26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande
26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande
© IWM

publié le 26 août 2024 à 20:06

870 mots

26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande

Alors que le drapeau tricolore flotte sur la tour Eiffel, que le général de Gaulle a terminé sa triomphale descente des Champs-Élysées, la fête de la libération de Paris est brutalement stoppée le 26 août au soir : plus d’une centaine de bombardiers allemands sont dans le ciel de Paris pour lâcher leurs bombes sur la capitale récemment libérée.


Un doublé chanceux

La libération de Paris par la 2ème Division Blindée du général de division Philippe Leclerc et la reddition le 25 août des unités allemandes dans Paris permis de sauver la capitale. Adolf Hitler avait en effet ordonné au général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, de ne pas laisser tomber Paris aux mains des Alliés, ou alors dans un champ de ruine : destruction de la totalité des ponts sur la Seine, destruction des monuments et sites historiques comme le Sénat, la tour Eiffel,... etc. Cependant, l'entrevue a convaincu le général que cet ordre ne valait la peine d'être exécuter jusqu'au bout ; les charges furent placées mais l'ordre de les faire exploser ne fut jamais signé par le général Von Choltitz. Hitler a alors ordonné le bombardement de de la capitale française par des V1 et V2 mais là aussi, l'ordre ne fut jamais transmis aux stations de lancement. Paris, mais aussi la France, évitent alors une véritable catastrophe ; en plus de sauver la ville, au moment où les premiers missiles allemands devaient tomber sur Paris, le général Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française, descendait triomphalement l'avenue des Champs-Élysées.

Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944).
Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944). © IMW
Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944).

Paris brûle-t-il ?

Mais la fête est de courte durée car le 26 au soir, un bourdonnement se fait entendre. Avec étonnement, il ne s'agit pas d'un raid de bombardiers lourds alliés vers l'Allemagne mais bel et bien de bombardiers allemands ! Ceux-ci ne viennent pas des aéroports de Paris encore aux mains des Allemands car les bombardiers moyens et chasseurs bombardiers alliés les ont sérieusement endommagés ou même détruit afin de devancer les armées alliées. L'aéroport d'Orly est par exemple attaqué à de nombreuses reprises pendant le mois de juillet 1944, forçant à cette même date, le départ des appareils allemands et le 18 août, la destruction des pistes, infrastructures, munitions et matériels restants. Cependant, les bases aériennes du Nord de la France, en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas sont encore utilisables. C'est donc de là que décollent plus de 110 bombardiers allemands de tous types (les sources varient sur les modèles d'appareils).

Et vers 23 heures, ces bombardiers allemands remontent Paris sur deux axes ; du Sud vers le Nord ou du Sud-Ouest vers le Nord-Est. L'objectif n'est toutefois pas de raser Paris mais d'y détruire les moyens logistiques ; les Allemands visent les nœuds de communication, tels que les gares ou carrefour importants et non pas la tour Eiffel et autres monuments de la capitale ! Cette mission est avant tout militaire et n'a aucun trait politique. Le raid est effectué de nuit afin de diminuer les éventuelles pertes car à l'époque, l'aviation alliée contrôle le ciel !

Cependant, Paris se trouve alors sur la ligne de front et vient tout juste d'être libérée. En conséquence, ses défenses sont faibles ; il n'y a par exemple aucune patrouille de chasseur de nuit qui couvre Paris cette nuit-là. Pire encore, au sol, les unités de canons antiaériens ne sont pas encore déployées et seuls les canons, half-track M16 et autres systèmes antiaériens de la 2ème Division Blindée française et de la 4ème Division d'Infanterie américaine s'efforcent de protéger la capitale française. La carte ci-dessous reprend la plupart des zones bombardées cette nuit-là.

Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944.
Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944. © Air&Cosmos, Google Earth
Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944.

