Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services
Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services
© Nuclétudes

publié le 14 juin 2024 à 16:00

1208 mots

Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services

Reconnue pour son savoir-faire dans le domaine de la dissuasion, la société francilienne Nuclétudes entend profiter des besoins découlant de la cybersécurité et du New Space pour compléter ses offres de services. Elle va, à cette fin, engager le plus important programme d’investissement de son histoire.


Profiter de la vitrine d’Eurosatory 2024

Près de soixante ans après sa création aux Ulis (Essonne), Nuclétudes aurait très bien pu rester focalisée sur le seul marché de la dissuasion, son véritable cœur de métier. Mais la PME de 85 personnes spécialisée dans la protection des systèmes et des équipements complexes en environnements radiatifs et électromagnétiques sévères entend bien aujourd’hui élargir la palette de ses activités en s’engageant sur de nouveaux projets. Et la filiale à 99,9% d’ArianeGroup souhaite, à présent, le faire savoir. 

Comment ? En devenant, par exemple, exposant pour la première fois au Salon Eurosatory 2024 (17-21 juin 2024). Comme l’explique son président-directeur-général, Thibault Cheviron, « notre stratégie est de valoriser toutes les compétences de pointe héritées de la dissuasion. Aussi, nous souhaitons nous renforcer dans d’autres secteurs de la Défense tels que le durcissement d’infrastructure et la cybersécurité. À la convergence de ces deux sujets, on trouve notamment le risque lié aux signaux parasites compromettants également appelé menace TEMPEST, c’est l’une des raisons de notre présence à Eurosatory 2024. Ces signaux sont, en effet, susceptibles de compromettre la confidentialité des informations traitées par un système d’information. Ils peuvent se propager par rayonnement électrique dans l’air ou par conduction sur les conducteurs métalliques ». 

S’adapter aux spécificités du New Space 

Déjà présente dans le spatial depuis une dizaine d’années avec de grands acteurs comme Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space, Nuclétudes y accompagne les équipementiers pour la conception de produits, la caractérisation et la qualification de composants électroniques en environnement radiatif naturel. Mais elle s’adapte aussi aux besoins spécifiques du New Space. « Nous cherchons à accompagner les équipementiers du New Space sur leurs cycles de développement d’autant qu’ils ne possèdent généralement pas d’équipes spécialisées dans les radiations. Déjà effectif depuis près de 2 ans, notre apport aux acteurs du New Space réside dans notre capacité à les épauler sur le dimensionnement des contraintes, à leur apporter l’expertise pour identifier les parties potentiellement critiques et dimensionner les protections au juste besoin. En résumé, nous sommes, en quelque sorte, un bureau d’étude déporté pour concevoir une électronique devant continuer à fonctionner en environnement sévère », explique Florent Miller, directeur général adjoint de Nuclétudes. 

Vingt campagnes d’essais en simultané

C’est dans ce cadre qu’elle vient de lancer un programme d’investissement de 5 M€, entièrement financés sur fonds propres. Répondant au nom de CoPERNIC, ce projet vise à la doter d’un moyen d’essais en dose ionisante pour la simulation accélérée des effets de dégradation de l’électronique des satellites liés aux radiations. Sur un tel moyen d’irradiation, environ 3 semaines d’essais suffisent à reproduire les contraintes reçues par un satellite au terme de quinze à vingt années d’activité. Au sein de ce nouveau bâtiment de plus de 500 m² dont 250 m² de laboratoires et zones d’essais pourront être menés plus d’une vingtaine de campagne d’essais en parallèle, chacune adressant plus d’une dizaine de composants à tester. Avec une disponibilité garantie élevée et une organisation industrielle adaptée, c’est, ainsi, une capacité annuelle de plus de 250 campagnes d’essais qui sera, ainsi, proposée aux acteurs du spatial. Ce moyen d’essais sera adapté à tester des composants discrets, de puissance, des composants radio-fréquences, des circuits intégrés complexes,…

S'adaptant aux évolutions du secteur, ces campagnes pourront également adresser des essais au niveau des cartes électroniques telles que des cartes de puissance, de traitement numérique, de conversion du signal, etc. 

