Le Danemark doit prochainement prendre une décisions pour son futur système antiaérien et antimissile balistique : le SAMP/T NG franco-italien ou le Patriot américain ? Un récent indice laisse à penser que le choix est déjà fait, avec un avantage pour le Patriot. À noter que le Danemark n’achèterait pas uniquement le Patriot mais aussi le système de commandement Integrated Battle Command System (IBCS) de Northrop Grumman.
Depuis quelques temps, deux systèmes étaient entrés dans la ligne droite finale pour équiper les Forces armées royales danoises d'un système antiaérien longue portée à capacité antimissile balistique. L'un se trouve être le MIM-104 Patriot des firmes américaines Boeing, Lockheed Martin et Raytheon, l'autre, le système SAMP/T franco-italien produit par Eurosam (image ci-dessous). Une décision était attendue cet automne mais un indice important vient d'être publié : le 29 août 2025, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) américaine a publié l'autorisation du Département d'État (équivalent au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères français) pour la vente au Danemark d'une batterie MIM-104 Patriot.
L'autorisation précise que la batterie possèdera le tout dernier lanceur du système Patriot, le M903, avec un total de 6 lanceurs. Ce dernier est capable à la fois d'être équipé de missiles antiaériens longue portée à capacité antimissile balistique PAC-2 ainsi que de missiles anti-missiles balistiques PAC-3 à capacité antiaérienne. D'ailleurs, l'autorisation comprend 36 missiles PAC-2 GEM-T (version la plus avancée) et 20 missiles PAC-3 MSE (également la version la plus avancée du PAC-3).
Au niveau de la détection, la batterie pourra compter sur 2 radars AN/MPQ-65, soit le radar standard des batteries Patriot à travers le monde... ou du moins, pour l'instant ! En effet, l'US Army prévoit de remplacer ses anciens AN/MPQ-53 et plus récents AN/MPQ-65 par le tout nouveau Low Tier Air and Missile Defense Sensor (LTAMDS). La Pologne, premier pays à l'export pour le LTAMDS, a également choisi d'acquérir 12 de ces radars. À voir donc si le Danemark choisira dans les prochaines années d'acquérir également des LTAMDS pour sa batterie Patriot. À noter que cet article reprend l'historique et le fonctionnement des différentes variantes du MIM-104 Patriot.
Autre point important de cette autorisation : les deux postes de commandement qui auront un accès à l'Integrated Battle Command System (IBCS). Ce dernier a été développé pour combler un besoin : la centralisation des différents systèmes antiaériens de différentes portées, à capacité ou non antimissile de l'US Army. En effet, alors que chaque menace voyait le développement d'un système pour le contrer, les Forces terrestres américaines ont aussi vu leur capacité de commandement se complexifier et perdre en efficacité. Par exemple, une batterie d'un système A dispose d'un radar qui peut être utilisé au profit d'une batterie B alors même que les effecteurs de la batterie A sont totalement différents de la batterie B. C'est ainsi que Northrop Grumman avait été sélectionné pour développer un système de commandement et de contrôle pour fusionner les données de détection et augmenter l'efficacité des effecteurs au niveau de toutes les capacités antiaériennes et antimissiles de l'US Army.
Ainsi, entre 12 et 24 militaires peuvent détenir en un seul endroit, via des communications radios, filaires et satellites, les données de radars spécifiques aux batteries lourdes, comme l'AN/MPQ-65 et le futur LTAMDS du Patriot ou encore l'AN/TPY-2 du système antimissile balistique THAAD. Le système prend aussi en compte les radars déployés dans différents systèmes antiaériens à plus courte portée, comme l'AN/MPQ-64 Sentinel. Après fusion des données, le poste de commandement peut ordonner le tir par le système à portée de la menace mais aussi le système le plus efficace en fonction du type de menace aérienne à traiter, comme par exemple les effecteurs des systèmes Patriot et THAAD dans le cadre d'une menace balistique ou l'ouverture du feu par un Avenger pour détruire un mini-drone. Si la liste est encore longue, que ce soit au niveau des radars et effecteurs, il faut aussi y inclure les avions de combat F-35A Lightning II de l'US Air Force : le poste de commandement peut obtenir les données du radar AN/APG-81 du Lightning II et demander le tir des missiles emportés par ce même appareil.
