Alors que la contre-attaque de Kherson semblait peu importante, les Ukrainiens ont lancé une contre-offensive majeure à l'Est de Kharkiv, reprenant au passage plus de 3.000 km². Dans leur retraite, les Russes ont laissé de nombreux matériels de brouillage, de détection ou encore véhicules de commandement intacts. Leur analyse sera très avantageuse pour les Ukrainiens ainsi que les pays soutenant l'Ukraine et qui ont accès à ces informations.
L'offensive de Kherson
Depuis de nombreux mois, l'Ukraine annonce une contre-attaque du côté de Kherson. A cet effet, les Russes renforceront leurs troupes dans cette zone, tout particulièrement durant le mois de juillet en y apportant près de 10.000 soldats en provenance d'autres fronts. Cependant, le 29 août, quand les Ukrainiens se lancent enfin, l'attaque semble dirigée en certains points : les officiels du ministère de la Défense ukrainien confirment que l'offensive n'est pas généralisée sur le front mais concentrée en certains points, laissant à penser que l'offensive est au final bien moins importante qu'anticipée.
La surprise de Kharkiv
Ce n'était sans compter la contre-offensive de Kharkiv, lancée le 6 septembre. Elle respecte l'une des plus anciennes règles de stratégie militaire : "Toute guerre est basée sur la tromperie. Par conséquent, lorsque nous sommes capables d'attaquer, nous devons sembler incapables ; lorsque nous utilisons nos forces, nous devons paraître inactifs ; quand nous sommes proches, nous devons faire croire à l'ennemi que nous sommes loin ; quand on est loin, il faut lui faire croire qu'on est proche." (Sun Tzu, L'art de la guerre). De fait, alors que 25.000 soldats sont bloqués à l'Ouest de Kherson suite à la destruction des trois ponts sur le Dniepr (article sur le sujet), les Ukrainiens lancent à partir de Kharkiv une contre-attaque généralisée avec de nombreuses forces. Le 9 septembre, des unités ukrainiennes suivants l'axe Chuhuiv-Kupiansk ont réussi une percée de plus d'une quarantaine de kilomètre derrière les lignes russes. Une partie des troupes avancent alors sur Koupiansk alors que d'autres font route vers le Sud, risquant d'encercler une partie des troupes russes.
Retraite des Russes
La situation logistique est alors intenable car Koupiansk est un nœud ferroviaire important pour les troupes russes de la région (la logistique russe s'appuie principalement sur les chemins de fer). Dès lors, le 10 septembre, les Russes annoncent officiellement un redéploiement des troupes de cette zone afin de renforcer le Donbass (comme le confirme Reuters). Ce mouvement est équivalent au "redéploiement" du début du mois d'avril (article sur le sujet) puisque dans ce cas-ci, toutes les troupes russes à l'Ouest de la rivière Oskiv se retirent, en ce compris les quelques troupes au Nord de Kharkiv.
Dans leur retraite, certaines unités sont obligées d'abandonner leurs véhicules. Dès lors, les Ukrainiens mettent la main sur certains matériels très précieux :
Radar de localisation 1L261-E
Il s'agit de la version modernisée du 1L219 Zoopark-1 et entrée en service dans les Forces armées russes en 2016. Le 1L260 Zoopark-1M est un radar de contrebatterie développé pour détecter et localiser les tirs de lance-roquettes et ce, même s'il se situe dans un environnement où l'ennemi à déployé des systèmes de contre-mesures électroniques (ECM). Il a aussi la possibilité de localiser des tirs de mortiers ou d'obusier et de corriger les tirs de contrebatterie amis. Sa distance de détection des munitions varie en fonction des calibres :
Système de brouillage R-934BMV
C'est un véhicule entré en service au début des années 2010 (les dates varient en fonction des sources). Malheureusement, très peu d'informations sont disponibles sur ce véhicule et encore moins sur le système. En effet, ce véhicule blindé fait partie du système de brouillage Borisoglebsk-2 :
Le poste de commandement est central pour ce système puisqu'il regroupe les différentes informations récoltées et permet à l'opérateur de brouiller des systèmes de communication satellite. En à la mi-mars, un R-330BMV avait déjà été capturé intact par les Ukrainiens (lien vers le tweet).
