Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000
Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000

publié le 20 avril 2022 à 09:00

765 mots

Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000


BIO EXPRESS

Age: 35 ans

Formation :

  • 1999 : quitte le lycée général à Blois pour rejoindre une filière technique en alternance.
  • 2003 : bac pro technicien d’usinage au CFAI Centre d’Amboise.
  • 2007 : CDI chez un usineur de précision spécialisé dans le matériel médical.
  • 2013 : intègre Mekamicron à Blois.

Présentation

Derrière la machine à commande numérique qu’il dirige tous les jours, de 5h à 13h, Guillaume Bournon a collé l’affiche d’un Mirage 2000. « C’est nous qui rénovons les carters de transmission. Sans cela, l’avion ne redécolle pas », souligne ce technicien en usinage chez Mekamicron, à Blois, très fier de contribuer au maintien en conditions opérationnelles des avions de chasse de l’Armée de l’air.

« On part d’un bloc de métal brut. On cale la machine pour tailler dans la masse. Et c’est parti », montre cet opérateur expérimenté de 35 ans, qui travaille depuis quatre ans chez cet industriel fournisseur en direct d’Airbus, Safran ou Dassault. Préparation de la « bécane », une DMG Mori 5 axes, choix et réglage des outils de coupe, cotes et mesures, puis réalisation des pièces : voici le contenu du travail quotidien de ce « compagnon ».

Plutôt qu’opérateur ou technicien, Philippe Duchemin, président de ce petit groupe industriel de 140 salariés, préfère ce terme emprunté au registre des artisans. « A ce niveau d’excellence et de performance, l’industrie est une aventure collective. L’opérateur est bien un compagnon de l’entreprise », insiste le dirigeant de cette société spécialisée dans le taillage de grande précision des pignons et engrenages, de tout ce qui constitue une transmission. 

Fan de moto

« Dans l’aéronautique, chacun conserve de l’autonomie. Nous ne sommes pas les exécutants d’un ordre de fabrication, chacun est impliqué », ajoute Guillaume Bournon. « Ce n’est pas un métier très difficile. Quand on aime la mécanique et qu’on comprend le fonctionnement de la machine, ça va tout seul. On peut travailler sur n’importe quel tour d’usinage ensuite », sourit ce fan de moto en pianotant sur la tablette de commande.

L’intérêt de ce métier ? « Cela reste très manuel, on est en contact avec la matière. En même temps, on nous confie des machines de plusieurs centaines de milliers d’euros, qui usinent des métaux parfois très chers. D’un point de vue technique, cela peut devenir très complexe, la précision se joue au centième de millimètre. Certaines pièces ont une très forte valeur ajoutée », décrit Guillaume Bournon, qui déplore le manque d’intérêt des lycéens pour l’industrie.

« Il manque peut-être des passerelles entre les entreprises et le monde de l’enseignement », estime cet ancien élève d’un lycée général, qui, à 16 ans, a basculé vers l’enseignement technique avant de décrocher un bac pro au CFAI-Val de Loire d’Amboise, un centre de formation en apprentissage aux métiers de l’industrie. « C’est une formation très complète. Outre la connaissance sur le fonctionnement des machines de fraisage et tournage, j’ai appris à maitriser les logiciels de conception fabrication assistées par ordinateur (CFAO) », explique Guillaume Bournon.

Pôle emploi ? Ne connait pas 

« En tout cas, il faut rassurer les familles et les élèves : l’industrie, ce n’est plus des copeaux et du cambouis partout. Regardez, tout est propre et rangé », montre ce père de trois jeunes enfants, qui n’a jamais connu de périodes de chômage, même pendant la crise, et qui touche près de 2500 euros par mois.
Après son diplôme, Guillaume Bournon a travaillé comme usineur chez plusieurs industriels de la région, à Blois et Amboise, dont une entreprise de mécanique de précision fabriquant des prothèses médicales.

« Les offres d’emploi sont nombreuses dans l’usinage. Et la robotique ne nous remplacera pas. Il faudra toujours des hommes pour lancer les séries et régler les machines », ajoute Guillaume Bournon, qui admet être sollicité par d’autres entreprises du secteur. « J’ai même eu une proposition pour le Canada », rigole-t-il.

Mais il ne se voit pas déménager. « Les trajets domicile-travail sont plutôt rapides ici, on peut passer du temps avec ses proches. Et puis j’aime bien la taille de l’entreprise, tout le monde se connaît, on est une grande famille », assure-t-il.

