Durant son premier et unique déploiement en opération de guerre, le porte-avions russe Amiral Kouznetsov avait perdu l’un de ses Su-33 Flanker-D durant un appontage. Près de sept années plus tard, une vidéo est apparue sur les réseaux sociaux et montre le Su-33 quelques instants après l’incident. Petit retour sur le navire malchanceux de la Marine russe qui, depuis ce déploiement de 2016, a accumulé de nombreux problèmes et incidents.
Le 16 novembre 2016, après avoir effectué une croisière depuis Severomorsk, l'unique porte-avions russe Amiral Kouznetsov (classe Kouznetsov) lançait pour la première fois l'un de ses MiG-29K ou Su-33 pour une opération de combat sur la Syrie. Cependant, ce baptême du feu a un prix :
Aucune image du second crash n'était alors disponible... jusqu'au 2 octobre 2023 : un marin russe a filmé le moment où le Flanker-D était dans l'eau. L'appareil est clairement reconnaissable de par ses couleurs, la forme du cockpit et son empennage double. Durant la vidéo, il est possible de voir que l'Amiral Kouznetsov a changé de cap et vire à bâbord (gauche), probablement pour assister les opérations de sauvetage. À la fin de la vidéo, le pilote du Su-33 est hélitreuillé vers l'un des hélicoptères du porte-avions (probablement un Ka-27 Helix).
Durant son seul et unique déploiement en opérations de guerre, les résultats du porte-avions sont mitigés : s'il a amené sur le théâtre d'opération 10 avions de combat Su-33 et cinq MiG-29K, le nombre de sorties aériennes fut faible. Au total, du 16 novembre 2016 à la fin du mois de janvier 2017, le groupe aérien embarqué effectua un peu plus de 400 sorties... dont seulement un tiers depuis le porte-avions ! Ce chiffre est dû au problème du système d'appontage, ayant causé la perte du Su-33. De fait, en attendant les réparations nécessaires, le groupe aérien embarqué, ou du moins, ses avions de combat, ont été redéployés sur la base aérienne de Hmeimim (Lattaquié, Syrie). Or, ces opérations donnent une moyenne de 5,2 sorties par jours (400 sorties, 76 jours d'opérations)... alors que quelques mois auparavant, en août 2016, les Forces aérospatiales russes (VKS) ont effectué près de 70 sorties par jours, principalement à l'aide de bombardiers tactiques Su-34 Fullback et bombardiers stratégiques Tu-22M3.
En ce qui concerne les deux avions perdus en mer Méditerranée, la presse russe avait annoncé le 22 mars 2017 que le navire spécialisé dans la collecte d'informations marines et sous-marines Yantar de la Marine russe avait "nettoyé" les avions de combat de leurs secrets : "[...] Les robots ont examiné les deux avions, ramassé les débris du fond et ont même retiré certains éléments de l'équipement embarqué des MiG-29 et Su-33. [...]"
Durant sa carrière, l'Amiral Kouznetsov a subi de nombreux revers. En près de 30 années, et en dehors de quelques déploiements et un seul et unique déploiement en opérations de guerre, le porte-avions russe n'effectuait en moyenne qu'une quinzaine de jours en mer. Son système de propulsion s'est avéré peu fiable : la combustion mal gérée du mazut (dérivé du fioul lourd, de faible qualité mais peu coûteux) ou due aux problèmes techniques du système de chauffe engendrent une fumée noire qui peut s'avérer toxique. Il était alors courant que des entretiens ou réparations en mer étaient effectuées directement sur les systèmes de propulsions, requérant parfois l'extinction d'une des chaudières. Or, en février 2012, alors qu'il se trouve au large du golfe de Gascogne (France, Espagne), le navire perd la totalité de son système de propulsion ! Le navire sera alors remorqué jusqu'en Russie par le remorqueur de haute mer Nikolay Chiker. Depuis, l'escadre du porte-avions comprend obligatoirement un remorqueur de haute mer.
