Défense : Sabena technics veut capitaliser sur son expérience en France pour exporter davantage demain
Défense : Sabena technics veut capitaliser sur son expérience en France pour exporter davantage demain
© Sabena technics

publié le 24 avril 2025 à 10:50

1926 mots

Défense : Sabena technics veut capitaliser sur son expérience en France pour exporter davantage demain

Hervé Grandjean, nouveau PDG de Sabena Technics, veut faire décoller l'export militaire (5% du chiffre d'affaires) en tirant parti des atouts déjà détenus dans les affaires gouvernementales françaises (45% du chiffre d'affaires).


Quelle est votre stratégie défense pour Sabena technics ?

Sabena technics a connu une croissance importante depuis 6 ans, et nous sommes désormais dans une phase de consolidation pour finaliser la bonne intégration de nos différentes filiales au sein du groupe. 85% de nos 4 000 collaborateurs et de notre chiffre d'affaires sont en France et dans les DOM-TOM, et les 15% restants en Tunisie, à Dubaï, et à Singapour. Dans la défense, hormis les chasseurs, les AWACS, et le Tigre ou le NH90, il n'y a pas une voilure fixe ou tournante du ministère des Armées dont Sabena technics ne s’occupe pas, en étant dans un rôle soit de titulaire, soit de sous-traitant. Nous sommes très fiers de nous occuper de toutes ces flottes du ministère des Armées, et nous souhaitons conserver ce positionnement dans le temps. Les projets gouvernementaux français représentent 40% de notre chiffre d'affaires, et le ministère des Armées est de loin notre premier client. Notre stratégie sur le marché gouvernemental vise à capitaliser sur notre expérience en France, pour exporter davantage demain, puisque l'export militaire ne représente aujourd’hui que 5% de notre chiffre d'affaires, et c’est un axe majeur de développement pour Sabena technics.

En quoi consistent ces activités export ?

Ce sont des activités très variées, et nous pouvons citer l'entretien des Canadair pour la Grèce, réalisé à Nîmes, ou bien des intégrations de systèmes d'autoprotection d'avions, comme on l'a fait pour l'A330 AUG en France. Nous avons déjà réalisé ce même type d’intégration pour près d'une dizaine de pays, et sur une quinzaine d'avions. Cette activité est un de nos best-sellers à l'export, et l’une de nos forces est notre capacité à intégrer tout type de senseur sur n’importe quelle plate-forme, puisque nous avons les qualifications pour la très grande majorité des familles d'avions. 

Notre stratégie défense vise donc à consolider le marché français, en délivrant une performance maximale à notre client, et ensuite, un relais de croissance naturel qui est de regarder l'export pour augmenter nos parts de marché à l’international. Sabena technics possède aujourd’hui un business très équilibré entre civil et militaire, et c'est une force que je souhaite conserver. La plupart de nos sites sont polyvalents, civils et militaires, et c’est un atout. Les programmes militaires sont souvent très complexes : il ne s’agit pas juste de faire des chantiers avions ou hélicoptères, mais bien d’assurer des prestations complètes de MCO, incluant la logistique, le suivi de navigabilité, la réparation des équipements : c’est un « concours complet » en somme, qui nous apprend à gérer la complexité et le temps long. Le marché civil consiste davantage en des chantiers « spot », dans un contexte de concurrence mondiale très intense. 

Vous avez gagné les grandes visites des Phénix en sous-traitance d'Airbus, comment expliquer le décalage du début des travaux dans le hall Mercure à Istres ? Quelle cadence voulez-vous tenir par la suite ?

