La récente destruction d’un A-50 Mainstay russe a laissé paraitre une vidéo de nuit présentée comme le tir de leurres infrarouges pour éviter un missile ukrainien. En réalité, le largage de ces « leurres » ne correspond en aucun cas avec un largage de leurres pour un si gros appareil. Il semblerait tout simplement que la vidéo en question n’a aucun lien avec l’interception du Mainstay.
Le 23 février 2024, la veille des deux ans de l’invasion russe de l’Ukraine, la Force aérienne russe perdait à nouveau un avion de guet aérien avancé et de contrôle (AEW&C) A-50 Mainstay. Cet appareil est une version de l’avion de transport Il-76 Candid spécialisée dans la surveillance longue distance d’un espace aérien et le commandement des opérations aériennes dans cet espace.
Les réseaux sociaux russes, ukrainiens, ainsi que des vidéos de la carcasse de l’avion confirment la perte du Mainstay. Le site du crash a été localisé à Trudovaya Armeniya (Kraï de Krasnodar, Russie), à plus de 200 kilomètres de la ligne de front. Il s’agit de la deuxième perte d’un Mainstay pour la Force aérienne russe, après la récente perte le 14 janvier dernier d’un premier Mainstay. À noter qu’un troisième appareil avait été endommagé en Biélorussie le 3 mars 2023 mais son état actuel est inconnu. Au total, les Forces armées russes alignaient avant le 24 février 2022, moins de 10 A-50 Mainstay opérationnels, en ce compris des A-50U, une variante modernisée de cet appareil.
Si la perte est confirmée, une vidéo publiée en masse sur les réseaux sociaux semble avoir été mal-interprétée. Elle semble le moment où l’appareil russe tenterait d’éviter le missile ukrainien en larguant des leurres infrarouges. Étonnamment, l'explosion d'un missile est visible à 0:53, avant l'interception présumée de l'A-50 à 1:03.
Pour rappel, lorsqu’un missile infrarouge est tiré vers un avion, les systèmes de détection de l’avion en question (s’il en est équipé) vont automatiquement tirer des leurres infrarouges. L’idée est de faire confondre au missile la chaleur émise par les moteurs avec la chaleur émise par les leurres infrarouges. Dès lors, l’A-50 doit tirer de nombreux leurres afin de « camoufler » la chaleur émise par ses quatre réacteurs. La publication sur X ci-dessous, via ses images et surtout sa vidéo, démontrent clairement le tir multidirectionnel et en masse de ces leurres depuis plusieurs Il-76. Or, la vidéo de nuit montre seulement deux séquences de largage de « leurres infrarouges ». Pire encore, comparé aux images ci-dessus, les « leurres » sont largués en ligne droite et ne couvrent en aucun cas la chaleur des quatre réacteurs. Un effet miroir est même visible au-dessus des « leurres ». Or, cet effet est en réalité un indice extrêmement important !
Le 6 juillet 2023, la branche de l’US Air Force rattachée au Commandement central américain (US AFCENT) publiait une vidéo tournée depuis plusieurs drones MALE MQ-9A Reaper. Durant le vol, effectué le 5 juillet 2023 au-dessus de la Syrie, deux avions de combat Su-35 Flanker-E russes ont fortement gêné trois MQ-9A américains : pleine puissance des moteurs d’un des Su-35 alors qu’il s’était positionné juste devant un Reaper, vol à très faible distance, etc… mais aussi le tir de leurres infrarouges freinés par parachutes.
La réponse viendra de The War Zone : il s’agissait de cibles infrarouges ralenties par parachutes et larguées depuis les pylônes externes des Su-35. Concrètement, lorsque les pilotes russes ou personnels des batteries antiaériennes doivent s'entrainer à tirer des missiles à guidage infrarouge en conditions réelles, et au lieu d'utiliser un drone cible, un avion transportant ces cibles infrarouges peut alors les larguer sur une zone d'exercice. Le parachute permet de ralentir la chute du leurre et de laisser le temps à l'avion largueur de sortir de la zone de tir, et permettre un exercice plus ou moins réel... ou dans ce cas-ci, d'endommager un drone américain.
