Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J
Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J
© @DeptofDefense

publié le 28 avril 2023 à 06:30

716 mots

Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J

Un lance-roquettes multiple HIMARS a été projeté d’Allemagne en Belgique via un avion de transport tactique C-130J Super Hercules de l’USAF. Il s’agissait d’entrainer les militaires américains aux procédures du Fire Raid. Cette tactique a pour objectif de projeter par les airs un HIMARS sur une zone où l’ennemi ne s’y attend pas, effectuer le tir des munitions, redécoller immédiatement avec l'HIMARS, le tout, en moins de 10 minutes.


Shoot and Scoot

Avec le développement des radars de contrebatterie, les pièces d'artillerie doivent constamment se mettre en mouvement, sous peine d'être anéanties par un tir de contrebatterie ennemi. Cette technique de tir-mouvements-tir est dénommée Shoot and Scoot et est d'ailleurs utilisée actuellement en Ukraine, tout particulièrement par les obusiers CAESAr livrés aux Forces armées ukrainiennes. 

Cependant, la mobilité des pièces d'artillerie, qu'elles soient tractées ou autotractées, reste limitée à une zone géographique. L’emploi d'hélicoptères de transport moyen ou lourd permet d'augmenter cette mobilité mais elle ne concerne que les pièces légères. Pour répondre à ce besoin de mouvement, les Forces armées américaines ont alors développé le concept de Fire Raid. C'est dans cette optique qu'un entrainement a été organisé durant ce mois d'avril en Belgique.

Fire Raid en Belgique

Un lance-roquettes multiple M142 HIMARS s'est rendu sur la base aérienne de Ramstein (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) pour rentrer dans la soute d'un avion de transport tactique C-130J Hercules. Celui-ci a ensuite décollé pour se rendre sur la base aérienne de Chièvres (Hainaut, Belgique). Sur place, l'HIMARS est sorti de la soute pour simuler le tir de ses munitions. Pendant ce temps, le Super Hercules a laissé ses moteurs tourner afin de simuler sa remise en position pour le décollage. Normalement, dès que le véhicule est sorti, l'avion doit se déplacer sur les taxiways et arriver au début de la piste pour être prêt à décoller. Pendant ce temps, l'HIMARS effectue sa mise en batterie et tire ses munitions avant de rejoindre le Super Hercules. L'avion a ensuite redécollé pour se rendre à nouveau en Allemagne.

Frapper avec choc et surprise

Si l'entrainement en Belgique ne concernait qu'un seul HIMARS, il suffit d'imaginer la capacité de destruction qu'offrirait le déploiement d'une batterie complète d'HIMARS. Les Ukrainiens ont déjà démontré les capacités que pouvaient offrir les six roquettes guidées d'une portée de 80 kilomètres... mais les Forces armées américaines détiennent également des missiles balistiques tactiques ATACMS (300 kilomètres, un par HIMARS) et prochainement, des missiles balistiques tactiques PrSM (500 kilomètres, deux par HIMARS).

En plus de cette capacité de destruction, il permet aux Forces armées américaines de frapper avec surprise, depuis une zone où aucun HIMARS n'est déployé ou même depuis une zone où l'HIMARS n'est pas capable de se rendre. De fait, les capacités de contrebatterie sur cette zone seraient diminuées, voire inexistantes. Si par hasard l'ennemi détient dans la région une capacité de contrebatterie, il ne faut pas oublier que la phase de tir ne prend que quelques minutes et qu'au moment où les batteries ennemies ouvriraient le feu, les avions seraient déjà en vol : dès que le C-130J s'est posé, il faut seulement attendre moins de 10 minutes pour le voir redécoller avec l'HIMARS, vidé de ses munitions, dans sa soute. Cela offre aux HIMARS américains une capacité Shoot and Scoot exceptionnelle.

C'est aussi une véritable tactique d'emploi aéromobile pour des pièces d'artillerie : tant que les C-130 emportent des packs de munitions, les HIMARS peuvent se déplacer rapidement de plusieurs centaines de kilomètres et frapper des cibles dans différentes régions ou une seule et même cible depuis plusieurs endroits espacés de centaines de kilomètres. Par exemple, pour frapper Chièvres depuis la France, il suffit de transporter un HIMARS équipé d'un ATACAMS dans la région de :

  • Metz (Moselle)
  • Nancy (Meurthe-et-Moselle)
  • Troyes (Aube)
  • Chartres (Eure-et-Loir)
  • Le Havre (Seine-Maritime)

Il faut toutefois noter que si l'HIMARS peut se recharger tout seul, il faut qu'un avion emporte un véhicule capable de transporter les packs de roquettes ou de missiles en dehors de l'avion. Dès lors, l'HIMARS doit rester quelques minutes de plus au sol pour se recharger. Cela implique donc un rechargement effectué avant le tir pour réduire les possibilités de détection. Enfin, cette tactique repose sur une véritable logistique qui doit pouvoir assurer un flux important de munitions ainsi qu'un entretien des appareils suite à leur utilisation intense, particulièrement dans le cas où les avions se posent sur des terrains non préparés.

