Avec le début de l'offensive, les différents avions cargos ne pouvaient plus directement atterrir en Ukraine. La Pologne a donc mis à disposition l'un de ses aéroports. Ce dernier offre plusieurs avantages clés pour la bonne continuation des aides militaires mais aussi humanitaires à l'Ukraine. La sécurité de cet aéroport a d'ailleurs été fortement augmentée face aux différentes menaces de la Russie.
Un ballet d'avions cargos vers Kiev
Bien avant le début du conflit, de nombreux pays ont transféré des armes à l'Ukraine. Ces transports étaient très majoritairement effectués par des avions de transport militaire tactiques, stratégiques, ou encore par des avions cargo civils. Cependant, depuis le 24 février, l'espace aérien ukrainien est entièrement fermé : aucun vol ou atterrissage n'est possible. C'est aussi le cas pour les décollages : les avions encore stationnés en Ukraine et qui n'ont pas eu l'occasion de décoller avec les hostilités, ne peuvent reprendre les airs, comme le démontre les deux avions de transport A400M turcs encore présents à Kiev (plus de précisions dans cet article). Cette fermeture implique donc une redirection des aides aérotransportées vers un aéroport proche de l'Ukraine.
La ville de Rzeszow... et son aéroport
La ville de Rzeszow est située en Pologne, dans la région des Basses-Carpates. D'un point de vue géostratégique, la ville offre plusieurs avantages :
- Elle à la fois située proche de la frontière ukrainienne (80 km), mais éloignées des positions russes en Biélorussie.
- Un axe autoroutier international important passe au Nord de la ville : l'autoroute E40/A4 reliant Katowice (Silésie, Pologne) à Lviv (Lviv, Ukraine), cette dernière ville étant à seulement 150 km de Rzeszow.
- Enfin, la ville dispose d'un aéroport situé juste au dessus de l'E40/A4 : il s'agit d'un aéroport international disposant d'une petite piste de 975 m de long pour 13 m de large mais aussi et surtout, d'une piste principale mesurant 3.200 m de long pour 45 mètres de largeur. Cependant, l'aéroport ne comprend pas d'une installation cargo et le terminal passager est très petit : l'aéroport n'est pas conçu pour recevoir un nombre élevé d'appareils.
Un aéroport devenu stratégique...
Les limites capacitaires de l'aéroport lui permet tout de même d’accueillir simultanément 3 avions de transport tactiques. Un pont aérien est donc rapidement établi : à cause du manque de place pour de grands appareils militaires, les rotations sont étalées en fonction de la taille et de la demande des Forces aériennes.
Ce "petit" aéroport ne se limite pas à des appareils tactiques puisque le 20 avril dernier en début de soirée, il était possible d'apercevoir un avion de transport stratégique C-5 Galaxy américain qui se posait à Rzeszow. Celui-ci a décollé depuis les États-Unis en effectuant une escale technique au Canada. Il s'agit du plus gros transporteur en service au sein de l'USAF : à lui seul, il peut emporter 129 tonnes d'équipements divers, en ce compris des hélicoptères ou des chars de combat.
Un peu plus d'une heure après, l'A400M belge redécollait. Celui-ci effectuait un vol humanitaire puisqu'il transportait vers la Belgique 70 jeunes ukrainiens de Boutcha. L'image ci-dessous montre également un autre vol assez rare : l'A310 espagnol était présent sur l'aéroport pour transporter le Premier Ministre espagnol depuis l'Espagne. Celui-ci a ensuite continué son trajet vers Kiev par voie terrestre afin de rencontrer le Président ukrainien Zelensky.
... et assez bien défendu !
Une fois les avions à terre, le matériel est déchargé sur des camions ukrainiens qui transportent alors directement leur précieuse marchandise vers les zones de conflit (matériels militaires) ou vers les zones dans le besoin (aide humanitaire). Cependant, cet aéroport est aussi devenu une cible potentielle d'un sabotage russe et la sécurité a été drastiquement relevée. Un détachement polonais et américain est sur place afin d'aider au déchargement des avions mais aussi pour sécuriser la zone. D'ailleurs, la base sert aussi de hub logistique pour le contingent de la 82ème division aéroportée américaine, positionnée à 45 km au Nord-Ouest de cet aéroport (aéroport de Milec).
Cette sécurisation devient rapidement insuffisante lorsque le Président russe Poutine menace ouvertement de lancer des missiles de croisières sur les centres logistiques des aides allouées à l'Ukraine. Ainsi, au début du mois de mars, les Américains décident de déployer deux batteries anti-aériennes longue portée MIM-104 Patriot. Ces deux batteries permettent d'établir une défense aérienne et anti-missile à longue distance. D'après plusieurs médias américains, l'aéroport est aussi protégé par d'autres "équipements militaires stratégiquement positionnés sur les collines avoisinantes". Enfin, la Pologne dispose d'une couverture aérienne consolidée : le balais constant de ravitailleurs sur la Pologne indique clairement que des chasseurs Eurofighter allemands, F-15 américains, Rafale français,... patrouillent dans le ciel polonais aux côtés des avions de la Forces aérienne polonaise.