Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement
Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement
© Asman Technology

publié le 12 novembre 2024 à 12:22

1224 mots

Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement

Quatre ans seulement après sa création, le Pôle aéronautique de Jonzac prend rapidement de l’importance. Désigné à présent Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, il sera l’un des vecteurs du développement des activités de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le domaine de l’aéromobilité verte et durable de demain.


Clin d'oeil à Antoine de Saint-Exupéry

Au sein des nouvelles pépites de l’industrie aéronautique, spatiale et défense en Nouvelle-Aquitaine, le Pôle aéronautique de Jonzac tient assurément toute sa place. C’est, en effet, sous l’impulsion de Claude Belot, maire de Jonzac et président de la Communautés de communes de la Haute-Saintonge, que ce nouvel outil au service du développement économique du territoire a vu le jour en 2020. 

Il n’est, cependant, pas parti d’une feuille blanche. Il s’est appuyé sur l’existence de l’aérodrome de Jonzac-Neulles dont l’origine remonte au 17 juin 1940, date à laquelle les champs de la plaine de la Grand Vau ont servi d’escale au groupe de reconnaissance II/33 auquel appartenait Antoine de Saint-Exupéry. Surtout, c’est le bitumage en 2019 de la piste de 1 376 m de longueur et de 23 mètres de largeur qui a marqué le coup d’envoi de la structuration du plus récent pôle aéronautique érigé en Nouvelle-Aquitaine. Cette piste fixe les ordres de grandeur des programmes ou des activités qui pourront être réalisés sur le site.

À cette piste s’est ajoutée une pépinière d’entreprises aéronautiques qui a ouvert ses portes le 16 novembre 2020 ainsi qu’une nouvelle station d’avitaillement délivrant du JET A1 et de l’AVGAS 100LL, 24h/24 par automate. Ce sont au global huit M€ qui ont été, ainsi, investis dans la première phase du projet. 

Investissements en propre

Sur les trois premières entreprises qui ont intégré les 1 800 m² de la pépinière d’entreprises, deux sont déjà parties. Il s’agit de Adair Formation et de Time to Fly. Depuis, ces sociétés spécialisées respectivement dans la formation aéronautique (10 salariés) et le conseil pour une aviation sûre et durable ont rejoint Bordeaux pour poursuivre leur développement. « C’est bien la preuve que l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry est bien dans son rôle d’incubateurs d’idées nouvelles », souligne Jannick Aubier, Chef du Pôle aéronautique de Jonzac. 

Mais pas seulement puisqu’il y a aussi et surtout des entreprises qui restent. C’est en particulier le cas d’Asman Technology qui a effectué en 2021 un saut de puce depuis Pons (Charente-Maritime) pour s’implanter à Jonzac. Spécialisée dans la surveillance aérienne légère clés en main, la société se sent, depuis, pousser des ailes. Elle va, en effet, engager 2,5 M€ dans la construction d’un hangar destiné à abriter ses activités. 

Asman Technology et H3 Grob Aircraft

Livrable fin 2025 / début 2026, ce nouveau bâtiment de 1 500 m² accueillera, notamment, son atelier de maintenance agréé PART M et PART ML pour moteurs à pistons et turbines (nommé Asman Aéro Services) mais aussi le Vulcanair P68 Observer que la société vient d’acquérir. Aux compétences actuelles reposant sur des plateformes ULM (ARLA600) ou drones (Phaeton 200) vient donc s’ajouter une activité de gestion de capteurs et d’intégration de systèmes de transmission permettant l’échange de données de missions, de situations tactiques ou de flux vidéo. Huit ans après sa création, Asman Technology est, ainsi, devenue l’un des porte-drapeaux de l’Aéropôle avec un effectif d’une quinzaine de salariés. 

Dans une démarche identique à celle d’Asman Technology, H3 Grob Aircraft France – arrivé à Jonzac en juin 2021 – s’est doté d’un bâtiment de 2 100 m² pour un coût de 2 M€. Il est devenu opérationnel fin 2022. Doté d’un agrément de production d’avions couvrant son programme d’avion d’entraînement léger à turbopropulseur 120TP, cette société réalise également des câblages pour les avions qu’elle produit. Elle s’est, par ailleurs, engagée dans une démarche de création d’une entité de formation (ATO) destinée à former des pilotes. Ainsi, elle sera en mesure d’offrir une prestation globale incluant la fourniture des avions et la formation de leurs pilotes. 

