Une vidéo publiée récemment confirme que l’Ukraine a déjà reçu et utilisé pour la première fois la bombe AASM livrée par la France. Contrairement aux bombes aériennes classiques, celle-ci dispose d’un système de guidage mais aussi et surtout, d’un système de propulsion permettant un tir allongé lors d’un largage en très basse altitude alors que l’avion vole à portée des systèmes antiaériens ennemis.
Le 16 janvier, Emmanuel Macron, président de la République, avait annoncé le transfert en Ukraine d'une quarantaine de missiles de croisière SCALP-EG et plusieurs centaines de bombes air-sol, mais sans préciser le type de bombe. Par après, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a confirmé que la France livrerait 50 bombes air-sol propulsées AASM et ce, chaque mois de l'année 2024. Depuis lors, aucune image ou vidéo de cette bombe en Ukraine, même si quelques vidéos d'explosion annonçaient l'utilisation d'une AASM, mais sans pouvoir réellement confirmer les faits.
Or, une vidéo publiée le 4 mars (ci-dessous) montre une explosion dans le village de Kozachi Laheri (oblast de Kherson, 46°42'26.7"N 32°58'17.6"E). Ce village borde le Dniepr et se trouve à seulement 4,5 kilomètres des premières lignes ukrainiennes. La fin de la vidéo voit l'insertion d'une image partielle d'une AASM 250 sur laquelle un message a été écrit en cyrillique, confirmant leur présence en Ukraine et leur utilisation sur le champ de bataille : [traduction approximative] "Pour les enfants d'Odessa avec haine, sans respect".
Pour rappel, cette bombe respecte des standards OTAN et de nombreux avions de combat peuvent transporter cette munition. Cependant, la flotte d'avions ukrainiens est d'origine soviétique et donc, n'a jamais été pensée pour transporter ce genre de munition : avions de combat MiG-29 et Su-27, bombardiers tactiques Su-24 ou encore avions d'attaque Su-25. De fait, les ingénieurs français et ukrainiens ont réussi à adapter au moins l'un de ces modèles d'appareils pour pouvoir emporter et larguer ce type de munition.
L'Armement Air-Sol Modulaire (AASM ou A2SM), également dénommé HAMMER (Highly Agile Modular Munition Extended Range), est une bombe guidée et propulsée, développée et produite par Safran. Elle se compose en trois parties :
Dans les airs, cette bombe n'est pas uniquement une arme de précision résistante au brouillage. Son système de guidage "tir et oublie" (fire and forget) permet à la bombe, une fois larguée, d'être totalement autonome*. De fait, un avion transportant plusieurs AASM peut neutraliser plusieurs cibles sur une même zone à l'aide de plusieurs bombes. C'est aussi une munition pouvant être tirée lorsque l'avion porteur se trouve en dehors de la portée des systèmes antiaériens ennemis (standoff) mais aussi à portée de ceux-ci (stand-in), tout en assurant la sécurité de l'avion :
Il faut toutefois rappeler que les avions ukrainiens ne sont actuellement pas libres de survoler en très basse altitude les lignes russes dans leur profondeur. Si les quelques systèmes antiaériens longue portée ukrainiens peuvent offrir une certaine couverture au-delà de la ligne de front, les avions de combat russes peuvent tirer des missiles antiaériens longue portée tout en restant en standoff (hors de portée des systèmes antiaériens ukrainiens). Il faut donc s'attendre à une utilisation des AASM en très basse altitude quasi constante, et ce, depuis les lignes ukrainiennes ou sur la ligne de front.
Alors, bien évidemment, un MiG-29 ou Su-27 équipé d'un ou de plusieurs missiles antiradars AGM-88 HARM peut accompagner l'avion ukrainien porteur d'AASM. Cette option permet d'aveugler les systèmes antiaériens en détruisant le ou les radars russes présents sur zone, ouvrant ainsi la voie à l'avion porteur d'AASM. Toutefois, cette tactique demande l'utilisation d'un ou de plusieurs missiles HARM, munition finalement assez rare en Ukraine car livrée par les États-Unis. Alors bien évidemment, l'AASM peut aussi être utilisée dans le cadre d'une mission de suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD) mais cette bombe n'emporte aucun capteur d'ondes radars, au contraire du HARM : si le radar se déplace pour émettre sur une autre position, l'AASM ne se redirigera pas vers la nouvelle position du radar russe.
En conclusion, la Force aérienne ukrainienne est certes limitée à 50 AASM par mois (soit moins de deux bombes larguées chaque jours) mais en basse altitude, elles permettent d'éviter un tir en Spray-and-Pray** pour détruire une cible de haute valeur isolée ou se trouvant en ville (limite les dommages collatéraux). L'avion peut ainsi s'approcher en stand-in en jouant avec le relief. Enfin, c'est aussi une arme capable de détruire de nombreuses cibles fixes (en dehors d'un ciblage laser, permettant une destruction mobile mais nécessitant un ciblage sur zone), en ce compris des radars ou lance-missiles antiaériens et ce, de manière autonome, sans que l'avion ukrainien ne doivent rester sur zone afin de guider sa bombe.
*Cette autonomie ne concerne bien évidemment pas l'AASM équipé d'un guidage laser. En revanche, le pointeur laser ne doit pas spécialement venir de l'avion, les troupes au sol peuvent désigner la cible s'ils ont une vue directe sur celle-ci.
**Un avion ou hélicoptère, arrivé à quelques kilomètres de la cible, monte subitement et tire de nombreuses roquettes en espérant toucher la cible visée. Utile pour traiter une large zone, méthode peu coûteuse mais surtout, très imprécise.