Ainsi donc, la présence de parachutes sur les "leurres", le largage de seulement quelques "leurres", le largage non conforme en ligne droite laisse clairement à penser que cette vidéo représente un exercice de tir de missiles infrarouges n'ayant aucun lien avec la destruction en vol de l'A-50. Ce raisonnement ne s'applique pas uniquement pour l'A-50 ou l'Il-76 ; la totalité des appareils militaires de grandes tailles et équipés de leurres thermiques larguent tous au minima une vingtaine de leurres éparpillés derrières les moteurs. C'est le cas pour :
Enfin, il est aussi possible d'ajouter... qu'il est étonnamment impossible de pouvoir confirmer l’identité de l’appareil tirant ces cibles. Il existe malheureusement très peu d’images en sources ouvertes du tir de leurres d’un A-50 ou même d’un Il-76 de nuit mais de nombreux shows ou démonstrations de forces à travers le monde permettent d'avoir des tirs de nuit ouverts au public. Cependant, show oblige, la plupart du temps, les avions tire la totalité de leurs leurres infrarouges, comme démontré par le C-130J australien ci-dessous. En situation de combat, l'avion tirera plusieurs séries bien plus courtes de leurres, comme démontré dans la seconde image, avec un C-5M américain lors d'un tir d'essai. Au final, le nombre de leurres importe peu : dans les deux cas, il est clairement possible, en pleine nuit noire, d'identifier ou d'au moins partiellement classifier visuellement un avion tirant des leurres infrarouges, ce qui, une fois de plus, n'est pas le cas dans la vidéo "de l'A-50".
Le fait de supprimer cette vidéo de l'inventaire des informations disponibles concernant la destruction de l'A-50 signifie alors qu'aucune vidéo ne permet d'expliquer l'interception de l'appareil russe par un missile ukrainien, ou pourquoi pas, russe, dans le cadre d'un tir ami. Ces deux hypothèses restent ainsi sans réponse claire et nette.
La récente destruction d’un A-50 Mainstay russe a laissé paraitre une vidéo de nuit présentée comme le tir de leurres infrarouges pour éviter un missile ukrainien. En réalité, le largage de ces « leurres » ne correspond en aucun cas avec un largage de leurres pour un si gros appareil. Il semblerait tout simplement que la vidéo en question n’a aucun lien avec l’interception du Mainstay.
Le 23 février 2024, la veille des deux ans de l’invasion russe de l’Ukraine, la Force aérienne russe perdait à nouveau un avion de guet aérien avancé et de contrôle (AEW&C) A-50 Mainstay. Cet appareil est une version de l’avion de transport Il-76 Candid spécialisée dans la surveillance longue distance d’un espace aérien et le commandement des opérations aériennes dans cet espace.
Les réseaux sociaux russes, ukrainiens, ainsi que des vidéos de la carcasse de l’avion confirment la perte du Mainstay. Le site du crash a été localisé à Trudovaya Armeniya (Kraï de Krasnodar, Russie), à plus de 200 kilomètres de la ligne de front. Il s’agit de la deuxième perte d’un Mainstay pour la Force aérienne russe, après la récente perte le 14 janvier dernier d’un premier Mainstay. À noter qu’un troisième appareil avait été endommagé en Biélorussie le 3 mars 2023 mais son état actuel est inconnu. Au total, les Forces armées russes alignaient avant le 24 février 2022, moins de 10 A-50 Mainstay opérationnels, en ce compris des A-50U, une variante modernisée de cet appareil.
Si la perte est confirmée, une vidéo publiée en masse sur les réseaux sociaux semble avoir été mal-interprétée. Elle semble le moment où l’appareil russe tenterait d’éviter le missile ukrainien en larguant des leurres infrarouges. Étonnamment, l'explosion d'un missile est visible à 0:53, avant l'interception présumée de l'A-50 à 1:03.