Depuis un certain nombre d'années, nous faisons déjà des checks de MRTT, en sous-traitance d'Airbus. Nous sommes fiers d’être en charge notamment des visites 6 ans, 12 ans, et de la gestion d'un guichet logistique sur la base aérienne d’Istres. Airbus nous a fait confiance en nous attribuant un contrat de sous-traitance pour le MCO de ces avions, notifié en 2024. Actuellement, nous effectuons les chantiers à Nîmes, et le client est tout à fait satisfait du respect des délais de ces grandes visites, avec pour objectif de se déployer le plus rapidement possible dans le hangar Mercure à Istres. Nous venons d’ailleurs de signer un bail avec la société d'économie mixte Jean Sarrail pour la mise à disposition d'un hall Mercure remis aux normes, qui devrait nous permettre de prendre possession des lieux dès que possible, en tant que locataires. Le principe de la colocalisation des chantiers de maintenance et de l’utilisateur final apportera beaucoup de valeur à l’armée de l’Air et de l’Espace, en permettant à Sabena technics de la servir au plus près. Mais le sujet de la réhabilitation du hangar Mercure ne dépend pas de moi, et pour ma part, je souhaite avoir deux plots mis à disposition aussi vite que possible dans les mois qui viennent, et dans tous les cas pas plus tard qu’au 1er semestre 2026. 

Les deux slots que vous évoquez sont un minimum ? Avez-vous des espoirs d'y ajouter de la charge export et serait-ce rentable pour un opérateur de MRTT qui vient de très loin ?

Oui, deux slots représentent bien le minimum, et il y a en effet la possibilité d'en faire trois au sein du hangar Mercure. Ce n'est pas prévu aujourd'hui, mais si Airbus et nous y voyons un intérêt conjoint, le principe d’une troisième baie est un projet que nous pourrions regarder. Aujourd’hui, nous constatons chez Sabena technics que des clients sont prêts à faire un long chemin en ferry flight pour réaliser un chantier de maintenance chez un MRO de qualité. 

Vous avez été et restez actifs sur le Falcon 50M (rétrofit Triton) et l'ATL-2 (rétrofit des standard 6), avez-vous des prétentions sur leurs successeurs, l'Albatros qui arrive dès l'an prochain et l'A321, attendu sous dix ans ?

Ce sont des sujets à discuter avec Dassault Aviation et Airbus. Nous participons déjà à l’entretien des Falcon gouvernementaux, en sous-traitance de Dassault Aviation. Nous serions ravis d’offrir nos capacités et nos compétences sur d’autres flottes. Concernant le successeur de l'ATL-2, Sabena technics peut bien sûr faire valoir ses capacités de bureaux d'études et d’intégrateur de modifications lourdes et complexes, comme nous l’avons démontré sur la rénovation avionique du C-130H ou les modifications d'avions gouvernementaux. 

Vous avez remis de la disponibilité sur les Cougar et Caracal français, avec quels résultats ?

Effectivement, c'est une flotte que nous sommes heureux d'entretenir, avec un client très satisfait. Six Cougar sont entièrement soutenus à Pau depuis septembre 2024, et ils ont fait 7 600 heures de vol depuis le début du marché, en 2019. C'est un bon modèle qui démontre qu’une prise en charge complète d’une flotte par un industriel comme Sabena technics, incluant la maintenance en ligne, la maintenance lourde, l’ingénierie et la navigabilité, fournit de bons résultats. Pour ce qui concerne les Cougar et Caracal, nous avons réalisé à Toussus-le-Noble 14 visites périodiques (VP) de Caracal et une grande visite (GV), trois VP de Cougar et une GV. À Pau, 20 VP et deux GV de Cougar, ainsi qu'une VP de Caracal ont été menées. Je rappelle que Sabena technics avait pris la décision de s'installer à Pau en 2017, deux ans avant de remporter le marché des Cougar et Caracal. Cela démontre que lorsqu’on prend un risque et qu'on se rapproche du client, c'est une approche payante. Sur le même principe que le marché Chelem et sa flotte intégralement soutenue, nous entretenons complètement cinq des 40 Fennec de l'armée de l'Air et de l'Espace à Orange. Les autres appareils font l'objet de VP et GV sur notre site de Marseille, où nous entretenons aussi des Gazelle et des Puma, sur une douzaine de plots.

Avez-vous des ambitions d'embarquer sur le MCO du NH90, et sur celui du H160, pour lequel vous soutenez déjà l'appareil loué à la Douane...

500 NH90 sont en service dans le monde (dont 20% en France, NDLR), mais pour l'instant nous n'avons pas de contrat. Je souhaiterais -comme pour le H160- que Sabena technics puisse se développer sur ces activités. 

La Douane se dit très satisfaite de l'externalisation du H160 aux Antilles...

