Le mois dernier, un lanceur Vega C a placé sur orbite le satellite d’observation de la Terre européen Biomass. Retour sur l’objectif de la mission : mesurer la masse de carbone séquestrée dans les troncs, les branches et les racines des arbres, en particulier ceux de la forêt tropicale.
Le 29 avril, le quatrième lanceur Vega C a expédié sur orbite héliosynchrone le satellite Biomass de l’Agence spatiale européenne, septième mission Earth Explorer du programme Future EO (pour Earth Observation) – après Goce (mission pour la recherche gravitationnelle lancée en mars 2009), Smos (étude de la salinité des océans, novembre 2009), CryoSat (cartographie de la couverture des glaces, avril 2010), Swarm (cartographie du champs magnétique terrestre, novembre 2013), Aeolus (mesure des vents, août 2018) et EarthCare (mesure du bilan radiatif de la Terre, mai 2024).
La mission Biomass, elle, va être consacrée à l’étude des forêts tropicales.
« Les forêts couvrent 31 % de la surface terrestre et jouent un rôle essentiel dans le cycle du carbone, rappelle Simonetta Cheli, directrice des programmes d'observation de la Terre de l’ESA. C’est encore plus vrai pour les forêts tropicales, qui représentent 45 % des forêts du globe, accueillent 70 % de la biodiversité et disparaissent à raison de 100 km2 par jour. En suivant l’évolution du volume de stockage du carbone dans ces forêts tropicales, nous pourrons comprendre leur réponse au changement climatique. »
Pour Dominique Gilliéron, chef du département des projets d'observation de la Terre à l’Agence spatiale européenne, l’objectif final est de parvenir à « mesurer la masse de carbone séquestrée dans les troncs, les branches et les racines », toute la difficulté étant de parvenir à passer au travers de feuilles des arbres, pour mesurer directement depuis l’espace les troncs, les branches et les racines des arbres.
Pour cela, le satellite de 1 250 kg au décollage est équipé d’un radar à synthèse d’ouverture fonctionnant en bande P, c’est-à-dire à très basse fréquence (435 MHz). C’est la première fois qu’un tel radar est placé sur un satellite : « Les missions Earth Explorer sont l’occasion de tester de nouveau systèmes de mesure, rappelle Dominique Gilliéron. Seuls des avions avaient embarqué ce type de radar jusqu’à présent, mais on ne peut pas demander à des avions de survoler en permanence toutes les forêts du globe... »
Le lancement de Biomass s’annonçait un peu atypique pour un lanceur Vega, devant intervenir tôt le matin (à 6 h 15, heure locale) du fait des caractéristiques particulières de l’orbite visée.
Placé à 666 km d’altitude avec une inclinaison de 98°, le satellite doit fonctionner durant 5,5 ans, avec deux phases distinctes : une première partie de 18 mois consacrée à la tomographie (technique d'imagerie qui permet de visualiser les objets en trois dimensions à partir d’une série d’images en deux dimensions), le reste de la mission laissant la place à l’interférométrie (images acquises suivant deux angles de vue très légèrement différents, afin de fournir une carte d'élévation de la scène).
Pour réceptionner les signaux très faibles du radar, il est nécessaire d’employer une antenne parabolique déployable de grande envergure (12 m de diamètre), appelée LDR (Large Deployable Reflector), qui donne au satellite un aspect très particulier. Les mesures seront effectuées avec un taux de revisite de trois jours et une résolution élevée : 200 m au sol et 15 à 20 m en résolution verticale. Le centre de contrôle de mission est basé au centre ESOC de Darmstadt, en Allemagne, et les données seront d’abord analysées à l’ESRIN de Frascati, en Italie, avant d’être partagées gratuitement avec le monde entier.
Biomass constitue ainsi une mission de première importance, aussi bien d’un point de vue technique (avec une technologie inédite) que d’un point de scientifique (avec les promesses mieux estimer la captation de carbone par la forêt tropicale et de mesurer son évolution comme suite aux changements climatiques), mais aussi d’un point de vue sociétal (avec une Europe de l’espace mobilisée sur les questions environnementales).
Piloté par Airbus Defence and Space au Royaume-Uni (avec un développement du radar en Allemagne), le satellite a été conçu, réalisé et testé par un consortium de plus de 50 entreprises – soit une vingtaine de pays en Europe mais aussi le Canada (qui a fourni l’antenne de calibration installée en Australie) et les Etats-Unis (via la société L3Harris Technologies qui a construit le grand réflecteur déployable).
Le feu vert avait été donné par les Etats membres en février 2015, et Airbus Defence and Space UK s’était vu attribuer la maitrise d’œuvre en mai 2016, dans le cadre d’un contrat de 229 M€.
Le coût total s’élève à 496 M€ (aux conditions économiques de 2024), en comptant le satellite, son lancement, les segments sol et les activités scientifiques. Plus de 700 personnes ont été impliquées sur la mission.