Pour rappel, lorsqu’un missile infrarouge est tiré vers un avion, les systèmes de détection de l’avion en question (s’il en est équipé) vont automatiquement tirer des leurres infrarouges. L’idée est de faire confondre au missile la chaleur émise par les moteurs avec la chaleur émise par les leurres infrarouges. Dès lors, l’A-50 doit tirer de nombreux leurres afin de « camoufler » la chaleur émise par ses quatre réacteurs. La publication sur X ci-dessous, via ses images et surtout sa vidéo, démontrent clairement le tir multidirectionnel et en masse de ces leurres depuis plusieurs Il-76. Or, la vidéo de nuit montre seulement deux séquences de largage de « leurres infrarouges ». Pire encore, comparé aux images ci-dessus, les « leurres » sont largués en ligne droite et ne couvrent en aucun cas la chaleur des quatre réacteurs. Un effet miroir est même visible au-dessus des « leurres ». Or, cet effet est en réalité un indice extrêmement important !
Le 6 juillet 2023, la branche de l’US Air Force rattachée au Commandement central américain (US AFCENT) publiait une vidéo tournée depuis plusieurs drones MALE MQ-9A Reaper. Durant le vol, effectué le 5 juillet 2023 au-dessus de la Syrie, deux avions de combat Su-35 Flanker-E russes ont fortement gêné trois MQ-9A américains : pleine puissance des moteurs d’un des Su-35 alors qu’il s’était positionné juste devant un Reaper, vol à très faible distance, etc… mais aussi le tir de leurres infrarouges freinés par parachutes.
La réponse viendra de The War Zone : il s’agissait de cibles infrarouges ralenties par parachutes et larguées depuis les pylônes externes des Su-35. Concrètement, lorsque les pilotes russes ou personnels des batteries antiaériennes doivent s'entrainer à tirer des missiles à guidage infrarouge en conditions réelles, et au lieu d'utiliser un drone cible, un avion transportant ces cibles infrarouges peut alors les larguer sur une zone d'exercice. Le parachute permet de ralentir la chute du leurre et de laisser le temps à l'avion largueur de sortir de la zone de tir, et permettre un exercice plus ou moins réel... ou dans ce cas-ci, d'endommager un drone américain.
Ainsi donc, la présence de parachutes sur les "leurres", le largage de seulement quelques "leurres", le largage non conforme en ligne droite laisse clairement à penser que cette vidéo représente un exercice de tir de missiles infrarouges n'ayant aucun lien avec la destruction en vol de l'A-50. Ce raisonnement ne s'applique pas uniquement pour l'A-50 ou l'Il-76 ; la totalité des appareils militaires de grandes tailles et équipés de leurres thermiques larguent tous au minima une vingtaine de leurres éparpillés derrières les moteurs. C'est le cas pour :
Enfin, il est aussi possible d'ajouter... qu'il est étonnamment impossible de pouvoir confirmer l’identité de l’appareil tirant ces cibles. Il existe malheureusement très peu d’images en sources ouvertes du tir de leurres d’un A-50 ou même d’un Il-76 de nuit mais de nombreux shows ou démonstrations de forces à travers le monde permettent d'avoir des tirs de nuit ouverts au public. Cependant, show oblige, la plupart du temps, les avions tire la totalité de leurs leurres infrarouges, comme démontré par le C-130J australien ci-dessous. En situation de combat, l'avion tirera plusieurs séries bien plus courtes de leurres, comme démontré dans la seconde image, avec un C-5M américain lors d'un tir d'essai. Au final, le nombre de leurres importe peu : dans les deux cas, il est clairement possible, en pleine nuit noire, d'identifier ou d'au moins partiellement classifier visuellement un avion tirant des leurres infrarouges, ce qui, une fois de plus, n'est pas le cas dans la vidéo "de l'A-50".
Le fait de supprimer cette vidéo de l'inventaire des informations disponibles concernant la destruction de l'A-50 signifie alors qu'aucune vidéo ne permet d'expliquer l'interception de l'appareil russe par un missile ukrainien, ou pourquoi pas, russe, dans le cadre d'un tir ami. Ces deux hypothèses restent ainsi sans réponse claire et nette.
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