Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero
Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero

publié le 25 avril 2025 à 18:14

1343 mots

Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero

Cet appel à projets a été mis en oeuvre suite à l'annonce qui avait été faite par le Président de la République, Emmanuel Macron lors du dernier Salon de l'Aéronautique et de l'Espace en 2023.


La filière de production française de SAF ("Sustainable Aviation Fuel" ou carburants d'aviation durable) vient de faire un nouveau pas important avec le dévoilement par Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports et Marc Ferracci, ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie, des quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aéro, qui avait été lancé en décembre 2023, suite aux annonces qui avaient été faites par le Président de la République Emmanuel Macron en juin 2023, dans le cadre du Salon aéronautique et de l'espace du Bourget.    

Les atouts de la France en matière d'énergie décarbonée

Rappelons que l'Union européenne fixe un cadre structurant pour le développement des SAF avec le règlement ReFuelEU Aviation : 2% de SAF en 2025, 6% en 2030 (dont 1,2% de carburant de synthèse, ou "e-SAF"), et à plus long terme 70% de SAF en 2050 (dont 35% de e-SAF). Aujourd’hui, les SAF utilisés en France sont des biocarburants. Demain, des carburants de synthèse (ou e-SAF) pour l’aviation seront produits sur le sol français, notamment grâce aux 4 projets lauréats. La France a de grands atouts pour être pionnière en la matière et développer une filière de production de carburants d’aviation durable de synthèse. La France dispose d’importantes capacités de production d’électricité décarbonée et de CO2 bio-génique. Notre pays s’appuie également sur toute une chaîne logistique pour le transport de carburants liquides, d’aéroports importants, d’écosystèmes d’innovation très dynamiques, notamment autour de la capture de carbone, et d’un groupe aérien de premier plan, Air France-KLM, fortement engagé en faveur de la décarbonation et ayant déjà signé des contrats de long terme avec des producteurs.

Les quatre lauréats de l'appel à projets sont : 

  • Le projet France KerEAUzen porté par Engie au Havre (76) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 70 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2031, dans la zone industrialo-portuaire du Havre. Le e-kérosène sera produit à partir : de CO2 biogénique capté sur l’unité de production de bioéthanol de Téréos à Lillebone à 15 km du site et sur l’unité biomasse / CSR (Combustibles Solides de Récupération) de Suez à 10 km du site, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 275 MW alimentés en électricité et en eau issue de la Seine Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en gaz de synthèse, puis en e-kérosène par le procédé « FischerTropsch ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL. Les impacts attendus en cas de mise en service de l’usine France KerEAUzen sont : plus de 200 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 160 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 450 M€.

 

  • Le projet TAKE KAIR - Hynamics à Saint-Nazaire (Donges) en Loire-Atlantique (44) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 37 500 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2030. Le e-kérosène sera produit à partir :  de CO2 biogénique capté sur la cimenterie de Lafarge située à Saint-Pierre-La-Cour en Mayenne (53), à 152 km du site de production. L’acheminement du CO2 pourrait être assuré via le projet Grand Ouest CO2 (ou GOCO2). Lancé en 2023 par Elengy, GRTgaz, Heidelberg Materials, Lafarge et Lhoist, le projet GOCO2 vise à déployer à horizon 2030 un réseau d’infrastructures de transport, de stockage et de conditionnement du CO2 dans les Pays de la Loire, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 200 MW alimentés en électricité et en eau issue d’effluents de la station d’épuration de Saint-Nazaire Agglomération, à Montoir-de-Bretagne. Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en gaz de synthèse, puis en e-kérosène par le procédé « Fischer Tropsch ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’au Havre par voir maritime, et transporté jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL. Le projet TAKE KAIR associe plusieurs acteurs-clés français de la filière : HYNAMICS (EDF), IFPEN et Axens pour la technologie de production de e-kérosène, et Air Liquide pour la technologie de captage CO2. Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine TAKE KAIR sont : plus de 100 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an,  100 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 300 M€ de chiffre d’affaires par an. 

 

  • Le projet DéZIR - Verso Energy à Rouen (Petite-Couronne) en Seine-Maritime (76) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 81 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2029. Le e-kérosène sera produit à partir : dee CO2 biogénique capté sur la chaudière biomasse d’une papeterie à 13 km du site de production, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 350 MW alimentés en électricité (72% renouvelable, 28% bas carbone) et en eau de la Seine Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en méthanol par le procédé de méthanolation. Puis le méthanol sera transformé en e-kérozène par le procédé « Methanol to Jet ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipeline Le Havre-Paris géré par TRAPIL, à proximité immédiate du site de production. L’usine de production étudiée dans le cadre du projet est un modèle standard d’usine de production de e-kérozène qui pourra être répliqué sur 4 sites d’implantation en France à Tartas (Landes, 40), à Epinal (Vosges, 88) et à Saillat-sur-Vienne (Haute-Vienne, 87). Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine DéZIR sont : plus de 200 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 100 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 500 M€ de chiffre d’affaires par an. 