L’arrivée de Daher

Enfin, et pour ce qui représente la plus grosse opération à venir, Daher est intéressé par le projet de futur hangar de 6 000 m² prévu pour démarrer en février 2025. Présent jusqu’à ces dernières années sur la base aérienne de Cognac à la faveur d’un contrat de maintien en condition opérationnelle (MCO) dont les activités ont évolué depuis, Daher se redéployerait donc à Jonzac-Neulles. Un tiers de la surface du bâtiment de 8 M€, financé par la Communautés des Communes de la Haute-Saintonge, et disposant d’un accès piste, serait consacré à l’activité MCO, les deux tiers restants étant dévolus à la logistique. Nul doute ici que l’implantation de Daher servirait de vitrine mais aussi de locomotive pour l’accueil de nouvelles entreprises.

Perspectives prometteuses autour de l’avion décarboné

L’une d’entre elles s’est, d’ailleurs, déjà fait connaître. Il s’agit de PL Conception, société spécialisée dans l’ingénierie aéronautique et la motorisation électrique. Elle vient tout juste de rejoindre la pépinière d’entreprises aéronautiques. Mais elle prévoit dès maintenant de faire construire un bâtiment de 400 m². Il deviendra opérationnel courant 2025. D’autres pourraient suivre puisque l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry entend bien capitaliser sur le soutien d’Aerospace Valley et de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du programme MAELE (Mobilité Aérienne Légère Environnementalement responsable) pour attirer de nouvelles entreprises. Il se met donc en position de monter en gamme sur l’avion décarboné, les projets menés dans le cadre de la certification aviation légère CS-23 pouvant aussi adresser les besoins de l’aviation commerciale (certification CS-25). 

Déjà, des études sont menées pour augmenter la puissance électrique disponible sur le site. Au-delà de la couverture des bâtiments par des panneaux photovoltaïques, c’est bien un changement de dimension qui est prévu à cet effet. Le renforcement du réseau haute tension devrait, en effet, multiplier par cinq ou six sa puissance. « Il nous permettra demain d’accueillir de nouveaux modes de propulsion. Nous mettons donc tout en œuvre pour que les travaux puissent commencer l’année prochaine. Dès 2026, nous serons ainsi parés pour faire face à tous les besoins liés au programme MAELE et à d’autres projets de développement », indique Jannick Aubier. 

En marge du renforcement du réseau électrique, l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry a d’ores et déjà conduit l’augmentation de ses surfaces foncières pour accueillir de nouvelles entreprises. La Communautés de communes de la Haute-Saintonge a fait l’acquisition de 100 000 m² de terrains privés en complément des terrains déjà disponibles dans l’emprise de l’aérodrome. Ces surfaces cumulées, domaine public et domaine privé, permettent à elles seules d’envisager la construction de près de 20 000 m² de hangars aéronautiques supplémentaires avec accès directs à la piste. 

300 emplois d’ici à quelques années

Ainsi, et d’ici à quelques années, l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry pourrait concentrer 300 emplois environ et une dizaine d’entreprises. Ne bénéficiant pas d’aides spécifiques à l’implantation, les nouvelles entreprises tout comme celles déjà implantées profiteront, cependant, d’une fiscalité allégée compte tenu que Jonzac est située en zone de revitalisation rurale. Cela devrait constituer un nouvel atout, l’Aéropôle pouvant aussi capitaliser sur son emplacement à une vingtaine de minutes seulement de l’autoroute A10 Paris-Bordeaux. 

Si l’allongement de la piste Code B2 n’est pas prévu à ce stade, sa longueur est, toutefois, largement suffisante pour accueillir des avions d’affaires d’une masse maximale au décollage de 20 tonnes et d’une envergure de 24 m. Ouverte à la Circulation Aérienne Publique en VFR de jour comme de nuit, bientôt dotée d’une procédure d’approche IFR par GNSS, la piste constitue donc un autre atout pour le développement du territoire. Depuis, l’aviation d’affaires portée par l’activité des spiritueux et du monde de la tonnellerie se développe. Le terrain est aussi utilisé pour certaines sessions d’entraînement réalisées par Airbus Flight Academy en sus de l’utilisation des installations d’Angoulême où elle est basée. 

