a été faite le 24 décembre. Mitsubishi Electric (MELCO) va créer une coentreprise avec le groupe Mitsui et l’opérateur de satellites de télécommunications en orbite géostationnaire Sky Perfect JSAT pour répondre aux demandes d’images du ministère japonais de la Défense.
Le financement passera via la plateforme « Private Finance Initiative » (PFI). Le gouvernement japonais utilise déjà cette plateforme pour réserver des services de télécommunications sécurisées auprès d’opérateurs, car il ne possède pas de satellite dédié. En complément de satellites duaux ALOS, le gouvernement souhaite faire la même chose pour l’observation de la Terre. L’alliance entre MELCO et ses partenaires sera signée en janvier 2026. Puis viendra la signature du contrat avec le gouvernement en février. Le contrat durera jusqu’à mars 2031.
Quatre autres entreprises sont incluses dans le dispositif. Axelspace fournira les images en observation optique. L’entreprise opère la constellation Grus, et prévoit de la moderniser avec l’envoi en 2026 de sept nouveaux satellites d’une résolution spatiale de 2.2 m. Pour compléter le segment optique, les opérateurs de satellites radar-SAR iQPS (10 satellites envoyés depuis 2023, 26 autres à venir) et Synspective (5 satellites envoyés depuis 2022, 20 autres à venir). Cela permettra de voir à travers les nuages et aussi de nuit. Le dispositif comprend aussi Mitsui Bussan Aerospace.
Le Japon suit la tendance générale à se constituer une constellation propre ou un socle souverain de partenaires pour l’obtention d’images d’observation de la Terre dans un cadre de sécurité nationale. Dernièrement, c’était l’Allemagne qui s’engageait à déployer sa constellation avec les industriels Iceye et Rheinmetall.
On note que le point commun entre les deux pays est qu’ils ont tous deux perdu ces dernières années un ou plusieurs satellites d’observation de la Terre stratégique. Le Japon avait perdu ALOS-3 lors du vol inaugural de la fusée H-3 en 2023, et vient d’ailleurs de perdre un satellite de navigation QZS lors d’un nouvel échec du lanceur la semaine dernière. De son côté, l’Allemagne avait perdu deux satellites d’imagerie radar-SAR (SARah) en 2024. Même si c’est moins précis, le recours aux solutions commerciales sert de compensation des pertes, mais aussi d’augmentation des capacités avec un meilleur taux de revisite.
On retrouve ce modèle d’achat d’images commerciales par la défense dans de nombreux pays qui n’ont pas les moyens de détenir une constellation propre. On le retrouve aussi aux Etats-Unis, où le National Reconnaissance Office, organe pilote des satellites de reconnaissance, a contractualisé plusieurs grandes entreprises du New Space dans l’observation de la Terre, dont Planet, BlackSky, Vantor (ex-Maxar Intelligence), Umbra, Capella Space, etc. Les opérateurs japonais Synspective et iQPS sont de la même génération.
La Pologne, l’Espagne, l’Italie et de nombreuses autres puissances spatiales ont décidé de déployer leur propre constellation. Maintenant que l’Allemagne s’est positionnée avec sa stratégie qui requiert plus de souveraineté, que va faire la France ? Les capacités spatiales militaires sont toutefois déjà opérationnelles et bien portantes (observation optique avec CSO, renseignement électromagnétique avec Ceres, et télécommunications sécurisées avec Syracuse). La question est plutôt de savoir si la France compte augmenter ses capacités d’observation de la Terre à l’avenir ? Cette augmentation existe déjà avec la formidable précision des satellites Pleiades Neo, et bientôt avec le support de CO3D. Mais le taux de revisite reste faible et les satellites sont peu nombreux. Il y a donc un risque de faible résilience en cas d’attaque.
Si la France décide à son tour d’augmenter ses capacités d’observation, notamment avec des moyens radar-SAR souverains (en plus de partenariat avec l’Allemagne), quelle sera la voie à suivre ? Constellation souveraine ou recours à l’achat d’images commerciales ? Tandis que la PME Prométhée se prépare à déployer sa constellation d’imagerie optique. L’écosystème a aussi la chance de pouvoir compter sur une des rares entreprises de renseignement électromagnétique avec un fort taux de revisite, Unseenlabs, dont une vingtaine de nanosatellites sont déjà opérationnels. Ils contribuent d’ailleurs déjà avec les garde-côtes dans le domaine de la surveillance du trafic maritime. Une future constellation est prévue d’étendre les capacités aux surfaces terrestres.
Reste la voie européenne, préférée par Emmanuel Macron. Elle ne semble toutefois pas encore à la hauteur des besoins dans l’observation de la Terre pour la sécurité nationale, en dépit du programme Copernicus déjà opérationnel. Le programme EOGS de constellation satellite européenne de reconnaissance ne sera financé qu’en 2028 (des prototypes sont déjà financés grâce à la ministérielle de l’ESA de novembre dernier et seront déployés d’ici-là). Elle comporte toutefois deux écueils naturels mais importants. Le premier est le temps : la constellation ne sera disponible qu’au courant de la prochaine décennie, ce qui est trop tard dans le contexte de la guerre en Ukraine qui présente des besoins urgents. Le recours aux solutions commerciales peut donc être une issue à plus court terme en attendant. L’autre problème est qu’EOGS est européenne, avec surtout une forte motivation de la part des pays de l’est face à la menace russe. La constellation ne pourra dons pas être 100% disponible pour répondre aux besoins de la France dans le cadre de ses propres opérations militaires extérieures.
Le gouvernement japonais a sélectionné un pôle d’industriels du spatial pour disposer d’un grand nombre de satellites d’observations de la Terre, au service de la sécurité nationale. Le Japon suit donc la grande tendance mondiale de 2025 en se constituant sa propre flotte pour la défense.
