Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises
Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises
© US Navy

publié le 15 octobre 2024 à 12:50

1743 mots

Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises

Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman est passé à une dizaine de kilomètres des côtes du Nord de la France. Il se dirige en mer du Nord afin de participer à des exercices avec les pays de la région. Des manœuvres conjointes avec la Royal Navy sont attendues. L’escorte du porte-avions n’est composée que de trois navires, mais ceux-ci emportent un nombre impressionnant de missiles.


Escadre américaine dans la Manche

Ce 14 octobre, les différents sites de live tracking maritimes ont affiché plusieurs navires de guerre américains dans la Manche, en direction de la mer du Nord. Il s'agissait du Carrier Strike Group 8, une escadre aéronavale de la Marine américaine (US Navy) centrée autour du porte-avions USS Harry S. Truman (CVN-75, classe Nimitz). Le compte X du porte-avions (@USSHARRYSTRUMAN) précise que le CSG va s'entrainer avec des Alliés et partenaires en mer du Nord. Il est probable que des manœuvres aéronavales communes seront effectuées avec le porte-avions anglais HMS Prince of Wales. Ce dernier, en préparation à un long déploiement confirmera ses capacités lors de l'exercice Strike Warrior 2024. 

Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer.
Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer. © Marine Traffic
Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer.

Strike Warrior 2024

Le HMS Prince of Wales, son groupe aérien embarqué (F-35B Lightning II et à minima des AW159 Wildcat) sera entouré par les frégates lance-missiles HMS Portland (F79, classe Duke/Type 23) et HMS Iron Duke (F234, classe Duke/Type 23), le destroyer lance-missiles HMS Dauntless (D33, classe Daring/Type 45) et par un sous-marin d'attaque à propulsion nucléaire de la classe Astute. Ils seront soutenus par le ravitailleur RFA Tidespring (A136, classe Tide). Ces navires, avec le porte-avions, formeront alors le Carrier Strike Group 25 (CSG 25). (Royal Navy)

Il est possible que le destroyer lance-missiles américain USS McFaul (DDG-74, classe Arleigh Burke II), participant à l'exercice, soit inclus dans le CSG 25.

L'exercice comprend également des navires du NATO Maritime Group 1 ; la frégate lance-missiles hollandaise HNLMS De Ruyter (F804, classe De Zeven Provinciën), la frégate hollandaise multi-missions HNLMS Van Amstel (F831, classe Karel Doorman), la frégate belge multi-missions BNS Louise-Marie (F931, classe Karel Doorman), la frégate multi-missions NRP Dom Francisco de Almeida (F334, classe Karel Doorman), la corvette FGS Magdeburg (F261, classe Braunschweig) et le navire amiral du SNMG1, le ravitailleur norvégien HNOMS Maud (A530, unique navire de sa classe).

Avec l'arrivée du CSG 8, ce sont donc pas moins de 17 navires de guerre qui s'entraineront en mer du Nord dans un exercice commun. La Royal Air Force participe aussi à l'exercice, avec des appareils chargés de soutenir les opérations anti-sous-marines mais aussi en tant que force d'opposition, afin de tester les défenses aériennes de l'escadre anglaise. Ainsi, durant deux semaines, ils s'entraineront dans des scénarios de lutte anti-sous-marine, contrer des attaques de systèmes dronisés, de défense aérienne, search and rescue,... Enfin, deux Falcon 20 de la société Draken ont été vu en vol dans le nord de l’Écosse, ceux-ci ayant probablement été utilisés en tant que force d'opposition.

Étonnant cap au nord ?

Ce cap au nord étonne avec les tensions au Proche et Moyen-Orient ; l'US Navy avait précédemment déployé le CSG 2, centré autour du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69, classe Nimitz). Cependant, ce dernier est revenu à son port base de Norfolk et le déploiement du USS Harry S. Truman était alors estimé en remplacement du USS Dwight D. Eisenhower. Il semblerait donc que le Pentagone juge la situation autour d'Israël plus stabilisée qu'auparavant. Alors bien évidemment, il est possible que dans les prochains mois, le CGS 8 naviguera en Méditerrané orientale mais cette zone n'est plus prioritaire. À noter que le Moyen-Orient est actuellement "couvert" par l'escadre (CSG 3) du porte-avions USS Abraham Lincoln (CVN-72), naviguant il y a quelques jours dans le nord de la mer d'Arabie (USNI News).