Une vidéo publiée récemment confirme que l’Ukraine a déjà reçu et utilisé pour la première fois la bombe AASM livrée par la France. Contrairement aux bombes aériennes classiques, celle-ci dispose d’un système de guidage mais aussi et surtout, d’un système de propulsion permettant un tir allongé lors d’un largage en très basse altitude alors que l’avion vole à portée des systèmes antiaériens ennemis.
Le 16 janvier, Emmanuel Macron, président de la République, avait annoncé le transfert en Ukraine d'une quarantaine de missiles de croisière SCALP-EG et plusieurs centaines de bombes air-sol, mais sans préciser le type de bombe. Par après, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a confirmé que la France livrerait 50 bombes air-sol propulsées AASM et ce, chaque mois de l'année 2024. Depuis lors, aucune image ou vidéo de cette bombe en Ukraine, même si quelques vidéos d'explosion annonçaient l'utilisation d'une AASM, mais sans pouvoir réellement confirmer les faits.
Or, une vidéo publiée le 4 mars (ci-dessous) montre une explosion dans le village de Kozachi Laheri (oblast de Kherson, 46°42'26.7"N 32°58'17.6"E). Ce village borde le Dniepr et se trouve à seulement 4,5 kilomètres des premières lignes ukrainiennes. La fin de la vidéo voit l'insertion d'une image partielle d'une AASM 250 sur laquelle un message a été écrit en cyrillique, confirmant leur présence en Ukraine et leur utilisation sur le champ de bataille : [traduction approximative] "Pour les enfants d'Odessa avec haine, sans respect".
Pour rappel, cette bombe respecte des standards OTAN et de nombreux avions de combat peuvent transporter cette munition. Cependant, la flotte d'avions ukrainiens est d'origine soviétique et donc, n'a jamais été pensée pour transporter ce genre de munition : avions de combat MiG-29 et Su-27, bombardiers tactiques Su-24 ou encore avions d'attaque Su-25. De fait, les ingénieurs français et ukrainiens ont réussi à adapter au moins l'un de ces modèles d'appareils pour pouvoir emporter et larguer ce type de munition.
L'Armement Air-Sol Modulaire (AASM ou A2SM), également dénommé HAMMER (Highly Agile Modular Munition Extended Range), est une bombe guidée et propulsée, développée et produite par Safran. Elle se compose en trois parties :
Dans les airs, cette bombe n'est pas uniquement une arme de précision résistante au brouillage. Son système de guidage "tir et oublie" (fire and forget) permet à la bombe, une fois larguée, d'être totalement autonome*. De fait, un avion transportant plusieurs AASM peut neutraliser plusieurs cibles sur une même zone à l'aide de plusieurs bombes. C'est aussi une munition pouvant être tirée lorsque l'avion porteur se trouve en dehors de la portée des systèmes antiaériens ennemis (standoff) mais aussi à portée de ceux-ci (stand-in), tout en assurant la sécurité de l'avion :
Il faut toutefois rappeler que les avions ukrainiens ne sont actuellement pas libres de survoler en très basse altitude les lignes russes dans leur profondeur. Si les quelques systèmes antiaériens longue portée ukrainiens peuvent offrir une certaine couverture au-delà de la ligne de front, les avions de combat russes peuvent tirer des missiles antiaériens longue portée tout en restant en standoff (hors de portée des systèmes antiaériens ukrainiens). Il faut donc s'attendre à une utilisation des AASM en très basse altitude quasi constante, et ce, depuis les lignes ukrainiennes ou sur la ligne de front.
Alors, bien évidemment, un MiG-29 ou Su-27 équipé d'un ou de plusieurs missiles antiradars AGM-88 HARM peut accompagner l'avion ukrainien porteur d'AASM. Cette option permet d'aveugler les systèmes antiaériens en détruisant le ou les radars russes présents sur zone, ouvrant ainsi la voie à l'avion porteur d'AASM. Toutefois, cette tactique demande l'utilisation d'un ou de plusieurs missiles HARM, munition finalement assez rare en Ukraine car livrée par les États-Unis. Alors bien évidemment, l'AASM peut aussi être utilisée dans le cadre d'une mission de suppression des défenses aériennes ennemies (SEAD) mais cette bombe n'emporte aucun capteur d'ondes radars, au contraire du HARM : si le radar se déplace pour émettre sur une autre position, l'AASM ne se redirigera pas vers la nouvelle position du radar russe.
En conclusion, la Force aérienne ukrainienne est certes limitée à 50 AASM par mois (soit moins de deux bombes larguées chaque jours) mais en basse altitude, elles permettent d'éviter un tir en Spray-and-Pray** pour détruire une cible de haute valeur isolée ou se trouvant en ville (limite les dommages collatéraux). L'avion peut ainsi s'approcher en stand-in en jouant avec le relief. Enfin, c'est aussi une arme capable de détruire de nombreuses cibles fixes (en dehors d'un ciblage laser, permettant une destruction mobile mais nécessitant un ciblage sur zone), en ce compris des radars ou lance-missiles antiaériens et ce, de manière autonome, sans que l'avion ukrainien ne doivent rester sur zone afin de guider sa bombe.
*Cette autonomie ne concerne bien évidemment pas l'AASM équipé d'un guidage laser. En revanche, le pointeur laser ne doit pas spécialement venir de l'avion, les troupes au sol peuvent désigner la cible s'ils ont une vue directe sur celle-ci.
**Un avion ou hélicoptère, arrivé à quelques kilomètres de la cible, monte subitement et tire de nombreuses roquettes en espérant toucher la cible visée. Utile pour traiter une large zone, méthode peu coûteuse mais surtout, très imprécise.
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