Cerise sur le gâteau, l'IBCS peut aussi communiquer avec le système Aegis de l'US Navy. Ce dernier est similaire à l'IBCS mais est bien plus ancien (modernisé à de nombreuses reprises). Il reprend les différentes données des radars des navires de surface ou encore des avions de guet aérien avancé et de commandement aéronavals E-2C Hawkeye et E-2D Advanced Hawkeye, le tout, pour permettre d'éliminer la menace maritime ou aérienne avec la totalité des systèmes de combat, qu'ils soient déployés sur le navire ayant détecté la menace... ou non. De fait, avec un cumul des capacités de l'IBCS et de l'Aegis, les troupes américaines sont capables d'intercepter un petit drone avec un système antiaérien courte portée comme le M-SHORAD, intercepter un avion à longue portée via un Patriot tirant un missile PAC-2 ou encore aider à l'interception exo-atmosphérique d'un missile balistique par un missile antimissile balistique SM-3 tiré depuis un navire de guerre de l'US Navy mais détecté par un radar AN/TPY-2 d'une batterie THAAD. Bien évidemment, l'IBCS peut aussi recevoir et transmettre des données depuis/vers les avions de guet aérien avancé et de commandement E-3 Sentry - les fameux AWACS - de l'US Air Force.
Les systèmes intégrés ne sont pas uniquement "made in USA" : le 26 novembre 2019, un poste de commandement IBCS de Northrop Grumman a permis de fusionner les données d'un radar Girafe 1X de Saab pour permettre à un système antiaérien courte portée CAMM de MBDA d'intercepter la cible détectée. Ce fut la première fois qu'un intercepteur non américain réussissait une interception dans le cadre de l'IBCS (MBDA).
Et de fait, la batterie Patriot danoise pourra être intégrée au sein de cette "super" bulle antiaérienne et antimissile multicouches. À noter que le coût estimé pour cette autorisation est phénoménal, avec pas moins de 8,5 milliards de dollars (soit 7,27 milliards d'euros), notamment suite au coût d'acquisition des systèmes permettant l'accès à l'IBCS.
Beaucoup pensaient à un sérieux avantage du SAMP/T européen. En effet, les relations entre le Danemark et les États-Unis sont loin d'être au beau fixe, suite à l'intérêt de Donald Trump, président des États-Unis, à vouloir annexer le Groenland. Toutefois, cela n'a pas empêché le Danemark de vouloir acquérir 10 avions de combat F-35A Lightning II supplémentaires auprès de l'entreprise américaine Lockheed Martin !
De plus, il ne faut pas oublier que depuis 2023, le Danemark fait partie de l'European Sky Shield Initiative (ESSI), défense antiaérienne multicouches proposant différents systèmes : canon antiaérien mobile Skyranger 30 (courte portée), lance-missiles IRIS-T SLM (moyenne portée), Patriot (longue portée) et Arrow 4 (antimissile exo-atmosphérique)... et surtout, sans la participation du SAMP/T NG !
À noter que le Danemark détiendra aussi prochainement deux batteries IRIS-T SLM (en plus de deux batteries VL Mica également prochainement opérationnelles). Or, le 12 mars 2024, Dhiel, responsable pour le développement et la production des IRIS-T SLM, avait signé une lettre d'intention avec Northrop Grumman pour justement pouvoir intégrer l'IRIS-T SLM au sein de l'Integrated Battle Command System.
Enfin, plusieurs interviews d'officiels américains laissaient déjà à penser un fort intérêt danois sur l'IBCS. Le 17 avril 2025, Kenn Todorov, vice-président des solutions de commandement et de contrôle et de l'intégration des armes de Northrop Grumman, annonçait auprès de Defense One qu'en plus de l'acquisition de l'IBCS par la Pologne, l'Allemagne, le Danemark et le Japon devraient prendre une décision "dans un futur proche" sur une potentielle acquisition de ce même système. Il est aussi possible de retrouver le Danemark dans une interview plus ancienne, datée du 17 août 2023. GovConExec annonçait dans cette interview qu'au début de l'année 2023, Ian Reynolds, vice-président des capacités de commandement, de contrôle, de communication et d'informatique (C4) de défense antimissile, systèmes de combat et de préparation de mission de Northrop Grumman, avait expliqué que l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Roumanie, la Suède et la Suisse avaient tous démontré un intérêt au sujet de l'IBCS. Or, dans les deux listes de pays cités, le Danemark fait office d'exception : c'est le seul pays à ne pas avoir de MIM-104 Patriot.
Dès lors, si rien n'est encore officiellement joué, il est fort probable que le Danemark a penché en faveur du MIM-104 Patriot américain. Il faudra attendre la confirmation officielle lors d'une annonce ou de la signature du contrat pour être définitivement certain. Une chose est sûre : l'avenir du SAMP/T NG au Danemark s'est récemment assombri.
