Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?
Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?
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publié le 01 août 2024 à 13:30

1173 mots

Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?

L’arrivée des avions de combat F-16 en Ukraine laisse à penser que la logistique, les installations et les personnels nécessaires sont prêts en Ukraine. Cependant, est-ce que les Forces armées ukrainiennes préparent-elles aussi le terrain en augmentant les ciblages de systèmes antiaériens, et tout particulièrement les systèmes antiaériens longue portée ?


Une question

Avec les récentes annonces de la très prochaine arrivée cet été des premiers avions de combat F-16AM Fighting Falcon en Ukraine, de nombreuses questions se concentrent sur leur utilisation et leur armement, les infrastructures nécessaires en Ukraine, leur protection au sol, etc. Ces questions sont pour l'instant sans réponse ; le F-16 en Ukraine est un sujet extrêmement bien gardé et aucune image précise et géolocalisée en Ukraine n'est pour l'instant disponible. En revanche, une question intéressante est de savoir si l'Ukraine prépare le terrain ; est-ce que les Forces armées ukrainiennes ont augmenter leurs missions DEAD (destruction des défenses antiaériennes ennemies) ?

Un mot sur Oryx

Grâce au site Oryx, rassemblant de nombreuses images disponibles en OSINT (sources ouvertes), il est possible de connaitre les pertes matérielles russes entre le 24 février 2022 jusqu'à aujourd'hui. Cependant, les données présentées ci-dessous s'arrêtent au 25 juillet 2024. À noter qu'Oryx fourni des informations à double tranchant ; ces informations sont sûres, avec une image en preuve... mais ne couvre pas la totalité des pertes, chaque perte réelle n'ayant pas été photographiée. Les données sont donc à prendre à minima !

Oryx classifie les pertes en quatre catégories :

  • Abandonné
  • Capturé
  • Endommagé
  • Détruit

Il arrive parfois que certains véhicules sont doublement catégorisés ; "endommagé et capturé" ou encore "abandonné et détruit". Afin de faciliter l'analyse, le dernier état connu sera pris en compte et de fait, le premier exemple sera listé en "capturé" et le second en "détruit".

Quelles pertes générales ?

Ainsi, Oryx liste, entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024 (soit 882 jours ou 2 ans, 5 mois et 1 jour) la mise hors de combat de 288 systèmes antiaériens russes. Le tableau ci-dessous précise les pertes des systèmes antiaériens comptabilisés. À noter que seuls les véhicules équipés de canons et/ou missiles sont comptés. Par exemple, la perte du S-350 est un véhicule lance-missiles antiaériens 8x8 50P6E équipés de 12 missiles. Les postes de commandement, véhicules de soutien,... ne sont pas repris.

Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024.
Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024. © Air&Cosmos
Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024.

Il serait aussi une erreur de ne pas prendre en compte les systèmes de détection aérienne ; les lanceurs de certains systèmes ne sont pas équipés de radars et dépendent donc de radars externes. La destruction de ces radars n'impliquerait pas la destruction dans lanceurs mais ceux-ci perdraient en efficacité ou seraient même totalement aveugle du fait de ces radars mis hors de combat.

Et donc, entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024, les Forces armées russes ont perdu en Ukraine au moins 34 radars capables de détecter des avions, hélicoptères et parfois missiles. Il faut préciser qu'Oryx ne différencie pas les radars sol-air aux radars sol-sol ; seuls les radars sol-air sont pris en compte. Il n'y a également pas de distinction entre les radars intégrés à une batterie par rapport à certains radars utilisés indépendamment mais alimentant plusieurs batteries antiaériennes de leurs données recueillies.

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Au niveau de l'état des systèmes antiaériens et radars hors de combat, la majorité sont détruits et ensuite endommagés ;

  • Abandonnés : 1 % des systèmes antiaériens et 0 % des radars.
  • Capturés : 11 % des systèmes antiaériens et 9 % des radars.
  • Endommagés : 17 % des systèmes antiaériens et 20 % des radars.
  • Détruits : 71 % des systèmes antiaériens et 71 % des radars.
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT).
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT). © Air&Cosmos
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT).

