Entre les géants Heckler and Koch, Beretta ou Sig Sauer, les industriels français n’avaient pas à rougir lors du salon Eurosatory, s’étant tenu du 17 au 21 juin dernier. Parmi eux, la compagnie Verney-Carron et sa branche défense et sécurité, Lebel, exposaient leurs produits sur un stand sobre mais animé. VCD 15, VCD 9 ou lance-grenades Cobra, le fabricant basé à Saint-Étienne souhaite se positionner comme l’une des sociétés innovantes en France, et comme un acteur important sur le marché de la défense. Le Directeur du Développement de la firme, Guillaume Verney-Carron, n’a pas hésité à échanger avec Air & Cosmos pour offrir sa vision du futur de Verney-Carron.

A & C : Comment se distingue Lebel dans son identité, depuis le rachat de Verney-Carron par Cybergun [en 2022] :

G. V-C : Le dépôt de la marque Lebel est antérieur au rachat de Verney-Carron par Cybergun, et date d’il y a quatre ans. Nous avions donc déjà deux secteurs bien distincts : le volet destiné à la chasse avec Verney-Carron et la partie défense avec Lebel. Cybergun est venu nous apporter un support sur le plan de la production et du financier. Par ailleurs, Cybergun est aussi présent dans le domaine défense et la sécurité, et développe de l’airsoft durci pour l’entraînement des forces.

Vous avez un produit « phare », le fusil d’assaut VCD 15. Quel est le processus de conception d’une telle arme ?

Notre objectif a été de reconstruire une plateforme AR-15, à compter de 2014 et suivant l’appel d’offre visant à remplacer le Famas au sein des armées françaises. Nous souhaitions fournir un fusil d’assaut attirant pour les investisseurs, simple à utiliser et robuste. Cela représente des années de R&D, avec 70 % de la valeur de l’arme provenant de France et d’un sourcing national. La production est commune avec Verney-Carron Chasse : nous avons des collaborateurs polyvalents, capables de passer d’un atelier et d’un sujet à l’autre.

Qu’est-ce qui distingue le VCD d’un autre fusil d’assaut de type AR tirant du 5,56 ?

Dans la conception de la plateforme, nous avons mis l’emphase sur l’ergonomie, le design et la précision. Le choix des pièces à une importance capitale, afin que l’arme soit plus fluide dans sa prise en main et son maniement. C’est aussi un fusil d’assaut résistant : le VCD a passé les tests MilSpec réglementaires et résiste à des conditions difficiles telles que des utilisations en terrains boueux, sablonneux, extrêmement froids, etc…

En novembre 2023, la compagnie officialisait la vente de 10 000 VCD à l’Ukraine. Depuis, le contrat semble gelé, qu’en est-il ?

Pour des raisons de confidentialité, nous ne pouvons pas fournir trop d’éléments sur le sujet. Mais c’est toujours sur la table. Cela avance en interne, nous attendons l’aval de nos partenaires ukrainiens, sous la supervision du gouvernement français.

Vous avez une visibilité sur de futurs appels d’offre ?

Nous avons d’autres marchés, notamment avec les forces de l’ordre. Nous sommes en passe de fournir 3 000 nouveaux lanceurs lance grenades aux CRS, qui seront déployés sur le terrain au fur et à mesure des cinq prochaines années. Nous faisons cohabiter le domaine du létal et du « moins » létal, tout en étant force de proposition. Nos forces de l’ordre sont parmi les meilleures du monde, la volonté de Lebel est de renforcer le travail avec le Ministère de l’Intérieur pour être au plus près des besoins du terrain. Notre nouveau lanceur, le Cobra, offre une véritable plus-value vis-à-vis des précédents lance-grenades. Nous avons misé sur l’ergonomie, avec une plateforme bi-coup, totalement ambidextre, facile et rapide d’utilisation.

Comment visualisez-vous le futur de Verney-Carron et Lebel ?

Chez nous, l’innovation est constante. Notre ambition est de nous positionner comme un candidat sérieux sur le marché français d’abord puis européen vis-à-vis des « petites » unités puis des plus grandes. Notre proximité avec les utilisateurs finaux nous permet un retour d’expérience direct. Nous avons des projets confidentiels en interne et sommes en cours d’appels d’offre à l’étranger, dont nous ne pouvons pas encore parler. La défense et la sécurité, représente jusqu’à 35 à 40 % de notre chiffre d’affaires, France et export confondu. La dynamique est bonne : nous mettons tout en oeuvre pour assoir notre présence et devenir un acteur de poids dans le domaine.