Après son déploiement de 2016-17, le navire est entré dans une longue phase d'entretien. Cependant, la malchance continua de frapper quand le dock flottant PD-50 a coulé partiellement, alors que le porte-avions était à bord. Résultat, l'une des grues du dock s'est écrasée sur le porte-avions, perçant au passage une partie du pont d'envol. Le 12 décembre 2019, alors qu'il se trouvait cette fois-ci à quai, un incendie s'est déclaré à bord. D'après une source de l'US Naval Institute, les dégâts de l'incendie se chiffraient à environ 1,5 milliard de dollars et allongeant les travaux de maintenance (et de réparation) d'une année supplémentaire. Les problèmes semblaient alors se terminer le 20 mai 2022 quand le bâtiment entre enfin dans une cale-sèche spécialement modifiée pour l’accueillir. Toutefois, le 22 décembre 2022, un second incendie se déclare mais celui-ci semble de plus faible ampleur que le précédent.
Le porte-avions devrait terminer cette longue phase d'entretien et de réparations durant l'année 2024, après de nombreux délais et retards divers. Après les futurs essais en mer - et si ceux-ci sont concluants - il reste encore à savoir quel avenir réserve la Marine russe pour son porte-avions à une époque où la majeure partie du budget des Forces armées est concentrée sur l'invasion de l'Ukraine...
Pour rappel, l'Amiral Kouznetsov est un porte-avions de 59.440 tonnes (à pleine charge) de type STOBAR (Short Take-Off, Barrier-Arrested Recovery), à savoir qu'il n'est pas équipé de catapultes pour lancer ses appareils mais qu'il dispose tout de même de brins d'arrêts pour les appontages de ses avions. À titre de comparaison*, avec ses 304,5 mètres de long, il est plus long mais aussi plus léger que la classe Queen Elizabeth (280 mètres de long, 65.000 tonnes). Il est en revanche plus long et plus lourd que le porte-avions Charles de Gaulle (261,5 mètres, 42.000 tonnes). En revanche, il est bien plus petit et bien plus léger que la classe Gerald R. Ford (337 mètres, 101.604 tonnes).
*La comparaison avec ces trois classes de porte-avions n’est que symbolique : elle ne représente en rien les capacités de projection de puissance qu’offre ces bâtiments américain, français et anglais en comparaison aux capacités réelles et peu prouvées (très faible utilisation) de l’Amiral Kouznetsov.
Durant son premier et unique déploiement en opération de guerre, le porte-avions russe Amiral Kouznetsov avait perdu l’un de ses Su-33 Flanker-D durant un appontage. Près de sept années plus tard, une vidéo est apparue sur les réseaux sociaux et montre le Su-33 quelques instants après l’incident. Petit retour sur le navire malchanceux de la Marine russe qui, depuis ce déploiement de 2016, a accumulé de nombreux problèmes et incidents.
Le 16 novembre 2016, après avoir effectué une croisière depuis Severomorsk, l'unique porte-avions russe Amiral Kouznetsov (classe Kouznetsov) lançait pour la première fois l'un de ses MiG-29K ou Su-33 pour une opération de combat sur la Syrie. Cependant, ce baptême du feu a un prix :
Aucune image du second crash n'était alors disponible... jusqu'au 2 octobre 2023 : un marin russe a filmé le moment où le Flanker-D était dans l'eau. L'appareil est clairement reconnaissable de par ses couleurs, la forme du cockpit et son empennage double. Durant la vidéo, il est possible de voir que l'Amiral Kouznetsov a changé de cap et vire à bâbord (gauche), probablement pour assister les opérations de sauvetage. À la fin de la vidéo, le pilote du Su-33 est hélitreuillé vers l'un des hélicoptères du porte-avions (probablement un Ka-27 Helix).
Un porte-avion comme celui-là, qui en voudrait ?
Durant son seul et unique déploiement en opérations de guerre, les résultats du porte-avions sont mitigés : s'il a amené sur le théâtre d'opération 10 avions de combat Su-33 et cinq MiG-29K, le nombre de sorties aériennes fut faible. Au total, du 16 novembre 2016 à la fin du mois de janvier 2017, le groupe aérien embarqué effectua un peu plus de 400 sorties... dont seulement un tiers depuis le porte-avions ! Ce chiffre est dû au problème du système d'appontage, ayant causé la perte du Su-33. De fait, en attendant les réparations nécessaires, le groupe aérien embarqué, ou du moins, ses avions de combat, ont été redéployés sur la base aérienne de Hmeimim (Lattaquié, Syrie). Or, ces opérations donnent une moyenne de 5,2 sorties par jours (400 sorties, 76 jours d'opérations)... alors que quelques mois auparavant, en août 2016, les Forces aérospatiales russes (VKS) ont effectué près de 70 sorties par jours, principalement à l'aide de bombardiers tactiques Su-34 Fullback et bombardiers stratégiques Tu-22M3.
