Thèmes des exercices, gestion des procédures, agilité, la brigade de l'aviation de chasse (BAAC) franchit un nouveau palier pour conserver un cran d'avance dans son expertise de la haute intensité.
Durant la guerre du Golfe (1991), en Bosnie (1992-1995) ou au Kosovo (1999), en Libye (2011) ou encore en Syrie (2018) lors de l'opération Hamilton, l'Armée de l'Air et de l'Espace a pu vérifier son expertise de la haute intensité, tout en gérant, par ailleurs une cinquantaine d'années d'opérations extérieures dominées essentiellement par des opérations plus asymétriques, notamment en Afrique. Le retour de la conflictualité aérienne ne l'a donc pas prise en défaut, d'autant que la dissuasion nucléaire, comme la défense aérienne et l'astreinte de moyens conséquents -via l'échelon national d'urgence- l'avaient durablement structurée et inscrite dans la perspective de la haute intensité.
Mais les enseignements de la guerre en Ukraine obligent à aller encore plus loin, a constaté ce 9 janvier le nouveau patron de la brigade de l'aviation de chasse (BAAC), un pilote de Rafale issu des forces aériennes stratégiques qui a aussi commandé la base nucléaire d'Istres. Le général de brigade Pierre Gaudillière détaille les adaptations déjà prises ces derniers mois, et celles qu'il entend encore mettre en œuvre, alors que six futurs chefs de mission vont encore, à partir de quelque jours, subir l'implacable école du "tactical leadership program" (TLP), qui forme précisément à la haute intensité, à Albacete (Espagne). En tête de liste, la France contribue à hauteur de 20% au TLP.
La BAAC aligne 4 000 aviateurs, 20 systèmes sol-air (Crotale, Mamba, et VL Mica) et 240 aéronefs pilotés (chasseurs, mais aussi les Vador de renseignement) ou non pilotés (drones Reaper), une force importante sur le papier, mais qui comprend en fait une quinzaine d'aéronefs servant déjà aux ambassadeurs (Patrouille de France, Equipe de voltige), et à relativiser avec des taux de disponibilité... désormais classifiés. Et des parcs qui doivent prendre en compte aussi les ponctions liées à des contrats ou des assistances étrangers (Rafale Croatie et Mirage 2000-5 Ukraine).
Le général Gaudillière reconnaît travailler sur des gains dans le MCO, avec des périodes d'effort baptisés Emeraude qui concentrent les efforts des mécaniciens, mais aussi en prenant en compte une adversité bien plus réaliste. Lors de la dernière séquence de ce type, la 2e escadre de chasse de Luxeuil a dû tenir le ciel environnant contre les assauts répétés du reste de la chasse française. A charge des mécaniciens et armuriers de s'adapter pour tenir le rythme. Quitte à déroger aux normes du temps de paix, en ravitaillant par exemple les chasseurs moteur(s) tournant(s) -c'était déjà pratiqué sur hélicoptères et avions de transport- ou « en montant les missiles à la main » détaille le patron de la BAAC.
Au bilan, les gains de disponibilité obtenus durant ces périodes d'effort sont bénéfiques encore « au moins un mois après » note-t-il aussi. Pour plus de réalisme, les missions d'entraînement ne sont plus conduites « sans opposition » et le GPS -qui peut être brouillé ou déconnecté- est régulièrement éteint dans les cockpits. Parmi les thèmes 2025 à travailler figure la dispersion, que l'Armée de l'Air et de l'Espace travaille déjà prioritairement à l'étranger à travers les périodes Morane (réalisées ces derniers mois notamment en Suède, Finlande, Grèce, Allemagne, Croatie...) avec deux à trois chasseurs soutenus par une poignée de mécanos.
Avec une Armée de l'Air et de l'Espace dont le nombre de terrains s'est réduit ces 20 dernières années, ce sera plus difficile à conduire sur le territoire national, mais à ce stade, le général Gaudillère n'en dit pas plus, évoquant seulement des déploiements « hors des bases-mère de nos unités ». Et a priori sans aller jusqu'à se poser sur les routes, comme les Suédois et les Finlandais peuvent le pratiquer. D'anciens terrains militaires, ou occupés à temps partiel, pourraient être mis à profit. Cet effort prend aussi en compte l'interopérabilité dans le domaine du soutien. D'ores et déjà, grâce aux normes OTAN, les chasseurs français peuvent réaliser des Morane sur toutes les bases de l'OTAN. Et dès la semaine prochaine, « nous allons former durant le TLP des mécanos Rafale sur Eurofighter italiens et espagnols et vice versa » explique le lieutenant-colonel Julien Fond, représentant français du TLP.