Destiné à être mis en service au cours du dernier trimestre de l’année 2025, CoPERNIC est donc appelé à véritablement révolutionner la capacité de traitement d’essais de Nuclétudes. Actuellement, le nombre d’essais pouvant être conduits en parallèle n’est que de trois sur une installation majoritairement utilisée pour les besoins de la dissuasion. Cette capacité sera donc multipliée par sept ! Nul doute que la société en assurera la promotion lors du prochain congrès européen radiations RADECS qui se tiendra aux Canaries en septembre 2024. D’autant que les premiers coups de pioche de CoPERNIC viendront tout juste d’être donnés. 

Redondance électrique

À cet investissement va s’ajouter celui lié à la rénovation complète du site des Ulis. À la faveur d’un investissement de 3 M€, tous les bâtiments historiques vont faire peau neuve. Au-delà de les adapter aux normes environnementales actuelles, l’accent sera mis sur la mise en œuvre d’une redondance électrique des installations, notamment pendant les week-ends. Car « la norme spatiale nous impose de ne pas avoir d’interruption d’irradiation supérieure à deux heures. Le risque associé aux coupures d’électricité doit donc être maitrisé. Cela passera par le redimensionnement du transformateur électrique et par la mise en place d’un groupe électrogène de secours. Ainsi, nos nouveaux moyens nous permettront de garantir la poursuite des essais en cas d’aléas sur le réseau électrique et ce, pour une durée supérieure à 72 heures », indique Florent Miller. 

Au global, les 8 M€ investis dans cette double opération correspondront au plus important programme d’investissement jamais mené par l’entreprise. 

Outil beaucoup plus industriel

Cet outil beaucoup plus industriel d’essais de caractérisation des composants positionne donc idéalement la société sur des projets menés en partenariat. C’est en particulier le cas pour des travaux conduits avec l’IRT Saint Exupéry. Ils s’inscrivent dans le cadre de l’électrification des systèmes, notamment pour les domaines du spatial, de l’aéronautique, du ferroviaire ou de l’automobile. Comme cette électrification s’appuie sur de nouvelles technologies de composants, le travail de Nuclétudes consiste à adapter ses méthodologies et ses outils pour caractériser le comportement en environnement sévère de ces nouvelles technologies. L’entreprise est ainsi présente depuis Juin 2023, et pour une durée de 48 mois, sur le projet SiCRET+ autour des composants de puissance à base de carbure de silicium ainsi que sur le projet GaNRET dédié aux composants de puissance à base de nitrure de gallium. Ce dernier a débuté en mars 2022 et se terminera au printemps 2026. 

Discrétion autour de la dissuasion

Nuclétudes est, en revanche, beaucoup plus discrète sur ses activités réalisées dans la dissuasion. Tout juste Thibault Cheviron consent-il à indiquer que « ce secteur a compté pour 95% de l’activité de l’entreprise durant la crise COVID ». La société profite, cependant, de la dernière Loi de Programmation Militaire qui renforce la dissuasion sur l’ensemble de ses moyens. « Notre mission est et restera », ainsi que le souligne son dirigeant, « de définir, puis de garantir les solutions de protection des vecteurs stratégiques et de certains satellites afin d’améliorer leur survivabilité en environnement extrêmement sévère ». 

D’ici à cinq ans, Nuclétudes devrait avoir bien changé surtout qu’elle pourrait aussi profiter de ses compétences pour adresser le secteur de l’énergie, notamment autour de projets relatifs à la fusion nucléaire ou encore les problématiques liées aux radiations au niveau du sol pour les voitures autonomes par exemple. Son chiffre d’affaires de 16 M€ en 2023 pourrait, en effet, atteindre 20 à 25 M€. En outre, et preuve que son modèle économique sera devenu plus robuste, sa répartition par activité devrait être modifiée comme suit : 70% dans le secteur de la dissuasion et 30% dans des activités de diversification. L’export pourrait potentiellement atteindre 10% à cette même échéance. Enfin, et en prolongement de la création de 15 emplois, essentiellement des ingénieurs et des techniciens, pour armer le moyen CoPERNIC, la PME devrait poursuivre ses recrutements pour les porter à un maximum de 150 personnes. 