Enfin, le DoD ne délaisse pas Israël, trois destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke sont présents en Méditerranée orientale et une batterie antimissile balistique THAAD de l'US Army est en cours de déploiement en Israël.

Un groupe aérien embarqué

Le cœur même du CSG 8 réside dans le groupe aérien embarqué du porte-avions. Pas moins de quatre escadrons d'avions de combat F/A-18E et/ou F/A-18F Super Hornet sont présents à bord pour assurer des missions de chasse aérienne, de bombardement, lutte antinavire,... Ils côtoient un escadron d'avion de guerre électronique EA-18G Growler, spécialisés dans les missions de suppression des défenses aériennes ennemies (missions SEAD) et de destruction des défenses antiaériennes ennemies (missions DEAD), visant à brouiller ou en tout diminuer l'efficacité de la couverture radar ennemie ou de littéralement détruire les radars ennemis à l'aide de missiles anti-radar AGM-88 HARM.

F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).

Ces cinq escadrons représentent la force de frappe principale de la task force mais elle n'est rien sans ces quatre autres escadrons ; un escadron d'avions de guet aérien et de commandement (AEW&C) embarqués E-2D est présent à bord. Version avancée et modernisée du E-2C Hawkeye, l'E-2D Advanced Hawkeye dispose d'un radar AN/APY-9 plus précis, plus puissant et plus résistant au brouillage. Sa motorisation a été revue par deux Allison T-56-A-427A plus puissants et son autonomie augmentée par l'ajout d'une sonde de ravitaillement.

La logistique mer-terre est assurée par un escadron d'avion de transport embarqué C-2A Greyhound. C'est LE camion du porte-avions ; personnels, pièce de rechange (jusqu'au réacteur d'avion), mail,... il permet de transporter des charges de faible masse et quantité mais importantes pour le bon maintien en service du porte-avions et de son escadre. Il évite de déployer un navire de ravitaillement pour quelques charges ou pire, de devoir dérouter le porte-avions vers un port où sont stockés les pièces nécessaires. Il peut aussi servir d'avion d'évacuation sanitaire.

Et bien évidemment, deux escadrons d'hélicoptères sont intégrés à l'escadre ; le premier est composé d'hélicoptères maritimes multi-missions MH-60S Seahawk (officieusement dénommé Knighthawk), principalement utilisé pour les missions de combat de surface, search and rescue et combat search and rescue (SAR/CSAR), soutien logistique de l'escadre via l'emport sous élingue de charges à transférer vers le porte-avions ou depuis celui-ci au profit des autres navires (VERTREP ou VERTical REPlenishment).

Le second est équipé d'hélicoptères MH-60R Seahawk, spécialisé dans les missions de lutte anti-sous-marines, de guerre de surface, d'évacuation médicale, SAR et CSAR, reconnaissance ou encore de surveillance. Il est possible de les différencier depuis l'extérieur ;

  • le MH-60R est équipé d'un radar sous son ventre, aucun sous le MH-60S,
  • un lanceur de bouées sonar est situé sur la gauche (bâbord) de la cabine à la place de la porte latérale gauche sur le MH-60S,
  • à l'avant, le FLIR est situé vers le haut pour le MH-60R, vers le bas sur le MH-60S,
  • des différences légères au niveau du train d'atterrissage avant mais surtout, un train d'atterrissage arrière central à deux roues sur le MH-60R ou à l'arrière et avec une roue sur le MH-60S.
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).