Commentaires
12/11/2024 12:22
1224 mots

Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement

Quatre ans seulement après sa création, le Pôle aéronautique de Jonzac prend rapidement de l’importance. Désigné à présent Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry, il sera l’un des vecteurs du développement des activités de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le domaine de l’aéromobilité verte et durable de demain.

Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement
Le Pôle aéronautique de Jonzac fourmille de projets de développement

Clin d'oeil à Antoine de Saint-Exupéry

Au sein des nouvelles pépites de l’industrie aéronautique, spatiale et défense en Nouvelle-Aquitaine, le Pôle aéronautique de Jonzac tient assurément toute sa place. C’est, en effet, sous l’impulsion de Claude Belot, maire de Jonzac et président de la Communautés de communes de la Haute-Saintonge, que ce nouvel outil au service du développement économique du territoire a vu le jour en 2020. 

Il n’est, cependant, pas parti d’une feuille blanche. Il s’est appuyé sur l’existence de l’aérodrome de Jonzac-Neulles dont l’origine remonte au 17 juin 1940, date à laquelle les champs de la plaine de la Grand Vau ont servi d’escale au groupe de reconnaissance II/33 auquel appartenait Antoine de Saint-Exupéry. Surtout, c’est le bitumage en 2019 de la piste de 1 376 m de longueur et de 23 mètres de largeur qui a marqué le coup d’envoi de la structuration du plus récent pôle aéronautique érigé en Nouvelle-Aquitaine. Cette piste fixe les ordres de grandeur des programmes ou des activités qui pourront être réalisés sur le site.

À cette piste s’est ajoutée une pépinière d’entreprises aéronautiques qui a ouvert ses portes le 16 novembre 2020 ainsi qu’une nouvelle station d’avitaillement délivrant du JET A1 et de l’AVGAS 100LL, 24h/24 par automate. Ce sont au global huit M€ qui ont été, ainsi, investis dans la première phase du projet. 

Investissements en propre

Sur les trois premières entreprises qui ont intégré les 1 800 m² de la pépinière d’entreprises, deux sont déjà parties. Il s’agit de Adair Formation et de Time to Fly. Depuis, ces sociétés spécialisées respectivement dans la formation aéronautique (10 salariés) et le conseil pour une aviation sûre et durable ont rejoint Bordeaux pour poursuivre leur développement. « C’est bien la preuve que l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry est bien dans son rôle d’incubateurs d’idées nouvelles », souligne Jannick Aubier, Chef du Pôle aéronautique de Jonzac. 

Mais pas seulement puisqu’il y a aussi et surtout des entreprises qui restent. C’est en particulier le cas d’Asman Technology qui a effectué en 2021 un saut de puce depuis Pons (Charente-Maritime) pour s’implanter à Jonzac. Spécialisée dans la surveillance aérienne légère clés en main, la société se sent, depuis, pousser des ailes. Elle va, en effet, engager 2,5 M€ dans la construction d’un hangar destiné à abriter ses activités. 

Asman Technology et H3 Grob Aircraft

Livrable fin 2025 / début 2026, ce nouveau bâtiment de 1 500 m² accueillera, notamment, son atelier de maintenance agréé PART M et PART ML pour moteurs à pistons et turbines (nommé Asman Aéro Services) mais aussi le Vulcanair P68 Observer que la société vient d’acquérir. Aux compétences actuelles reposant sur des plateformes ULM (ARLA600) ou drones (Phaeton 200) vient donc s’ajouter une activité de gestion de capteurs et d’intégration de systèmes de transmission permettant l’échange de données de missions, de situations tactiques ou de flux vidéo. Huit ans après sa création, Asman Technology est, ainsi, devenue l’un des porte-drapeaux de l’Aéropôle avec un effectif d’une quinzaine de salariés. 

Dans une démarche identique à celle d’Asman Technology, H3 Grob Aircraft France – arrivé à Jonzac en juin 2021 – s’est doté d’un bâtiment de 2 100 m² pour un coût de 2 M€. Il est devenu opérationnel fin 2022. Doté d’un agrément de production d’avions couvrant son programme d’avion d’entraînement léger à turbopropulseur 120TP, cette société réalise également des câblages pour les avions qu’elle produit. Elle s’est, par ailleurs, engagée dans une démarche de création d’une entité de formation (ATO) destinée à former des pilotes. Ainsi, elle sera en mesure d’offrir une prestation globale incluant la fourniture des avions et la formation de leurs pilotes. 