L'arrivée des F-16 ?

Au niveau dates, le graphe ci-dessous permet d'apercevoir plusieurs pics de pertes, dont la plupart de ces pertes ont été enregistrées dans certaines régions spécifiques où les combats étaient plus intenses.

Le premier pic est directement visible, dès le mois de février 2022 jusqu'en juin 2022. Il correspond clairement aux contre-attaques ukrainiennes lancées après l'invasion russe du 24 février 2022 ainsi que la rupture du front au nord de l'Ukraine et du côté de Kharkiv. À cette époque, les petits drones ne jouaient pas encore un rôle aussi important qu'aujourd'hui mais de plus grands hexacoptères ou encore octocoptères d'Aerorozivdka (par exemple) ou encore les drones moyenne altitude et de longue endurance TB2 Bayraktar ont été utilisés à de nombreuses reprises - et avec beaucoup d'étonnement - contre les systèmes antiaériens russes.

Un second pic, plus faible mais plus long dans le temps que le premier, est visible entre avril et octobre 2024. Il coïncide avec la "contre-offensive ukrainienne de l'été 2023" ou plutôt l'offensive ukrainienne de l'été 2023. Les mois de juin étaient des pertes en préparation de l'offensive, celle-ci n'ayant été lancée au sol qu'au mois de juin et terminée en novembre 2023 avec de faibles résultats.

Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022. © Air&Cosmos
Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.

Le front s'est ensuite stabilisé de manière générale, les offensives étant très localisées et ce, dans les deux camps. Cependant, le nombre de systèmes antiaériens russes détruits ne fait que croître entre février et juin 2024. Toutefois, aucune offensive importante n'est organisée par les Ukrainiens durant cette période. Il s'avère même que pour les seuls 7 premiers mois de l'année 2024, 12 systèmes antiaériens longue portée russes ont été mis hors de combat... alors que la totalité de l'année 2023 - avec l'offensive de l'été - comprend 13 de ces mêmes systèmes longue portée hors de combat. 

L'intérêt de regarder spécifiquement ces systèmes longue portée s'explique par leur emploi ; d'après les services de renseignements britanniques, les systèmes longue portée et tout particulièrement le S-400 (SA-21 Growler) seront utilisés afin d'abattre les F-16AM Fighting Falcon ukrainiens. À noter qu'au niveau détection, les Russes devaient combiner leurs S-400 avec les avions de détection avancée et de commandement (AEW&C) A-50 . Cependant, sur la dizaine d'appareils en service, deux ont été détruits, le premier par un système antiaérien longue portée Patriot PAC-2 ukrainien, le second par un moyen non connu actuellement (thèse du S-200 avancée mais non confirmée). Les Mainstay ont donc été reculé de la ligne de front, d'où l'importance des systèmes de détection au sol. Mais là aussi, les pertes augmentent ; 1 à 2 radars chaque mois... et ce, de manière constante entre novembre 2023 et juillet 2024. Certaines pertes comprennent même des batteries entières, comme la batterie S-400 frappée par un missile balistique courte portée (SRBM) ATACMS.

Il y a clairement une volonté ukrainienne en 2024 de réduire les capacités antiaériennes russes. Est-ce pour préparer l'arrivée des F-16 ? Oui... mais pas uniquement car ces systèmes antiaériens, tout particulièrement les systèmes antiaériens longue portée, représentent aussi un danger important pour les avions de combat MiG-29 Fulcrum, Su-27 Flanker ou encore bombardiers tactiques Su-24 Fencer actuellement en service dans la Force aérienne ukrainienne. Inversement, le besoin en défense antiaérienne longue portée au sein des Forces russes en Ukraine est important, au point même de reporter des exportations prévues avant le conflit. C'est notamment le cas des cinq batteries S-400 indiennes ; la livraison des 2 dernières batteries est constamment reportée, Moscou ayant centré la totalité des industriels militaires russes sur le soutien aux forces engagées en Ukraine.

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01/08/2024 13:30
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Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?