Trois navires d'escorte

L'escorte comprend trois navires de combat ; l'USS Gettysburg (CG-64, classe Ticonderoga), l'USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) et l'USS Jason Dunham (DDG-109, classe Arleigh Burke IIA) (US Navy). Le premier est un croiseur lance-missiles, équipé de 122 cellules lance-missiles verticales Mk 41 VLS, permettant de protéger l'escadre contre des menaces aériennes (classiques, antimissiles de croisière ou antimissiles balistiques), de surface, terrestres ou encore sous-marines. Ce précédent article précise exactement les capacités des missiles emportés. À cela s'ajoute des capacités de lutte de surface supplémentaires, avec 2x lanceurs inclinés Mk 141 placés sur sa poupe (arrière du croiseur) rajoutant au total 8 missiles antinavires, des capacités antiaériennes et antimissiles rapprochées grâce à deux systèmes CIWS Phalanx,... un radar PESA AN/SPY-1 (4 antennes fixes, permettant une couverture à 360° sur plus de 300 kilomètres), quatre radar illuminateur SPG-62 (utilisé en phase terminale d'interception des missiles SM-2, ESSM et SM-6),...

L'USS Stout est un destroyer lance-missile, soit le navire de combat de surface polyvalent de l'US Navy. Il offre des capacités similaires aux croiseurs mais plus faibles, avec "seulement" 90 Mk 41 VLS et 3 radars SPG-62 mais aussi un nombre identique de Mk 141 (2x 4 missiles antinavires), de Phalanx, radar AN/SPY-1,... Il diffère aussi du USS Jason Dunham malgré le fait qu'il fait partie de la même classe de navire ; la classe Arleigh Burke est scindée en flights (variantes), actuellement Flight I, II, IIA et très récent III. L'USS Jason Dunham appartient au Flight IIA, contrairement à l'USS Stout (Flight I). Il est ainsi plus moderne que l'USS Stout, mais diffère structurellement, avec l'ajout d'un hangar (deux portes) pour hélicoptères ou drones en enlevant notamment les deux lance-missiles antinavires Mk 141, sa capacité en Mk 41 VLS est légèrement augmentée à 96 (contre 90), 1 seul Phalanx (contre 2),...

Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024).
Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024). © US Navy
Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024).

Trois navires de guerre avec beaucoup de missiles

Au final, ces trois navires alignent 324 missiles, ou plutôt plus de 324 missiles car 4 missiles antiaériens moyenne portée RIM-162 ESSM rentrent dans une seule cellule MK 41 VLS. Pour bien se rendre compte de la puissance de feu de ces navires, le cumul des frégates de la classe FREMM et Horizon, au total 8 navires soit presque le triple des navires déployés par l'US Navy dans la Manche, ne permet d’aligner "que" 288 missiles ;

  • Les deux frégates lance-missiles de la classe Horizon dispose de 48 cellules lance-missiles verticales Sylver A-50 ainsi que deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles),
  • Les quatre frégates FREMM ASM (FREgate Multi-Missions de lutte Anti-Sous-Marine) sont équipées de 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A43 ainsi que deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles),
  • Les deux frégates FREMM DA (Défense Aérienne) sont équipées de 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A43, 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A70 et deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles).

Il faut toutefois noter que les bâtiments ne sont pas directement comparables ; comme expliqué précédemment, l'US Navy déploie un croiseur et deux destroyers, or, les 8 navires français décrits ci-dessus sont en réalité deux destroyers (classe Horizon), les 6 FREMM étant de bien plus légères et moins longues frégates.

Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012).
Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012). © US Navy
Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012).
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15/10/2024 12:50
1743 mots

Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises

Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman est passé à une dizaine de kilomètres des côtes du Nord de la France. Il se dirige en mer du Nord afin de participer à des exercices avec les pays de la région. Des manœuvres conjointes avec la Royal Navy sont attendues. L’escorte du porte-avions n’est composée que de trois navires, mais ceux-ci emportent un nombre impressionnant de missiles.

Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises
Un porte-avions américain et sa puissante escadre ont navigué au large des côtes françaises

Escadre américaine dans la Manche

Ce 14 octobre, les différents sites de live tracking maritimes ont affiché plusieurs navires de guerre américains dans la Manche, en direction de la mer du Nord. Il s'agissait du Carrier Strike Group 8, une escadre aéronavale de la Marine américaine (US Navy) centrée autour du porte-avions USS Harry S. Truman (CVN-75, classe Nimitz). Le compte X du porte-avions (@USSHARRYSTRUMAN) précise que le CSG va s'entrainer avec des Alliés et partenaires en mer du Nord. Il est probable que des manœuvres aéronavales communes seront effectuées avec le porte-avions anglais HMS Prince of Wales. Ce dernier, en préparation à un long déploiement confirmera ses capacités lors de l'exercice Strike Warrior 2024. 

Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer.
Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer. © Marine Traffic
Le 14 octobre, le porte-avions américain USS Harry S. Truman et son escadre croisaient à un peu plus de 10 kilomètres au large de Boulogne-sur-Mer.

Strike Warrior 2024

Le HMS Prince of Wales, son groupe aérien embarqué (F-35B Lightning II et à minima des AW159 Wildcat) sera entouré par les frégates lance-missiles HMS Portland (F79, classe Duke/Type 23) et HMS Iron Duke (F234, classe Duke/Type 23), le destroyer lance-missiles HMS Dauntless (D33, classe Daring/Type 45) et par un sous-marin d'attaque à propulsion nucléaire de la classe Astute. Ils seront soutenus par le ravitailleur RFA Tidespring (A136, classe Tide). Ces navires, avec le porte-avions, formeront alors le Carrier Strike Group 25 (CSG 25). (Royal Navy)

Il est possible que le destroyer lance-missiles américain USS McFaul (DDG-74, classe Arleigh Burke II), participant à l'exercice, soit inclus dans le CSG 25.

L'exercice comprend également des navires du NATO Maritime Group 1 ; la frégate lance-missiles hollandaise HNLMS De Ruyter (F804, classe De Zeven Provinciën), la frégate hollandaise multi-missions HNLMS Van Amstel (F831, classe Karel Doorman), la frégate belge multi-missions BNS Louise-Marie (F931, classe Karel Doorman), la frégate multi-missions NRP Dom Francisco de Almeida (F334, classe Karel Doorman), la corvette FGS Magdeburg (F261, classe Braunschweig) et le navire amiral du SNMG1, le ravitailleur norvégien HNOMS Maud (A530, unique navire de sa classe).

Avec l'arrivée du CSG 8, ce sont donc pas moins de 17 navires de guerre qui s'entraineront en mer du Nord dans un exercice commun. La Royal Air Force participe aussi à l'exercice, avec des appareils chargés de soutenir les opérations anti-sous-marines mais aussi en tant que force d'opposition, afin de tester les défenses aériennes de l'escadre anglaise. Ainsi, durant deux semaines, ils s'entraineront dans des scénarios de lutte anti-sous-marine, contrer des attaques de systèmes dronisés, de défense aérienne, search and rescue,... Enfin, deux Falcon 20 de la société Draken ont été vu en vol dans le nord de l’Écosse, ceux-ci ayant probablement été utilisés en tant que force d'opposition.

Étonnant cap au nord ?

Ce cap au nord étonne avec les tensions au Proche et Moyen-Orient ; l'US Navy avait précédemment déployé le CSG 2, centré autour du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69, classe Nimitz). Cependant, ce dernier est revenu à son port base de Norfolk et le déploiement du USS Harry S. Truman était alors estimé en remplacement du USS Dwight D. Eisenhower. Il semblerait donc que le Pentagone juge la situation autour d'Israël plus stabilisée qu'auparavant. Alors bien évidemment, il est possible que dans les prochains mois, le CGS 8 naviguera en Méditerrané orientale mais cette zone n'est plus prioritaire. À noter que le Moyen-Orient est actuellement "couvert" par l'escadre (CSG 3) du porte-avions USS Abraham Lincoln (CVN-72), naviguant il y a quelques jours dans le nord de la mer d'Arabie (USNI News).