Au total, environ (les chiffres varient en fonction des sources) 200 parisiens mais aussi militaires français et américains décèdent dans ce bombardement et plus de 900 sont blessés. Au niveau des dégâts matériels, plus de 400 bâtiments sont détruits et plus de 1 500 endommagés à des stades divers. Parmi les destructions se trouvent la Halle aux Vins, totalement détruite, l'hôpital Bichat (18ème arrondissement) a son aire de radiologie sérieusement endommagée et plusieurs personnels y décéderont, idem du côté de la rue de Schonberg où la caserne de la Garde Républicaine est aussi bombardée (13 gendarmes tués).

Pendant un instant, après deux jours de frénésie, la Luftwaffe remet les Parisiens face à la dure réalité : Paris est libre mais la guerre continue. L'avancée rapide des forces alliées reculera dès facto les bases aériennes de bombardiers et de fait, la menace que pouvait représenter ces appareils. La capitale française ne subira finalement pas d'autre bombardement et le vœu du chancelier allemand ne sera jamais exaucé : Paris ne brûlera pas !

Sitographie

Bombardement de Paris par les Allemands. Dans INA [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe86002797/bombardement-de-paris-par-les-allemands.

COSTE, Michel. 26-27 aout 1944 - Bombardement de Paris. Dans France-Crashes 39-45 [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://francecrashes39-45.net/bomb_paris.php.

Le bombardement du 26 août. Dans La Libération de Paris [en ligne]. S.d. [consulté le 25 août 2024]. Disponible sur : https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/le-bombardement-du-26-aout.

PRIMOUT, Gilles & RENOULT, Bruno. "La Luftwaffe bombarde Paris et la banlieue". Dans Musée de la Résistance en ligne [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://museedelaresistanceenligne.org/media4477-La-iLuftwaffe-i-bombarde-Paris-et-la-banlieue#fiche-tab.

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26/08/2024 20:06
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26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande

Alors que le drapeau tricolore flotte sur la tour Eiffel, que le général de Gaulle a terminé sa triomphale descente des Champs-Élysées, la fête de la libération de Paris est brutalement stoppée le 26 août au soir : plus d’une centaine de bombardiers allemands sont dans le ciel de Paris pour lâcher leurs bombes sur la capitale récemment libérée.

26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande
26 août 1944 : à peine libérée, Paris est bombardée par l'aviation allemande

Un doublé chanceux

La libération de Paris par la 2ème Division Blindée du général de division Philippe Leclerc et la reddition le 25 août des unités allemandes dans Paris permis de sauver la capitale. Adolf Hitler avait en effet ordonné au général Dietrich von Choltitz, gouverneur militaire de Paris, de ne pas laisser tomber Paris aux mains des Alliés, ou alors dans un champ de ruine : destruction de la totalité des ponts sur la Seine, destruction des monuments et sites historiques comme le Sénat, la tour Eiffel,... etc. Cependant, l'entrevue a convaincu le général que cet ordre ne valait la peine d'être exécuter jusqu'au bout ; les charges furent placées mais l'ordre de les faire exploser ne fut jamais signé par le général Von Choltitz. Hitler a alors ordonné le bombardement de de la capitale française par des V1 et V2 mais là aussi, l'ordre ne fut jamais transmis aux stations de lancement. Paris, mais aussi la France, évitent alors une véritable catastrophe ; en plus de sauver la ville, au moment où les premiers missiles allemands devaient tomber sur Paris, le général Charles de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République française, descendait triomphalement l'avenue des Champs-Élysées.

Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944).
Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944). © IMW
Après avoir ravivé la flamme du soldat inconnu, le général de Gaulle descend triomphalement l'avenue des Champs-Élysées (26 août 1944).

Paris brûle-t-il ?