L’arrivée des avions de combat F-16 en Ukraine laisse à penser que la logistique, les installations et les personnels nécessaires sont prêts en Ukraine. Cependant, est-ce que les Forces armées ukrainiennes préparent-elles aussi le terrain en augmentant les ciblages de systèmes antiaériens, et tout particulièrement les systèmes antiaériens longue portée ?

Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?
Destruction des systèmes antiaériens russes : l'Ukraine prépare-t-elle l'arrivée des F-16 ?

Une question

Avec les récentes annonces de la très prochaine arrivée cet été des premiers avions de combat F-16AM Fighting Falcon en Ukraine, de nombreuses questions se concentrent sur leur utilisation et leur armement, les infrastructures nécessaires en Ukraine, leur protection au sol, etc. Ces questions sont pour l'instant sans réponse ; le F-16 en Ukraine est un sujet extrêmement bien gardé et aucune image précise et géolocalisée en Ukraine n'est pour l'instant disponible. En revanche, une question intéressante est de savoir si l'Ukraine prépare le terrain ; est-ce que les Forces armées ukrainiennes ont augmenter leurs missions DEAD (destruction des défenses antiaériennes ennemies) ?

Un mot sur Oryx

Grâce au site Oryx, rassemblant de nombreuses images disponibles en OSINT (sources ouvertes), il est possible de connaitre les pertes matérielles russes entre le 24 février 2022 jusqu'à aujourd'hui. Cependant, les données présentées ci-dessous s'arrêtent au 25 juillet 2024. À noter qu'Oryx fourni des informations à double tranchant ; ces informations sont sûres, avec une image en preuve... mais ne couvre pas la totalité des pertes, chaque perte réelle n'ayant pas été photographiée. Les données sont donc à prendre à minima !

Oryx classifie les pertes en quatre catégories :

  • Abandonné
  • Capturé
  • Endommagé
  • Détruit

Il arrive parfois que certains véhicules sont doublement catégorisés ; "endommagé et capturé" ou encore "abandonné et détruit". Afin de faciliter l'analyse, le dernier état connu sera pris en compte et de fait, le premier exemple sera listé en "capturé" et le second en "détruit".

Quelles pertes générales ?

Ainsi, Oryx liste, entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024 (soit 882 jours ou 2 ans, 5 mois et 1 jour) la mise hors de combat de 288 systèmes antiaériens russes. Le tableau ci-dessous précise les pertes des systèmes antiaériens comptabilisés. À noter que seuls les véhicules équipés de canons et/ou missiles sont comptés. Par exemple, la perte du S-350 est un véhicule lance-missiles antiaériens 8x8 50P6E équipés de 12 missiles. Les postes de commandement, véhicules de soutien,... ne sont pas repris.

Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024.
Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024. © Air&Cosmos
Pertes de systèmes antiaériens russes en Ukraine confirmées par Oryx entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024.

Il serait aussi une erreur de ne pas prendre en compte les systèmes de détection aérienne ; les lanceurs de certains systèmes ne sont pas équipés de radars et dépendent donc de radars externes. La destruction de ces radars n'impliquerait pas la destruction dans lanceurs mais ceux-ci perdraient en efficacité ou seraient même totalement aveugle du fait de ces radars mis hors de combat.

Et donc, entre le 24 février 2022 et le 25 juillet 2024, les Forces armées russes ont perdu en Ukraine au moins 34 radars capables de détecter des avions, hélicoptères et parfois missiles. Il faut préciser qu'Oryx ne différencie pas les radars sol-air aux radars sol-sol ; seuls les radars sol-air sont pris en compte. Il n'y a également pas de distinction entre les radars intégrés à une batterie par rapport à certains radars utilisés indépendamment mais alimentant plusieurs batteries antiaériennes de leurs données recueillies.

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Au niveau de l'état des systèmes antiaériens et radars hors de combat, la majorité sont détruits et ensuite endommagés ;

  • Abandonnés : 1 % des systèmes antiaériens et 0 % des radars.
  • Capturés : 11 % des systèmes antiaériens et 9 % des radars.
  • Endommagés : 17 % des systèmes antiaériens et 20 % des radars.
  • Détruits : 71 % des systèmes antiaériens et 71 % des radars.
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT).
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT). © Air&Cosmos
État des pertes de systèmes antiaériens et radars russes en Ukraine (confirmé par Oryx en OSINT).