Enfin, le DoD ne délaisse pas Israël, trois destroyers lance-missiles de la classe Arleigh Burke sont présents en Méditerranée orientale et une batterie antimissile balistique THAAD de l'US Army est en cours de déploiement en Israël.

Un groupe aérien embarqué

Le cœur même du CSG 8 réside dans le groupe aérien embarqué du porte-avions. Pas moins de quatre escadrons d'avions de combat F/A-18E et/ou F/A-18F Super Hornet sont présents à bord pour assurer des missions de chasse aérienne, de bombardement, lutte antinavire,... Ils côtoient un escadron d'avion de guerre électronique EA-18G Growler, spécialisés dans les missions de suppression des défenses aériennes ennemies (missions SEAD) et de destruction des défenses antiaériennes ennemies (missions DEAD), visant à brouiller ou en tout diminuer l'efficacité de la couverture radar ennemie ou de littéralement détruire les radars ennemis à l'aide de missiles anti-radar AGM-88 HARM.

F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
F/A-18E Super Hornet prêt au catapultage sur le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).

Ces cinq escadrons représentent la force de frappe principale de la task force mais elle n'est rien sans ces quatre autres escadrons ; un escadron d'avions de guet aérien et de commandement (AEW&C) embarqués E-2D est présent à bord. Version avancée et modernisée du E-2C Hawkeye, l'E-2D Advanced Hawkeye dispose d'un radar AN/APY-9 plus précis, plus puissant et plus résistant au brouillage. Sa motorisation a été revue par deux Allison T-56-A-427A plus puissants et son autonomie augmentée par l'ajout d'une sonde de ravitaillement.

La logistique mer-terre est assurée par un escadron d'avion de transport embarqué C-2A Greyhound. C'est LE camion du porte-avions ; personnels, pièce de rechange (jusqu'au réacteur d'avion), mail,... il permet de transporter des charges de faible masse et quantité mais importantes pour le bon maintien en service du porte-avions et de son escadre. Il évite de déployer un navire de ravitaillement pour quelques charges ou pire, de devoir dérouter le porte-avions vers un port où sont stockés les pièces nécessaires. Il peut aussi servir d'avion d'évacuation sanitaire.

Et bien évidemment, deux escadrons d'hélicoptères sont intégrés à l'escadre ; le premier est composé d'hélicoptères maritimes multi-missions MH-60S Seahawk (officieusement dénommé Knighthawk), principalement utilisé pour les missions de combat de surface, search and rescue et combat search and rescue (SAR/CSAR), soutien logistique de l'escadre via l'emport sous élingue de charges à transférer vers le porte-avions ou depuis celui-ci au profit des autres navires (VERTREP ou VERTical REPlenishment).

Le second est équipé d'hélicoptères MH-60R Seahawk, spécialisé dans les missions de lutte anti-sous-marines, de guerre de surface, d'évacuation médicale, SAR et CSAR, reconnaissance ou encore de surveillance. Il est possible de les différencier depuis l'extérieur ;

  • le MH-60R est équipé d'un radar sous son ventre, aucun sous le MH-60S,
  • un lanceur de bouées sonar est situé sur la gauche (bâbord) de la cabine à la place de la porte latérale gauche sur le MH-60S,
  • à l'avant, le FLIR est situé vers le haut pour le MH-60R, vers le bas sur le MH-60S,
  • des différences légères au niveau du train d'atterrissage avant mais surtout, un train d'atterrissage arrière central à deux roues sur le MH-60R ou à l'arrière et avec une roue sur le MH-60S.
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
Décollage d'un hélicoptère MH-60R Seahawk depuis le pont du porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024). © US Navy
Décollage d'un hélicoptère MH-60S Seahawk depuis le porte-avions USS Harry S. Truman (8 octobre 2024).

