Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)
Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)

publié le 12 novembre 2025 à 17:20

1098 mots

Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)

Dave Williams, directeur du leasing chez ACC Aviation, un fournisseur de premier plan de services ACMI, d'affrètement et de conseil, a analysé avec son équipe les performances du marché depuis le début de l'année. « Malgré les difficultés d'approvisionnement, les retards de livraison d'aéronefs et la hausse des coûts, la trajectoire à long terme du secteur est celle d'une reprise et d'une réinvention constantes. Le message des leaders des secteurs aérien, du leasing et de l'ACMI est clair : l'aviation traverse un monde incertain en position de force. »


Un optimisme prudent. C'est de cette manière que l'on pourrait qualifier l'analyse faite par Dave Williams, directeur du leasing chez ACC Aviation, pour décrire l'état du marché mondial du transport aérien mondial et plus spécifiquement le secteur de l'ACMI ("Aircraft, Crew, Maintenance and Insurance"), c'est à dire la location d'avions avec équipage, le secteur de prédilection de ACC Aviation. "L'industrie aéronautique mondiale aborde les derniers mois de 2025 avec un optimisme prudent. La demande des passagers reste forte, les flottes sont sollicitées mais stables, et les compagnies aériennes continuent de faire preuve d'une remarquable agilité pour s'adapter aux turbulences géopolitiques et économiques", explique Dave Williams dans un communiqué. 

Forte progression de trafic en Asie-Pacifique

Le trafic aérien mondial continue de progresser, l'IATA faisant état d'une hausse de 4,6 % de la demande totale de passagers et d'un coefficient d'occupation mondial de 86 %, un niveau record. Les voyages internationaux constituent le principal moteur de croissance, avec une augmentation de 6,6 % sur un an, tirée par une forte progression de 9,8 % en Asie-Pacifique. Les marchés intérieurs restent stables, mais leur activité est plus modérée. « Les compagnies aériennes ont géré leurs capacités avec prudence, maintenant des coefficients d'occupation élevés, mais leurs marges sont faibles », observe Williams. « Le bénéfice par siège du secteur s'élevait en moyenne à 6,40 $ en 2024, reflétant la hausse des coûts opérationnels et la faible flexibilité tarifaire. Si les grands transporteurs comme Ryanair et Singapore Airlines conservent une forte rentabilité, les opérateurs plus petits et les jeunes compagnies continuent de subir les conséquences de cette situation difficile. ».

Toujours des défis sur la supply chain 

Les pénuries d'avions et de moteurs persistent. Les retards d'Airbus et de Boeing ont contraint les opérateurs à maintenir en service plus longtemps les appareils les plus anciens, ce qui a fait grimper les tarifs de location des avions en milieu de vie. Les loueurs et les compagnies aériennes investissent de plus en plus dans les stocks de pièces détachées – et, dans certains cas, démantèlent des avions récents pour récupérer des composants – afin de garantir la continuité des opérations. Les délais d'intervention pour la maintenance des moteurs et les grandes révisions restent deux fois plus longs qu'avant la pandémie, et aucune amélioration significative n'est attendue avant 2027. Les compagnies aériennes ont recours à des programmes de facturation à l'heure de vol (PBH) pour atténuer les risques liés à la maintenance.L'industrie aéronautique est confrontée à une convergence de pressions structurelles et géopolitiques : l'instabilité mondiale, due aux conflits en cours en Europe, au Moyen-Orient et en Asie ; l'incertitude commerciale et tarifaire, alors que les gouvernements revoient leurs politiques industrielles et leurs alliances commerciales ; la fragilité des chaînes d'approvisionnement, qui continue d'affecter la disponibilité des pièces et les rythmes de production ; l'évolution technologique rapide, avec l'IA et l'automatisation qui transforment les opérations et la maintenance ; le défi de la durabilité, car la transition vers la neutralité carbone reste coûteuse et inégale ; les pénuries de main-d'œuvre et de compétences, notamment dans les domaines de l'ingénierie et des opérations aériennes. « Pourtant, malgré ces complexités, les atouts fondamentaux du secteur – la résilience, l’innovation et la demande mondiale – continuent de stimuler sa croissance », remarque Williams.

