Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé
Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé
© Briot / Thales Alenia Space

publié le 27 septembre 2025 à 12:10

990 mots

Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé

L’Europe sur la Lune en 2033 ? Thales Alenia Space y travaille, et a signé fin juillet un contrat clé avec l’Agence spatiale italienne.


Deux contrats avec l’ASI

Lors du dernier Salon du Bourget, nous avons eu l'occasion de rencontrer Xavier Roser, responsable de lignes de produits Exploration et Science chez Thales Alenia Space en France. Il nous a présenté les divers projets d'exploration de la coentreprise entre Thales et Leonardo, notamment le module d’habitat lunaire pressurisé MPH (Multi-Purpose Habitat), qu'il compare à une sorte de camping-car lunaire. Ce module, qui constitue l'un des éléments clés du programme Artemis de la NASA visant à établir une présence humaine permanente sur la Lune, pourrait servir de base aux astronautes pour des missions d'exploration dans différentes régions du pôle sud lunaire. Il permettra ainsi, comme l'explique Xavier Roser, « de tester pour la première fois l'habitabilité humaine sur la surface lunaire » de façon durable (pour mémoire, les modules lunaires du programme Apollo américain n’ont pas permis de séjours de plus de trois jours sur la Lune entre 1969 et 1972).

Le 25 juillet dernier, Thales Alenia Space a signé un contrat de deux ans avec l'Agence spatiale italienne (ASI) pour réaliser la phase de conception préliminaire de ce module lunaire habitable MPH, qui porte notamment sur le développement de technologies critiques. Pour Franco Fenoglio, directeur des programmes d'exploration spatiale habitée et robotique chez Thales Alenia Space, le programme Artemis a franchi avec cet accord une « étape importante », l’objectif étant désormais « un lancement sur la Lune en 2033 ».

 

Présentation et évolution du module

Selon Xavier Roser, le module MPH pourrait « devenir opérationnel au début de la prochaine décennie et être considéré comme le premier habitat permanent sur notre satellite, destiné à évoluer vers des séjours prolongés après les premières missions habitées de durée limitée ». Dans cette perspective, le MPH devrait jouer un rôle central dans la création d'une infrastructure spatiale durable sur la Lune, facilitant ainsi l'émergence de futures colonies humaines et l'expansion de l'activité humaine dans l’espace. En ce sens, ce module habité « marque une avancée majeure dans l'exploration lunaire et ouvre des perspectives prometteuses pour l'avenir de la présence humaine sur la Lune », affirment avec conviction Xavier Roser et Franco Fenoglio.

Depuis sa conception initiale, le module a évolué pour « inclure la capacité de se déplacer à la surface lunaire, alors qu'il était initialement prévu qu'il soit équipé de pieds d'atterrissage et donc statique », clarifie Xavier Roser. Ce module sera désormais « capable de se déplacer de manière autonome entre les missions, offrant ainsi la possibilité d'explorer différentes zones lunaires autour du site d’atterrissage », affirme-t-il avec enthousiasme. Cette mobilité représente une avancée significative par rapport aux conceptions initiales, mais surtout, « elle le distingue des autres habitats lunaires prévus à l'avenir, qui seront statiques », tient à souligner Xavier Roser.

Concrètement, cet habitat lunaire « sera utilisé pour des missions d'une durée nominale de sept jours, pouvant être prolongées jusqu'à environ un mois si les ressources nécessaires sont fournies par d'autres moyens lunaires », précise Xavier Roser. Il servira de « véritable camp de base, capable de se déplacer entre les missions pour explorer différentes régions du pôle sud lunaire, tout en permettant aux astronautes d'accéder à divers sites d'étude et en leur fournissant un centre de soutien opérationnel », insiste-t-il.

 

Caractéristiques du module

Les spécifications du module commencent à se stabiliser après une période d'évaluation. L'une des difficultés reste la contrainte de masse au lancement qui limite la taille de la coque pressurisée du module à « 3 m de diamètre et environ 7 m de longueur, ce qui est similaire aux modules actuellement en cours de développement pour la station lunaire Gateway », indique Franco Fenoglio. L’enveloppe globale du module, y compris ses parties externes telles que les radiateurs et les panneaux solaires (pliés au lancement), sera contrainte par l’enveloppe de l’atterrisseur fourni par la NASA que le module lunaire utilisera pour atterrir sur la Lune. Cet atterrisseur sera « une version cargo adaptée des systèmes d'atterrissage humains conçus pour les missions lunaires habitées dans le cadre du programme Artemis », précise Franco Fenoglio.