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28/04/2023 06:30
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Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J

Un lance-roquettes multiple HIMARS a été projeté d’Allemagne en Belgique via un avion de transport tactique C-130J Super Hercules de l’USAF. Il s’agissait d’entrainer les militaires américains aux procédures du Fire Raid. Cette tactique a pour objectif de projeter par les airs un HIMARS sur une zone où l’ennemi ne s’y attend pas, effectuer le tir des munitions, redécoller immédiatement avec l'HIMARS, le tout, en moins de 10 minutes.

Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J
Fire Raid en Belgique : un HIMARS déployé depuis un C-130J

Shoot and Scoot

Avec le développement des radars de contrebatterie, les pièces d'artillerie doivent constamment se mettre en mouvement, sous peine d'être anéanties par un tir de contrebatterie ennemi. Cette technique de tir-mouvements-tir est dénommée Shoot and Scoot et est d'ailleurs utilisée actuellement en Ukraine, tout particulièrement par les obusiers CAESAr livrés aux Forces armées ukrainiennes. 

Cependant, la mobilité des pièces d'artillerie, qu'elles soient tractées ou autotractées, reste limitée à une zone géographique. L’emploi d'hélicoptères de transport moyen ou lourd permet d'augmenter cette mobilité mais elle ne concerne que les pièces légères. Pour répondre à ce besoin de mouvement, les Forces armées américaines ont alors développé le concept de Fire Raid. C'est dans cette optique qu'un entrainement a été organisé durant ce mois d'avril en Belgique.

Fire Raid en Belgique

Un lance-roquettes multiple M142 HIMARS s'est rendu sur la base aérienne de Ramstein (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) pour rentrer dans la soute d'un avion de transport tactique C-130J Hercules. Celui-ci a ensuite décollé pour se rendre sur la base aérienne de Chièvres (Hainaut, Belgique). Sur place, l'HIMARS est sorti de la soute pour simuler le tir de ses munitions. Pendant ce temps, le Super Hercules a laissé ses moteurs tourner afin de simuler sa remise en position pour le décollage. Normalement, dès que le véhicule est sorti, l'avion doit se déplacer sur les taxiways et arriver au début de la piste pour être prêt à décoller. Pendant ce temps, l'HIMARS effectue sa mise en batterie et tire ses munitions avant de rejoindre le Super Hercules. L'avion a ensuite redécollé pour se rendre à nouveau en Allemagne.

Frapper avec choc et surprise

Si l'entrainement en Belgique ne concernait qu'un seul HIMARS, il suffit d'imaginer la capacité de destruction qu'offrirait le déploiement d'une batterie complète d'HIMARS. Les Ukrainiens ont déjà démontré les capacités que pouvaient offrir les six roquettes guidées d'une portée de 80 kilomètres... mais les Forces armées américaines détiennent également des missiles balistiques tactiques ATACMS (300 kilomètres, un par HIMARS) et prochainement, des missiles balistiques tactiques PrSM (500 kilomètres, deux par HIMARS).

En plus de cette capacité de destruction, il permet aux Forces armées américaines de frapper avec surprise, depuis une zone où aucun HIMARS n'est déployé ou même depuis une zone où l'HIMARS n'est pas capable de se rendre. De fait, les capacités de contrebatterie sur cette zone seraient diminuées, voire inexistantes. Si par hasard l'ennemi détient dans la région une capacité de contrebatterie, il ne faut pas oublier que la phase de tir ne prend que quelques minutes et qu'au moment où les batteries ennemies ouvriraient le feu, les avions seraient déjà en vol : dès que le C-130J s'est posé, il faut seulement attendre moins de 10 minutes pour le voir redécoller avec l'HIMARS, vidé de ses munitions, dans sa soute. Cela offre aux HIMARS américains une capacité Shoot and Scoot exceptionnelle.

C'est aussi une véritable tactique d'emploi aéromobile pour des pièces d'artillerie : tant que les C-130 emportent des packs de munitions, les HIMARS peuvent se déplacer rapidement de plusieurs centaines de kilomètres et frapper des cibles dans différentes régions ou une seule et même cible depuis plusieurs endroits espacés de centaines de kilomètres. Par exemple, pour frapper Chièvres depuis la France, il suffit de transporter un HIMARS équipé d'un ATACAMS dans la région de :

  • Metz (Moselle)
  • Nancy (Meurthe-et-Moselle)
  • Troyes (Aube)
  • Chartres (Eure-et-Loir)
  • Le Havre (Seine-Maritime)

Il faut toutefois noter que si l'HIMARS peut se recharger tout seul, il faut qu'un avion emporte un véhicule capable de transporter les packs de roquettes ou de missiles en dehors de l'avion. Dès lors, l'HIMARS doit rester quelques minutes de plus au sol pour se recharger. Cela implique donc un rechargement effectué avant le tir pour réduire les possibilités de détection. Enfin, cette tactique repose sur une véritable logistique qui doit pouvoir assurer un flux important de munitions ainsi qu'un entretien des appareils suite à leur utilisation intense, particulièrement dans le cas où les avions se posent sur des terrains non préparés.



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