La flotte mondiale devrait doubler d'ici 2043

Selon ACC Aviation, l'expansion des réseaux aériens s'est accélérée en 2024 et 2025. Les compagnies aériennes ont inauguré 3 593 nouvelles liaisons l'an dernier, dont plus de la moitié desservaient des destinations auparavant non couvertes. Les États-Unis ont enregistré le plus grand nombre de nouvelles liaisons, tandis que l'aéroport de Kuala Lumpur a accueilli le plus grand nombre de nouveaux vols. Les compagnies à bas prix ont dominé cette croissance, l'Airbus A320 étant l'appareil le plus fréquemment utilisé sur ces nouvelles lignes. Malgré quelques faillites ou procédures de redressement judiciaire (Chapitre 11) de compagnies aériennes, notamment Play et Spirit, le marché reste équilibré, les nouveaux entrants et les alliances contribuant au dynamisme concurrentiel. Les prévisions concernant la flotte restent optimistes. La flotte commerciale mondiale devrait doubler d'ici 2043, avec plus de 23 000 appareils supplémentaires. Les compagnies à bas prix devraient capter environ 50 % de la capacité mondiale de sièges, consolidant ainsi leur position dominante. Les monocouloirs de nouvelle génération, notamment l'A321LR/XLR, représenteront environ 25 % des nouvelles commandes au cours de la prochaine décennie. Ces appareils permettent des liaisons plus longues avec une consommation de carburant réduite, ouvrant de nouvelles perspectives de marché pour les compagnies aériennes traditionnelles et hybrides.

Nouvelle année record pour le secteur ACMI ? 

Le secteur ACMI a connu l'une de ses années les plus turbulentes et dynamiques depuis la COVID-19. Qualifiée de « montagnes russes » par Williams, l'année 2025 a été marquée par une extrême volatilité des capacités, des prix et de la répartition géographique. « Après le boom post-COVID, 2024 a marqué le sommet du marché ACMI, avec une activité dépassant pour la première fois le million d'heures de vol. Le début de 2025 s'est bien déroulé, mais dès le premier trimestre, des signes de surcapacité sont apparus, les compagnies aériennes – notamment en Europe – reportant leurs décisions estivales et examinant de plus près les rendements », explique-t-il.
« Au deuxième trimestre, les fournisseurs ACMI ont réagi en assouplissant leurs tarifs et en proposant des contrats à plus court terme, ce qui a entraîné une réinitialisation du marché. Les données recueillies conjointement par ACC Aviation et ch-aviation indiquent une hausse de 14 % en 2025 par rapport à la même période de 2024, ce qui augure d'une nouvelle année record, même si celle-ci sera marquée par la volatilité plutôt que par une croissance régulière.L’étude d’ACC Aviation confirme que l’Europe demeure le principal marché ACMI, représentant environ 51 % des heures de vol réservées en 2025. Toutefois, cette part devrait diminuer face à la demande croissante en Afrique et en Amérique du Sud. La croissance se dessine également en Asie en cette fin d’année, avec des compagnies comme IndiGo et SpiceJet qui explorent des solutions ACMI flexibles. L’Afrique poursuit son expansion grâce à des opérateurs tels que Royal Air Maroc, Tunisair, Air Algérie et certaines compagnies nigérianes.

À l'horizon 2026, les clients ACMI se montrent de plus en plus prudents, réservant plus tard et privilégiant la maîtrise des coûts. Les rendements et la rentabilité restent sous pression, tandis que certaines compagnies low-cost qui tentent de se reconvertir dans les opérations ACMI rencontrent des difficultés. Néanmoins, l'Asie et l'Afrique continuent d'offrir de nouvelles perspectives de croissance, et plusieurs fournisseurs ACMI ont déjà signé des contrats pluriannuels, signe d'une maturité croissante dans ce segment flexible.