Conçu pour une durée de vie opérationnelle nominale de dix ans, le MPH « servira d'habitat permanent en surface, capable de fonctionner en synergie avec d'autres éléments de l'architecture Artemis », met en avant Xavier Roser. Il est dimensionné « pour des séjours de sept jours pour un équipage nominal de deux personnes, pouvant aller jusqu'à quatre astronautes en situation d'urgence », ajoute-t-il. Il permettra de mener « une grande variété de missions liées à la recherche scientifique, à l'exploration géologique, à la démonstration technologique, à la préparation des missions vers Mars, ainsi qu'à l'exploitation des ressources lunaires », évoque Xavier Roser.

 

Contraintes du module

Franco Fenoglio, lui, met l’accent sur le fait que la structure du MPH présentera « des similitudes avec les modules développés pour le Gateway dont plusieurs sont développés par Thales Alenia Space pour le compte de l’Agence spatiale européenne et de Northrop Grumman ». Ce module sera conçu pour répondre aux contraintes de l'environnement lunaire, le rendant « résistant aux radiations, aux impacts de micrométéorites, ainsi qu'aux variations extrêmes de température allant de -170 à +120 °C, tout en gérant le défi posé par la poussière lunaire », nous renseigne Franco Fenoglio.

En ce qui concerne la gestion de la poussière lunaire, qui est collante, volatile et allergène, elle « représente un défi majeur », avertit Franco Fenoglio. Il précise que plusieurs solutions techniques sont à l'étude pour empêcher la circulation de cette poussière à l'intérieur du module, notamment la mise en place d'une « séparation physique entre les différentes parties du module ou l'adoption de systèmes de prévention de la contamination ». De plus, le MPH sera équipé d'une autonomie énergétique grâce à des panneaux solaires déployés pendant les jours lunaires, qui durent 15 jours terrestres, relayés pendant la nuit lunaire par des batteries.

En résumé, le MPH représente une avancée significative dans l'exploration spatiale, positionnant la Lune comme une destination clé pour les futures missions habitées et préparant les premières expéditions humaines vers Mars d'ici les années 2040. Grâce à sa conception, sa mobilité et son adaptabilité aux conditions lunaires, cet habitat pourrait jouer un rôle essentiel dans l'établissement d'une présence humaine durable sur notre satellite naturel.

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27/09/2025 12:10
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Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé

L’Europe sur la Lune en 2033 ? Thales Alenia Space y travaille, et a signé fin juillet un contrat clé avec l’Agence spatiale italienne.

Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé
Le contrat de développement du module lunaire habitable européen signé

Deux contrats avec l’ASI

Lors du dernier Salon du Bourget, nous avons eu l'occasion de rencontrer Xavier Roser, responsable de lignes de produits Exploration et Science chez Thales Alenia Space en France. Il nous a présenté les divers projets d'exploration de la coentreprise entre Thales et Leonardo, notamment le module d’habitat lunaire pressurisé MPH (Multi-Purpose Habitat), qu'il compare à une sorte de camping-car lunaire. Ce module, qui constitue l'un des éléments clés du programme Artemis de la NASA visant à établir une présence humaine permanente sur la Lune, pourrait servir de base aux astronautes pour des missions d'exploration dans différentes régions du pôle sud lunaire. Il permettra ainsi, comme l'explique Xavier Roser, « de tester pour la première fois l'habitabilité humaine sur la surface lunaire » de façon durable (pour mémoire, les modules lunaires du programme Apollo américain n’ont pas permis de séjours de plus de trois jours sur la Lune entre 1969 et 1972).

Le 25 juillet dernier, Thales Alenia Space a signé un contrat de deux ans avec l'Agence spatiale italienne (ASI) pour réaliser la phase de conception préliminaire de ce module lunaire habitable MPH, qui porte notamment sur le développement de technologies critiques. Pour Franco Fenoglio, directeur des programmes d'exploration spatiale habitée et robotique chez Thales Alenia Space, le programme Artemis a franchi avec cet accord une « étape importante », l’objectif étant désormais « un lancement sur la Lune en 2033 ».

 

Présentation et évolution du module

Selon Xavier Roser, le module MPH pourrait « devenir opérationnel au début de la prochaine décennie et être considéré comme le premier habitat permanent sur notre satellite, destiné à évoluer vers des séjours prolongés après les premières missions habitées de durée limitée ». Dans cette perspective, le MPH devrait jouer un rôle central dans la création d'une infrastructure spatiale durable sur la Lune, facilitant ainsi l'émergence de futures colonies humaines et l'expansion de l'activité humaine dans l’espace. En ce sens, ce module habité « marque une avancée majeure dans l'exploration lunaire et ouvre des perspectives prometteuses pour l'avenir de la présence humaine sur la Lune », affirment avec conviction Xavier Roser et Franco Fenoglio.

