Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion
Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion
© Ilmavoimat

publié le 28 septembre 2022 à 11:00

1450 mots

Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion

Durant deux jours, deux douzaines d'appareils et des forces au sols se sont entrainés conjointement à des opérations de défense aérienne dans la Baltique. Cet exercice fait partie de la politique de défense et de dissuasion récemment adoptée par l'OTAN. Il a également lieu non loin de l'exclave de Kaliningrad, dont le potentiel militaire russe est surveillé constamment par de nombreux avions de reconnaissance et de guerre électronique.


Ramstein Alloy

Les 26 et 27 septembre, la Hongrie, l'Allemagne, l'Espagne, la République tchèque, l'Italie, la Turquie, le Royaume-Uni, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie ainsi que la Finlande ont effectué un nouvel exercice Ramstein Alloy (le troisième cette année). Il a pour but d'exercer l'interopérabilité des Forces aériennes des pays membres de l'OTAN ainsi que des États partenaires, comme la Finlande dans ce cas-ci. Cet exercice est à chaque fois centré sur la région de la mer Baltique.

Durant ces deux jours, de multiples opérations ont été effectuées :

  • décollage d'alerte d'avions de combat afin d'intercepter un appareil ayant perdu ses systèmes de communication ou encore un appareil lent
  • simulations de combats aériens rapprochés ou encore Close Air Support (CAS)
  • Combat Search and Rescue (CSAR)

Un point particulier lors de cette édition est l'entrainement des opérateurs espagnols du systèmes NASAMS déployé dans le cadre de l'OTAN pour défendre la base aérienne de Lielvārde (Lettonie). Le planificateur de l'exercice, le squadron leader Craig Docker, a justement précisé : 

Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120.
Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120. © NATO AirCom
Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120.

"Pour la première fois, nous incluons à la fois des activités aériennes et terrestres de défense aérienne et antimissile dans nos exercices. Cela souligne comment les Alliés protègent le flanc oriental et - en même temps - se préparent à une exécution significative du concept de dissuasion et de défense de l'OTAN dans la région de la Baltique. Nous entraînons également les tactiques d'Intégration Air-Sol, les techniques et les procédures avec les jets tchèques et l'enhanced Forward Presence Battlegroup [eFPB] ou les contrôleurs d'appui aérien [JTAC] améliorant la capacité de nos pilotes et de nos soldats à travailler ensemble dans un contexte multinational."

Au total, deux douzaines d'appareils ont été déployées pour cet entrainement, en ce compris, deux avions de guet aérien avancé et de contrôle (AEW&C/AWACS) ;

  • Un E-3A Sentry de l'OTAN (immatriculé au Luxembourg). Reconnaissable grâce à son radôme rotatif, ce Boeing 707 modifié et modernisé appartient à la flotte d'AWACS de l'OTAN (14 au total). Il est principalement utilisé pour détecter des avions ou hélicoptères au sein d'un espace aérien grâce aux 400 kilomètres de portée de son radar rotatif. Il sert également de poste de commandement pour les opérations aériennes.
  • Un autre AWACS était aussi déployé. Il s'agissait d'un E-7A Wedgetail turc. A l'inverse du Sentry, il dispose d'un radar latéral et immobile. Toutefois, ce radar à balayage électronique multi-rôle (MESA) est bien plus efficace que le radar mécanique d'un E-3 Sentry : l'opérateur peut décider de suivre bien plus souvent une cible d'intérêt qu'un opérateur d'un radar mécanique, qui dépend du nombre de rotations par minutes de son radar alors que le MESA ne dépend que l'impulsion électrique envoyée dans les capteurs. Le MESA est aussi un radar qui peut augmenter sa distance de détection dans certaines zones en augmentant la puissance électrique dans le radar. A ce propos, le Wedgetail semble bien parti pour remplacer les E-3 Sentry de l'OTAN ainsi qu'au sein de l'USAF (article sur le sujet).