Le Danemark doit prochainement prendre une décisions pour son futur système antiaérien et antimissile balistique : le SAMP/T NG franco-italien ou le Patriot américain ? Un récent indice laisse à penser que le choix est déjà fait, avec un avantage pour le Patriot. À noter que le Danemark n’achèterait pas uniquement le Patriot mais aussi le système de commandement Integrated Battle Command System (IBCS) de Northrop Grumman.
Depuis quelques temps, deux systèmes étaient entrés dans la ligne droite finale pour équiper les Forces armées royales danoises d'un système antiaérien longue portée à capacité antimissile balistique. L'un se trouve être le MIM-104 Patriot des firmes américaines Boeing, Lockheed Martin et Raytheon, l'autre, le système SAMP/T franco-italien produit par Eurosam (image ci-dessous). Une décision était attendue cet automne mais un indice important vient d'être publié : le 29 août 2025, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) américaine a publié l'autorisation du Département d'État (équivalent au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères français) pour la vente au Danemark d'une batterie MIM-104 Patriot.
L'autorisation précise que la batterie possèdera le tout dernier lanceur du système Patriot, le M903, avec un total de 6 lanceurs. Ce dernier est capable à la fois d'être équipé de missiles antiaériens longue portée à capacité antimissile balistique PAC-2 ainsi que de missiles anti-missiles balistiques PAC-3 à capacité antiaérienne. D'ailleurs, l'autorisation comprend 36 missiles PAC-2 GEM-T (version la plus avancée) et 20 missiles PAC-3 MSE (également la version la plus avancée du PAC-3).
Au niveau de la détection, la batterie pourra compter sur 2 radars AN/MPQ-65, soit le radar standard des batteries Patriot à travers le monde... ou du moins, pour l'instant ! En effet, l'US Army prévoit de remplacer ses anciens AN/MPQ-53 et plus récents AN/MPQ-65 par le tout nouveau Low Tier Air and Missile Defense Sensor (LTAMDS). La Pologne, premier pays à l'export pour le LTAMDS, a également choisi d'acquérir 12 de ces radars. À voir donc si le Danemark choisira dans les prochaines années d'acquérir également des LTAMDS pour sa batterie Patriot. À noter que cet article reprend l'historique et le fonctionnement des différentes variantes du MIM-104 Patriot.
Autre point important de cette autorisation : les deux postes de commandement qui auront un accès à l'Integrated Battle Command System (IBCS). Ce dernier a été développé pour combler un besoin : la centralisation des différents systèmes antiaériens de différentes portées, à capacité ou non antimissile de l'US Army. En effet, alors que chaque menace voyait le développement d'un système pour le contrer, les Forces terrestres américaines ont aussi vu leur capacité de commandement se complexifier et perdre en efficacité. Par exemple, une batterie d'un système A dispose d'un radar qui peut être utilisé au profit d'une batterie B alors même que les effecteurs de la batterie A sont totalement différents de la batterie B. C'est ainsi que Northrop Grumman avait été sélectionné pour développer un système de commandement et de contrôle pour fusionner les données de détection et augmenter l'efficacité des effecteurs au niveau de toutes les capacités antiaériennes et antimissiles de l'US Army.
Ainsi, entre 12 et 24 militaires peuvent détenir en un seul endroit, via des communications radios, filaires et satellites, les données de radars spécifiques aux batteries lourdes, comme l'AN/MPQ-65 et le futur LTAMDS du Patriot ou encore l'AN/TPY-2 du système antimissile balistique THAAD. Le système prend aussi en compte les radars déployés dans différents systèmes antiaériens à plus courte portée, comme l'AN/MPQ-64 Sentinel. Après fusion des données, le poste de commandement peut ordonner le tir par le système à portée de la menace mais aussi le système le plus efficace en fonction du type de menace aérienne à traiter, comme par exemple les effecteurs des systèmes Patriot et THAAD dans le cadre d'une menace balistique ou l'ouverture du feu par un Avenger pour détruire un mini-drone. Si la liste est encore longue, que ce soit au niveau des radars et effecteurs, il faut aussi y inclure les avions de combat F-35A Lightning II de l'US Air Force : le poste de commandement peut obtenir les données du radar AN/APG-81 du Lightning II et demander le tir des missiles emportés par ce même appareil.
