La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde
La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde
© NASA

La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde

Chaque fin de semaine, une image qui a fait l’actualité ou retenu notre attention. Le 1er novembre, la sonde américaine Lucy, en route vers les astéroïdes troyens de Jupiter, a croisé un petit astéroïde de la ceinture principale interne, dénommé Dinkinesh.


A l’assaut des troyens de Jupiter…

Lancée en octobre 2021, Lucy est une sonde spatiale du programme Discovery de la NASA proposé par l’incroyable centre de recherche privé Southwest Research Institute (SwRI), dont le siège se situe à San Antonio, au Texas.

Sa mission, très ambitieuse et d’une durée de 12 ans, a pour objectif de survoler pas moins de 10 astéroïdes, et d’en étudier la géophysique et l’astrophysique, pour notamment valider ou infirmer le modèle de Nice : cette ambition est déjà une audace en soi !

Mais, parmi les astéroïdes visés, Lucy sera la première sonde spatiale à étudier des troyens de Jupiter.

Ces petits corps solides, partagent l'orbite de la planète géante autour du Soleil, aux alentours des points de Lagrange L4 et L5 du système Soleil-Jupiter, et sont plus précisément localisés 60° avant et après Jupiter.

 

… pour des survols en grand nombre

La liste des astéroïdes visés est tout bonnement incroyable.

Citons (52246) Donaldjohanson, que Lucy croisera le 20 avril 2025 à 922 km de distance ; le couple (3548) Eurybate et son compagnon Queta, le 12 août 2027 à 1 000 km ; ou (15094) Polymèle et son compagnon récemment découvert et non encore nommé, le 15 septembre 2027 à 434 km.

Il faudra attendre le 18 avril 2028 pour survoler (11351) Leucos, à 1 000 km de distance, puis le 11 novembre 2028 (21900) Oros, également à 1 000 km, et enfin le 3 mars 2033 l’engin croisera le système binaire (617) Patrocle / Ménétios à plus de 1 075 km de distance.

 

Invité de dernière minute

En attendant, les choses sérieuses ont déjà commencé le 1er novembre 2023 à 16 h 54 UTC, quand Lucy a survolé l’astéroïde (152830) Dinkinesh, à la vitesse de 4,5 km/s et à 425 km de distance. Ce survol n’était initialement pas prévu au programme et a été décidé (pour tester les instruments de bord) en janvier 2023, soit après le lancement de la sonde.

(152830) Dinkinesh est un astéroïde de type S dont la taille est d’environ 790 m.

Les quelques photos prises par la caméra L'LORRI de l’engin ont permis de découvrir que ce petit corps planétaire est en fait un système binaire, et qu’il possède un compagnon de 220 m de diamètre environ, qu’il restera à nommer.

Comme les astéroïdes (101955) Bénou et (162173) Ryugu, explorés par la sonde Osiris-REx de la NASA (récupérée sur Terre le 24 septembre dernier), Dinkinesh et son compagnon orbital comportent chacun ce qui ressemble à un bourrelet équatorial, comme une sorte de dorsale compressive, dont la nature précise n’est pas encore déterminée.

Quoiqu’il en soit, les clichés révèlent déjà une surface générale peu cratérisée, constellée de blocs de relative petites tailles.

Sérendipité ? Non, il n’y a en fait pas de grande surprise à la lecture de ces résultats préliminaires.

 

Gilles Dawidowicz

Vice-président de la Société Astronomique de France

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La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde

Chaque fin de semaine, une image qui a fait l’actualité ou retenu notre attention. Le 1er novembre, la sonde américaine Lucy, en route vers les astéroïdes troyens de Jupiter, a croisé un petit astéroïde de la ceinture principale interne, dénommé Dinkinesh.

La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde
La sonde américaine Lucy survole son premier astéroïde

A l’assaut des troyens de Jupiter…

Lancée en octobre 2021, Lucy est une sonde spatiale du programme Discovery de la NASA proposé par l’incroyable centre de recherche privé Southwest Research Institute (SwRI), dont le siège se situe à San Antonio, au Texas.

Sa mission, très ambitieuse et d’une durée de 12 ans, a pour objectif de survoler pas moins de 10 astéroïdes, et d’en étudier la géophysique et l’astrophysique, pour notamment valider ou infirmer le modèle de Nice : cette ambition est déjà une audace en soi !

Mais, parmi les astéroïdes visés, Lucy sera la première sonde spatiale à étudier des troyens de Jupiter.

Ces petits corps solides, partagent l'orbite de la planète géante autour du Soleil, aux alentours des points de Lagrange L4 et L5 du système Soleil-Jupiter, et sont plus précisément localisés 60° avant et après Jupiter.

 

… pour des survols en grand nombre

La liste des astéroïdes visés est tout bonnement incroyable.

Citons (52246) Donaldjohanson, que Lucy croisera le 20 avril 2025 à 922 km de distance ; le couple (3548) Eurybate et son compagnon Queta, le 12 août 2027 à 1 000 km ; ou (15094) Polymèle et son compagnon récemment découvert et non encore nommé, le 15 septembre 2027 à 434 km.

Il faudra attendre le 18 avril 2028 pour survoler (11351) Leucos, à 1 000 km de distance, puis le 11 novembre 2028 (21900) Oros, également à 1 000 km, et enfin le 3 mars 2033 l’engin croisera le système binaire (617) Patrocle / Ménétios à plus de 1 075 km de distance.

 

Invité de dernière minute

En attendant, les choses sérieuses ont déjà commencé le 1er novembre 2023 à 16 h 54 UTC, quand Lucy a survolé l’astéroïde (152830) Dinkinesh, à la vitesse de 4,5 km/s et à 425 km de distance. Ce survol n’était initialement pas prévu au programme et a été décidé (pour tester les instruments de bord) en janvier 2023, soit après le lancement de la sonde.

(152830) Dinkinesh est un astéroïde de type S dont la taille est d’environ 790 m.

Les quelques photos prises par la caméra L'LORRI de l’engin ont permis de découvrir que ce petit corps planétaire est en fait un système binaire, et qu’il possède un compagnon de 220 m de diamètre environ, qu’il restera à nommer.

Comme les astéroïdes (101955) Bénou et (162173) Ryugu, explorés par la sonde Osiris-REx de la NASA (récupérée sur Terre le 24 septembre dernier), Dinkinesh et son compagnon orbital comportent chacun ce qui ressemble à un bourrelet équatorial, comme une sorte de dorsale compressive, dont la nature précise n’est pas encore déterminée.

Quoiqu’il en soit, les clichés révèlent déjà une surface générale peu cratérisée, constellée de blocs de relative petites tailles.

Sérendipité ? Non, il n’y a en fait pas de grande surprise à la lecture de ces résultats préliminaires.

 

Gilles Dawidowicz

Vice-président de la Société Astronomique de France



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