Cela illustre l’évolution d’une approche patrimoniale vers la location de services, que Marc Howyan, directeur de la maintenance aéronautique, préfigurait dans une interview à Air et Cosmos il y a quelques mois. Pour certaines flottes de transport, de formation, de mission, on observe cette réorientation des autorités françaises vers la location de services. Nous avons ainsi investi sur le H160 sans client de lancement, et trouvé ensuite l'intérêt de la Douane. Nous avons, par la suite, intégré la caméra Euroflir 410 sur cet appareil. En termes de disponibilité, si on exclut la durée du chantier d’intégration de la caméra, la disponibilité de la machine a été de 90%, en 2024, et je crois pouvoir dire que les opérationnels sont satisfaits. Le contrat porte sur huit ans, une tranche ferme de quatre ans, et deux tranches optionnelles de deux ans. 

Le marché de location pour 10 ans des Dauphin FI à la Marine, a représenté un véritable chemin de croix, quand aurez-vous terminé la livraison de tous les appareils au standard 100 et suivants ?

La réalisation de modifications lourdes d'aéronefs est techniquement très complexe, et c’est ce à quoi nous avons été confrontés dans ce marché notifié en 2019. Depuis le rachat de Héli-Union par Sabena technics en 2022, notre bureau d'études apporte sa force de frappe pour aider à finaliser l'intégration de ces modifications. Aujourd'hui, nous avons 9 des 12 machines en ligne de vol et les trois dernières devraient suivre d'ici la fin de l'année. Il restera à appliquer la mise à niveau des différents standards sur les machines. Tous ces standards devraient être qualifiés d'ici la fin de l'année. 

La saison des feux va bientôt commencer, avec chaque année un challenge de faire beaucoup voler les avions dans peu de temps, y compris depuis des bases déployées, quelles précautions avez-vous prises cette année ?

La saison feux et sa réussite sont déterminantes pour Sabena technics, et c'est une responsabilité essentielle pour notre site de Nîmes. Nous sommes fiers de soutenir les 12 Canadair, 8 Dash et 3 Beech de la Sécurité Civile, et c'est un engagement de tous les instants. Nous nous occupons à la fois des maintenances lourdes et de la maintenance en ligne en hiver, pendant la période d’entraînement des pilotes, et tout au long de la saison des feux qui commence en juin. Nous finissons en ce moment les maintenances lourdes pour repartir avec un plein potentiel, avec déjà six Canadair prêts en sortie de période hivernale pour l'entraînement et les qualifications des pilotes. En saison feux, notre objectif est de nous approcher autant que possible des 12 Canadair disponibles. Nous mettrons des moyens supplémentaires cette année, avec 15 nouveaux pistards. Les Canadair ont 30 ans de moyenne d'âge, avec des obsolescences ou des mauvais fonctionnements récurrents sur certains systèmes, et nous prenons donc les devants, en rénovant certains éléments qui peuvent poser problème pour la bonne réalisation des missions des Canadair. Cela passe aussi par un travail étroit avec l’avionneur De Havilland. Je tiens à souligner le dialogue d’une très grande qualité que nous entretenons avec la Sécurité Civile, sous l’impulsion de son directeur général, le préfet Julien Marion. 

Quelles sont vos ambitions dans l'ISR et en avez-vous d'autres pour par exemple, louer des heures de vol de jet à la Marine pour la succession des Falcon 10 Mer (marché Balbuzard) ?

Nous avons eu la chance d'avoir récemment une visite du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau au Touquet pour constater ce que nous faisons sur le terrain, notamment pour la surveillance du trait de côte entre le Tréport et Dunkerque. Toutes les nuits, pilotes et avions de Sabena technics, en lien avec la police et la gendarmerie au sol, contribuent à prévenir les migrations illicites. Nous procédons aussi à des mises à disposition d'avions avec des pilotes de la police dans bon nombre de zones de défense et de sécurité lors d'événements majeurs. Nous sommes très motivés pour accompagner cette croissance du besoin exprimé par le ministère de l’Intérieur. 

Pour le reste, nous avons parfaitement intégré que le ministère des Armées souhaitait désormais évoluer d’une démarche patrimoniale vers une démarche locative, et Sabena technics s’inscrit naturellement dans cette nouvelle orientation stratégique. 