L'arrivée des F-16 ?

Au niveau dates, le graphe ci-dessous permet d'apercevoir plusieurs pics de pertes, dont la plupart de ces pertes ont été enregistrées dans certaines régions spécifiques où les combats étaient plus intenses.

Le premier pic est directement visible, dès le mois de février 2022 jusqu'en juin 2022. Il correspond clairement aux contre-attaques ukrainiennes lancées après l'invasion russe du 24 février 2022 ainsi que la rupture du front au nord de l'Ukraine et du côté de Kharkiv. À cette époque, les petits drones ne jouaient pas encore un rôle aussi important qu'aujourd'hui mais de plus grands hexacoptères ou encore octocoptères d'Aerorozivdka (par exemple) ou encore les drones moyenne altitude et de longue endurance TB2 Bayraktar ont été utilisés à de nombreuses reprises - et avec beaucoup d'étonnement - contre les systèmes antiaériens russes.

Un second pic, plus faible mais plus long dans le temps que le premier, est visible entre avril et octobre 2024. Il coïncide avec la "contre-offensive ukrainienne de l'été 2023" ou plutôt l'offensive ukrainienne de l'été 2023. Les mois de juin étaient des pertes en préparation de l'offensive, celle-ci n'ayant été lancée au sol qu'au mois de juin et terminée en novembre 2023 avec de faibles résultats.

Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022. © Air&Cosmos
Déroulé des pertes de systèmes antiaériens et radars russes (confirmées par Oryx) en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.

Le front s'est ensuite stabilisé de manière générale, les offensives étant très localisées et ce, dans les deux camps. Cependant, le nombre de systèmes antiaériens russes détruits ne fait que croître entre février et juin 2024. Toutefois, aucune offensive importante n'est organisée par les Ukrainiens durant cette période. Il s'avère même que pour les seuls 7 premiers mois de l'année 2024, 12 systèmes antiaériens longue portée russes ont été mis hors de combat... alors que la totalité de l'année 2023 - avec l'offensive de l'été - comprend 13 de ces mêmes systèmes longue portée hors de combat. 

L'intérêt de regarder spécifiquement ces systèmes longue portée s'explique par leur emploi ; d'après les services de renseignements britanniques, les systèmes longue portée et tout particulièrement le S-400 (SA-21 Growler) seront utilisés afin d'abattre les F-16AM Fighting Falcon ukrainiens. À noter qu'au niveau détection, les Russes devaient combiner leurs S-400 avec les avions de détection avancée et de commandement (AEW&C) A-50 . Cependant, sur la dizaine d'appareils en service, deux ont été détruits, le premier par un système antiaérien longue portée Patriot PAC-2 ukrainien, le second par un moyen non connu actuellement (thèse du S-200 avancée mais non confirmée). Les Mainstay ont donc été reculé de la ligne de front, d'où l'importance des systèmes de détection au sol. Mais là aussi, les pertes augmentent ; 1 à 2 radars chaque mois... et ce, de manière constante entre novembre 2023 et juillet 2024. Certaines pertes comprennent même des batteries entières, comme la batterie S-400 frappée par un missile balistique courte portée (SRBM) ATACMS.

Il y a clairement une volonté ukrainienne en 2024 de réduire les capacités antiaériennes russes. Est-ce pour préparer l'arrivée des F-16 ? Oui... mais pas uniquement car ces systèmes antiaériens, tout particulièrement les systèmes antiaériens longue portée, représentent aussi un danger important pour les avions de combat MiG-29 Fulcrum, Su-27 Flanker ou encore bombardiers tactiques Su-24 Fencer actuellement en service dans la Force aérienne ukrainienne. Inversement, le besoin en défense antiaérienne longue portée au sein des Forces russes en Ukraine est important, au point même de reporter des exportations prévues avant le conflit. C'est notamment le cas des cinq batteries S-400 indiennes ; la livraison des 2 dernières batteries est constamment reportée, Moscou ayant centré la totalité des industriels militaires russes sur le soutien aux forces engagées en Ukraine.



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