Cerise sur le gâteau, l'IBCS peut aussi communiquer avec le système Aegis de l'US Navy. Ce dernier est similaire à l'IBCS mais est bien plus ancien (modernisé à de nombreuses reprises). Il reprend les différentes données des radars des navires de surface ou encore des avions de guet aérien avancé et de commandement aéronavals E-2C Hawkeye et E-2D Advanced Hawkeye, le tout, pour permettre d'éliminer la menace maritime ou aérienne avec la totalité des systèmes de combat, qu'ils soient déployés sur le navire ayant détecté la menace... ou non. De fait, avec un cumul des capacités de l'IBCS et de l'Aegis, les troupes américaines sont capables d'intercepter un petit drone avec un système antiaérien courte portée comme le M-SHORAD, intercepter un avion à longue portée via un Patriot tirant un missile PAC-2 ou encore aider à l'interception exo-atmosphérique d'un missile balistique par un missile antimissile balistique SM-3 tiré depuis un navire de guerre de l'US Navy mais détecté par un radar AN/TPY-2 d'une batterie THAAD. Bien évidemment, l'IBCS peut aussi recevoir et transmettre des données depuis/vers les avions de guet aérien avancé et de commandement E-3 Sentry - les fameux AWACS - de l'US Air Force.
Les systèmes intégrés ne sont pas uniquement "made in USA" : le 26 novembre 2019, un poste de commandement IBCS de Northrop Grumman a permis de fusionner les données d'un radar Girafe 1X de Saab pour permettre à un système antiaérien courte portée CAMM de MBDA d'intercepter la cible détectée. Ce fut la première fois qu'un intercepteur non américain réussissait une interception dans le cadre de l'IBCS (MBDA).
Et de fait, la batterie Patriot danoise pourra être intégrée au sein de cette "super" bulle antiaérienne et antimissile multicouches. À noter que le coût estimé pour cette autorisation est phénoménal, avec pas moins de 8,5 milliards de dollars (soit 7,27 milliards d'euros), notamment suite au coût d'acquisition des systèmes permettant l'accès à l'IBCS.
Beaucoup pensaient à un sérieux avantage du SAMP/T européen. En effet, les relations entre le Danemark et les États-Unis sont loin d'être au beau fixe, suite à l'intérêt de Donald Trump, président des États-Unis, à vouloir annexer le Groenland. Toutefois, cela n'a pas empêché le Danemark de vouloir acquérir 10 avions de combat F-35A Lightning II supplémentaires auprès de l'entreprise américaine Lockheed Martin !
De plus, il ne faut pas oublier que depuis 2023, le Danemark fait partie de l'European Sky Shield Initiative (ESSI), défense antiaérienne multicouches proposant différents systèmes : canon antiaérien mobile Skyranger 30 (courte portée), lance-missiles IRIS-T SLM (moyenne portée), Patriot (longue portée) et Arrow 4 (antimissile exo-atmosphérique)... et surtout, sans la participation du SAMP/T NG !
À noter que le Danemark détiendra aussi prochainement deux batteries IRIS-T SLM (en plus de deux batteries VL Mica également prochainement opérationnelles). Or, le 12 mars 2024, Dhiel, responsable pour le développement et la production des IRIS-T SLM, avait signé une lettre d'intention avec Northrop Grumman pour justement pouvoir intégrer l'IRIS-T SLM au sein de l'Integrated Battle Command System.
Enfin, plusieurs interviews d'officiels américains laissaient déjà à penser un fort intérêt danois sur l'IBCS. Le 17 avril 2025, Kenn Todorov, vice-président des solutions de commandement et de contrôle et de l'intégration des armes de Northrop Grumman, annonçait auprès de Defense One qu'en plus de l'acquisition de l'IBCS par la Pologne, l'Allemagne, le Danemark et le Japon devraient prendre une décision "dans un futur proche" sur une potentielle acquisition de ce même système. Il est aussi possible de retrouver le Danemark dans une interview plus ancienne, datée du 17 août 2023. GovConExec annonçait dans cette interview qu'au début de l'année 2023, Ian Reynolds, vice-président des capacités de commandement, de contrôle, de communication et d'informatique (C4) de défense antimissile, systèmes de combat et de préparation de mission de Northrop Grumman, avait expliqué que l'Allemagne, le Danemark, l'Espagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Roumanie, la Suède et la Suisse avaient tous démontré un intérêt au sujet de l'IBCS. Or, dans les deux listes de pays cités, le Danemark fait office d'exception : c'est le seul pays à ne pas avoir de MIM-104 Patriot.
Dès lors, si rien n'est encore officiellement joué, il est fort probable que le Danemark a penché en faveur du MIM-104 Patriot américain. Il faudra attendre la confirmation officielle lors d'une annonce ou de la signature du contrat pour être définitivement certain. Une chose est sûre : l'avenir du SAMP/T NG au Danemark s'est récemment assombri.
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