Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée
Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée
© RNZAF

publié le 26 janvier 2023 à 17:15

1041 mots

Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée

La Nouvelle-Zélande vient de se séparer de ses derniers P-3K2 Orion. Ces derniers ont effectué un peu moins de 150.000 heures de vol en 57 années de service. Ils ont patrouillé de nombreuses mers, océans et continents. L'un des P-3 Orion néo-zélandais détient même le record du vol le plus long au sein de la flotte mondiale de P-3 Orion. Ces six P-3K2 seront remplacés par quatre P-8A Poseidon.


Un recordman à la retraite

Ce 24 janvier, les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 de la Force aérienne royale néo-zélandaise (RNZAF) ont effectué un dernier vol avant d'être définitivement mis à la retraite. Les premiers appareils seront mis en service en 1966 et la totalité de la flotte d'Orion, soit six appareils, sera opérée au sein du 5ème escadron, basé sur la base aérienne d'Auckland (Auckland, Nouvelle-Zélande). Durant leurs 57 années de services, ces avions patrouilleront les mers du Moyen-Orient, de l'Asie du Sud-Est, européennes, nord-américaines ainsi que des patrouilles en Antarctique et dans l'Arctique. Ces patrouilles sont assez longues : un P-3 coupe généralement l'un de ses quatre moteurs pour pouvoir consommer moins de carburant et allonger son autonomie. Il arrive aussi que certains appareils coupent jusqu'à deux de leurs quatre moteurs, permettant d'allonger une patrouille qui dure en générale une dizaine d'heures. Cependant, en 1972, un P-3 Orion néo-zélandais a effectué le vol le plus long pour un P-3 Orion, avec une durée de vol de 21 heures 30.

En plus de chasser les sous-marins soviétiques et chinois, ces appareils ont également participé à un nombre très important d'opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ou de soutien à des opérations humanitaire ; opérations SAR lors de la tempête Queen Birthday en 1994, premier appareil à effectuer une reconnaissance sur le Tonga après l'éruption volcanique en janvier 2022,... Ils furent aussi utilisés pour la surveillance des eaux néozélandaises ainsi que la zone économique exclusive néo-zélandaise (contre piraterie, soutien aux douanes, etc). Ces 6 appareils cumulent un total de 147.978,2 heures de service. Ils seront remplacés par quatre P-8A Poseidon.

Il faut noter que la mise à la retraite a été avancée de 5 mois suite à une manque de personnels qualifiés et des contraintes de maintenances. Cette décision crée donc un manque capacitaire pour les missions SAR et anti-sous-marine mais la RNZAF a déjà annoncé que certaines missions seraient reprises par des partenaires régionaux (probablement des avions américains ou australiens aux capacités de lutte anti-sous-marine) ou des appareils déjà utilisés au sein de la RNZAF (pour les missions SAR). Le premier P-8A Poseidon néo-zélandais est arrivé en décembre 2022 mais il n'est pas suffisant à lui tout seul pour combler les six Orion. Les autres Poseidon devraient tous arriver en Nouvelle-Zélande pour juillet 2023.

57 ans d'opérations et de modernisations

En 1964, le gouvernement néozélandais trouve un remplaçant pour ses hydravions Short Sunderland : le P-3 Orion. Au total, ce sont cinq P-3B qui seront achetés et le premier appareil sera livré en 1966 (n°NZ4201 à NZ4205). En 1983, le projet Rigel permet l'amélioration des capacités des Orion néo-zélandais. Il comprend notamment :

  • le remplacement du radar par un radar APS-134 (bande X), permettant de mieux détecter les cibles marines mais aussi et surtout, les périscopes ou encore les schnorchels des sous-marins
  • l'ajout d'une caméra IRSD
  • la digitalisation des systèmes internes

Cette modernisation spécifique aux Orion néo-zélandais oblige un changement de dénomination : les P-3B améliorés deviennent des P-3K. Cette dénomination a été choisie pour faire référence à l'oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande, le Kiwi. Ce dernier est d'ailleurs présent sur la cocarde des appareils militaires de la RNZAF.

Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite.
Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite. © RNZAF
Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite.

En 1985, un sixième avion est acheté en seconde main auprès de Lockheed Martin. Cet appareil avait appartenu à la Force aérienne royale australienne (RAAF) et revendu à Lockheed Martin. Avant sa livraison, ce P-3B est aussi amélioré aux standards P-3K.

En 1997, un programme de prolongation de la durée de vie, baptisé projet Kestrel, est lancé. Il a pour but de remplacer la partie extérieure des ailes, la totalité du stabilisateur horizontal, les panneaux inférieurs des ailes centrales et l'ajout de nouvelles nacelles moteurs. En interne, un système de vidange de carburant est ajouté et un tout nouveau câblage électrique est placé dans les ailes. Achevé en 2001, ce programme ajoute 25 ans d'opérations aux P-3K.

En 2005, il est décidé d'améliorer en profondeur les systèmes internes des appareils : certains systèmes datent de 1966 et n'ont pas été changés depuis ! Cette amélioration, de 373 millions de dollars néo-zélandais doit permettre ;

  • une modernisation du cockpit (glass cockpit)
  • une meilleure concentration des pilotes sur la mission grâce à l'intégration d'un tout nouveau système de gestion de vol et des instrument électronique de vol, des aides à la navigation radio digitalisées, un système Traffic Collision Avoidance System, deux systèmes de guidage GPS LN-100G INS/GPS,...
  • l'installation d'un nouveau radar Elta EL/M 2022A[V]3 (Bande X, équipé d'une antenne secondaire en bande L) spécialisé pour la surveillance maritime et les missions SAR et d'une portée de 200 miles nautiques, soit 370 kilomètres. Il est relié à une antenne IFF APX-114 permettant l'identification ami-ennemi des cibles détectées.
  • l'installation d'une Wescam MX-20 stabilisée sous le nez de l'avion.
  • l'installation d'un système de surveillance électronique Rockwell Cllins CS-3045 (recherche, identification, localisation et enregistrement de transmissions électroniques)
  • un renforcement des capacités de communication satellite et radio, un nouvelle Liaison 16
  • suppression du détecteur d'anomalie magnétique (derrière la queue) mais son cône de protection reste en place (vide)

Avec cette modernisation en profondeur, les P-3K deviennent des P-3K2. Le premier P-3K2 entre en service en mai 2011 et le dernier en juillet 2014. Les systèmes de combat n'ont pas été améliorés mais en 2016, Boeing a reçu un contrat de 36 millions de dollars néo-zélandais pour ajouter des systèmes d'écoute acoustiques au sein des systèmes de mission des P-3K2. Ces systèmes sont d'ailleurs utilisés sur le P-8A Poseidon.

P-3K2 Orion

Le P-3 Orion est un avion de patrouille maritime quadrimoteur développé durant la guerre froide. Comme démontré ci-dessus, le P-3K2 Orion est l'ultime variante de la Force aérienne néo-zélandaise. Il est propulsé par quatre Allison T56-A 14 (4.600 chevaux). Un équipage standard comprend deux pilotes, deux ingénieurs de vol, trois officiers de combat (coordinateur tactique, responsable informations, responsable système), quatre spécialistes systèmes et un spécialiste pour les munitions aériennes. Les autres caractéristiques sont les suivantes :

  • Taille : 36 mètres de long, 30,4 mètres d'envergure et 10,3 mètres de haut
  • Vitesse de croisière : 630 km/h
  • Endurance standard : 1.850 kilomètres (1.000 miles nautiques) avec quatre heures de vol sur zone. Endurance de 15 heures avec deux moteurs éteints.
  • Masse au décollage : 54,95 tonnes
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26/01/2023 17:15
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Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée

La Nouvelle-Zélande vient de se séparer de ses derniers P-3K2 Orion. Ces derniers ont effectué un peu moins de 150.000 heures de vol en 57 années de service. Ils ont patrouillé de nombreuses mers, océans et continents. L'un des P-3 Orion néo-zélandais détient même le record du vol le plus long au sein de la flotte mondiale de P-3 Orion. Ces six P-3K2 seront remplacés par quatre P-8A Poseidon.

Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée
Les P-3 Orion néo-zélandais prennent une retraite bien méritée

Un recordman à la retraite

Ce 24 janvier, les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 de la Force aérienne royale néo-zélandaise (RNZAF) ont effectué un dernier vol avant d'être définitivement mis à la retraite. Les premiers appareils seront mis en service en 1966 et la totalité de la flotte d'Orion, soit six appareils, sera opérée au sein du 5ème escadron, basé sur la base aérienne d'Auckland (Auckland, Nouvelle-Zélande). Durant leurs 57 années de services, ces avions patrouilleront les mers du Moyen-Orient, de l'Asie du Sud-Est, européennes, nord-américaines ainsi que des patrouilles en Antarctique et dans l'Arctique. Ces patrouilles sont assez longues : un P-3 coupe généralement l'un de ses quatre moteurs pour pouvoir consommer moins de carburant et allonger son autonomie. Il arrive aussi que certains appareils coupent jusqu'à deux de leurs quatre moteurs, permettant d'allonger une patrouille qui dure en générale une dizaine d'heures. Cependant, en 1972, un P-3 Orion néo-zélandais a effectué le vol le plus long pour un P-3 Orion, avec une durée de vol de 21 heures 30.

En plus de chasser les sous-marins soviétiques et chinois, ces appareils ont également participé à un nombre très important d'opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ou de soutien à des opérations humanitaire ; opérations SAR lors de la tempête Queen Birthday en 1994, premier appareil à effectuer une reconnaissance sur le Tonga après l'éruption volcanique en janvier 2022,... Ils furent aussi utilisés pour la surveillance des eaux néozélandaises ainsi que la zone économique exclusive néo-zélandaise (contre piraterie, soutien aux douanes, etc). Ces 6 appareils cumulent un total de 147.978,2 heures de service. Ils seront remplacés par quatre P-8A Poseidon.

Il faut noter que la mise à la retraite a été avancée de 5 mois suite à une manque de personnels qualifiés et des contraintes de maintenances. Cette décision crée donc un manque capacitaire pour les missions SAR et anti-sous-marine mais la RNZAF a déjà annoncé que certaines missions seraient reprises par des partenaires régionaux (probablement des avions américains ou australiens aux capacités de lutte anti-sous-marine) ou des appareils déjà utilisés au sein de la RNZAF (pour les missions SAR). Le premier P-8A Poseidon néo-zélandais est arrivé en décembre 2022 mais il n'est pas suffisant à lui tout seul pour combler les six Orion. Les autres Poseidon devraient tous arriver en Nouvelle-Zélande pour juillet 2023.

57 ans d'opérations et de modernisations

En 1964, le gouvernement néozélandais trouve un remplaçant pour ses hydravions Short Sunderland : le P-3 Orion. Au total, ce sont cinq P-3B qui seront achetés et le premier appareil sera livré en 1966 (n°NZ4201 à NZ4205). En 1983, le projet Rigel permet l'amélioration des capacités des Orion néo-zélandais. Il comprend notamment :

  • le remplacement du radar par un radar APS-134 (bande X), permettant de mieux détecter les cibles marines mais aussi et surtout, les périscopes ou encore les schnorchels des sous-marins
  • l'ajout d'une caméra IRSD
  • la digitalisation des systèmes internes

Cette modernisation spécifique aux Orion néo-zélandais oblige un changement de dénomination : les P-3B améliorés deviennent des P-3K. Cette dénomination a été choisie pour faire référence à l'oiseau emblématique de la Nouvelle-Zélande, le Kiwi. Ce dernier est d'ailleurs présent sur la cocarde des appareils militaires de la RNZAF.

Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite.
Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite. © RNZAF
Les trois derniers avions de patrouille maritime P-3K2 Orion néo-zélandais durant leur dernier vol avant leur départ à la retraite.

En 1985, un sixième avion est acheté en seconde main auprès de Lockheed Martin. Cet appareil avait appartenu à la Force aérienne royale australienne (RAAF) et revendu à Lockheed Martin. Avant sa livraison, ce P-3B est aussi amélioré aux standards P-3K.

En 1997, un programme de prolongation de la durée de vie, baptisé projet Kestrel, est lancé. Il a pour but de remplacer la partie extérieure des ailes, la totalité du stabilisateur horizontal, les panneaux inférieurs des ailes centrales et l'ajout de nouvelles nacelles moteurs. En interne, un système de vidange de carburant est ajouté et un tout nouveau câblage électrique est placé dans les ailes. Achevé en 2001, ce programme ajoute 25 ans d'opérations aux P-3K.

En 2005, il est décidé d'améliorer en profondeur les systèmes internes des appareils : certains systèmes datent de 1966 et n'ont pas été changés depuis ! Cette amélioration, de 373 millions de dollars néo-zélandais doit permettre ;

  • une modernisation du cockpit (glass cockpit)
  • une meilleure concentration des pilotes sur la mission grâce à l'intégration d'un tout nouveau système de gestion de vol et des instrument électronique de vol, des aides à la navigation radio digitalisées, un système Traffic Collision Avoidance System, deux systèmes de guidage GPS LN-100G INS/GPS,...
  • l'installation d'un nouveau radar Elta EL/M 2022A[V]3 (Bande X, équipé d'une antenne secondaire en bande L) spécialisé pour la surveillance maritime et les missions SAR et d'une portée de 200 miles nautiques, soit 370 kilomètres. Il est relié à une antenne IFF APX-114 permettant l'identification ami-ennemi des cibles détectées.
  • l'installation d'une Wescam MX-20 stabilisée sous le nez de l'avion.
  • l'installation d'un système de surveillance électronique Rockwell Cllins CS-3045 (recherche, identification, localisation et enregistrement de transmissions électroniques)
  • un renforcement des capacités de communication satellite et radio, un nouvelle Liaison 16
  • suppression du détecteur d'anomalie magnétique (derrière la queue) mais son cône de protection reste en place (vide)

Avec cette modernisation en profondeur, les P-3K deviennent des P-3K2. Le premier P-3K2 entre en service en mai 2011 et le dernier en juillet 2014. Les systèmes de combat n'ont pas été améliorés mais en 2016, Boeing a reçu un contrat de 36 millions de dollars néo-zélandais pour ajouter des systèmes d'écoute acoustiques au sein des systèmes de mission des P-3K2. Ces systèmes sont d'ailleurs utilisés sur le P-8A Poseidon.

P-3K2 Orion

Le P-3 Orion est un avion de patrouille maritime quadrimoteur développé durant la guerre froide. Comme démontré ci-dessus, le P-3K2 Orion est l'ultime variante de la Force aérienne néo-zélandaise. Il est propulsé par quatre Allison T56-A 14 (4.600 chevaux). Un équipage standard comprend deux pilotes, deux ingénieurs de vol, trois officiers de combat (coordinateur tactique, responsable informations, responsable système), quatre spécialistes systèmes et un spécialiste pour les munitions aériennes. Les autres caractéristiques sont les suivantes :

  • Taille : 36 mètres de long, 30,4 mètres d'envergure et 10,3 mètres de haut
  • Vitesse de croisière : 630 km/h
  • Endurance standard : 1.850 kilomètres (1.000 miles nautiques) avec quatre heures de vol sur zone. Endurance de 15 heures avec deux moteurs éteints.
  • Masse au décollage : 54,95 tonnes


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