Peu avant la fin de l’année 2023, l’Ukraine a lancé une nouvelle attaque de drones maritimes/de surface. Contrairement aux précédentes attaques suicides, les drones sont restés à distance de leur cible en tirant, pour la première fois, des roquettes vers Sébastopol. Ce changement de tactique démontre un virage stratégique pour les Ukrainiens : les drones de surface deviennent des moyens de projection.
Peu avant la fin de l'année 2023, la Marine ukrainienne a une nouvelle fois attaqué Sébastopol (Crimée). Les moyens sont connus car une vidéo a été publiée par le journal ukrainien Ukrainian Pravda (UP), dans un article publié le 1er janvier 2024 (vidéo ci-dessous). Il est possible d'identifier un drone de surface (USV) de type Sea Baby, notamment grâce aux trois premières lettres visibles sur sa proue ("Sea"), sur le côté bâbord (gauche) de l'USV. Cependant, contrairement aux précédentes attaques d'USV contre des navires russes ou contre le pont de Crimée, le drone en question ne s'est pas écrasé contre un autre bateau : il a tiré plusieurs roquettes. Un second USV, probablement un autre Sea Baby, était également déployé, la vidéo montrant des roquettes tirées à bâbord (gauche) de l'USV filmant cette attaque.
De précédentes images de Sea Baby montraient justement que l'USV pouvait être équipé de six lance-roquettes unitaires, identifiés comme étant des lance-roquettes RPV-16, une version ukrainienne du RPO-A Shmel soviétique/russe. Cette arme, parfois dénommée comme lance-flamme, est en réalité un lance-roquette unitaire tirant une roquette thermobarique. Concrètement la charge - dans ce cas-ci, de 2,1 kg - se libère en microgouttelettes ou microparticules. Quelques milli-secondes plus tard, une petite charge explosive déclenche l'explosion. Celle-ci est très importante et dégage une chaleur très élevée, une onde de choc et créé également une surpression. La chaleur intense et l'onde de choc peuvent paraitre importante dans ce type d'arme mais la surpression est probablement l'effet le plus dangereux : toute personne située en dehors de l'explosion mais dans la zone d'effet - dans ce cas-ci, un rayon de 50 mètres - peut subir des hémorragies internes, d'importants dégâts aux poumons, des fractures,... Les lésions peuvent être encore plus importantes si la zone d'effet comprend des personnes en environnement clos.
De fait, les armes thermobariques, comme le RPV-16, sont avant tout utilisées contre des fantassins ennemis en milieu fermé, comme des tranchées, bunkers ou encore certains bâtiments. Elles peuvent aussi être utilisées contre des véhicules non-blindés ou contre des véhicules blindés mais uniquement quand les trappes et différentes portes sont ouvertes. Elles peuvent également être utilisées pour détruire des installations non blindées ou encore, de par l'intensité de l'explosion, enflammer des installations stratégiques, voire même des dépôts de munitions ou encore de carburant.
Vasyl Malyuk, chef du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) et le général de brigade "Hunter"*, en charge du contre-espionnage au sein du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) mais aussi et surtout, de l'ensemble des programmes de drones de surface ukrainiens, donne d'ailleurs de nombreuses pistes sur le futur des capacités des USV ukrainiens. Le premier annonce ainsi que le SBU et la Marine innovent en interne et désormais sans l'aide d'entreprises privés, qui ont vu naitre les premiers USV suicides ukrainiens. Par exemple, la nouvelle capacité lance-roquettes sur le Sea Baby a été développée et ajoutée uniquement par une équipe de spécialistes du SBU, d'ingénieurs, d'informaticiens et de marins des Forces navales ukrainiennes et ce, sans aucune implication d'une entreprise privée.
L'approche du général de brigade Hunter est prometteuse car elle annonce de futures innovations, démontrant tout l'intérêt des USV dans un combat de haute intensité :
"Nous voulons décomposer un grand navire de guerre en ses fonctions - défense aérienne, armes, protection - et installer ces armes sur plusieurs drones."
Les Forces armées ukrainiennes savent très bien que construire des navires de combat (corvettes, frégates ou encore destroyers) prend énormément de temps, de ressources et de besoin en protection. Dès lors, les USV ukrainiens sont en train de devenir des effecteurs, des moyens de projection aux capacités différentes. Il y a bien évidemment les capacités mer-sol, comme démontré par les Sea Baby lance-roquettes mais pourquoi pas des USV aux capacités antiaériennes, mer-mer, etc. De fait, un essaim d'USV aux capacités différentes pourra ainsi effectuer des missions bien plus complexes, avec des moyens offensifs variés - aujourd'hui de simples roquettes, demain, des missiles antichars - mais également défensifs.
Il faut toutefois noter que les USV ukrainiens sont actuellement de faible taille et tonnage. Dès lors, les capacités sont avant tout légère : il est pour l'instant impensable de voir un USV ukrainien tirer un missile de croisière. Cependant, l'Ukraine démontre une nouvelle fois que sa Marine, composée de patrouilleurs et USV, peut effectuer des attaques sur les côtes contrôlées par les Russes, alors même que sur le papier, la Flotte russe de la mer Noire (frégates, corvettes, sous-marins,...) surclasse totalement la Marine ukrainienne. La vidéo ci-dessous explique, images à l'appui et en moins de 4 minutes, ce déséquilibre de puissance en mer Noire mais inversé par les Ukrainiens grâce à leurs USV.
*Nom de code, son identité est secrète.