 

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12/11/2025 17:20
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Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)

Dave Williams, directeur du leasing chez ACC Aviation, un fournisseur de premier plan de services ACMI, d'affrètement et de conseil, a analysé avec son équipe les performances du marché depuis le début de l'année. « Malgré les difficultés d'approvisionnement, les retards de livraison d'aéronefs et la hausse des coûts, la trajectoire à long terme du secteur est celle d'une reprise et d'une réinvention constantes. Le message des leaders des secteurs aérien, du leasing et de l'ACMI est clair : l'aviation traverse un monde incertain en position de force. »

Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)
Transport aérien : "Une croissance résiliente, malgré l'incertitude mondiale" (ACC Aviation)

Un optimisme prudent. C'est de cette manière que l'on pourrait qualifier l'analyse faite par Dave Williams, directeur du leasing chez ACC Aviation, pour décrire l'état du marché mondial du transport aérien mondial et plus spécifiquement le secteur de l'ACMI ("Aircraft, Crew, Maintenance and Insurance"), c'est à dire la location d'avions avec équipage, le secteur de prédilection de ACC Aviation. "L'industrie aéronautique mondiale aborde les derniers mois de 2025 avec un optimisme prudent. La demande des passagers reste forte, les flottes sont sollicitées mais stables, et les compagnies aériennes continuent de faire preuve d'une remarquable agilité pour s'adapter aux turbulences géopolitiques et économiques", explique Dave Williams dans un communiqué. 

Forte progression de trafic en Asie-Pacifique

Le trafic aérien mondial continue de progresser, l'IATA faisant état d'une hausse de 4,6 % de la demande totale de passagers et d'un coefficient d'occupation mondial de 86 %, un niveau record. Les voyages internationaux constituent le principal moteur de croissance, avec une augmentation de 6,6 % sur un an, tirée par une forte progression de 9,8 % en Asie-Pacifique. Les marchés intérieurs restent stables, mais leur activité est plus modérée. « Les compagnies aériennes ont géré leurs capacités avec prudence, maintenant des coefficients d'occupation élevés, mais leurs marges sont faibles », observe Williams. « Le bénéfice par siège du secteur s'élevait en moyenne à 6,40 $ en 2024, reflétant la hausse des coûts opérationnels et la faible flexibilité tarifaire. Si les grands transporteurs comme Ryanair et Singapore Airlines conservent une forte rentabilité, les opérateurs plus petits et les jeunes compagnies continuent de subir les conséquences de cette situation difficile. ».

Toujours des défis sur la supply chain 

Les pénuries d'avions et de moteurs persistent. Les retards d'Airbus et de Boeing ont contraint les opérateurs à maintenir en service plus longtemps les appareils les plus anciens, ce qui a fait grimper les tarifs de location des avions en milieu de vie. Les loueurs et les compagnies aériennes investissent de plus en plus dans les stocks de pièces détachées – et, dans certains cas, démantèlent des avions récents pour récupérer des composants – afin de garantir la continuité des opérations. Les délais d'intervention pour la maintenance des moteurs et les grandes révisions restent deux fois plus longs qu'avant la pandémie, et aucune amélioration significative n'est attendue avant 2027. Les compagnies aériennes ont recours à des programmes de facturation à l'heure de vol (PBH) pour atténuer les risques liés à la maintenance.L'industrie aéronautique est confrontée à une convergence de pressions structurelles et géopolitiques : l'instabilité mondiale, due aux conflits en cours en Europe, au Moyen-Orient et en Asie ; l'incertitude commerciale et tarifaire, alors que les gouvernements revoient leurs politiques industrielles et leurs alliances commerciales ; la fragilité des chaînes d'approvisionnement, qui continue d'affecter la disponibilité des pièces et les rythmes de production ; l'évolution technologique rapide, avec l'IA et l'automatisation qui transforment les opérations et la maintenance ; le défi de la durabilité, car la transition vers la neutralité carbone reste coûteuse et inégale ; les pénuries de main-d'œuvre et de compétences, notamment dans les domaines de l'ingénierie et des opérations aériennes. « Pourtant, malgré ces complexités, les atouts fondamentaux du secteur – la résilience, l’innovation et la demande mondiale – continuent de stimuler sa croissance », remarque Williams.