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Hervé Grandjean, nouveau PDG de Sabena Technics, veut faire décoller l'export militaire (5% du chiffre d'affaires) en tirant parti des atouts déjà détenus dans les affaires gouvernementales françaises (45% du chiffre d'affaires).

Défense : Sabena technics veut capitaliser sur son expérience en France pour exporter davantage demain
Défense : Sabena technics veut capitaliser sur son expérience en France pour exporter davantage demain

Quelle est votre stratégie défense pour Sabena technics ?

Sabena technics a connu une croissance importante depuis 6 ans, et nous sommes désormais dans une phase de consolidation pour finaliser la bonne intégration de nos différentes filiales au sein du groupe. 85% de nos 4 000 collaborateurs et de notre chiffre d'affaires sont en France et dans les DOM-TOM, et les 15% restants en Tunisie, à Dubaï, et à Singapour. Dans la défense, hormis les chasseurs, les AWACS, et le Tigre ou le NH90, il n'y a pas une voilure fixe ou tournante du ministère des Armées dont Sabena technics ne s’occupe pas, en étant dans un rôle soit de titulaire, soit de sous-traitant. Nous sommes très fiers de nous occuper de toutes ces flottes du ministère des Armées, et nous souhaitons conserver ce positionnement dans le temps. Les projets gouvernementaux français représentent 40% de notre chiffre d'affaires, et le ministère des Armées est de loin notre premier client. Notre stratégie sur le marché gouvernemental vise à capitaliser sur notre expérience en France, pour exporter davantage demain, puisque l'export militaire ne représente aujourd’hui que 5% de notre chiffre d'affaires, et c’est un axe majeur de développement pour Sabena technics.

En quoi consistent ces activités export ?

Ce sont des activités très variées, et nous pouvons citer l'entretien des Canadair pour la Grèce, réalisé à Nîmes, ou bien des intégrations de systèmes d'autoprotection d'avions, comme on l'a fait pour l'A330 AUG en France. Nous avons déjà réalisé ce même type d’intégration pour près d'une dizaine de pays, et sur une quinzaine d'avions. Cette activité est un de nos best-sellers à l'export, et l’une de nos forces est notre capacité à intégrer tout type de senseur sur n’importe quelle plate-forme, puisque nous avons les qualifications pour la très grande majorité des familles d'avions. 

Notre stratégie défense vise donc à consolider le marché français, en délivrant une performance maximale à notre client, et ensuite, un relais de croissance naturel qui est de regarder l'export pour augmenter nos parts de marché à l’international. Sabena technics possède aujourd’hui un business très équilibré entre civil et militaire, et c'est une force que je souhaite conserver. La plupart de nos sites sont polyvalents, civils et militaires, et c’est un atout. Les programmes militaires sont souvent très complexes : il ne s’agit pas juste de faire des chantiers avions ou hélicoptères, mais bien d’assurer des prestations complètes de MCO, incluant la logistique, le suivi de navigabilité, la réparation des équipements : c’est un « concours complet » en somme, qui nous apprend à gérer la complexité et le temps long. Le marché civil consiste davantage en des chantiers « spot », dans un contexte de concurrence mondiale très intense. 

Vous avez gagné les grandes visites des Phénix en sous-traitance d'Airbus, comment expliquer le décalage du début des travaux dans le hall Mercure à Istres ? Quelle cadence voulez-vous tenir par la suite ?

Depuis un certain nombre d'années, nous faisons déjà des checks de MRTT, en sous-traitance d'Airbus. Nous sommes fiers d’être en charge notamment des visites 6 ans, 12 ans, et de la gestion d'un guichet logistique sur la base aérienne d’Istres. Airbus nous a fait confiance en nous attribuant un contrat de sous-traitance pour le MCO de ces avions, notifié en 2024. Actuellement, nous effectuons les chantiers à Nîmes, et le client est tout à fait satisfait du respect des délais de ces grandes visites, avec pour objectif de se déployer le plus rapidement possible dans le hangar Mercure à Istres. Nous venons d’ailleurs de signer un bail avec la société d'économie mixte Jean Sarrail pour la mise à disposition d'un hall Mercure remis aux normes, qui devrait nous permettre de prendre possession des lieux dès que possible, en tant que locataires. Le principe de la colocalisation des chantiers de maintenance et de l’utilisateur final apportera beaucoup de valeur à l’armée de l’Air et de l’Espace, en permettant à Sabena technics de la servir au plus près. Mais le sujet de la réhabilitation du hangar Mercure ne dépend pas de moi, et pour ma part, je souhaite avoir deux plots mis à disposition aussi vite que possible dans les mois qui viennent, et dans tous les cas pas plus tard qu’au 1er semestre 2026. 