L’arrivée de Daher

Enfin, et pour ce qui représente la plus grosse opération à venir, Daher est intéressé par le projet de futur hangar de 6 000 m² prévu pour démarrer en février 2025. Présent jusqu’à ces dernières années sur la base aérienne de Cognac à la faveur d’un contrat de maintien en condition opérationnelle (MCO) dont les activités ont évolué depuis, Daher se redéployerait donc à Jonzac-Neulles. Un tiers de la surface du bâtiment de 8 M€, financé par la Communautés des Communes de la Haute-Saintonge, et disposant d’un accès piste, serait consacré à l’activité MCO, les deux tiers restants étant dévolus à la logistique. Nul doute ici que l’implantation de Daher servirait de vitrine mais aussi de locomotive pour l’accueil de nouvelles entreprises.

Perspectives prometteuses autour de l’avion décarboné

L’une d’entre elles s’est, d’ailleurs, déjà fait connaître. Il s’agit de PL Conception, société spécialisée dans l’ingénierie aéronautique et la motorisation électrique. Elle vient tout juste de rejoindre la pépinière d’entreprises aéronautiques. Mais elle prévoit dès maintenant de faire construire un bâtiment de 400 m². Il deviendra opérationnel courant 2025. D’autres pourraient suivre puisque l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry entend bien capitaliser sur le soutien d’Aerospace Valley et de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du programme MAELE (Mobilité Aérienne Légère Environnementalement responsable) pour attirer de nouvelles entreprises. Il se met donc en position de monter en gamme sur l’avion décarboné, les projets menés dans le cadre de la certification aviation légère CS-23 pouvant aussi adresser les besoins de l’aviation commerciale (certification CS-25). 

Déjà, des études sont menées pour augmenter la puissance électrique disponible sur le site. Au-delà de la couverture des bâtiments par des panneaux photovoltaïques, c’est bien un changement de dimension qui est prévu à cet effet. Le renforcement du réseau haute tension devrait, en effet, multiplier par cinq ou six sa puissance. « Il nous permettra demain d’accueillir de nouveaux modes de propulsion. Nous mettons donc tout en œuvre pour que les travaux puissent commencer l’année prochaine. Dès 2026, nous serons ainsi parés pour faire face à tous les besoins liés au programme MAELE et à d’autres projets de développement », indique Jannick Aubier. 

En marge du renforcement du réseau électrique, l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry a d’ores et déjà conduit l’augmentation de ses surfaces foncières pour accueillir de nouvelles entreprises. La Communautés de communes de la Haute-Saintonge a fait l’acquisition de 100 000 m² de terrains privés en complément des terrains déjà disponibles dans l’emprise de l’aérodrome. Ces surfaces cumulées, domaine public et domaine privé, permettent à elles seules d’envisager la construction de près de 20 000 m² de hangars aéronautiques supplémentaires avec accès directs à la piste. 

300 emplois d’ici à quelques années

Ainsi, et d’ici à quelques années, l’Aéropôle Antoine de Saint-Exupéry pourrait concentrer 300 emplois environ et une dizaine d’entreprises. Ne bénéficiant pas d’aides spécifiques à l’implantation, les nouvelles entreprises tout comme celles déjà implantées profiteront, cependant, d’une fiscalité allégée compte tenu que Jonzac est située en zone de revitalisation rurale. Cela devrait constituer un nouvel atout, l’Aéropôle pouvant aussi capitaliser sur son emplacement à une vingtaine de minutes seulement de l’autoroute A10 Paris-Bordeaux. 

Si l’allongement de la piste Code B2 n’est pas prévu à ce stade, sa longueur est, toutefois, largement suffisante pour accueillir des avions d’affaires d’une masse maximale au décollage de 20 tonnes et d’une envergure de 24 m. Ouverte à la Circulation Aérienne Publique en VFR de jour comme de nuit, bientôt dotée d’une procédure d’approche IFR par GNSS, la piste constitue donc un autre atout pour le développement du territoire. Depuis, l’aviation d’affaires portée par l’activité des spiritueux et du monde de la tonnellerie se développe. Le terrain est aussi utilisé pour certaines sessions d’entraînement réalisées par Airbus Flight Academy en sus de l’utilisation des installations d’Angoulême où elle est basée. 



Commentaires