Radar ST-68
Il a été capturé dans sa variante 36D6/6UF6, sur remorque mais sans son tracteur. C'est un radar datant de l'époque soviétique. Il s'agit d'un radar parabolique semi-mobile, dans sa version semi-remorque dont la portée est de 75 km mais qui peut être augmentée lorsque le radar est monté sur le mat-remorque 36D6/40V6M. Ce radar de moyenne portée dispose d'une élévation de -20° à +30°. Il dispose d'un système IFF intégré et peut suivre jusqu'à 100 cibles différentes. Il est en général déployé en soutien d'une batterie antiaérienne longue portée S-300. De par sa vétusté, il est en train d'être remplacé par les beaucoup plus récents radars 96L6. Ce système a d'ailleurs été déployé récemment sur la base aérienne de Taganrog (Rostov, Russie) en soutien au tout aussi récent système antiaérien S-350 (article sur le sujet).
Pod de brouillage RTU 518-PSM
C'est également un système de brouillage récent mais appartenant cette fois aux Forces aériennes russes. Il fait partie du système Khibiny-U/Knitri de guerre électronique monté sur les avions de combat Su-30SM. Il comprend :
L'ensemble joue un rôle défensif pour l'avion porteur afin de contrer les systèmes antiaériens ennemis. Il semble endommagé mais tout à fait récupérable. Il était déjà apparu en avril quand les systèmes antiaériens ukrainiens avaient abattu un Su-35 équipé de ce système (plus d'infos dans cet article).
Et bien d'autres !
Ces différentes prises s'accompagnent également de prises plus normales, comme des camions, véhicules blindés ou encore chars de combat intacts. Par exemple, du côté d'Izium, les Forces ukrainiennes ont capturé à un endroit pas moins de neuf T-80U ou T-80BV et quelques autres véhicules de commandement (images dans ce tweet). Ils ont également capturé plusieurs véhicules de commandement R-149MA1. En ce qui concerne les matériels de premier ordre, il est presque certain que ceux-ci seront analysés et décortiqués par des analystes américains et/ou d'autres pays membres de l'OTAN, comme c'est déjà probablement le cas pour tant d'autres systèmes énumérés dans cet article. De manière plus générale, toute capture permet de mieux connaitre les divers systèmes ennemis et donc d'améliorer ses propres capacités tant défensives (protection de ses systèmes) qu'offensives (développements contre les systèmes ennemis).
Alors que la contre-attaque de Kherson semblait peu importante, les Ukrainiens ont lancé une contre-offensive majeure à l'Est de Kharkiv, reprenant au passage plus de 3.000 km². Dans leur retraite, les Russes ont laissé de nombreux matériels de brouillage, de détection ou encore véhicules de commandement intacts. Leur analyse sera très avantageuse pour les Ukrainiens ainsi que les pays soutenant l'Ukraine et qui ont accès à ces informations.
L'offensive de Kherson
Depuis de nombreux mois, l'Ukraine annonce une contre-attaque du côté de Kherson. A cet effet, les Russes renforceront leurs troupes dans cette zone, tout particulièrement durant le mois de juillet en y apportant près de 10.000 soldats en provenance d'autres fronts. Cependant, le 29 août, quand les Ukrainiens se lancent enfin, l'attaque semble dirigée en certains points : les officiels du ministère de la Défense ukrainien confirment que l'offensive n'est pas généralisée sur le front mais concentrée en certains points, laissant à penser que l'offensive est au final bien moins importante qu'anticipée.
