Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian
Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian
© NOAA

publié le 30 septembre 2022 à 14:57

670 mots

Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian

Suite à sa localisation géographique, une partie du Sud-Est des États-Unis voit passer chaque années de violentes tempêtes tropicales ou des ouragans. Afin de mieux prévoir leur trajectoire et de mieux anticiper les décisions, plusieurs appareils ont été spécialement modifiés pour analyser les phénomènes météorologiques, comme c'est le cas actuellement pour l'ouragan Ian.


Le super-Hercule chasseur d'ouragans

Le WC-130J Weatherbird est un C-130J Hercules de Lockheed Martin spécialement équipé pour collecter des données météorologiques prélevées dans une tempête et plus spécifiquement, un ouragan. En fonction des besoins, la mission peut inclure la pénétration de la tempête afin de récolter des données au sein même du vortex ou bien de connaitre la situation météo autour de la tempête. Les données sont récoltées à une altitude de 500 à 10.000 pieds (151,7 à 3033 mètres), l'altitude dépendant bien évidemment de l'intensité du phénomène à analyser. Les données recueillies sont directement transmises au Centre National des Ouragans à Miami. D'après l'US Air Force, les vols de ces appareils permettent d'affiner les prévisions météorologiques d'environ 30 %.

L'USAF dispose de C-130 chasseurs d'ouragans depuis 1959 :

  • WC-130B opérationnel en 1959
  • WC-130E opérationnel en 1962
  • WC-130H opérationnel en 1964

Le WC-130J est un appareil est assez rare puisque seulement 10 avions sont en service au sein du 53ème escadron de reconnaissance météorologique. Cet escadron est basé sur la base aérienne de Keesler (Mississippi, États-Unis). Les appareils sont facilement identifiables grâce aux inscriptions sur leur queue : Hurricane Hunter (chasseur d'ouragan), Weather (Météo), etc.

L'un des WC-130J de l'USAF au décollage.
L'un des WC-130J de l'USAF au décollage. © USAF
L'un des WC-130J de l'USAF au décollage.

Les deux chasseurs d'ouragans de la NOAA

L'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) dispose de deux avions modifiés pour chasser les ouragans :

WP-3D Orion

Il s'agit d'un P-3 Orion modifié et intègre notamment:

  • un radar de nez bande C et un second (avec une amplitude 360°) sous le fuselage
  • un radar Doppler de queue (permettant l'analyse par couches de la tempête lors de son survol)
  • capteurs d'analyse des nuages
  • capteurs de température à la surface de l'eau
  • système de largage de sondes depuis la cabine
  • système de communication satellite
  • etc.

Gulfstream IV-SP

C'est un Gulfstream IV modifié et plus moderne que le WP-3D Orion :

  • un système de largage de sondes depuis la cabine
  • un radar Doppler de queue
  • radar bande C WXR-700C
  • "de nombreux systèmes électroniques" (d'après la NOAA)
  • système de communication satellite
  • etc.

L'équipage est plus faible que sur un WP-3D : entre deux et trois pilotes, un chef-mécanicien, un directeur de vol (chef météorologiste), un opérateur de systèmes de profilage à haute altitude (HAPS mais peut être automatique) et 3 ingénieurs techniciens pour le système de largage de sondes.

Les trois avions décrits ci-dessous ont tous la possibilité d'être équipé d'un système lance-sonde depuis la cabine (ou la soute pour le WC-130J). C'est l'outil le plus utilisé car il permet de récolter rapidement en différents points des données météos : elles analysent la pression, la température, l'humidité, etc. tout en étant géolocalisées.

 

Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D.
Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D.
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan.
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan.

Tous à l'Ouest

L'ouragan Ian, avec ses 250 km/h de vent en moyenne, a causé de nombreux dégâts aux infrastructures, des inondations, coupures électriques, etc. Le suivi offert par les avions et plus généralement par le Centre National des Ouragans a permis l'évacuation de nombreuses personnes. L'évacuation concerne aussi les appareils militaires. Certaines bases aériennes de la région disposent de hangar pouvant résister à des ouragans mais pas en suffisance pour le nombre d'appareils présents. De fait, un bon nombre d'appareil a été redéployé temporairement au Texas ou dans le Nord du Missouri (photo en fin d'article). 

La Marine américaine a également déplacé certains de ces navires en haute mer, tout particulièrement des navires situés à Jacksonville. La NASA a également reculé le lancement d'Artémis I afin de pouvoir mettre en sécurité la fusée SLS (Space Launch System) dans le VAB (Vehicule Assembly Building). Ce bâtiment a été construit pour l'assemblage des fusées Saturne V pour le programme spatial Apollo. Dès le départ, les ingénieurs sont conscients de sa géolocalisation et la structure est spécialement construite afin de résister à des ouragans ou des tempêtes tropicales.

En prévision de l'ouraga, certaines bases militaires ont été évacuées entièrement ou partiellement pas leurs appareils, comme c'était le cas pour les bases de l'Aéronavale de Jacksonville et de Pensacola.
En prévision de l'ouragan, certaines bases militaires ont été évacuées entièrement ou partiellement pas leurs appareils, comme c'était le cas pour les bases de l'Aéronavale de Jacksonville et de Pensacola. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
En prévision de l'ouraga, certaines bases militaires ont été évacuées entièrement ou partiellement pas leurs appareils, comme c'était le cas pour les bases de l'Aéronavale de Jacksonville et de Pensacola.
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30/09/2022 14:57
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Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian

Suite à sa localisation géographique, une partie du Sud-Est des États-Unis voit passer chaque années de violentes tempêtes tropicales ou des ouragans. Afin de mieux prévoir leur trajectoire et de mieux anticiper les décisions, plusieurs appareils ont été spécialement modifiés pour analyser les phénomènes météorologiques, comme c'est le cas actuellement pour l'ouragan Ian.

Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian
Les chasseurs d'ouragans américains : WC-130J, WP-3D et G-IV mobilisés pour l'ouragan Ian

Les deux chasseurs d'ouragans de la NOAA

L'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) dispose de deux avions modifiés pour chasser les ouragans :

WP-3D Orion

Il s'agit d'un P-3 Orion modifié et intègre notamment:

  • un radar de nez bande C et un second (avec une amplitude 360°) sous le fuselage
  • un radar Doppler de queue (permettant l'analyse par couches de la tempête lors de son survol)
  • capteurs d'analyse des nuages
  • capteurs de température à la surface de l'eau
  • système de largage de sondes depuis la cabine
  • système de communication satellite
  • etc.

Gulfstream IV-SP

C'est un Gulfstream IV modifié et plus moderne que le WP-3D Orion :

  • un système de largage de sondes depuis la cabine
  • un radar Doppler de queue
  • radar bande C WXR-700C
  • "de nombreux systèmes électroniques" (d'après la NOAA)
  • système de communication satellite
  • etc.

L'équipage est plus faible que sur un WP-3D : entre deux et trois pilotes, un chef-mécanicien, un directeur de vol (chef météorologiste), un opérateur de systèmes de profilage à haute altitude (HAPS mais peut être automatique) et 3 ingénieurs techniciens pour le système de largage de sondes.

Les trois avions décrits ci-dessous ont tous la possibilité d'être équipé d'un système lance-sonde depuis la cabine (ou la soute pour le WC-130J). C'est l'outil le plus utilisé car il permet de récolter rapidement en différents points des données météos : elles analysent la pression, la température, l'humidité, etc. tout en étant géolocalisées.

 

Le super-Hercule chasseur d'ouragans

Le WC-130J Weatherbird est un C-130J Hercules de Lockheed Martin spécialement équipé pour collecter des données météorologiques prélevées dans une tempête et plus spécifiquement, un ouragan. En fonction des besoins, la mission peut inclure la pénétration de la tempête afin de récolter des données au sein même du vortex ou bien de connaitre la situation météo autour de la tempête. Les données sont récoltées à une altitude de 500 à 10.000 pieds (151,7 à 3033 mètres), l'altitude dépendant bien évidemment de l'intensité du phénomène à analyser. Les données recueillies sont directement transmises au Centre National des Ouragans à Miami. D'après l'US Air Force, les vols de ces appareils permettent d'affiner les prévisions météorologiques d'environ 30 %.

L'USAF dispose de C-130 chasseurs d'ouragans depuis 1959 :

  • WC-130B opérationnel en 1959
  • WC-130E opérationnel en 1962
  • WC-130H opérationnel en 1964

Le WC-130J est un appareil est assez rare puisque seulement 10 avions sont en service au sein du 53ème escadron de reconnaissance météorologique. Cet escadron est basé sur la base aérienne de Keesler (Mississippi, États-Unis). Les appareils sont facilement identifiables grâce aux inscriptions sur leur queue : Hurricane Hunter (chasseur d'ouragan), Weather (Météo), etc.

L'un des WC-130J de l'USAF au décollage.
L'un des WC-130J de l'USAF au décollage. © USAF
L'un des WC-130J de l'USAF au décollage.
Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D.
Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Suivi des avions de la NOAA : analyse météorologique du golfe du Mexique pour le Gulfstream IV et survol de l'ouragan pour le WP-3D.
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan.
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
Un WC-130J et un WP-3D en patrouille dans l'ouragan Ian et un second WC-130J en train d'analyser les conditions météorologiques en périphérie de l'ouragan.

Tous à l'Ouest

L'ouragan Ian, avec ses 250 km/h de vent en moyenne, a causé de nombreux dégâts aux infrastructures, des inondations, coupures électriques, etc. Le suivi offert par les avions et plus généralement par le Centre National des Ouragans a permis l'évacuation de nombreuses personnes. L'évacuation concerne aussi les appareils militaires. Certaines bases aériennes de la région disposent de hangar pouvant résister à des ouragans mais pas en suffisance pour le nombre d'appareils présents. De fait, un bon nombre d'appareil a été redéployé temporairement au Texas ou dans le Nord du Missouri (photo en fin d'article). 

La Marine américaine a également déplacé certains de ces navires en haute mer, tout particulièrement des navires situés à Jacksonville. La NASA a également reculé le lancement d'Artémis I afin de pouvoir mettre en sécurité la fusée SLS (Space Launch System) dans le VAB (Vehicule Assembly Building). Ce bâtiment a été construit pour l'assemblage des fusées Saturne V pour le programme spatial Apollo. Dès le départ, les ingénieurs sont conscients de sa géolocalisation et la structure est spécialement construite afin de résister à des ouragans ou des tempêtes tropicales.

En prévision de l'ouraga, certaines bases militaires ont été évacuées entièrement ou partiellement pas leurs appareils, comme c'était le cas pour les bases de l'Aéronavale de Jacksonville et de Pensacola.
En prévision de l'ouragan, certaines bases militaires ont été évacuées entièrement ou partiellement pas leurs appareils, comme c'était le cas pour les bases de l'Aéronavale de Jacksonville et de Pensacola. © Air&Cosmos (montage), ADS-B (carte)
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