Mais la fête est de courte durée car le 26 au soir, un bourdonnement se fait entendre. Avec étonnement, il ne s'agit pas d'un raid de bombardiers lourds alliés vers l'Allemagne mais bel et bien de bombardiers allemands ! Ceux-ci ne viennent pas des aéroports de Paris encore aux mains des Allemands car les bombardiers moyens et chasseurs bombardiers alliés les ont sérieusement endommagés ou même détruit afin de devancer les armées alliées. L'aéroport d'Orly est par exemple attaqué à de nombreuses reprises pendant le mois de juillet 1944, forçant à cette même date, le départ des appareils allemands et le 18 août, la destruction des pistes, infrastructures, munitions et matériels restants. Cependant, les bases aériennes du Nord de la France, en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas sont encore utilisables. C'est donc de là que décollent plus de 110 bombardiers allemands de tous types (les sources varient sur les modèles d'appareils).

Et vers 23 heures, ces bombardiers allemands remontent Paris sur deux axes ; du Sud vers le Nord ou du Sud-Ouest vers le Nord-Est. L'objectif n'est toutefois pas de raser Paris mais d'y détruire les moyens logistiques ; les Allemands visent les nœuds de communication, tels que les gares ou carrefour importants et non pas la tour Eiffel et autres monuments de la capitale ! Cette mission est avant tout militaire et n'a aucun trait politique. Le raid est effectué de nuit afin de diminuer les éventuelles pertes car à l'époque, l'aviation alliée contrôle le ciel !

Cependant, Paris se trouve alors sur la ligne de front et vient tout juste d'être libérée. En conséquence, ses défenses sont faibles ; il n'y a par exemple aucune patrouille de chasseur de nuit qui couvre Paris cette nuit-là. Pire encore, au sol, les unités de canons antiaériens ne sont pas encore déployées et seuls les canons, half-track M16 et autres systèmes antiaériens de la 2ème Division Blindée française et de la 4ème Division d'Infanterie américaine s'efforcent de protéger la capitale française. La carte ci-dessous reprend la plupart des zones bombardées cette nuit-là.

Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944.
Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944. © Air&Cosmos, Google Earth
Zones bombardées par la Luftwaffe dans leur bombardement de Paris dans la nuit du 26 au 27 août 1944.

Au total, environ (les chiffres varient en fonction des sources) 200 parisiens mais aussi militaires français et américains décèdent dans ce bombardement et plus de 900 sont blessés. Au niveau des dégâts matériels, plus de 400 bâtiments sont détruits et plus de 1 500 endommagés à des stades divers. Parmi les destructions se trouvent la Halle aux Vins, totalement détruite, l'hôpital Bichat (18ème arrondissement) a son aire de radiologie sérieusement endommagée et plusieurs personnels y décéderont, idem du côté de la rue de Schonberg où la caserne de la Garde Républicaine est aussi bombardée (13 gendarmes tués).

Pendant un instant, après deux jours de frénésie, la Luftwaffe remet les Parisiens face à la dure réalité : Paris est libre mais la guerre continue. L'avancée rapide des forces alliées reculera dès facto les bases aériennes de bombardiers et de fait, la menace que pouvait représenter ces appareils. La capitale française ne subira finalement pas d'autre bombardement et le vœu du chancelier allemand ne sera jamais exaucé : Paris ne brûlera pas !

Sitographie

Bombardement de Paris par les Allemands. Dans INA [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe86002797/bombardement-de-paris-par-les-allemands.

COSTE, Michel. 26-27 aout 1944 - Bombardement de Paris. Dans France-Crashes 39-45 [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://francecrashes39-45.net/bomb_paris.php.

Le bombardement du 26 août. Dans La Libération de Paris [en ligne]. S.d. [consulté le 25 août 2024]. Disponible sur : https://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/le-bombardement-du-26-aout.

PRIMOUT, Gilles & RENOULT, Bruno. "La Luftwaffe bombarde Paris et la banlieue". Dans Musée de la Résistance en ligne [en ligne]. S.d. [consulté le 26 août 2024]. Disponible sur : https://museedelaresistanceenligne.org/media4477-La-iLuftwaffe-i-bombarde-Paris-et-la-banlieue#fiche-tab.



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