Le mois dernier, un lanceur Vega C a placé sur orbite le satellite d’observation de la Terre européen Biomass. Retour sur l’objectif de la mission : mesurer la masse de carbone séquestrée dans les troncs, les branches et les racines des arbres, en particulier ceux de la forêt tropicale.
Le 29 avril, le quatrième lanceur Vega C a expédié sur orbite héliosynchrone le satellite Biomass de l’Agence spatiale européenne, septième mission Earth Explorer du programme Future EO (pour Earth Observation) – après Goce (mission pour la recherche gravitationnelle lancée en mars 2009), Smos (étude de la salinité des océans, novembre 2009), CryoSat (cartographie de la couverture des glaces, avril 2010), Swarm (cartographie du champs magnétique terrestre, novembre 2013), Aeolus (mesure des vents, août 2018) et EarthCare (mesure du bilan radiatif de la Terre, mai 2024).
La mission Biomass, elle, va être consacrée à l’étude des forêts tropicales.
« Les forêts couvrent 31 % de la surface terrestre et jouent un rôle essentiel dans le cycle du carbone, rappelle Simonetta Cheli, directrice des programmes d'observation de la Terre de l’ESA. C’est encore plus vrai pour les forêts tropicales, qui représentent 45 % des forêts du globe, accueillent 70 % de la biodiversité et disparaissent à raison de 100 km2 par jour. En suivant l’évolution du volume de stockage du carbone dans ces forêts tropicales, nous pourrons comprendre leur réponse au changement climatique. »
Pour Dominique Gilliéron, chef du département des projets d'observation de la Terre à l’Agence spatiale européenne, l’objectif final est de parvenir à « mesurer la masse de carbone séquestrée dans les troncs, les branches et les racines », toute la difficulté étant de parvenir à passer au travers de feuilles des arbres, pour mesurer directement depuis l’espace les troncs, les branches et les racines des arbres.
Pour cela, le satellite de 1 250 kg au décollage est équipé d’un radar à synthèse d’ouverture fonctionnant en bande P, c’est-à-dire à très basse fréquence (435 MHz). C’est la première fois qu’un tel radar est placé sur un satellite : « Les missions Earth Explorer sont l’occasion de tester de nouveau systèmes de mesure, rappelle Dominique Gilliéron. Seuls des avions avaient embarqué ce type de radar jusqu’à présent, mais on ne peut pas demander à des avions de survoler en permanence toutes les forêts du globe... »
Le lancement de Biomass s’annonçait un peu atypique pour un lanceur Vega, devant intervenir tôt le matin (à 6 h 15, heure locale) du fait des caractéristiques particulières de l’orbite visée.
Placé à 666 km d’altitude avec une inclinaison de 98°, le satellite doit fonctionner durant 5,5 ans, avec deux phases distinctes : une première partie de 18 mois consacrée à la tomographie (technique d'imagerie qui permet de visualiser les objets en trois dimensions à partir d’une série d’images en deux dimensions), le reste de la mission laissant la place à l’interférométrie (images acquises suivant deux angles de vue très légèrement différents, afin de fournir une carte d'élévation de la scène).
Pour réceptionner les signaux très faibles du radar, il est nécessaire d’employer une antenne parabolique déployable de grande envergure (12 m de diamètre), appelée LDR (Large Deployable Reflector), qui donne au satellite un aspect très particulier. Les mesures seront effectuées avec un taux de revisite de trois jours et une résolution élevée : 200 m au sol et 15 à 20 m en résolution verticale. Le centre de contrôle de mission est basé au centre ESOC de Darmstadt, en Allemagne, et les données seront d’abord analysées à l’ESRIN de Frascati, en Italie, avant d’être partagées gratuitement avec le monde entier.
Biomass constitue ainsi une mission de première importance, aussi bien d’un point de vue technique (avec une technologie inédite) que d’un point de scientifique (avec les promesses mieux estimer la captation de carbone par la forêt tropicale et de mesurer son évolution comme suite aux changements climatiques), mais aussi d’un point de vue sociétal (avec une Europe de l’espace mobilisée sur les questions environnementales).
Piloté par Airbus Defence and Space au Royaume-Uni (avec un développement du radar en Allemagne), le satellite a été conçu, réalisé et testé par un consortium de plus de 50 entreprises – soit une vingtaine de pays en Europe mais aussi le Canada (qui a fourni l’antenne de calibration installée en Australie) et les Etats-Unis (via la société L3Harris Technologies qui a construit le grand réflecteur déployable).
Le feu vert avait été donné par les Etats membres en février 2015, et Airbus Defence and Space UK s’était vu attribuer la maitrise d’œuvre en mai 2016, dans le cadre d’un contrat de 229 M€.
Le coût total s’élève à 496 M€ (aux conditions économiques de 2024), en comptant le satellite, son lancement, les segments sol et les activités scientifiques. Plus de 700 personnes ont été impliquées sur la mission.
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