 

  • Le projet BioTjet - Elyse Energy dans le bassin de Lacq (Pardies) dans les Pyrénées-Atlantiques (64) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 82 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2030. Le e-biokérosène sera produit à partir : de biomasse provenant de Nouvelle-Aquitaine à 55%, d’Occitanie à 26% et d’Espagne à 19%. La biomasse est principalement forestière (43%) récoltée dans le cadre d’une gestion durable de la forêt. Elle est également issue de sous-produits agricoles (23%) comme des rafles de maïs ou des coques d’amandes. Le reste de l’approvisionnement biomasse est constitué de déchets de bois et de connexes de scierie, d’hydrogène fourni par les électrolyseurs de 240 MW du site HyLacq alimentés en électricité et en eau du Gave de Pau. (La future usine de production d’hydrogène HyLacq d’Elyse Energy fournira de l’hydrogène pour l’usine BioTjet mais aussi pour l’usine eM-Lacq de production de e-méthanol). La biomasse sera torréfiée et transformée en gaz de synthèse par gazéification. Le gaz de synthèse sera enrichi en hydrogène, puis transformé en e-biokérosène par le procédé « Fischer-Tropsch ». Ces différentes étapes constituent le procédé BioTfuel, démontré à Venette (60) pour la torréfaction et à Dunkerque (59) pour la production de gaz de synthèse puis la conversion en carburant. Le e-biokérosène produit sera ensuite acheminé par voie ferroviaire jusqu’à différents dépôts pétroliers, notamment à Ambès pour mise à disposition sur l’aéroport de Bordeaux, au Havre pour injection dans le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL, et à Lavéra pour injection dans le réseau de pipelines vers les aéroports du Sud-Est. Le projet BioTjet associe plusieurs acteurs-clés français de la filière : Elyse Energy (actionnaire majoritaire de la société de projet BioTjet), Avril, Axens, IFP Investissements (filiale d’IFPEN) et Bionext. Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine BioTjet sont : plus de 250 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 150 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, 500 M€ de chiffre d’affaires par an. 
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Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero

Cet appel à projets a été mis en oeuvre suite à l'annonce qui avait été faite par le Président de la République, Emmanuel Macron lors du dernier Salon de l'Aéronautique et de l'Espace en 2023.

Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero
Le gouvernement dévoile les quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aero

La filière de production française de SAF ("Sustainable Aviation Fuel" ou carburants d'aviation durable) vient de faire un nouveau pas important avec le dévoilement par Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports et Marc Ferracci, ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie, des quatre lauréats de l'appel à projets Carb Aéro, qui avait été lancé en décembre 2023, suite aux annonces qui avaient été faites par le Président de la République Emmanuel Macron en juin 2023, dans le cadre du Salon aéronautique et de l'espace du Bourget.    

Les atouts de la France en matière d'énergie décarbonée

Rappelons que l'Union européenne fixe un cadre structurant pour le développement des SAF avec le règlement ReFuelEU Aviation : 2% de SAF en 2025, 6% en 2030 (dont 1,2% de carburant de synthèse, ou "e-SAF"), et à plus long terme 70% de SAF en 2050 (dont 35% de e-SAF). Aujourd’hui, les SAF utilisés en France sont des biocarburants. Demain, des carburants de synthèse (ou e-SAF) pour l’aviation seront produits sur le sol français, notamment grâce aux 4 projets lauréats. La France a de grands atouts pour être pionnière en la matière et développer une filière de production de carburants d’aviation durable de synthèse. La France dispose d’importantes capacités de production d’électricité décarbonée et de CO2 bio-génique. Notre pays s’appuie également sur toute une chaîne logistique pour le transport de carburants liquides, d’aéroports importants, d’écosystèmes d’innovation très dynamiques, notamment autour de la capture de carbone, et d’un groupe aérien de premier plan, Air France-KLM, fortement engagé en faveur de la décarbonation et ayant déjà signé des contrats de long terme avec des producteurs.

Les quatre lauréats de l'appel à projets sont : 

  • Le projet France KerEAUzen porté par Engie au Havre (76) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 70 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2031, dans la zone industrialo-portuaire du Havre. Le e-kérosène sera produit à partir : de CO2 biogénique capté sur l’unité de production de bioéthanol de Téréos à Lillebone à 15 km du site et sur l’unité biomasse / CSR (Combustibles Solides de Récupération) de Suez à 10 km du site, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 275 MW alimentés en électricité et en eau issue de la Seine Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en gaz de synthèse, puis en e-kérosène par le procédé « FischerTropsch ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL. Les impacts attendus en cas de mise en service de l’usine France KerEAUzen sont : plus de 200 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 160 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 450 M€.

