Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe
Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe
© Open sources, Air&Cosmos (montage)

publié le 19 septembre 2024 à 19:17

1004 mots

Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe

L’équipage d’un système antiaérien Flakpanzer Gepard ukrainien a placé une caméra sur l’un de ses deux canons de 35 mm. Celle-ci a pu filmer la destruction d’un drone suicide Shahed russe. Si la rafale fut brève, les deux canons à tir rapide permettent (en cumul) au Gepard de pouvoir tirer 18 obus par seconde !


Destruction en vidéo

Le 18 septembre, une vidéo filmée par un équipage d'un canon antiaérien mobile ukrainien était apparue sur les réseaux sociaux. Le système en question est un Flugabwehrkanonenpanzer Gepard, plus souvent connu sous la désignation Flakpanzer Gepard. La vidéo commence avec ce qui semble être une caméra montée sur le canon gauche de la tourelle du véhicule. Pour rappel, le Flakpanzer Gepard est équipé de deux canons antiaériens à tir rapide Oerlikon KDA de 35 mm (35x 228 mm). La tourelle semble suivre une cible et à 0:05, une brève rafale est tirée par les deux canons. Il faut rappeler que chaque canon offre une capacité de tir de 550 obus par minutes (x2, soit un total d'un peu plus de 18 obus tirés par seconde). La cible, un drone suicide russe Shahed, est touchée et descend en feu vers le sol. À partir de 0:13, la vidéo change de caméra et est probablement filmée depuis le gsm d'un des membres de l'équipage. Cette prise permet de voir le drone se crasher... mais aussi, au premier-plan, de voir le radar de poursuite du Gepard s'éteindre en effectuant une rotation à 180°.

Gepard et PRTL en Ukraine

Le Flakpanzer Gepard se base sur le châssis du char de combat Leopard 1, ou du moins, un châssis légèrement modifié (batteries à l'arrière, blindage plus léger,...). La tourelle est équipée d'un radar d'acquisition (360°, 60 tours/minutes, bande S), qui se replie s'il n'est pas utilisé. Un radar de poursuite (bande Ku) est situé à l'avant de la tourelle, entre les deux canons. Ce dernier est indépendant de l'axe de rotation de la tourelle et peut tourner à 180° (vers l'avant de la tourelle). Il permet de suivre avec précision la cible à détruire. Lorsqu'il n'est pas actif, le radar se tourne vers la tourelle afin de protéger l'antenne. Il faut noter que le radar d'acquisition des Gepard hollandais, dénommés localement Pantser Rups Tegen Luchtdoelen ou PRTL, était différent des Gepard allemands, avec l'intégration d'un radar en bande X et un radar de poursuite en bande Ka. L'identification entre ces deux variantes est simple car l'antenne du radar d'acquisition des PRTL est "plat" (contre une antenne radar classique sur le Gepard) et l'antenne du radar de poursuite est plus pointue (contrairement à une antenne ovale sur le Gepard). 

Cette distinction est utile car l'Allemagne a déjà livré 55 Gepard (+12 encore promis) et les États-Unis ont acheté des "Gepard" jordaniens afin de les livrer à l'Ukraine. Cet achat a été confirmé par le Pentagone dans une liste de contrats journaliers publiée le 31 mai 2023 où l'US Army annonçait que Global Military Products Inc était responsable de l'achat et la livraison de Gepard, avec une date de fin de contrat pour le 30 mai 2024 et un montant total de 118 375 740 dollars. Or, la totalité du parc jordanien de Gepard est en réalité composé d'anciens "Gepard hollandais", soit des PRTL achetés en seconde main en 2013 et livrés à partir de 2014 (SIPRI). Un nombre inconnu de ces véhicules a été acheté mais les premiers PRTL ont été aperçus en Ukraine à partir de l'été 2024.

De l'antiaérien à l'anti-drone en passant par de l'antimissile

Au niveau des capacités de combat, l'utilisation d'un radar d'acquisition permet aux Gepard et PTRL de connaitre leur environnement aérien sur une distance de 15 kilomètres. Cette capacité permet ainsi de donner des informations aux unités locales, telles que des fantassins équipés de MANPADS, ces derniers n'étant pas équipés d'un moyen de détection et devant viser manuellement des avions ou missiles volant assez vite. Comme expliqué précédemment, les deux canons de 35 mm du Gepard/PRTL sont guidés à l'aide du radar de poursuite, d'une portée de 15 kilomètres pour le Gepard et de 13 kilomètres pour le PRTL. Cette diminution de la portée n'est pas spécifiquement un désavantage pour le PRTL, les canons ayant une portée de 6 kilomètres.