Trois navires d'escorte

L'escorte comprend trois navires de combat ; l'USS Gettysburg (CG-64, classe Ticonderoga), l'USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) et l'USS Jason Dunham (DDG-109, classe Arleigh Burke IIA) (US Navy). Le premier est un croiseur lance-missiles, équipé de 122 cellules lance-missiles verticales Mk 41 VLS, permettant de protéger l'escadre contre des menaces aériennes (classiques, antimissiles de croisière ou antimissiles balistiques), de surface, terrestres ou encore sous-marines. Ce précédent article précise exactement les capacités des missiles emportés. À cela s'ajoute des capacités de lutte de surface supplémentaires, avec 2x lanceurs inclinés Mk 141 placés sur sa poupe (arrière du croiseur) rajoutant au total 8 missiles antinavires, des capacités antiaériennes et antimissiles rapprochées grâce à deux systèmes CIWS Phalanx,... un radar PESA AN/SPY-1 (4 antennes fixes, permettant une couverture à 360° sur plus de 300 kilomètres), quatre radar illuminateur SPG-62 (utilisé en phase terminale d'interception des missiles SM-2, ESSM et SM-6),...

L'USS Stout est un destroyer lance-missile, soit le navire de combat de surface polyvalent de l'US Navy. Il offre des capacités similaires aux croiseurs mais plus faibles, avec "seulement" 90 Mk 41 VLS et 3 radars SPG-62 mais aussi un nombre identique de Mk 141 (2x 4 missiles antinavires), de Phalanx, radar AN/SPY-1,... Il diffère aussi du USS Jason Dunham malgré le fait qu'il fait partie de la même classe de navire ; la classe Arleigh Burke est scindée en flights (variantes), actuellement Flight I, II, IIA et très récent III. L'USS Jason Dunham appartient au Flight IIA, contrairement à l'USS Stout (Flight I). Il est ainsi plus moderne que l'USS Stout, mais diffère structurellement, avec l'ajout d'un hangar (deux portes) pour hélicoptères ou drones en enlevant notamment les deux lance-missiles antinavires Mk 141, sa capacité en Mk 41 VLS est légèrement augmentée à 96 (contre 90), 1 seul Phalanx (contre 2),...

Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024).
Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024). © US Navy
Destroyer lance-missiles USS Stout (DDG-55, classe Arleigh Burke I) appereillant pour rejoindre l'escadre du porte-avion USS Harry S. Truman (25 septembre 2024).

Trois navires de guerre avec beaucoup de missiles

Au final, ces trois navires alignent 324 missiles, ou plutôt plus de 324 missiles car 4 missiles antiaériens moyenne portée RIM-162 ESSM rentrent dans une seule cellule MK 41 VLS. Pour bien se rendre compte de la puissance de feu de ces navires, le cumul des frégates de la classe FREMM et Horizon, au total 8 navires soit presque le triple des navires déployés par l'US Navy dans la Manche, ne permet d’aligner "que" 288 missiles ;

  • Les deux frégates lance-missiles de la classe Horizon dispose de 48 cellules lance-missiles verticales Sylver A-50 ainsi que deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles),
  • Les quatre frégates FREMM ASM (FREgate Multi-Missions de lutte Anti-Sous-Marine) sont équipées de 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A43 ainsi que deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles),
  • Les deux frégates FREMM DA (Défense Aérienne) sont équipées de 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A43, 16 cellules lance-missiles verticales Sylver A70 et deux plateformes lance-missiles Exocet (2x 4 missiles).

Il faut toutefois noter que les bâtiments ne sont pas directement comparables ; comme expliqué précédemment, l'US Navy déploie un croiseur et deux destroyers, or, les 8 navires français décrits ci-dessus sont en réalité deux destroyers (classe Horizon), les 6 FREMM étant de bien plus légères et moins longues frégates.

Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012).
Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012). © US Navy
Tir de nuit d'un SM-3 depuis les cellules Mk 41 VLS du destroyer lance-missiles USS Fitzgerald (DDG-62) durant un exercice de nuit (25 octobre 2012).


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