Grâce au partenariat WINGS, la Région wallonne vient d’accorder une nouvelle aide de 20 millions d’euros afin de continuer à soutenir le secteur aérien wallon dans sa globalité : 19 PME, grandes entreprises et centres de recherches sont concernés. Les fonds alloués sont particulièrement axés dans la recherche et le développement de technologies durables dans le domaine aéronautique.
Il y a quelques années, alors que l’industrie aéronautique en Wallonie accusait le coup du COVID, la Région wallonne décida de soutenir ce secteur au travers de l'initiative WINGS ou Walloon INnovations for Green Skies (Innovation Wallonne pour un Ciel Vert). Le projet est particulièrement centré sur deux points ; en tout premier lieu, le soutien économique des industriels de ce secteur couplé à une volonté de décarboner le secteur aérien.
Fin 2020, l'initiative est lancée et regroupe alors 19 grandes entreprises, PME ou centres de recherche*. Pendant trois ans, la Région wallonne a ainsi pu débloquer un total de 80 millions d'euros au travers des WINGS 1 et WINGS 2. Cependant, avec le temps, l'initiative, présentée comme défensive, s'est transformée en une initiative plutôt offensive ; au fur et à mesure du temps, pas moins de 29 brevets auront été déposés.
Ce 10 janvier 2024, Willy Borsus, Vice-président et ministre wallon de l'Économie s'est rendu à Herstal (Liège, Belgique), sur le site de Safran Aero Boosters. Ce dernier, en présence des représentants des 19 partenaires de l'initiative, a signé le lancement de la troisième phase du partenariat WINGS, débloquant un montant de 20 millions d'euros.
"[...] L'ambition du projet WINGS est, en plus de préserver notre leadership et notre expertise, de permettre à l'industrie aéronautique wallonne de poursuivre ses efforts de recherche pour d'une part, améliorer son positionnement par rapport à concurrence étrangère et d'autre part, anticiper sa participation à l'atteinte des objectifs de décarbonation." W. Borsus
François Lepot, CEO de Safran Aero Boosters, a rappelé plusieurs dates importantes, démontrant que l’aviation décarbonée en 2050 est somme toute très proche. L'échéance de 2050, implique la production d’un avion aux moteurs en partie décarboné à l’horizon 2030. Mais, pour y arriver, les industriels de l’aéronautique sont déjà en train de développer et tester des briques technologiques, d’où l’importance du soutien de la Wallonie dans cette perspective. C'est d'ailleurs dans cette perspective que Safran et General Electric Aircraft Engines (GE Aerospace) sont en train de développer le CFM International RISE (Revolutionary Innovation for Sustainable Engines), qui devrait permettre la réduction des émissions de 20 % par rapport aux moteurs actuels.
Yves Delatte, CEO de la Sonaca, a quant à lui insisté sur le futur des ailes des avions de demain. Actuellement, les ailes des avions de lignes sont assez épaisses, or, le CEO de la Sonaca fait le pari des ailes plus fines mais aussi plus flexibles, telles que les ailes des oiseaux. Les slats ou bec de bord d’attaque, présents sur la partie avant des ailes, doivent aussi être repensés. Concrètement, l’industriel belge souhaite diminuer la consommation d’un avion de près de 15 % via ces divers développements technologiques.
Il faut rappeler qu'aujourd'hui, le marché des avions longs courriers est très demandeur de ce genre de technologies. Par exemple, si une entreprise arrive à développer et construire un moteur fiable, efficace et avec une consommation de kérosène réduite de "seulement" 5 % par rapports aux concurrents, celui-ci sera très fortement convoité par les constructeurs aéronautiques afin d'augmenter l'efficacité de leurs appareils... et ce, même avec un prix d’achat du moteur supérieur à la moyenne du marché.
Pour l'occasion, Safran Aero Boosters exposait le disque d'un compresseur utilisant une nouvelle technique de soudure. Auparavant, les différentes ailettes étaient placées via des attaches spécifiques, regroupant ainsi de nombreuses pièces sur le disque. Désormais, Safran Aero Boosters soude directement les ailettes via une technique encore secrète, le prototype réel n'ayant pas encore été exposé au grand public. L'objectif est de sortir des chaines d'assemblage qu'une seule et unique pièce, plus légère et donc plus économe et écologique. Les innovations concernent également les ailettes, rendues plus souples et donc plus résistantes en cas d'ingestion aviaire. Enfin, la pièce finale a été directement pensée pour ne pas être remplacée pendant la durée de vie du moteur ; la durée de vie du disque (avec ailettes) est équivalente à la durée de vie du moteur de l'avion.