 

Défense et dissuasion

Ramstein Alloy 2022-3 s'inscrit dans une double optique ; défensive, comme déjà démontré ci-dessus, mais aussi dissuasive. La dissuasion ne passe pas seulement par les armes nucléaires. Le Royaume-Uni en avait les frais au début des années 80. Dans une optique de guerre froide, le gouvernement Thatcher avait décidé d'augmenter le budget de la dissuasion nucléaire au détriment des autres postes des Forces armées. C'est à ce moment-là que l'Argentine a décidé d'envahir les Falklands. La dissuasion reste donc d'abord classique tout en comprenant une dissuasion avec les vecteurs nucléaires. De fait, la démonstration des capacités de projections d'avions de Forces aériennes de pays membres de l'OTAN dans la Baltique démontre cette capacité de dissuasion classique : en cas d'invasion ou d'attaque, les moyens présents sur place mais aussi au sein des pays membres peuvent répondre rapidement et efficacement à une éventuelle menace.

Une surveillance constante

Afin d'éviter toute surprise, les états-majors ont besoin d'un flux de renseignement constant sur les diverses zones dangereuses. C'est notamment le cas de Kaliningrad puisque de nombreux appareils patrouillaient autour ou à côté des frontières de l'exclave russe, notamment visibles (en plus des deux avions de guet radar déployés pour l'exercice Ramstein Alloy 2022-3) sur l'image ci-après.

Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électronique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique.
Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électromagnétique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électronique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique.

Deux des avions déployés sont spécialisés dans la collecte, l'identification et la géolocalisation des signaux de communications (COMINT) ou en provenance de radars, brouilleurs,... (ELINT). Il s'agit du RC-135W Rivet Joint de l'USAF et du plus petit RC-12X Guardrail de l'US Army. Ces deux appareils sont des habitués de l'Europe de l'Est puisque les RC-135V/W Rivet Joint américains ou anglais patrouillent non loin des frontières russes et biélorusses ou encore au-dessus de la mer Noire. Le RC-12X fait quant à lui partie d'un contingent américain déployé en Lituanie avec un total de trois RC-12X. Ces avions sont plutôt déployés aux environs de Kaliningrad et appartiennent à l'US Army.

Le cinquième appareil visible est un avion de surveillance au sol aéroportée (AGS), de gestion de combat et de commandement et de contrôle (C2) de type E-8C JSTARS. Cet avion est spécialement équipé pour suivre les véhicules au sol et tout spécialement les blindés, grâce à son radar AN/APY-3. Ce dernier est situé sous le fuselage de l'avion et aurait une portée de 250 kilomètres. Normalement, l'USAF devrait retirer ses derniers JSTARS en 2025 (article sur le sujet).

L'AAE et la Suède sur Kaliningrad

Quelques jours auparavant, le 23 septembre, Kaliningrad faisait également l'objet d'une surveillance, comme le montre l'image ci-dessous.

Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022).
Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022). © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022).

En plus d'un RC-135W et d'un RC-12X américains, ces avions étaient accompagnés par :

  • un AWACS E-3 Sentry de l'Armée de l'Air et de l'Espace (AAE). L'AAE en possède quatre, au standard E-3F. Ils sont déployés depuis la base aérienne 702 d'Avord (Cher) au sein de l'Escadron de Détection et Contrôle Aéroporté (EDCA) 00.036 "Berry". En service depuis 1992, ces quatre avions ont reçu une modernisation mi-vie entre 2014 et 2016. Ils sont portés aux standards block 40/45, équivalent aux E-3G Sentry de l'USAF. C'est un véritable renouveau pour ces avions ; rénovation complète des consoles, glass cockpit, IFF amélioré, systèmes électroniques rénovés et modernisés, etc. La DGA a d'ailleurs récemment annoncé qu'ils devraient utiliser la Liaison 16 de nouvelle génération avant la fin de l'année (plus d'infos dans cet article).
  • un S 102 B de renseignement électronique de l'Armée de l'Air suédoise. Seulement deux appareils sont en service et n'utilisent que des censeurs permettant l'analyse de données ELINT (radars, systèmes d'armes,...). Il n'empêche, les diverses modifications font que l'avion en question est plus lourd de trois tonnes par rapport à la version civile, le Gulfstream G-IV. La Suède avait été menacée dès lendemain de l'invasion de l'Ukraine (voir le début de cet article) par la Russie. La Suède s'intéresse également aux divers mouvements de troupes russes dans la Baltique puisque dès le 25 février (soit 24 heures après l'invasion russe de l'Ukraine), la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russes a annoncé que la Suède et la Finlande ne pourraient pas entrer dans l'OTAN :