Au niveau des systèmes antiaériens mobiles utilisés en Ukraine, le Gepard figure sur la première place ; alors qu'il était pensé sur la fin de la guerre froide pour protéger les chars de combat des hélicoptères de combat soviétiques Mi-24 Hind ou encore des avions d'attaque Su-25 Frogfoot, le Gepard fait des merveilles comme système anti-drone, certains le dénommant même "Shahed killer". Comme expliqué ci-dessus, l'efficacité du Gepard/PRTL s'explique par l'intégration de deux précieux radars ; il ne dépend pas d'un radar externe pour la détection et les deux canons ne sont pas utilisé manuellement. Par ailleurs, les obus de 35 mm sont peu coûteux à produire (production assurée par Rheinmetall) et offrent ainsi un coût d'interception direct très faible, comparé à un MANPADS ou à un système lance-missiles antiaériens plus lourd. Si ce système antiaérien, pensé contre des hélicoptères et des avions d'attaque, fait déjà des merveilles contre les drones russes, une vidéo a déjà confirmé - avec grand étonnement - qu'un Flakpanzer Gepard ukrainien avait réussi à abattre un missile de croisière russe en plein vol. Mais aucun système n'est parfait ; le point faible du Gepard est sa très courte portée et ce dernier doit donc être positionné avec rigueur, comme par exemple proche des unités ou se positionner dans les couloirs utilisé habituellement par les drones Shahed.

Enfin, ils démontrent l'intérêt de détenir, aux côtés de systèmes antiaériens lance-missiles de différentes portée, des canons antiaériens guidés par radars, offrant à la fois une défense très courte portée aux unités ou installations stratégiques. Ce retour d'expérience ukrainien a été traité spécifiquement dans cet article.

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19/09/2024 19:17
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Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe

L’équipage d’un système antiaérien Flakpanzer Gepard ukrainien a placé une caméra sur l’un de ses deux canons de 35 mm. Celle-ci a pu filmer la destruction d’un drone suicide Shahed russe. Si la rafale fut brève, les deux canons à tir rapide permettent (en cumul) au Gepard de pouvoir tirer 18 obus par seconde !

Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe
Gepard en Ukraine : l'équipage d'un système antiaérien Gepard filme les tirs et la destruction d'un drone Shahed russe

Destruction en vidéo

Le 18 septembre, une vidéo filmée par un équipage d'un canon antiaérien mobile ukrainien était apparue sur les réseaux sociaux. Le système en question est un Flugabwehrkanonenpanzer Gepard, plus souvent connu sous la désignation Flakpanzer Gepard. La vidéo commence avec ce qui semble être une caméra montée sur le canon gauche de la tourelle du véhicule. Pour rappel, le Flakpanzer Gepard est équipé de deux canons antiaériens à tir rapide Oerlikon KDA de 35 mm (35x 228 mm). La tourelle semble suivre une cible et à 0:05, une brève rafale est tirée par les deux canons. Il faut rappeler que chaque canon offre une capacité de tir de 550 obus par minutes (x2, soit un total d'un peu plus de 18 obus tirés par seconde). La cible, un drone suicide russe Shahed, est touchée et descend en feu vers le sol. À partir de 0:13, la vidéo change de caméra et est probablement filmée depuis le gsm d'un des membres de l'équipage. Cette prise permet de voir le drone se crasher... mais aussi, au premier-plan, de voir le radar de poursuite du Gepard s'éteindre en effectuant une rotation à 180°.