La surprise de Kharkiv
Ce n'était sans compter la contre-offensive de Kharkiv, lancée le 6 septembre. Elle respecte l'une des plus anciennes règles de stratégie militaire : "Toute guerre est basée sur la tromperie. Par conséquent, lorsque nous sommes capables d'attaquer, nous devons sembler incapables ; lorsque nous utilisons nos forces, nous devons paraître inactifs ; quand nous sommes proches, nous devons faire croire à l'ennemi que nous sommes loin ; quand on est loin, il faut lui faire croire qu'on est proche." (Sun Tzu, L'art de la guerre). De fait, alors que 25.000 soldats sont bloqués à l'Ouest de Kherson suite à la destruction des trois ponts sur le Dniepr (article sur le sujet), les Ukrainiens lancent à partir de Kharkiv une contre-attaque généralisée avec de nombreuses forces. Le 9 septembre, des unités ukrainiennes suivants l'axe Chuhuiv-Kupiansk ont réussi une percée de plus d'une quarantaine de kilomètre derrière les lignes russes. Une partie des troupes avancent alors sur Koupiansk alors que d'autres font route vers le Sud, risquant d'encercler une partie des troupes russes.
Retraite des Russes
La situation logistique est alors intenable car Koupiansk est un nœud ferroviaire important pour les troupes russes de la région (la logistique russe s'appuie principalement sur les chemins de fer). Dès lors, le 10 septembre, les Russes annoncent officiellement un redéploiement des troupes de cette zone afin de renforcer le Donbass (comme le confirme Reuters). Ce mouvement est équivalent au "redéploiement" du début du mois d'avril (article sur le sujet) puisque dans ce cas-ci, toutes les troupes russes à l'Ouest de la rivière Oskiv se retirent, en ce compris les quelques troupes au Nord de Kharkiv.
Le Krasukha-4 aussi, une belle prise au début de la guerre! Dans quelle mesure ces captures remettent en question leurs efficacités pour les russes?
Dans leur retraite, certaines unités sont obligées d'abandonner leurs véhicules. Dès lors, les Ukrainiens mettent la main sur certains matériels très précieux :
Radar de localisation 1L261-E
Il s'agit de la version modernisée du 1L219 Zoopark-1 et entrée en service dans les Forces armées russes en 2016. Le 1L260 Zoopark-1M est un radar de contrebatterie développé pour détecter et localiser les tirs de lance-roquettes et ce, même s'il se situe dans un environnement où l'ennemi à déployé des systèmes de contre-mesures électroniques (ECM). Il a aussi la possibilité de localiser des tirs de mortiers ou d'obusier et de corriger les tirs de contrebatterie amis. Sa distance de détection des munitions varie en fonction des calibres :
Système de brouillage R-934BMV
C'est un véhicule entré en service au début des années 2010 (les dates varient en fonction des sources). Malheureusement, très peu d'informations sont disponibles sur ce véhicule et encore moins sur le système. En effet, ce véhicule blindé fait partie du système de brouillage Borisoglebsk-2 :
Le poste de commandement est central pour ce système puisqu'il regroupe les différentes informations récoltées et permet à l'opérateur de brouiller des systèmes de communication satellite. En à la mi-mars, un R-330BMV avait déjà été capturé intact par les Ukrainiens (lien vers le tweet).
Radar ST-68
Il a été capturé dans sa variante 36D6/6UF6, sur remorque mais sans son tracteur. C'est un radar datant de l'époque soviétique. Il s'agit d'un radar parabolique semi-mobile, dans sa version semi-remorque dont la portée est de 75 km mais qui peut être augmentée lorsque le radar est monté sur le mat-remorque 36D6/40V6M. Ce radar de moyenne portée dispose d'une élévation de -20° à +30°. Il dispose d'un système IFF intégré et peut suivre jusqu'à 100 cibles différentes. Il est en général déployé en soutien d'une batterie antiaérienne longue portée S-300. De par sa vétusté, il est en train d'être remplacé par les beaucoup plus récents radars 96L6. Ce système a d'ailleurs été déployé récemment sur la base aérienne de Taganrog (Rostov, Russie) en soutien au tout aussi récent système antiaérien S-350 (article sur le sujet).