L’annonce de la sélection des industriels a été faite le 24 décembre. Mitsubishi Electric (MELCO) va créer une coentreprise avec le groupe Mitsui et l’opérateur de satellites de télécommunications en orbite géostationnaire Sky Perfect JSAT pour répondre aux demandes d’images du ministère japonais de la Défense.
Le financement passera via la plateforme « Private Finance Initiative » (PFI). Le gouvernement japonais utilise déjà cette plateforme pour réserver des services de télécommunications sécurisées auprès d’opérateurs, car il ne possède pas de satellite dédié. En complément de satellites duaux ALOS, le gouvernement souhaite faire la même chose pour l’observation de la Terre. L’alliance entre MELCO et ses partenaires sera signée en janvier 2026. Puis viendra la signature du contrat avec le gouvernement en février. Le contrat durera jusqu’à mars 2031.
Quatre autres entreprises sont incluses dans le dispositif. Axelspace fournira les images en observation optique. L’entreprise opère la constellation Grus, et prévoit de la moderniser avec l’envoi en 2026 de sept nouveaux satellites d’une résolution spatiale de 2.2 m. Pour compléter le segment optique, les opérateurs de satellites radar-SAR iQPS (10 satellites envoyés depuis 2023, 26 autres à venir) et Synspective (5 satellites envoyés depuis 2022, 20 autres à venir). Cela permettra de voir à travers les nuages et aussi de nuit. Le dispositif comprend aussi Mitsui Bussan Aerospace.
Le Japon suit la tendance générale à se constituer une constellation propre ou un socle souverain de partenaires pour l’obtention d’images d’observation de la Terre dans un cadre de sécurité nationale. Dernièrement, c’était l’Allemagne qui s’engageait à déployer sa constellation avec les industriels Iceye et Rheinmetall.
On note que le point commun entre les deux pays est qu’ils ont tous deux perdu ces dernières années un ou plusieurs satellites d’observation de la Terre stratégique. Le Japon avait perdu ALOS-3 lors du vol inaugural de la fusée H-3 en 2023, et vient d’ailleurs de perdre un satellite de navigation QZS lors d’un nouvel échec du lanceur la semaine dernière. De son côté, l’Allemagne avait perdu deux satellites d’imagerie radar-SAR (SARah) en 2024. Même si c’est moins précis, le recours aux solutions commerciales sert de compensation des pertes, mais aussi d’augmentation des capacités avec un meilleur taux de revisite.
On retrouve ce modèle d’achat d’images commerciales par la défense dans de nombreux pays qui n’ont pas les moyens de détenir une constellation propre. On le retrouve aussi aux Etats-Unis, où le National Reconnaissance Office, organe pilote des satellites de reconnaissance, a contractualisé plusieurs grandes entreprises du New Space dans l’observation de la Terre, dont Planet, BlackSky, Vantor (ex-Maxar Intelligence), Umbra, Capella Space, etc. Les opérateurs japonais Synspective et iQPS sont de la même génération.
La Pologne, l’Espagne, l’Italie et de nombreuses autres puissances spatiales ont décidé de déployer leur propre constellation. Maintenant que l’Allemagne s’est positionnée avec sa stratégie qui requiert plus de souveraineté, que va faire la France ? Les capacités spatiales militaires sont toutefois déjà opérationnelles et bien portantes (observation optique avec CSO, renseignement électromagnétique avec Ceres, et télécommunications sécurisées avec Syracuse). La question est plutôt de savoir si la France compte augmenter ses capacités d’observation de la Terre à l’avenir ? Cette augmentation existe déjà avec la formidable précision des satellites Pleiades Neo, et bientôt avec le support de CO3D. Mais le taux de revisite reste faible et les satellites sont peu nombreux. Il y a donc un risque de faible résilience en cas d’attaque.
Si la France décide à son tour d’augmenter ses capacités d’observation, notamment avec des moyens radar-SAR souverains (en plus de partenariat avec l’Allemagne), quelle sera la voie à suivre ? Constellation souveraine ou recours à l’achat d’images commerciales ? Tandis que la PME Prométhée se prépare à déployer sa constellation d’imagerie optique. L’écosystème a aussi la chance de pouvoir compter sur une des rares entreprises de renseignement électromagnétique avec un fort taux de revisite, Unseenlabs, dont une vingtaine de nanosatellites sont déjà opérationnels. Ils contribuent d’ailleurs déjà avec les garde-côtes dans le domaine de la surveillance du trafic maritime. Une future constellation est prévue d’étendre les capacités aux surfaces terrestres.
Reste la voie européenne, préférée par Emmanuel Macron. Elle ne semble toutefois pas encore à la hauteur des besoins dans l’observation de la Terre pour la sécurité nationale, en dépit du programme Copernicus déjà opérationnel. Le programme EOGS de constellation satellite européenne de reconnaissance ne sera financé qu’en 2028 (des prototypes sont déjà financés grâce à la ministérielle de l’ESA de novembre dernier et seront déployés d’ici-là). Elle comporte toutefois deux écueils naturels mais importants. Le premier est le temps : la constellation ne sera disponible qu’au courant de la prochaine décennie, ce qui est trop tard dans le contexte de la guerre en Ukraine qui présente des besoins urgents. Le recours aux solutions commerciales peut donc être une issue à plus court terme en attendant. L’autre problème est qu’EOGS est européenne, avec surtout une forte motivation de la part des pays de l’est face à la menace russe. La constellation ne pourra dons pas être 100% disponible pour répondre aux besoins de la France dans le cadre de ses propres opérations militaires extérieures.
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