 

  • Le projet TAKE KAIR - Hynamics à Saint-Nazaire (Donges) en Loire-Atlantique (44) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 37 500 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2030. Le e-kérosène sera produit à partir :  de CO2 biogénique capté sur la cimenterie de Lafarge située à Saint-Pierre-La-Cour en Mayenne (53), à 152 km du site de production. L’acheminement du CO2 pourrait être assuré via le projet Grand Ouest CO2 (ou GOCO2). Lancé en 2023 par Elengy, GRTgaz, Heidelberg Materials, Lafarge et Lhoist, le projet GOCO2 vise à déployer à horizon 2030 un réseau d’infrastructures de transport, de stockage et de conditionnement du CO2 dans les Pays de la Loire, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 200 MW alimentés en électricité et en eau issue d’effluents de la station d’épuration de Saint-Nazaire Agglomération, à Montoir-de-Bretagne. Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en gaz de synthèse, puis en e-kérosène par le procédé « Fischer Tropsch ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’au Havre par voir maritime, et transporté jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL. Le projet TAKE KAIR associe plusieurs acteurs-clés français de la filière : HYNAMICS (EDF), IFPEN et Axens pour la technologie de production de e-kérosène, et Air Liquide pour la technologie de captage CO2. Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine TAKE KAIR sont : plus de 100 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an,  100 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 300 M€ de chiffre d’affaires par an. 

 

  • Le projet DéZIR - Verso Energy à Rouen (Petite-Couronne) en Seine-Maritime (76) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 81 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2029. Le e-kérosène sera produit à partir : dee CO2 biogénique capté sur la chaudière biomasse d’une papeterie à 13 km du site de production, d’hydrogène produit sur site par des électrolyseurs de 350 MW alimentés en électricité (72% renouvelable, 28% bas carbone) et en eau de la Seine Le CO2 et l’hydrogène seront transformés en méthanol par le procédé de méthanolation. Puis le méthanol sera transformé en e-kérozène par le procédé « Methanol to Jet ». Le e-kérosène produit sera ensuite acheminé jusqu’aux aéroports parisiens via le réseau de pipeline Le Havre-Paris géré par TRAPIL, à proximité immédiate du site de production. L’usine de production étudiée dans le cadre du projet est un modèle standard d’usine de production de e-kérozène qui pourra être répliqué sur 4 sites d’implantation en France à Tartas (Landes, 40), à Epinal (Vosges, 88) et à Saillat-sur-Vienne (Haute-Vienne, 87). Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine DéZIR sont : plus de 200 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 100 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, près de 500 M€ de chiffre d’affaires par an. 

 

  • Le projet BioTjet - Elyse Energy dans le bassin de Lacq (Pardies) dans les Pyrénées-Atlantiques (64) : réalisation des études « FEED » d’ingénierie avancée permettant l’achèvement du permitting et la décision d’investissement dans une usine de production de 82 000 tonnes/an de carburant d’aviation durable, pour une mise en service prévue en 2030. Le e-biokérosène sera produit à partir : de biomasse provenant de Nouvelle-Aquitaine à 55%, d’Occitanie à 26% et d’Espagne à 19%. La biomasse est principalement forestière (43%) récoltée dans le cadre d’une gestion durable de la forêt. Elle est également issue de sous-produits agricoles (23%) comme des rafles de maïs ou des coques d’amandes. Le reste de l’approvisionnement biomasse est constitué de déchets de bois et de connexes de scierie, d’hydrogène fourni par les électrolyseurs de 240 MW du site HyLacq alimentés en électricité et en eau du Gave de Pau. (La future usine de production d’hydrogène HyLacq d’Elyse Energy fournira de l’hydrogène pour l’usine BioTjet mais aussi pour l’usine eM-Lacq de production de e-méthanol). La biomasse sera torréfiée et transformée en gaz de synthèse par gazéification. Le gaz de synthèse sera enrichi en hydrogène, puis transformé en e-biokérosène par le procédé « Fischer-Tropsch ». Ces différentes étapes constituent le procédé BioTfuel, démontré à Venette (60) pour la torréfaction et à Dunkerque (59) pour la production de gaz de synthèse puis la conversion en carburant. Le e-biokérosène produit sera ensuite acheminé par voie ferroviaire jusqu’à différents dépôts pétroliers, notamment à Ambès pour mise à disposition sur l’aéroport de Bordeaux, au Havre pour injection dans le réseau de pipelines Le Havre-Paris géré par TRAPIL, et à Lavéra pour injection dans le réseau de pipelines vers les aéroports du Sud-Est. Le projet BioTjet associe plusieurs acteurs-clés français de la filière : Elyse Energy (actionnaire majoritaire de la société de projet BioTjet), Avril, Axens, IFP Investissements (filiale d’IFPEN) et Bionext. Les impacts attendus en 2030 en cas de mise en service de l’usine BioTjet sont : plus de 250 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées par an, 150 emplois directs pour l’exploitation de l’usine, 500 M€ de chiffre d’affaires par an. 


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