Les deux slots que vous évoquez sont un minimum ? Avez-vous des espoirs d'y ajouter de la charge export et serait-ce rentable pour un opérateur de MRTT qui vient de très loin ?

Oui, deux slots représentent bien le minimum, et il y a en effet la possibilité d'en faire trois au sein du hangar Mercure. Ce n'est pas prévu aujourd'hui, mais si Airbus et nous y voyons un intérêt conjoint, le principe d’une troisième baie est un projet que nous pourrions regarder. Aujourd’hui, nous constatons chez Sabena technics que des clients sont prêts à faire un long chemin en ferry flight pour réaliser un chantier de maintenance chez un MRO de qualité. 

Vous avez été et restez actifs sur le Falcon 50M (rétrofit Triton) et l'ATL-2 (rétrofit des standard 6), avez-vous des prétentions sur leurs successeurs, l'Albatros qui arrive dès l'an prochain et l'A321, attendu sous dix ans ?

Ce sont des sujets à discuter avec Dassault Aviation et Airbus. Nous participons déjà à l’entretien des Falcon gouvernementaux, en sous-traitance de Dassault Aviation. Nous serions ravis d’offrir nos capacités et nos compétences sur d’autres flottes. Concernant le successeur de l'ATL-2, Sabena technics peut bien sûr faire valoir ses capacités de bureaux d'études et d’intégrateur de modifications lourdes et complexes, comme nous l’avons démontré sur la rénovation avionique du C-130H ou les modifications d'avions gouvernementaux. 

Vous avez remis de la disponibilité sur les Cougar et Caracal français, avec quels résultats ?

Effectivement, c'est une flotte que nous sommes heureux d'entretenir, avec un client très satisfait. Six Cougar sont entièrement soutenus à Pau depuis septembre 2024, et ils ont fait 7 600 heures de vol depuis le début du marché, en 2019. C'est un bon modèle qui démontre qu’une prise en charge complète d’une flotte par un industriel comme Sabena technics, incluant la maintenance en ligne, la maintenance lourde, l’ingénierie et la navigabilité, fournit de bons résultats. Pour ce qui concerne les Cougar et Caracal, nous avons réalisé à Toussus-le-Noble 14 visites périodiques (VP) de Caracal et une grande visite (GV), trois VP de Cougar et une GV. À Pau, 20 VP et deux GV de Cougar, ainsi qu'une VP de Caracal ont été menées. Je rappelle que Sabena technics avait pris la décision de s'installer à Pau en 2017, deux ans avant de remporter le marché des Cougar et Caracal. Cela démontre que lorsqu’on prend un risque et qu'on se rapproche du client, c'est une approche payante. Sur le même principe que le marché Chelem et sa flotte intégralement soutenue, nous entretenons complètement cinq des 40 Fennec de l'armée de l'Air et de l'Espace à Orange. Les autres appareils font l'objet de VP et GV sur notre site de Marseille, où nous entretenons aussi des Gazelle et des Puma, sur une douzaine de plots.

Avez-vous des ambitions d'embarquer sur le MCO du NH90, et sur celui du H160, pour lequel vous soutenez déjà l'appareil loué à la Douane...

500 NH90 sont en service dans le monde (dont 20% en France, NDLR), mais pour l'instant nous n'avons pas de contrat. Je souhaiterais -comme pour le H160- que Sabena technics puisse se développer sur ces activités. 

La Douane se dit très satisfaite de l'externalisation du H160 aux Antilles...