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14/06/2024 16:00
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Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services

Reconnue pour son savoir-faire dans le domaine de la dissuasion, la société francilienne Nuclétudes entend profiter des besoins découlant de la cybersécurité et du New Space pour compléter ses offres de services. Elle va, à cette fin, engager le plus important programme d’investissement de son histoire.

Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services
Eurosatory 2024 : Nuclétudes étoffe son offre de services

Profiter de la vitrine d’Eurosatory 2024

Près de soixante ans après sa création aux Ulis (Essonne), Nuclétudes aurait très bien pu rester focalisée sur le seul marché de la dissuasion, son véritable cœur de métier. Mais la PME de 85 personnes spécialisée dans la protection des systèmes et des équipements complexes en environnements radiatifs et électromagnétiques sévères entend bien aujourd’hui élargir la palette de ses activités en s’engageant sur de nouveaux projets. Et la filiale à 99,9% d’ArianeGroup souhaite, à présent, le faire savoir. 

Comment ? En devenant, par exemple, exposant pour la première fois au Salon Eurosatory 2024 (17-21 juin 2024). Comme l’explique son président-directeur-général, Thibault Cheviron, « notre stratégie est de valoriser toutes les compétences de pointe héritées de la dissuasion. Aussi, nous souhaitons nous renforcer dans d’autres secteurs de la Défense tels que le durcissement d’infrastructure et la cybersécurité. À la convergence de ces deux sujets, on trouve notamment le risque lié aux signaux parasites compromettants également appelé menace TEMPEST, c’est l’une des raisons de notre présence à Eurosatory 2024. Ces signaux sont, en effet, susceptibles de compromettre la confidentialité des informations traitées par un système d’information. Ils peuvent se propager par rayonnement électrique dans l’air ou par conduction sur les conducteurs métalliques ». 

S’adapter aux spécificités du New Space 

Déjà présente dans le spatial depuis une dizaine d’années avec de grands acteurs comme Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space, Nuclétudes y accompagne les équipementiers pour la conception de produits, la caractérisation et la qualification de composants électroniques en environnement radiatif naturel. Mais elle s’adapte aussi aux besoins spécifiques du New Space. « Nous cherchons à accompagner les équipementiers du New Space sur leurs cycles de développement d’autant qu’ils ne possèdent généralement pas d’équipes spécialisées dans les radiations. Déjà effectif depuis près de 2 ans, notre apport aux acteurs du New Space réside dans notre capacité à les épauler sur le dimensionnement des contraintes, à leur apporter l’expertise pour identifier les parties potentiellement critiques et dimensionner les protections au juste besoin. En résumé, nous sommes, en quelque sorte, un bureau d’étude déporté pour concevoir une électronique devant continuer à fonctionner en environnement sévère », explique Florent Miller, directeur général adjoint de Nuclétudes. 

Vingt campagnes d’essais en simultané

C’est dans ce cadre qu’elle vient de lancer un programme d’investissement de 5 M€, entièrement financés sur fonds propres. Répondant au nom de CoPERNIC, ce projet vise à la doter d’un moyen d’essais en dose ionisante pour la simulation accélérée des effets de dégradation de l’électronique des satellites liés aux radiations. Sur un tel moyen d’irradiation, environ 3 semaines d’essais suffisent à reproduire les contraintes reçues par un satellite au terme de quinze à vingt années d’activité. Au sein de ce nouveau bâtiment de plus de 500 m² dont 250 m² de laboratoires et zones d’essais pourront être menés plus d’une vingtaine de campagne d’essais en parallèle, chacune adressant plus d’une dizaine de composants à tester. Avec une disponibilité garantie élevée et une organisation industrielle adaptée, c’est, ainsi, une capacité annuelle de plus de 250 campagnes d’essais qui sera, ainsi, proposée aux acteurs du spatial. Ce moyen d’essais sera adapté à tester des composants discrets, de puissance, des composants radio-fréquences, des circuits intégrés complexes,…

S'adaptant aux évolutions du secteur, ces campagnes pourront également adresser des essais au niveau des cartes électroniques telles que des cartes de puissance, de traitement numérique, de conversion du signal, etc. 