Peu avant la fin de l’année 2023, l’Ukraine a lancé une nouvelle attaque de drones maritimes/de surface. Contrairement aux précédentes attaques suicides, les drones sont restés à distance de leur cible en tirant, pour la première fois, des roquettes vers Sébastopol. Ce changement de tactique démontre un virage stratégique pour les Ukrainiens : les drones de surface deviennent des moyens de projection.
Peu avant la fin de l'année 2023, la Marine ukrainienne a une nouvelle fois attaqué Sébastopol (Crimée). Les moyens sont connus car une vidéo a été publiée par le journal ukrainien Ukrainian Pravda (UP), dans un article publié le 1er janvier 2024 (vidéo ci-dessous). Il est possible d'identifier un drone de surface (USV) de type Sea Baby, notamment grâce aux trois premières lettres visibles sur sa proue ("Sea"), sur le côté bâbord (gauche) de l'USV. Cependant, contrairement aux précédentes attaques d'USV contre des navires russes ou contre le pont de Crimée, le drone en question ne s'est pas écrasé contre un autre bateau : il a tiré plusieurs roquettes. Un second USV, probablement un autre Sea Baby, était également déployé, la vidéo montrant des roquettes tirées à bâbord (gauche) de l'USV filmant cette attaque.
De précédentes images de Sea Baby montraient justement que l'USV pouvait être équipé de six lance-roquettes unitaires, identifiés comme étant des lance-roquettes RPV-16, une version ukrainienne du RPO-A Shmel soviétique/russe. Cette arme, parfois dénommée comme lance-flamme, est en réalité un lance-roquette unitaire tirant une roquette thermobarique. Concrètement la charge - dans ce cas-ci, de 2,1 kg - se libère en microgouttelettes ou microparticules. Quelques milli-secondes plus tard, une petite charge explosive déclenche l'explosion. Celle-ci est très importante et dégage une chaleur très élevée, une onde de choc et créé également une surpression. La chaleur intense et l'onde de choc peuvent paraitre importante dans ce type d'arme mais la surpression est probablement l'effet le plus dangereux : toute personne située en dehors de l'explosion mais dans la zone d'effet - dans ce cas-ci, un rayon de 50 mètres - peut subir des hémorragies internes, d'importants dégâts aux poumons, des fractures,... Les lésions peuvent être encore plus importantes si la zone d'effet comprend des personnes en environnement clos.
De fait, les armes thermobariques, comme le RPV-16, sont avant tout utilisées contre des fantassins ennemis en milieu fermé, comme des tranchées, bunkers ou encore certains bâtiments. Elles peuvent aussi être utilisées contre des véhicules non-blindés ou contre des véhicules blindés mais uniquement quand les trappes et différentes portes sont ouvertes. Elles peuvent également être utilisées pour détruire des installations non blindées ou encore, de par l'intensité de l'explosion, enflammer des installations stratégiques, voire même des dépôts de munitions ou encore de carburant.
Vasyl Malyuk, chef du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) et le général de brigade "Hunter"*, en charge du contre-espionnage au sein du Service de sécurité d'Ukraine (SBU) mais aussi et surtout, de l'ensemble des programmes de drones de surface ukrainiens, donne d'ailleurs de nombreuses pistes sur le futur des capacités des USV ukrainiens. Le premier annonce ainsi que le SBU et la Marine innovent en interne et désormais sans l'aide d'entreprises privés, qui ont vu naitre les premiers USV suicides ukrainiens. Par exemple, la nouvelle capacité lance-roquettes sur le Sea Baby a été développée et ajoutée uniquement par une équipe de spécialistes du SBU, d'ingénieurs, d'informaticiens et de marins des Forces navales ukrainiennes et ce, sans aucune implication d'une entreprise privée.
L'approche du général de brigade Hunter est prometteuse car elle annonce de futures innovations, démontrant tout l'intérêt des USV dans un combat de haute intensité :
"Nous voulons décomposer un grand navire de guerre en ses fonctions - défense aérienne, armes, protection - et installer ces armes sur plusieurs drones."
Les Forces armées ukrainiennes savent très bien que construire des navires de combat (corvettes, frégates ou encore destroyers) prend énormément de temps, de ressources et de besoin en protection. Dès lors, les USV ukrainiens sont en train de devenir des effecteurs, des moyens de projection aux capacités différentes. Il y a bien évidemment les capacités mer-sol, comme démontré par les Sea Baby lance-roquettes mais pourquoi pas des USV aux capacités antiaériennes, mer-mer, etc. De fait, un essaim d'USV aux capacités différentes pourra ainsi effectuer des missions bien plus complexes, avec des moyens offensifs variés - aujourd'hui de simples roquettes, demain, des missiles antichars - mais également défensifs.
Il faut toutefois noter que les USV ukrainiens sont actuellement de faible taille et tonnage. Dès lors, les capacités sont avant tout légère : il est pour l'instant impensable de voir un USV ukrainien tirer un missile de croisière. Cependant, l'Ukraine démontre une nouvelle fois que sa Marine, composée de patrouilleurs et USV, peut effectuer des attaques sur les côtes contrôlées par les Russes, alors même que sur le papier, la Flotte russe de la mer Noire (frégates, corvettes, sous-marins,...) surclasse totalement la Marine ukrainienne. La vidéo ci-dessous explique, images à l'appui et en moins de 4 minutes, ce déséquilibre de puissance en mer Noire mais inversé par les Ukrainiens grâce à leurs USV.
*Nom de code, son identité est secrète.
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