En ce qui concerne les deux avions perdus en mer Méditerranée, la presse russe avait annoncé le 22 mars 2017 que le navire spécialisé dans la collecte d'informations marines et sous-marines Yantar de la Marine russe avait "nettoyé" les avions de combat de leurs secrets : "[...] Les robots ont examiné les deux avions, ramassé les débris du fond et ont même retiré certains éléments de l'équipement embarqué des MiG-29 et Su-33. [...]"
Durant sa carrière, l'Amiral Kouznetsov a subi de nombreux revers. En près de 30 années, et en dehors de quelques déploiements et un seul et unique déploiement en opérations de guerre, le porte-avions russe n'effectuait en moyenne qu'une quinzaine de jours en mer. Son système de propulsion s'est avéré peu fiable : la combustion mal gérée du mazut (dérivé du fioul lourd, de faible qualité mais peu coûteux) ou due aux problèmes techniques du système de chauffe engendrent une fumée noire qui peut s'avérer toxique. Il était alors courant que des entretiens ou réparations en mer étaient effectuées directement sur les systèmes de propulsions, requérant parfois l'extinction d'une des chaudières. Or, en février 2012, alors qu'il se trouve au large du golfe de Gascogne (France, Espagne), le navire perd la totalité de son système de propulsion ! Le navire sera alors remorqué jusqu'en Russie par le remorqueur de haute mer Nikolay Chiker. Depuis, l'escadre du porte-avions comprend obligatoirement un remorqueur de haute mer.
Après son déploiement de 2016-17, le navire est entré dans une longue phase d'entretien. Cependant, la malchance continua de frapper quand le dock flottant PD-50 a coulé partiellement, alors que le porte-avions était à bord. Résultat, l'une des grues du dock s'est écrasée sur le porte-avions, perçant au passage une partie du pont d'envol. Le 12 décembre 2019, alors qu'il se trouvait cette fois-ci à quai, un incendie s'est déclaré à bord. D'après une source de l'US Naval Institute, les dégâts de l'incendie se chiffraient à environ 1,5 milliard de dollars et allongeant les travaux de maintenance (et de réparation) d'une année supplémentaire. Les problèmes semblaient alors se terminer le 20 mai 2022 quand le bâtiment entre enfin dans une cale-sèche spécialement modifiée pour l’accueillir. Toutefois, le 22 décembre 2022, un second incendie se déclare mais celui-ci semble de plus faible ampleur que le précédent.
Le porte-avions devrait terminer cette longue phase d'entretien et de réparations durant l'année 2024, après de nombreux délais et retards divers. Après les futurs essais en mer - et si ceux-ci sont concluants - il reste encore à savoir quel avenir réserve la Marine russe pour son porte-avions à une époque où la majeure partie du budget des Forces armées est concentrée sur l'invasion de l'Ukraine...
Pour rappel, l'Amiral Kouznetsov est un porte-avions de 59.440 tonnes (à pleine charge) de type STOBAR (Short Take-Off, Barrier-Arrested Recovery), à savoir qu'il n'est pas équipé de catapultes pour lancer ses appareils mais qu'il dispose tout de même de brins d'arrêts pour les appontages de ses avions. À titre de comparaison*, avec ses 304,5 mètres de long, il est plus long mais aussi plus léger que la classe Queen Elizabeth (280 mètres de long, 65.000 tonnes). Il est en revanche plus long et plus lourd que le porte-avions Charles de Gaulle (261,5 mètres, 42.000 tonnes). En revanche, il est bien plus petit et bien plus léger que la classe Gerald R. Ford (337 mètres, 101.604 tonnes).
*La comparaison avec ces trois classes de porte-avions n’est que symbolique : elle ne représente en rien les capacités de projection de puissance qu’offre ces bâtiments américain, français et anglais en comparaison aux capacités réelles et peu prouvées (très faible utilisation) de l’Amiral Kouznetsov.
Un porte-avion comme celui-là, qui en voudrait ?