Gepard et PRTL en Ukraine

Le Flakpanzer Gepard se base sur le châssis du char de combat Leopard 1, ou du moins, un châssis légèrement modifié (batteries à l'arrière, blindage plus léger,...). La tourelle est équipée d'un radar d'acquisition (360°, 60 tours/minutes, bande S), qui se replie s'il n'est pas utilisé. Un radar de poursuite (bande Ku) est situé à l'avant de la tourelle, entre les deux canons. Ce dernier est indépendant de l'axe de rotation de la tourelle et peut tourner à 180° (vers l'avant de la tourelle). Il permet de suivre avec précision la cible à détruire. Lorsqu'il n'est pas actif, le radar se tourne vers la tourelle afin de protéger l'antenne. Il faut noter que le radar d'acquisition des Gepard hollandais, dénommés localement Pantser Rups Tegen Luchtdoelen ou PRTL, était différent des Gepard allemands, avec l'intégration d'un radar en bande X et un radar de poursuite en bande Ka. L'identification entre ces deux variantes est simple car l'antenne du radar d'acquisition des PRTL est "plat" (contre une antenne radar classique sur le Gepard) et l'antenne du radar de poursuite est plus pointue (contrairement à une antenne ovale sur le Gepard). 

Cette distinction est utile car l'Allemagne a déjà livré 55 Gepard (+12 encore promis) et les États-Unis ont acheté des "Gepard" jordaniens afin de les livrer à l'Ukraine. Cet achat a été confirmé par le Pentagone dans une liste de contrats journaliers publiée le 31 mai 2023 où l'US Army annonçait que Global Military Products Inc était responsable de l'achat et la livraison de Gepard, avec une date de fin de contrat pour le 30 mai 2024 et un montant total de 118 375 740 dollars. Or, la totalité du parc jordanien de Gepard est en réalité composé d'anciens "Gepard hollandais", soit des PRTL achetés en seconde main en 2013 et livrés à partir de 2014 (SIPRI). Un nombre inconnu de ces véhicules a été acheté mais les premiers PRTL ont été aperçus en Ukraine à partir de l'été 2024.

De l'antiaérien à l'anti-drone en passant par de l'antimissile

Au niveau des capacités de combat, l'utilisation d'un radar d'acquisition permet aux Gepard et PTRL de connaitre leur environnement aérien sur une distance de 15 kilomètres. Cette capacité permet ainsi de donner des informations aux unités locales, telles que des fantassins équipés de MANPADS, ces derniers n'étant pas équipés d'un moyen de détection et devant viser manuellement des avions ou missiles volant assez vite. Comme expliqué précédemment, les deux canons de 35 mm du Gepard/PRTL sont guidés à l'aide du radar de poursuite, d'une portée de 15 kilomètres pour le Gepard et de 13 kilomètres pour le PRTL. Cette diminution de la portée n'est pas spécifiquement un désavantage pour le PRTL, les canons ayant une portée de 6 kilomètres.

Au niveau des systèmes antiaériens mobiles utilisés en Ukraine, le Gepard figure sur la première place ; alors qu'il était pensé sur la fin de la guerre froide pour protéger les chars de combat des hélicoptères de combat soviétiques Mi-24 Hind ou encore des avions d'attaque Su-25 Frogfoot, le Gepard fait des merveilles comme système anti-drone, certains le dénommant même "Shahed killer". Comme expliqué ci-dessus, l'efficacité du Gepard/PRTL s'explique par l'intégration de deux précieux radars ; il ne dépend pas d'un radar externe pour la détection et les deux canons ne sont pas utilisé manuellement. Par ailleurs, les obus de 35 mm sont peu coûteux à produire (production assurée par Rheinmetall) et offrent ainsi un coût d'interception direct très faible, comparé à un MANPADS ou à un système lance-missiles antiaériens plus lourd. Si ce système antiaérien, pensé contre des hélicoptères et des avions d'attaque, fait déjà des merveilles contre les drones russes, une vidéo a déjà confirmé - avec grand étonnement - qu'un Flakpanzer Gepard ukrainien avait réussi à abattre un missile de croisière russe en plein vol. Mais aucun système n'est parfait ; le point faible du Gepard est sa très courte portée et ce dernier doit donc être positionné avec rigueur, comme par exemple proche des unités ou se positionner dans les couloirs utilisé habituellement par les drones Shahed.

Enfin, ils démontrent l'intérêt de détenir, aux côtés de systèmes antiaériens lance-missiles de différentes portée, des canons antiaériens guidés par radars, offrant à la fois une défense très courte portée aux unités ou installations stratégiques. Ce retour d'expérience ukrainien a été traité spécifiquement dans cet article.



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