Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon
Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon
© Space Transportation

publié le 25 novembre 2025 à 16:30

671 mots

Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon

La start-up chinoise Space Transportation a dévoilé un clip indiquant sa nouvelle vision stratégique. Elle souhaite passer de l’industrie spatiale à l’industrie de défense avec le développement de missiles hypersoniques. Mais le clip propose le Japon comme cible… Communication erratique ou assumée ? C’est la première fois qu’une entreprise du New Space chinois prend ouvertement parti.


Clip polémique sur fonds de tensions entre la Chine et le Japon

Le 25 novembre, Space Transportation change de ton en annonçant rejoindre l’industrie de défense et dévoile son missile hypersonique, le Tianxing YKJ-1000. D’une portée annoncée de 500 à 1300 km, le planeur hypersonique qu’il emporte peut atteindre Mach 5 à 7. La vidéo laisse penser qu’il est capable d’identifier seul la cible dans sa phase de vol planante. Le clip montre qu’un premier essai a été réalisé. On y voit le missile décoller d’une rampe de lancement mobile intégrée dans un conteneur. Le missile décolle à l’aide d’un premier étage à propulsion solide. Le second étage se compose du planeur hypersonique et dispose de deux moteurs dont on ignore le type de propulsion (possiblement liquide).

Le clip promotionnel semble normal à l’exception de l’épilogue où on voit plusieurs missiles YKJ-1000 se diriger vers le Japon. Le message interroge : Space Transportation n’avait jamais pris position contre le Japon auparavant. Ce message surgit en pleine crise de tensions entre la Chine et le Japon autour de Taïwan. La nouvelle première ministre japonaise Sanae Takaichi avait évoqué le 7 novembre la possibilité d’une intervention militaire si jamais la Chine décide d’envahir Taïwan. En réponse, la Chine a pris plusieurs mesures de rétorsion, surtout économiques. Selon CGTN, 12 liaisons aériennes entre la Chine et le Japon ont été annulées, ce qui limitera les recettes nippones avec moins de touristes chinois.

La tension est encore montée d’un cran aujourd’hui avec le déploiement d’avions sur l’île de Yonaguni, en réponse à la détection d’un drone présumé chinois dans l’espace aérien entre l’île nippone et Taïwan. Le ministre japonais de la Défense était aujourd’hui en déplacement sur l’île, où le Japon a décidé de déployer des missiles sol-air moyenne portée Type 03 Chū-SAM.

Le clip de Space Transportation est un signe de l’alignement de l’industrie chinoise avec l’agressivité de l’État envers Taïwan, moins de trois mois après le défilé militaire du 3 septembre, où étaient présentés des missiles hypersoniques YJ-15, YJ-19, YJ-18C et DF-17. L’YKJ-1000 peut être un complément au missile DF-27, dont la portée excède 8000 km. Selon d’où il est tiré depuis le territoire chinois, l’YKJ-1000 peut atteindre des cibles japonaises.

Les évolutions stratégiques d’une start-up chinoise

Comment passer du business du tourisme spatial à un possible incident diplomatique ? Fondée en 2018, la start-up privée chinoise Space Transportation, connue aussi sous le nom de Lingkong Tianxing Technology, avait commencé à développer des petites fusées. À l’époque, le gouvernement chinois invitait toutes les institutions à partager des technologies pour aider le tout frais New Space chinois à émerger à toute vitesse. Ainsi, la start-up hérite de travaux de l’université de Xiamen et parvient à faire décoller en un temps record un premier démonstrateur nommé Jiageng en avril 2019, soit à peine un an après la naissance de l’entreprise. Jiageng vole une autre fois en décembre 2019. Deux ans plus tard, Space Transportation réalise un premier vol atmosphérique d’un autre démonstrateur, Tianxing.

Dès sa fondation, Space Transportation se lance dans le business du vol habité hypersonique et supersonique. Ils se mettent à rêver d’un service de transport de passager à Mach 4, et de joindre Pékin à New York en seulement deux heures. En 2024, on retrouvait la start-up à la Space Tech Expo de Brême, autour d’un prototype d’avion spatial. Ils ambitionnaient alors un avion plus gros (70 tonnes), capable de transporter 50 passagers à Mach 5. Leur présence dans un salon international avait comme but de séduire à l’étranger et de favoriser les législations en faveur de ce type de transport aérien.

Bénéficiant de généreuses levées de fonds, l’entreprise recrute des centaines d’employés au fil des ans, répartis dans diverses filiales, et travaille dans l’ombre le développement de systèmes de propulsion. Plusieurs tests de moteurs et de prototypes ont lieu. Peu à peu, l’expérience de Space Transportation monte, en même temps que l’effervescence autour des missiles hypersoniques.