Le tout nouvel échangeur de chaleur HIPEX, présenté à l'occasion du SIAE 2023, faisait aussi partie des pièces exposées pour la signature de WINGS 3. Plus léger que les échangeurs classiques, le seul ajout de cette pièce sur les moteurs d’un long courrier peut avoir de nombreux avantages, comme précisé par François Lepot le 20 juin 2023 :
«[…] nos nouveaux échangeurs permettront d'économiser jusqu'à 1% de consommation de carburant sur certains moteurs. […] pour un avion long-courrier par exemple, notre produit permettrait de réduire de 4.000 tonnes ses émissions de CO2 et apporterait une économie de plus d'un million de dollars sur sa durée de vie. »
Plus d’informations sur la toute première présentation de l’HIPEX dans cet article.
Thales Belgique, filiale belge du groupe Thales, présentait un drone d’essai spécial. En collaboration avec Multitel, Thales effectue des essais en vol avec une intelligence artificielle captant en temps réel les facteurs vents rencontrés par le drone. Il faut rappeler qu’actuellement, un drone dont la batterie atteint 30 % doit obligatoirement retourner vers sa base. Or, lors d’un essai de 45 minutes, l’intelligence artificielle a permis de gagner 10 précieuses minutes de vol ;
Cette recherche est extrêmement importante au vu de l'emploi des drones dans le domaine civil ; inspections d'installations difficiles d'accès, transport de matériels médicaux ou de sauvetage,... le drone est réellement en train de repenser de nombreux domaines. Il est donc important de pouvoir augmenter l'efficacité de ces engins.
Et pour terminer, Thales exposait aussi son système intercommunication MACS. Comme expliqué dans la vidéo ci-dessous, tournée également à l'occasion du SIAE 23, celui-ci n’interfère pas avec les équipements radios des AWACS tout en permettant la transmission de 300 Go de données par seconde.
*Any-Shape, Calyos, Cenaero, Cetic, Coexpair, CRM, Deltatec, GDTech, Industriel et developpement, MachineSight, Materia Nova, MSC Software Belgium, Multitel, Rovitech, Safran Aero Boosters, Sirris, Sonaca, Technochim, Thales Belgium, V2i, von Karman Institute.
Grâce au partenariat WINGS, la Région wallonne vient d’accorder une nouvelle aide de 20 millions d’euros afin de continuer à soutenir le secteur aérien wallon dans sa globalité : 19 PME, grandes entreprises et centres de recherches sont concernés. Les fonds alloués sont particulièrement axés dans la recherche et le développement de technologies durables dans le domaine aéronautique.
Il y a quelques années, alors que l’industrie aéronautique en Wallonie accusait le coup du COVID, la Région wallonne décida de soutenir ce secteur au travers de l'initiative WINGS ou Walloon INnovations for Green Skies (Innovation Wallonne pour un Ciel Vert). Le projet est particulièrement centré sur deux points ; en tout premier lieu, le soutien économique des industriels de ce secteur couplé à une volonté de décarboner le secteur aérien.
Fin 2020, l'initiative est lancée et regroupe alors 19 grandes entreprises, PME ou centres de recherche*. Pendant trois ans, la Région wallonne a ainsi pu débloquer un total de 80 millions d'euros au travers des WINGS 1 et WINGS 2. Cependant, avec le temps, l'initiative, présentée comme défensive, s'est transformée en une initiative plutôt offensive ; au fur et à mesure du temps, pas moins de 29 brevets auront été déposés.
Ce 10 janvier 2024, Willy Borsus, Vice-président et ministre wallon de l'Économie s'est rendu à Herstal (Liège, Belgique), sur le site de Safran Aero Boosters. Ce dernier, en présence des représentants des 19 partenaires de l'initiative, a signé le lancement de la troisième phase du partenariat WINGS, débloquant un montant de 20 millions d'euros.
"[...] L'ambition du projet WINGS est, en plus de préserver notre leadership et notre expertise, de permettre à l'industrie aéronautique wallonne de poursuivre ses efforts de recherche pour d'une part, améliorer son positionnement par rapport à concurrence étrangère et d'autre part, anticiper sa participation à l'atteinte des objectifs de décarbonation." W. Borsus
François Lepot, CEO de Safran Aero Boosters, a rappelé plusieurs dates importantes, démontrant que l’aviation décarbonée en 2050 est somme toute très proche. L'échéance de 2050, implique la production d’un avion aux moteurs en partie décarboné à l’horizon 2030. Mais, pour y arriver, les industriels de l’aéronautique sont déjà en train de développer et tester des briques technologiques, d’où l’importance du soutien de la Wallonie dans cette perspective. C'est d'ailleurs dans cette perspective que Safran et General Electric Aircraft Engines (GE Aerospace) sont en train de développer le CFM International RISE (Revolutionary Innovation for Sustainable Engines), qui devrait permettre la réduction des émissions de 20 % par rapport aux moteurs actuels.