"[...] La Finlande et la Suède ne devraient pas baser leur sécurité en endommageant la sécurité d'autres pays et leur accession à l'OTAN peut avoir des conséquences préjudiciables et faire face à de multiples conséquences politiques. [...]"

La frontière Sud-Est

Un JSTARS est aussi visible au-dessus de l'Europe centrale. Il se dirigeait vers la frontière Sud-Est de l'OTAN. C'est à cet endroit qu'un second RC-135W était en patrouille mais aussi un bien plus rare EP-3E Aries II. Il s'agit d'une version modifiée de l'avion de patrouille maritime P-3 Orion. Qui plus est, aujourd'hui, seuls 16 appareils de ce type sont en service et l'US Navy devrait prochainement s'en séparer pour les remplacer par des drones à l'horizon 2025. C'est le seul avion de renseignement électronique en service au sein de la Marine américaine (US Navy). Il est capable de détecter, identifier et géolocaliser toute émission électronique (COMINT ou ELINT).

Ces avions patrouillent aussi parfois au-dessus de la mer Noire. Leur objectif est de recueillir des renseignements sur les troupes russes en Crimée, alors que les patrouilles au Nord-Est de l'espace aérien roumain sont plutôt centrées sur les troupes russes situées dans la région de Kherson.

Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique.
Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique. © USN
Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique.
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28/09/2022 11:00
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Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion

Durant deux jours, deux douzaines d'appareils et des forces au sols se sont entrainés conjointement à des opérations de défense aérienne dans la Baltique. Cet exercice fait partie de la politique de défense et de dissuasion récemment adoptée par l'OTAN. Il a également lieu non loin de l'exclave de Kaliningrad, dont le potentiel militaire russe est surveillé constamment par de nombreux avions de reconnaissance et de guerre électronique.

Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion
Exercice aérien dans la Baltique: entre défense et dissuasion

 

Défense et dissuasion

Ramstein Alloy 2022-3 s'inscrit dans une double optique ; défensive, comme déjà démontré ci-dessus, mais aussi dissuasive. La dissuasion ne passe pas seulement par les armes nucléaires. Le Royaume-Uni en avait les frais au début des années 80. Dans une optique de guerre froide, le gouvernement Thatcher avait décidé d'augmenter le budget de la dissuasion nucléaire au détriment des autres postes des Forces armées. C'est à ce moment-là que l'Argentine a décidé d'envahir les Falklands. La dissuasion reste donc d'abord classique tout en comprenant une dissuasion avec les vecteurs nucléaires. De fait, la démonstration des capacités de projections d'avions de Forces aériennes de pays membres de l'OTAN dans la Baltique démontre cette capacité de dissuasion classique : en cas d'invasion ou d'attaque, les moyens présents sur place mais aussi au sein des pays membres peuvent répondre rapidement et efficacement à une éventuelle menace.

Ramstein Alloy

Les 26 et 27 septembre, la Hongrie, l'Allemagne, l'Espagne, la République tchèque, l'Italie, la Turquie, le Royaume-Uni, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie ainsi que la Finlande ont effectué un nouvel exercice Ramstein Alloy (le troisième cette année). Il a pour but d'exercer l'interopérabilité des Forces aériennes des pays membres de l'OTAN ainsi que des États partenaires, comme la Finlande dans ce cas-ci. Cet exercice est à chaque fois centré sur la région de la mer Baltique.