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25/11/2025 16:30
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Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon

La start-up chinoise Space Transportation a dévoilé un clip indiquant sa nouvelle vision stratégique. Elle souhaite passer de l’industrie spatiale à l’industrie de défense avec le développement de missiles hypersoniques. Mais le clip propose le Japon comme cible… Communication erratique ou assumée ? C’est la première fois qu’une entreprise du New Space chinois prend ouvertement parti.

Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon
Hypersonique : un étrange clip d’une start-up en Chine suggère de bombarder le Japon

Clip polémique sur fonds de tensions entre la Chine et le Japon

Le 25 novembre, Space Transportation change de ton en annonçant rejoindre l’industrie de défense et dévoile son missile hypersonique, le Tianxing YKJ-1000. D’une portée annoncée de 500 à 1300 km, le planeur hypersonique qu’il emporte peut atteindre Mach 5 à 7. La vidéo laisse penser qu’il est capable d’identifier seul la cible dans sa phase de vol planante. Le clip montre qu’un premier essai a été réalisé. On y voit le missile décoller d’une rampe de lancement mobile intégrée dans un conteneur. Le missile décolle à l’aide d’un premier étage à propulsion solide. Le second étage se compose du planeur hypersonique et dispose de deux moteurs dont on ignore le type de propulsion (possiblement liquide).

Le clip promotionnel semble normal à l’exception de l’épilogue où on voit plusieurs missiles YKJ-1000 se diriger vers le Japon. Le message interroge : Space Transportation n’avait jamais pris position contre le Japon auparavant. Ce message surgit en pleine crise de tensions entre la Chine et le Japon autour de Taïwan. La nouvelle première ministre japonaise Sanae Takaichi avait évoqué le 7 novembre la possibilité d’une intervention militaire si jamais la Chine décide d’envahir Taïwan. En réponse, la Chine a pris plusieurs mesures de rétorsion, surtout économiques. Selon CGTN, 12 liaisons aériennes entre la Chine et le Japon ont été annulées, ce qui limitera les recettes nippones avec moins de touristes chinois.

La tension est encore montée d’un cran aujourd’hui avec le déploiement d’avions sur l’île de Yonaguni, en réponse à la détection d’un drone présumé chinois dans l’espace aérien entre l’île nippone et Taïwan. Le ministre japonais de la Défense était aujourd’hui en déplacement sur l’île, où le Japon a décidé de déployer des missiles sol-air moyenne portée Type 03 Chū-SAM.

Le clip de Space Transportation est un signe de l’alignement de l’industrie chinoise avec l’agressivité de l’État envers Taïwan, moins de trois mois après le défilé militaire du 3 septembre, où étaient présentés des missiles hypersoniques YJ-15, YJ-19, YJ-18C et DF-17. L’YKJ-1000 peut être un complément au missile DF-27, dont la portée excède 8000 km. Selon d’où il est tiré depuis le territoire chinois, l’YKJ-1000 peut atteindre des cibles japonaises.

Les évolutions stratégiques d’une start-up chinoise

Comment passer du business du tourisme spatial à un possible incident diplomatique ? Fondée en 2018, la start-up privée chinoise Space Transportation, connue aussi sous le nom de Lingkong Tianxing Technology, avait commencé à développer des petites fusées. À l’époque, le gouvernement chinois invitait toutes les institutions à partager des technologies pour aider le tout frais New Space chinois à émerger à toute vitesse. Ainsi, la start-up hérite de travaux de l’université de Xiamen et parvient à faire décoller en un temps record un premier démonstrateur nommé Jiageng en avril 2019, soit à peine un an après la naissance de l’entreprise. Jiageng vole une autre fois en décembre 2019. Deux ans plus tard, Space Transportation réalise un premier vol atmosphérique d’un autre démonstrateur, Tianxing.

Dès sa fondation, Space Transportation se lance dans le business du vol habité hypersonique et supersonique. Ils se mettent à rêver d’un service de transport de passager à Mach 4, et de joindre Pékin à New York en seulement deux heures. En 2024, on retrouvait la start-up à la Space Tech Expo de Brême, autour d’un prototype d’avion spatial. Ils ambitionnaient alors un avion plus gros (70 tonnes), capable de transporter 50 passagers à Mach 5. Leur présence dans un salon international avait comme but de séduire à l’étranger et de favoriser les législations en faveur de ce type de transport aérien.

Bénéficiant de généreuses levées de fonds, l’entreprise recrute des centaines d’employés au fil des ans, répartis dans diverses filiales, et travaille dans l’ombre le développement de systèmes de propulsion. Plusieurs tests de moteurs et de prototypes ont lieu. Peu à peu, l’expérience de Space Transportation monte, en même temps que l’effervescence autour des missiles hypersoniques.



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