Yves Delatte, CEO de la Sonaca, a quant à lui insisté sur le futur des ailes des avions de demain. Actuellement, les ailes des avions de lignes sont assez épaisses, or, le CEO de la Sonaca fait le pari des ailes plus fines mais aussi plus flexibles, telles que les ailes des oiseaux. Les slats ou bec de bord d’attaque, présents sur la partie avant des ailes, doivent aussi être repensés. Concrètement, l’industriel belge souhaite diminuer la consommation d’un avion de près de 15 % via ces divers développements technologiques.
Il faut rappeler qu'aujourd'hui, le marché des avions longs courriers est très demandeur de ce genre de technologies. Par exemple, si une entreprise arrive à développer et construire un moteur fiable, efficace et avec une consommation de kérosène réduite de "seulement" 5 % par rapports aux concurrents, celui-ci sera très fortement convoité par les constructeurs aéronautiques afin d'augmenter l'efficacité de leurs appareils... et ce, même avec un prix d’achat du moteur supérieur à la moyenne du marché.
Pour l'occasion, Safran Aero Boosters exposait le disque d'un compresseur utilisant une nouvelle technique de soudure. Auparavant, les différentes ailettes étaient placées via des attaches spécifiques, regroupant ainsi de nombreuses pièces sur le disque. Désormais, Safran Aero Boosters soude directement les ailettes via une technique encore secrète, le prototype réel n'ayant pas encore été exposé au grand public. L'objectif est de sortir des chaines d'assemblage qu'une seule et unique pièce, plus légère et donc plus économe et écologique. Les innovations concernent également les ailettes, rendues plus souples et donc plus résistantes en cas d'ingestion aviaire. Enfin, la pièce finale a été directement pensée pour ne pas être remplacée pendant la durée de vie du moteur ; la durée de vie du disque (avec ailettes) est équivalente à la durée de vie du moteur de l'avion.
Le tout nouvel échangeur de chaleur HIPEX, présenté à l'occasion du SIAE 2023, faisait aussi partie des pièces exposées pour la signature de WINGS 3. Plus léger que les échangeurs classiques, le seul ajout de cette pièce sur les moteurs d’un long courrier peut avoir de nombreux avantages, comme précisé par François Lepot le 20 juin 2023 :
«[…] nos nouveaux échangeurs permettront d'économiser jusqu'à 1% de consommation de carburant sur certains moteurs. […] pour un avion long-courrier par exemple, notre produit permettrait de réduire de 4.000 tonnes ses émissions de CO2 et apporterait une économie de plus d'un million de dollars sur sa durée de vie. »
Plus d’informations sur la toute première présentation de l’HIPEX dans cet article.
Thales Belgique, filiale belge du groupe Thales, présentait un drone d’essai spécial. En collaboration avec Multitel, Thales effectue des essais en vol avec une intelligence artificielle captant en temps réel les facteurs vents rencontrés par le drone. Il faut rappeler qu’actuellement, un drone dont la batterie atteint 30 % doit obligatoirement retourner vers sa base. Or, lors d’un essai de 45 minutes, l’intelligence artificielle a permis de gagner 10 précieuses minutes de vol ;
Cette recherche est extrêmement importante au vu de l'emploi des drones dans le domaine civil ; inspections d'installations difficiles d'accès, transport de matériels médicaux ou de sauvetage,... le drone est réellement en train de repenser de nombreux domaines. Il est donc important de pouvoir augmenter l'efficacité de ces engins.
Et pour terminer, Thales exposait aussi son système intercommunication MACS. Comme expliqué dans la vidéo ci-dessous, tournée également à l'occasion du SIAE 23, celui-ci n’interfère pas avec les équipements radios des AWACS tout en permettant la transmission de 300 Go de données par seconde.
*Any-Shape, Calyos, Cenaero, Cetic, Coexpair, CRM, Deltatec, GDTech, Industriel et developpement, MachineSight, Materia Nova, MSC Software Belgium, Multitel, Rovitech, Safran Aero Boosters, Sirris, Sonaca, Technochim, Thales Belgium, V2i, von Karman Institute.
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