Destiné à être mis en service au cours du dernier trimestre de l’année 2025, CoPERNIC est donc appelé à véritablement révolutionner la capacité de traitement d’essais de Nuclétudes. Actuellement, le nombre d’essais pouvant être conduits en parallèle n’est que de trois sur une installation majoritairement utilisée pour les besoins de la dissuasion. Cette capacité sera donc multipliée par sept ! Nul doute que la société en assurera la promotion lors du prochain congrès européen radiations RADECS qui se tiendra aux Canaries en septembre 2024. D’autant que les premiers coups de pioche de CoPERNIC viendront tout juste d’être donnés. 

Redondance électrique

À cet investissement va s’ajouter celui lié à la rénovation complète du site des Ulis. À la faveur d’un investissement de 3 M€, tous les bâtiments historiques vont faire peau neuve. Au-delà de les adapter aux normes environnementales actuelles, l’accent sera mis sur la mise en œuvre d’une redondance électrique des installations, notamment pendant les week-ends. Car « la norme spatiale nous impose de ne pas avoir d’interruption d’irradiation supérieure à deux heures. Le risque associé aux coupures d’électricité doit donc être maitrisé. Cela passera par le redimensionnement du transformateur électrique et par la mise en place d’un groupe électrogène de secours. Ainsi, nos nouveaux moyens nous permettront de garantir la poursuite des essais en cas d’aléas sur le réseau électrique et ce, pour une durée supérieure à 72 heures », indique Florent Miller. 

Au global, les 8 M€ investis dans cette double opération correspondront au plus important programme d’investissement jamais mené par l’entreprise. 

Outil beaucoup plus industriel

Cet outil beaucoup plus industriel d’essais de caractérisation des composants positionne donc idéalement la société sur des projets menés en partenariat. C’est en particulier le cas pour des travaux conduits avec l’IRT Saint Exupéry. Ils s’inscrivent dans le cadre de l’électrification des systèmes, notamment pour les domaines du spatial, de l’aéronautique, du ferroviaire ou de l’automobile. Comme cette électrification s’appuie sur de nouvelles technologies de composants, le travail de Nuclétudes consiste à adapter ses méthodologies et ses outils pour caractériser le comportement en environnement sévère de ces nouvelles technologies. L’entreprise est ainsi présente depuis Juin 2023, et pour une durée de 48 mois, sur le projet SiCRET+ autour des composants de puissance à base de carbure de silicium ainsi que sur le projet GaNRET dédié aux composants de puissance à base de nitrure de gallium. Ce dernier a débuté en mars 2022 et se terminera au printemps 2026. 

Discrétion autour de la dissuasion

Nuclétudes est, en revanche, beaucoup plus discrète sur ses activités réalisées dans la dissuasion. Tout juste Thibault Cheviron consent-il à indiquer que « ce secteur a compté pour 95% de l’activité de l’entreprise durant la crise COVID ». La société profite, cependant, de la dernière Loi de Programmation Militaire qui renforce la dissuasion sur l’ensemble de ses moyens. « Notre mission est et restera », ainsi que le souligne son dirigeant, « de définir, puis de garantir les solutions de protection des vecteurs stratégiques et de certains satellites afin d’améliorer leur survivabilité en environnement extrêmement sévère ». 

D’ici à cinq ans, Nuclétudes devrait avoir bien changé surtout qu’elle pourrait aussi profiter de ses compétences pour adresser le secteur de l’énergie, notamment autour de projets relatifs à la fusion nucléaire ou encore les problématiques liées aux radiations au niveau du sol pour les voitures autonomes par exemple. Son chiffre d’affaires de 16 M€ en 2023 pourrait, en effet, atteindre 20 à 25 M€. En outre, et preuve que son modèle économique sera devenu plus robuste, sa répartition par activité devrait être modifiée comme suit : 70% dans le secteur de la dissuasion et 30% dans des activités de diversification. L’export pourrait potentiellement atteindre 10% à cette même échéance. Enfin, et en prolongement de la création de 15 emplois, essentiellement des ingénieurs et des techniciens, pour armer le moyen CoPERNIC, la PME devrait poursuivre ses recrutements pour les porter à un maximum de 150 personnes. 



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