Depuis sa conception initiale, le module a évolué pour « inclure la capacité de se déplacer à la surface lunaire, alors qu'il était initialement prévu qu'il soit équipé de pieds d'atterrissage et donc statique », clarifie Xavier Roser. Ce module sera désormais « capable de se déplacer de manière autonome entre les missions, offrant ainsi la possibilité d'explorer différentes zones lunaires autour du site d’atterrissage », affirme-t-il avec enthousiasme. Cette mobilité représente une avancée significative par rapport aux conceptions initiales, mais surtout, « elle le distingue des autres habitats lunaires prévus à l'avenir, qui seront statiques », tient à souligner Xavier Roser.

Concrètement, cet habitat lunaire « sera utilisé pour des missions d'une durée nominale de sept jours, pouvant être prolongées jusqu'à environ un mois si les ressources nécessaires sont fournies par d'autres moyens lunaires », précise Xavier Roser. Il servira de « véritable camp de base, capable de se déplacer entre les missions pour explorer différentes régions du pôle sud lunaire, tout en permettant aux astronautes d'accéder à divers sites d'étude et en leur fournissant un centre de soutien opérationnel », insiste-t-il.

 

Caractéristiques du module

Les spécifications du module commencent à se stabiliser après une période d'évaluation. L'une des difficultés reste la contrainte de masse au lancement qui limite la taille de la coque pressurisée du module à « 3 m de diamètre et environ 7 m de longueur, ce qui est similaire aux modules actuellement en cours de développement pour la station lunaire Gateway », indique Franco Fenoglio. L’enveloppe globale du module, y compris ses parties externes telles que les radiateurs et les panneaux solaires (pliés au lancement), sera contrainte par l’enveloppe de l’atterrisseur fourni par la NASA que le module lunaire utilisera pour atterrir sur la Lune. Cet atterrisseur sera « une version cargo adaptée des systèmes d'atterrissage humains conçus pour les missions lunaires habitées dans le cadre du programme Artemis », précise Franco Fenoglio.

Conçu pour une durée de vie opérationnelle nominale de dix ans, le MPH « servira d'habitat permanent en surface, capable de fonctionner en synergie avec d'autres éléments de l'architecture Artemis », met en avant Xavier Roser. Il est dimensionné « pour des séjours de sept jours pour un équipage nominal de deux personnes, pouvant aller jusqu'à quatre astronautes en situation d'urgence », ajoute-t-il. Il permettra de mener « une grande variété de missions liées à la recherche scientifique, à l'exploration géologique, à la démonstration technologique, à la préparation des missions vers Mars, ainsi qu'à l'exploitation des ressources lunaires », évoque Xavier Roser.

 

Contraintes du module

Franco Fenoglio, lui, met l’accent sur le fait que la structure du MPH présentera « des similitudes avec les modules développés pour le Gateway dont plusieurs sont développés par Thales Alenia Space pour le compte de l’Agence spatiale européenne et de Northrop Grumman ». Ce module sera conçu pour répondre aux contraintes de l'environnement lunaire, le rendant « résistant aux radiations, aux impacts de micrométéorites, ainsi qu'aux variations extrêmes de température allant de -170 à +120 °C, tout en gérant le défi posé par la poussière lunaire », nous renseigne Franco Fenoglio.

En ce qui concerne la gestion de la poussière lunaire, qui est collante, volatile et allergène, elle « représente un défi majeur », avertit Franco Fenoglio. Il précise que plusieurs solutions techniques sont à l'étude pour empêcher la circulation de cette poussière à l'intérieur du module, notamment la mise en place d'une « séparation physique entre les différentes parties du module ou l'adoption de systèmes de prévention de la contamination ». De plus, le MPH sera équipé d'une autonomie énergétique grâce à des panneaux solaires déployés pendant les jours lunaires, qui durent 15 jours terrestres, relayés pendant la nuit lunaire par des batteries.

En résumé, le MPH représente une avancée significative dans l'exploration spatiale, positionnant la Lune comme une destination clé pour les futures missions habitées et préparant les premières expéditions humaines vers Mars d'ici les années 2040. Grâce à sa conception, sa mobilité et son adaptabilité aux conditions lunaires, cet habitat pourrait jouer un rôle essentiel dans l'établissement d'une présence humaine durable sur notre satellite naturel.



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