La flotte mondiale devrait doubler d'ici 2043

Selon ACC Aviation, l'expansion des réseaux aériens s'est accélérée en 2024 et 2025. Les compagnies aériennes ont inauguré 3 593 nouvelles liaisons l'an dernier, dont plus de la moitié desservaient des destinations auparavant non couvertes. Les États-Unis ont enregistré le plus grand nombre de nouvelles liaisons, tandis que l'aéroport de Kuala Lumpur a accueilli le plus grand nombre de nouveaux vols. Les compagnies à bas prix ont dominé cette croissance, l'Airbus A320 étant l'appareil le plus fréquemment utilisé sur ces nouvelles lignes. Malgré quelques faillites ou procédures de redressement judiciaire (Chapitre 11) de compagnies aériennes, notamment Play et Spirit, le marché reste équilibré, les nouveaux entrants et les alliances contribuant au dynamisme concurrentiel. Les prévisions concernant la flotte restent optimistes. La flotte commerciale mondiale devrait doubler d'ici 2043, avec plus de 23 000 appareils supplémentaires. Les compagnies à bas prix devraient capter environ 50 % de la capacité mondiale de sièges, consolidant ainsi leur position dominante. Les monocouloirs de nouvelle génération, notamment l'A321LR/XLR, représenteront environ 25 % des nouvelles commandes au cours de la prochaine décennie. Ces appareils permettent des liaisons plus longues avec une consommation de carburant réduite, ouvrant de nouvelles perspectives de marché pour les compagnies aériennes traditionnelles et hybrides.

Nouvelle année record pour le secteur ACMI ? 

Le secteur ACMI a connu l'une de ses années les plus turbulentes et dynamiques depuis la COVID-19. Qualifiée de « montagnes russes » par Williams, l'année 2025 a été marquée par une extrême volatilité des capacités, des prix et de la répartition géographique. « Après le boom post-COVID, 2024 a marqué le sommet du marché ACMI, avec une activité dépassant pour la première fois le million d'heures de vol. Le début de 2025 s'est bien déroulé, mais dès le premier trimestre, des signes de surcapacité sont apparus, les compagnies aériennes – notamment en Europe – reportant leurs décisions estivales et examinant de plus près les rendements », explique-t-il.
« Au deuxième trimestre, les fournisseurs ACMI ont réagi en assouplissant leurs tarifs et en proposant des contrats à plus court terme, ce qui a entraîné une réinitialisation du marché. Les données recueillies conjointement par ACC Aviation et ch-aviation indiquent une hausse de 14 % en 2025 par rapport à la même période de 2024, ce qui augure d'une nouvelle année record, même si celle-ci sera marquée par la volatilité plutôt que par une croissance régulière.L’étude d’ACC Aviation confirme que l’Europe demeure le principal marché ACMI, représentant environ 51 % des heures de vol réservées en 2025. Toutefois, cette part devrait diminuer face à la demande croissante en Afrique et en Amérique du Sud. La croissance se dessine également en Asie en cette fin d’année, avec des compagnies comme IndiGo et SpiceJet qui explorent des solutions ACMI flexibles. L’Afrique poursuit son expansion grâce à des opérateurs tels que Royal Air Maroc, Tunisair, Air Algérie et certaines compagnies nigérianes.

À l'horizon 2026, les clients ACMI se montrent de plus en plus prudents, réservant plus tard et privilégiant la maîtrise des coûts. Les rendements et la rentabilité restent sous pression, tandis que certaines compagnies low-cost qui tentent de se reconvertir dans les opérations ACMI rencontrent des difficultés. Néanmoins, l'Asie et l'Afrique continuent d'offrir de nouvelles perspectives de croissance, et plusieurs fournisseurs ACMI ont déjà signé des contrats pluriannuels, signe d'une maturité croissante dans ce segment flexible.

 



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