La suite pour Guillaume Bournon ? « Il a les capacités pour intégrer le bureau méthodes, là où se créent les ordres de fabrication pour l’atelier », résume Mathieu Husband, 49 ans, « compagnon » au bureau méthodes justement, et qui s’invite très naturellement dans la conversation, un café à la main. « Vous voyez, cela n’a rien de stressant l’usine », sourit Guillaume Bournon. Les deux collègues poursuivent leur conversation, comme à la maison

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20/04/2022 09:00
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Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000

Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000
Série Métiers #13 : compagnon usineur pour Mirage 2000

BIO EXPRESS

Age: 35 ans

Formation :

  • 1999 : quitte le lycée général à Blois pour rejoindre une filière technique en alternance.
  • 2003 : bac pro technicien d’usinage au CFAI Centre d’Amboise.
  • 2007 : CDI chez un usineur de précision spécialisé dans le matériel médical.
  • 2013 : intègre Mekamicron à Blois.

Présentation

Derrière la machine à commande numérique qu’il dirige tous les jours, de 5h à 13h, Guillaume Bournon a collé l’affiche d’un Mirage 2000. « C’est nous qui rénovons les carters de transmission. Sans cela, l’avion ne redécolle pas », souligne ce technicien en usinage chez Mekamicron, à Blois, très fier de contribuer au maintien en conditions opérationnelles des avions de chasse de l’Armée de l’air.

« On part d’un bloc de métal brut. On cale la machine pour tailler dans la masse. Et c’est parti », montre cet opérateur expérimenté de 35 ans, qui travaille depuis quatre ans chez cet industriel fournisseur en direct d’Airbus, Safran ou Dassault. Préparation de la « bécane », une DMG Mori 5 axes, choix et réglage des outils de coupe, cotes et mesures, puis réalisation des pièces : voici le contenu du travail quotidien de ce « compagnon ».

Plutôt qu’opérateur ou technicien, Philippe Duchemin, président de ce petit groupe industriel de 140 salariés, préfère ce terme emprunté au registre des artisans. « A ce niveau d’excellence et de performance, l’industrie est une aventure collective. L’opérateur est bien un compagnon de l’entreprise », insiste le dirigeant de cette société spécialisée dans le taillage de grande précision des pignons et engrenages, de tout ce qui constitue une transmission. 

Fan de moto

« Dans l’aéronautique, chacun conserve de l’autonomie. Nous ne sommes pas les exécutants d’un ordre de fabrication, chacun est impliqué », ajoute Guillaume Bournon. « Ce n’est pas un métier très difficile. Quand on aime la mécanique et qu’on comprend le fonctionnement de la machine, ça va tout seul. On peut travailler sur n’importe quel tour d’usinage ensuite », sourit ce fan de moto en pianotant sur la tablette de commande.

L’intérêt de ce métier ? « Cela reste très manuel, on est en contact avec la matière. En même temps, on nous confie des machines de plusieurs centaines de milliers d’euros, qui usinent des métaux parfois très chers. D’un point de vue technique, cela peut devenir très complexe, la précision se joue au centième de millimètre. Certaines pièces ont une très forte valeur ajoutée », décrit Guillaume Bournon, qui déplore le manque d’intérêt des lycéens pour l’industrie.

« Il manque peut-être des passerelles entre les entreprises et le monde de l’enseignement », estime cet ancien élève d’un lycée général, qui, à 16 ans, a basculé vers l’enseignement technique avant de décrocher un bac pro au CFAI-Val de Loire d’Amboise, un centre de formation en apprentissage aux métiers de l’industrie. « C’est une formation très complète. Outre la connaissance sur le fonctionnement des machines de fraisage et tournage, j’ai appris à maitriser les logiciels de conception fabrication assistées par ordinateur (CFAO) », explique Guillaume Bournon.

Pôle emploi ? Ne connait pas 

« En tout cas, il faut rassurer les familles et les élèves : l’industrie, ce n’est plus des copeaux et du cambouis partout. Regardez, tout est propre et rangé », montre ce père de trois jeunes enfants, qui n’a jamais connu de périodes de chômage, même pendant la crise, et qui touche près de 2500 euros par mois.
Après son diplôme, Guillaume Bournon a travaillé comme usineur chez plusieurs industriels de la région, à Blois et Amboise, dont une entreprise de mécanique de précision fabriquant des prothèses médicales.

« Les offres d’emploi sont nombreuses dans l’usinage. Et la robotique ne nous remplacera pas. Il faudra toujours des hommes pour lancer les séries et régler les machines », ajoute Guillaume Bournon, qui admet être sollicité par d’autres entreprises du secteur. « J’ai même eu une proposition pour le Canada », rigole-t-il.

Mais il ne se voit pas déménager. « Les trajets domicile-travail sont plutôt rapides ici, on peut passer du temps avec ses proches. Et puis j’aime bien la taille de l’entreprise, tout le monde se connaît, on est une grande famille », assure-t-il.

La suite pour Guillaume Bournon ? « Il a les capacités pour intégrer le bureau méthodes, là où se créent les ordres de fabrication pour l’atelier », résume Mathieu Husband, 49 ans, « compagnon » au bureau méthodes justement, et qui s’invite très naturellement dans la conversation, un café à la main. « Vous voyez, cela n’a rien de stressant l’usine », sourit Guillaume Bournon. Les deux collègues poursuivent leur conversation, comme à la maison



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