Durant ces deux jours, de multiples opérations ont été effectuées :

  • décollage d'alerte d'avions de combat afin d'intercepter un appareil ayant perdu ses systèmes de communication ou encore un appareil lent
  • simulations de combats aériens rapprochés ou encore Close Air Support (CAS)
  • Combat Search and Rescue (CSAR)

Un point particulier lors de cette édition est l'entrainement des opérateurs espagnols du systèmes NASAMS déployé dans le cadre de l'OTAN pour défendre la base aérienne de Lielvārde (Lettonie). Le planificateur de l'exercice, le squadron leader Craig Docker, a justement précisé : 

Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120.
Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120. © NATO AirCom
Militaires espagnols rechargeant leur NASAMS avec un AMRAAM AIM-120.

"Pour la première fois, nous incluons à la fois des activités aériennes et terrestres de défense aérienne et antimissile dans nos exercices. Cela souligne comment les Alliés protègent le flanc oriental et - en même temps - se préparent à une exécution significative du concept de dissuasion et de défense de l'OTAN dans la région de la Baltique. Nous entraînons également les tactiques d'Intégration Air-Sol, les techniques et les procédures avec les jets tchèques et l'enhanced Forward Presence Battlegroup [eFPB] ou les contrôleurs d'appui aérien [JTAC] améliorant la capacité de nos pilotes et de nos soldats à travailler ensemble dans un contexte multinational."

Au total, deux douzaines d'appareils ont été déployées pour cet entrainement, en ce compris, deux avions de guet aérien avancé et de contrôle (AEW&C/AWACS) ;

  • Un E-3A Sentry de l'OTAN (immatriculé au Luxembourg). Reconnaissable grâce à son radôme rotatif, ce Boeing 707 modifié et modernisé appartient à la flotte d'AWACS de l'OTAN (14 au total). Il est principalement utilisé pour détecter des avions ou hélicoptères au sein d'un espace aérien grâce aux 400 kilomètres de portée de son radar rotatif. Il sert également de poste de commandement pour les opérations aériennes.
  • Un autre AWACS était aussi déployé. Il s'agissait d'un E-7A Wedgetail turc. A l'inverse du Sentry, il dispose d'un radar latéral et immobile. Toutefois, ce radar à balayage électronique multi-rôle (MESA) est bien plus efficace que le radar mécanique d'un E-3 Sentry : l'opérateur peut décider de suivre bien plus souvent une cible d'intérêt qu'un opérateur d'un radar mécanique, qui dépend du nombre de rotations par minutes de son radar alors que le MESA ne dépend que l'impulsion électrique envoyée dans les capteurs. Le MESA est aussi un radar qui peut augmenter sa distance de détection dans certaines zones en augmentant la puissance électrique dans le radar. A ce propos, le Wedgetail semble bien parti pour remplacer les E-3 Sentry de l'OTAN ainsi qu'au sein de l'USAF (article sur le sujet).

Une surveillance constante

Afin d'éviter toute surprise, les états-majors ont besoin d'un flux de renseignement constant sur les diverses zones dangereuses. C'est notamment le cas de Kaliningrad puisque de nombreux appareils patrouillaient autour ou à côté des frontières de l'exclave russe, notamment visibles (en plus des deux avions de guet radar déployés pour l'exercice Ramstein Alloy 2022-3) sur l'image ci-après.

Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électronique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique.
Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électromagnétique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Appareils de guet aérien ou de reconnaissance/renseignement électronique en vol le 26 septembre 2022 dans la Baltique.

Deux des avions déployés sont spécialisés dans la collecte, l'identification et la géolocalisation des signaux de communications (COMINT) ou en provenance de radars, brouilleurs,... (ELINT). Il s'agit du RC-135W Rivet Joint de l'USAF et du plus petit RC-12X Guardrail de l'US Army. Ces deux appareils sont des habitués de l'Europe de l'Est puisque les RC-135V/W Rivet Joint américains ou anglais patrouillent non loin des frontières russes et biélorusses ou encore au-dessus de la mer Noire. Le RC-12X fait quant à lui partie d'un contingent américain déployé en Lituanie avec un total de trois RC-12X. Ces avions sont plutôt déployés aux environs de Kaliningrad et appartiennent à l'US Army.