Thèmes des exercices, gestion des procédures, agilité, la brigade de l'aviation de chasse (BAAC) franchit un nouveau palier pour conserver un cran d'avance dans son expertise de la haute intensité.
Durant la guerre du Golfe (1991), en Bosnie (1992-1995) ou au Kosovo (1999), en Libye (2011) ou encore en Syrie (2018) lors de l'opération Hamilton, l'Armée de l'Air et de l'Espace a pu vérifier son expertise de la haute intensité, tout en gérant, par ailleurs une cinquantaine d'années d'opérations extérieures dominées essentiellement par des opérations plus asymétriques, notamment en Afrique. Le retour de la conflictualité aérienne ne l'a donc pas prise en défaut, d'autant que la dissuasion nucléaire, comme la défense aérienne et l'astreinte de moyens conséquents -via l'échelon national d'urgence- l'avaient durablement structurée et inscrite dans la perspective de la haute intensité.
Mais les enseignements de la guerre en Ukraine obligent à aller encore plus loin, a constaté ce 9 janvier le nouveau patron de la brigade de l'aviation de chasse (BAAC), un pilote de Rafale issu des forces aériennes stratégiques qui a aussi commandé la base nucléaire d'Istres. Le général de brigade Pierre Gaudillière détaille les adaptations déjà prises ces derniers mois, et celles qu'il entend encore mettre en œuvre, alors que six futurs chefs de mission vont encore, à partir de quelque jours, subir l'implacable école du "tactical leadership program" (TLP), qui forme précisément à la haute intensité, à Albacete (Espagne). En tête de liste, la France contribue à hauteur de 20% au TLP.
La BAAC aligne 4 000 aviateurs, 20 systèmes sol-air (Crotale, Mamba, et VL Mica) et 240 aéronefs pilotés (chasseurs, mais aussi les Vador de renseignement) ou non pilotés (drones Reaper), une force importante sur le papier, mais qui comprend en fait une quinzaine d'aéronefs servant déjà aux ambassadeurs (Patrouille de France, Equipe de voltige), et à relativiser avec des taux de disponibilité... désormais classifiés. Et des parcs qui doivent prendre en compte aussi les ponctions liées à des contrats ou des assistances étrangers (Rafale Croatie et Mirage 2000-5 Ukraine).
Le général Gaudillière reconnaît travailler sur des gains dans le MCO, avec des périodes d'effort baptisés Emeraude qui concentrent les efforts des mécaniciens, mais aussi en prenant en compte une adversité bien plus réaliste. Lors de la dernière séquence de ce type, la 2e escadre de chasse de Luxeuil a dû tenir le ciel environnant contre les assauts répétés du reste de la chasse française. A charge des mécaniciens et armuriers de s'adapter pour tenir le rythme. Quitte à déroger aux normes du temps de paix, en ravitaillant par exemple les chasseurs moteur(s) tournant(s) -c'était déjà pratiqué sur hélicoptères et avions de transport- ou « en montant les missiles à la main » détaille le patron de la BAAC.
Au bilan, les gains de disponibilité obtenus durant ces périodes d'effort sont bénéfiques encore « au moins un mois après » note-t-il aussi. Pour plus de réalisme, les missions d'entraînement ne sont plus conduites « sans opposition » et le GPS -qui peut être brouillé ou déconnecté- est régulièrement éteint dans les cockpits. Parmi les thèmes 2025 à travailler figure la dispersion, que l'Armée de l'Air et de l'Espace travaille déjà prioritairement à l'étranger à travers les périodes Morane (réalisées ces derniers mois notamment en Suède, Finlande, Grèce, Allemagne, Croatie...) avec deux à trois chasseurs soutenus par une poignée de mécanos.
Avec une Armée de l'Air et de l'Espace dont le nombre de terrains s'est réduit ces 20 dernières années, ce sera plus difficile à conduire sur le territoire national, mais à ce stade, le général Gaudillère n'en dit pas plus, évoquant seulement des déploiements « hors des bases-mère de nos unités ». Et a priori sans aller jusqu'à se poser sur les routes, comme les Suédois et les Finlandais peuvent le pratiquer. D'anciens terrains militaires, ou occupés à temps partiel, pourraient être mis à profit. Cet effort prend aussi en compte l'interopérabilité dans le domaine du soutien. D'ores et déjà, grâce aux normes OTAN, les chasseurs français peuvent réaliser des Morane sur toutes les bases de l'OTAN. Et dès la semaine prochaine, « nous allons former durant le TLP des mécanos Rafale sur Eurofighter italiens et espagnols et vice versa » explique le lieutenant-colonel Julien Fond, représentant français du TLP.
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