Pod de brouillage RTU 518-PSM
C'est également un système de brouillage récent mais appartenant cette fois aux Forces aériennes russes. Il fait partie du système Khibiny-U/Knitri de guerre électronique monté sur les avions de combat Su-30SM. Il comprend :
L'ensemble joue un rôle défensif pour l'avion porteur afin de contrer les systèmes antiaériens ennemis. Il semble endommagé mais tout à fait récupérable. Il était déjà apparu en avril quand les systèmes antiaériens ukrainiens avaient abattu un Su-35 équipé de ce système (plus d'infos dans cet article).
Et bien d'autres !
Ces différentes prises s'accompagnent également de prises plus normales, comme des camions, véhicules blindés ou encore chars de combat intacts. Par exemple, du côté d'Izium, les Forces ukrainiennes ont capturé à un endroit pas moins de neuf T-80U ou T-80BV et quelques autres véhicules de commandement (images dans ce tweet). Ils ont également capturé plusieurs véhicules de commandement R-149MA1. En ce qui concerne les matériels de premier ordre, il est presque certain que ceux-ci seront analysés et décortiqués par des analystes américains et/ou d'autres pays membres de l'OTAN, comme c'est déjà probablement le cas pour tant d'autres systèmes énumérés dans cet article. De manière plus générale, toute capture permet de mieux connaitre les divers systèmes ennemis et donc d'améliorer ses propres capacités tant défensives (protection de ses systèmes) qu'offensives (développements contre les systèmes ennemis).
Le Krasukha-4 aussi, une belle prise au début de la guerre! Dans quelle mesure ces captures remettent en question leurs efficacités pour les russes?
En prenant votre exemple du Krasukha-4 : cette capture permet de déjà jauger l'efficacité technologique des Russes, de voir comment un AWACS (pour rappel, ... développé pour brouillé les AWACS de l'OTAN) réagit réellement et surtout, comment est-ce qu'il faut amélioré l'AWACS afin de le rendre opérationnel malgré la présence d'un brouilleur de ce type. Pour les radars de contrebatterie, ça permet de connaitre à quel point les forces ennemies sont capables de détecter vos tirs et vos munition d'artillerie. Les véhicules de commandement, à court terme (pour les Ukrainiens), ils permettent de connaitre les plans de la zone et les unités présentes. A moyen terme, l'analyse des systèmes de communication permettront d'affiner les systèmes de brouillage. De manière plus générale, toute capture permet de mieux connaitre un système ennemi et donc d'améliorer ses propres capacités tant défensives (protection des systèmes) qu'offensives (développements contre le système ennemi). plus
Merci pour ces précision !, Les commentateurs aigris devraient apprendre à lire correctement : M.Powis n'écris évidement pas que le Krasuka ... est un awacs, mais bien que le krasuka a été développé pour brouiller l'awacs : je site : "voir comment un AWACS réagit réellement et surtout, comment est-ce qu'il faut amélioré l'AWACS afin de le rendre opérationnel malgré la présence d'un brouilleur de ce type.", mais vous comprenez rien, trop pressé à déverser votre science infuse et votre mauvaise foi. plus
Merci Mr. Powis, pour ces informations.
Merci pour ces renseignements, nous attendons de voir la réaction des Russes, si au moins ils peuvent . Je ne sais pas si les ... Ukrainien en son capable, mais s'ils lancent une attaque en direction de Melitopol, qui est le nœud routier de toute la région sud, les choses pourraient vraiment tourner aux cauchemars pour les Russes.... plus
Comment expliquer que les Russes n'ai pas de système de destruction programmable de leurs derniers équipements ? Ou est-ce un type de mécanisme qui ... n'existe que dans les films ? plus
Le Krasukha-4 aussi, une belle prise au début de la guerre! Dans quelle mesure ces captures remettent en question leurs efficacités pour les russes?