Le cinquième appareil visible est un avion de surveillance au sol aéroportée (AGS), de gestion de combat et de commandement et de contrôle (C2) de type E-8C JSTARS. Cet avion est spécialement équipé pour suivre les véhicules au sol et tout spécialement les blindés, grâce à son radar AN/APY-3. Ce dernier est situé sous le fuselage de l'avion et aurait une portée de 250 kilomètres. Normalement, l'USAF devrait retirer ses derniers JSTARS en 2025 (article sur le sujet).

L'AAE et la Suède sur Kaliningrad

Quelques jours auparavant, le 23 septembre, Kaliningrad faisait également l'objet d'une surveillance, comme le montre l'image ci-dessous.

Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022).
Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022). © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Surveillance de Kaliningrad et de la frontière Sud-Est de l'OTAN (23 septembre 2022).

En plus d'un RC-135W et d'un RC-12X américains, ces avions étaient accompagnés par :

  • un AWACS E-3 Sentry de l'Armée de l'Air et de l'Espace (AAE). L'AAE en possède quatre, au standard E-3F. Ils sont déployés depuis la base aérienne 702 d'Avord (Cher) au sein de l'Escadron de Détection et Contrôle Aéroporté (EDCA) 00.036 "Berry". En service depuis 1992, ces quatre avions ont reçu une modernisation mi-vie entre 2014 et 2016. Ils sont portés aux standards block 40/45, équivalent aux E-3G Sentry de l'USAF. C'est un véritable renouveau pour ces avions ; rénovation complète des consoles, glass cockpit, IFF amélioré, systèmes électroniques rénovés et modernisés, etc. La DGA a d'ailleurs récemment annoncé qu'ils devraient utiliser la Liaison 16 de nouvelle génération avant la fin de l'année (plus d'infos dans cet article).
  • un S 102 B de renseignement électronique de l'Armée de l'Air suédoise. Seulement deux appareils sont en service et n'utilisent que des censeurs permettant l'analyse de données ELINT (radars, systèmes d'armes,...). Il n'empêche, les diverses modifications font que l'avion en question est plus lourd de trois tonnes par rapport à la version civile, le Gulfstream G-IV. La Suède avait été menacée dès lendemain de l'invasion de l'Ukraine (voir le début de cet article) par la Russie. La Suède s'intéresse également aux divers mouvements de troupes russes dans la Baltique puisque dès le 25 février (soit 24 heures après l'invasion russe de l'Ukraine), la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères russes a annoncé que la Suède et la Finlande ne pourraient pas entrer dans l'OTAN :

"[...] La Finlande et la Suède ne devraient pas baser leur sécurité en endommageant la sécurité d'autres pays et leur accession à l'OTAN peut avoir des conséquences préjudiciables et faire face à de multiples conséquences politiques. [...]"

La frontière Sud-Est

Un JSTARS est aussi visible au-dessus de l'Europe centrale. Il se dirigeait vers la frontière Sud-Est de l'OTAN. C'est à cet endroit qu'un second RC-135W était en patrouille mais aussi un bien plus rare EP-3E Aries II. Il s'agit d'une version modifiée de l'avion de patrouille maritime P-3 Orion. Qui plus est, aujourd'hui, seuls 16 appareils de ce type sont en service et l'US Navy devrait prochainement s'en séparer pour les remplacer par des drones à l'horizon 2025. C'est le seul avion de renseignement électronique en service au sein de la Marine américaine (US Navy). Il est capable de détecter, identifier et géolocaliser toute émission électronique (COMINT ou ELINT).

Ces avions patrouillent aussi parfois au-dessus de la mer Noire. Leur objectif est de recueillir des renseignements sur les troupes russes en Crimée, alors que les patrouilles au Nord-Est de l'espace aérien roumain sont plutôt centrées sur les troupes russes situées dans la région de Kherson.

Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique.
Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique. © USN
Il est clairement possible d'apercevoir les différences entre un P-3 Orion de patrouille maritime avec cet EP-3E Aries II de renseignement électronique.


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