Cela illustre l’évolution d’une approche patrimoniale vers la location de services, que Marc Howyan, directeur de la maintenance aéronautique, préfigurait dans une interview à Air et Cosmos il y a quelques mois. Pour certaines flottes de transport, de formation, de mission, on observe cette réorientation des autorités françaises vers la location de services. Nous avons ainsi investi sur le H160 sans client de lancement, et trouvé ensuite l'intérêt de la Douane. Nous avons, par la suite, intégré la caméra Euroflir 410 sur cet appareil. En termes de disponibilité, si on exclut la durée du chantier d’intégration de la caméra, la disponibilité de la machine a été de 90%, en 2024, et je crois pouvoir dire que les opérationnels sont satisfaits. Le contrat porte sur huit ans, une tranche ferme de quatre ans, et deux tranches optionnelles de deux ans. 

Le marché de location pour 10 ans des Dauphin FI à la Marine, a représenté un véritable chemin de croix, quand aurez-vous terminé la livraison de tous les appareils au standard 100 et suivants ?

La réalisation de modifications lourdes d'aéronefs est techniquement très complexe, et c’est ce à quoi nous avons été confrontés dans ce marché notifié en 2019. Depuis le rachat de Héli-Union par Sabena technics en 2022, notre bureau d'études apporte sa force de frappe pour aider à finaliser l'intégration de ces modifications. Aujourd'hui, nous avons 9 des 12 machines en ligne de vol et les trois dernières devraient suivre d'ici la fin de l'année. Il restera à appliquer la mise à niveau des différents standards sur les machines. Tous ces standards devraient être qualifiés d'ici la fin de l'année. 

La saison des feux va bientôt commencer, avec chaque année un challenge de faire beaucoup voler les avions dans peu de temps, y compris depuis des bases déployées, quelles précautions avez-vous prises cette année ?

La saison feux et sa réussite sont déterminantes pour Sabena technics, et c'est une responsabilité essentielle pour notre site de Nîmes. Nous sommes fiers de soutenir les 12 Canadair, 8 Dash et 3 Beech de la Sécurité Civile, et c'est un engagement de tous les instants. Nous nous occupons à la fois des maintenances lourdes et de la maintenance en ligne en hiver, pendant la période d’entraînement des pilotes, et tout au long de la saison des feux qui commence en juin. Nous finissons en ce moment les maintenances lourdes pour repartir avec un plein potentiel, avec déjà six Canadair prêts en sortie de période hivernale pour l'entraînement et les qualifications des pilotes. En saison feux, notre objectif est de nous approcher autant que possible des 12 Canadair disponibles. Nous mettrons des moyens supplémentaires cette année, avec 15 nouveaux pistards. Les Canadair ont 30 ans de moyenne d'âge, avec des obsolescences ou des mauvais fonctionnements récurrents sur certains systèmes, et nous prenons donc les devants, en rénovant certains éléments qui peuvent poser problème pour la bonne réalisation des missions des Canadair. Cela passe aussi par un travail étroit avec l’avionneur De Havilland. Je tiens à souligner le dialogue d’une très grande qualité que nous entretenons avec la Sécurité Civile, sous l’impulsion de son directeur général, le préfet Julien Marion. 

Quelles sont vos ambitions dans l'ISR et en avez-vous d'autres pour par exemple, louer des heures de vol de jet à la Marine pour la succession des Falcon 10 Mer (marché Balbuzard) ?

Nous avons eu la chance d'avoir récemment une visite du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau au Touquet pour constater ce que nous faisons sur le terrain, notamment pour la surveillance du trait de côte entre le Tréport et Dunkerque. Toutes les nuits, pilotes et avions de Sabena technics, en lien avec la police et la gendarmerie au sol, contribuent à prévenir les migrations illicites. Nous procédons aussi à des mises à disposition d'avions avec des pilotes de la police dans bon nombre de zones de défense et de sécurité lors d'événements majeurs. Nous sommes très motivés pour accompagner cette croissance du besoin exprimé par le ministère de l’Intérieur. 

Pour le reste, nous avons parfaitement intégré que le ministère des Armées souhaitait désormais évoluer d’une démarche patrimoniale vers une démarche locative, et Sabena technics s’inscrit naturellement dans cette nouvelle orientation stratégique. 



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