L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1
L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1
© Rheinmetall

publié le 10 octobre 2025 à 16:51

775 mots

L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1

Un pays européen resté anonyme a financé la production de canons antiaériens mobiles Skyranger 35 pour l’Ukraine. Produit par Rheinmetall, ce canon antiaérien est capable de détruire des cibles aériennes classiques mais aussi des drones grâce à l’obus anti-drone AHEAD ou encore être utilisé comme un système C-RAM. La tourelle sera fixée sur des châssis de chars de combat Leopard 1.


Une annonce

Ce 10 octobre, Rheinmetall a annoncé dans un communiqué de presse qu'il livrera à l'Ukraine des canons antiaériens mobiles Skyranger 35. Le contrat, d'une valeur de plus de 100 millions d'euros a été financé par un pays européen non cité par l'industriel allemand. L'annonce ne donne pas la quantité ou une date de livraison du premier système. En revanche, le châssis du véhicule est connu : il s'agira d'un châssis de char de combat Leopard 1 mais équipé de la fameuse tourelle antiaérienne de Rheinmetall.

Une question de mobilité

La famille Skyranger permet à Rheinmetall de proposer un canon antiaérien mobile et capable d'être placé sur de nombreux véhicules. Le Danemark a par exemple récemment acheté 16 blindés Piranha V équipés de la tourelle Skyranger 30. Il en va de même pour les Pays-Bas, avec 22 blindés ACSV équipés d'une tourelle Skyranger 30. L'intérêt de placer un canon antiaérien à tir rapide sur des châssis de chars de combat ou de blindés de combat offre la possibilité pour ces véhicule de couvrir l'ensemble de la manœuvre. Ainsi, les différents chars de combat ou véhicules blindés seront ainsi couverts par un canon antiaérien mobile aux capacités de franchissement équivalentes à celles des chars ou véhicules de combat. Cette capacité est d'autant plus intéressante que les Skyranger 30 et dans ce cas-ci, 35, ont dès le départ été pensés pour détruire de petits drones sur le champ de bataille. Il est donc fort probable que ces systèmes seront fortement demandés, les drones FPV étant fortement utilisés dans ce conflit.

S'il est pensé contre des cibles aériennes classiques (avions, hélicoptères, drones tactiques,...) et des mini-drones, le Skyranger 35 peut aussi être utilisé dans une optique C-RAM : il peut aussi détruire en vol des roquettes, obus d'artillerie et de mortiers (Counter-Rocket, Artillery and Mortar). À voir si cette capacité sera utilisée par les Forces armées ukrainiennes contre des roquettes tirées par les Russes ou encore des bombes planantes larguées par les avions de combat russes ?

À noter que ce futur système antiaérien ukrainien ne doit pas être confondu avec cette même tourelle Skyranger 35 mais placée sur un châssis de char Leopard 2. Cette solution avait été dévoilée à l'occasion du salon Eurosatory 2024 mais qui, dans le cadre de l'annonce d'aujourd'hui, n'est pas prévue pour être envoyée en Ukraine... ou du moins, pour l'instant !

Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté).
Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté). © Gaétan Powis
Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté).

Skyranger 35

Au niveau des détails spécifiques au Skyranger 35, la tourelle en question se compose de plusieurs systèmes. Il y a tout d'abord le plus évident, à savoir le canon à tir rapide de 35 mm (35 x 228). Ce dernier peut tirer à plus de 4 kilomètres des obus avec une capacité de 1000 coups par minutes (252 coups prêts au tir). Ce canon peut notamment tirer des obus AHEAD : à la sortie du canon, chaque obus, en fonction de sa vélocité et de la distance de la cible, voit un compteur s'enclencher. Une fois arrivé à 0, ce décompte déclenche une charge et permet de projeter des petits projectiles de tungstène, formant un mur en forme de cône juste devant le drone (vidéo ci-dessous).

Il faut aussi ajouter deux systèmes de détection sur la tourelle : un radar de suivi de cible en bande Ku (portée de 35 kilomètres) et une suite optronique avec une vue jour (HD) et infrarouge (HD). Ces deux systèmes, indépendants du mouvement de la tourelle, permettent à l'équipage du véhicule de suivre et identifier la cible détectée. Mais en plus d'être équipé d'un radar pour guider le canon, la tourelle offre aussi une solution de recherche aérienne à 360°. En effet, 4 antennes radars (AESA, 3D, bande S ou X, -5° à +70° d'élévation) permettent à l'équipage du véhicule de connaitre la situation aérienne tout autour d'eux et sur une portée de 35 kilomètres. Par ailleurs, les deux radars (recherche et tracking) sont capables de détecter et suivre alors même que le véhicule est en mouvement. La suite de détection peut-être améliorée avec l'ajout en option d'un système IFF.

Au niveau équipage, ce dernier sera très probablement composé de deux militaires : un commandant de véhicule et un opérateur engagement. Enfin, il faut rappeler que le Skyranger 35 se distingue du Skyranger 30 en plusieurs points. Il dispose tout d'abord d'un plus gros calibre (30 mm pour le Skyranger 30) mais aussi et surtout, ne peut intégrer des missiles de types MANPADS par manque de place, visibles sur l'image ci-dessous.

Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3.
Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3. © Gaétan Powis
Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3.
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10/10/2025 16:51
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L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1

Un pays européen resté anonyme a financé la production de canons antiaériens mobiles Skyranger 35 pour l’Ukraine. Produit par Rheinmetall, ce canon antiaérien est capable de détruire des cibles aériennes classiques mais aussi des drones grâce à l’obus anti-drone AHEAD ou encore être utilisé comme un système C-RAM. La tourelle sera fixée sur des châssis de chars de combat Leopard 1.

L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1
L'Ukraine va recevoir des canons antiaériens Skyranger 35 sur châssis de chars Leopard 1

Une annonce

Ce 10 octobre, Rheinmetall a annoncé dans un communiqué de presse qu'il livrera à l'Ukraine des canons antiaériens mobiles Skyranger 35. Le contrat, d'une valeur de plus de 100 millions d'euros a été financé par un pays européen non cité par l'industriel allemand. L'annonce ne donne pas la quantité ou une date de livraison du premier système. En revanche, le châssis du véhicule est connu : il s'agira d'un châssis de char de combat Leopard 1 mais équipé de la fameuse tourelle antiaérienne de Rheinmetall.

Une question de mobilité

La famille Skyranger permet à Rheinmetall de proposer un canon antiaérien mobile et capable d'être placé sur de nombreux véhicules. Le Danemark a par exemple récemment acheté 16 blindés Piranha V équipés de la tourelle Skyranger 30. Il en va de même pour les Pays-Bas, avec 22 blindés ACSV équipés d'une tourelle Skyranger 30. L'intérêt de placer un canon antiaérien à tir rapide sur des châssis de chars de combat ou de blindés de combat offre la possibilité pour ces véhicule de couvrir l'ensemble de la manœuvre. Ainsi, les différents chars de combat ou véhicules blindés seront ainsi couverts par un canon antiaérien mobile aux capacités de franchissement équivalentes à celles des chars ou véhicules de combat. Cette capacité est d'autant plus intéressante que les Skyranger 30 et dans ce cas-ci, 35, ont dès le départ été pensés pour détruire de petits drones sur le champ de bataille. Il est donc fort probable que ces systèmes seront fortement demandés, les drones FPV étant fortement utilisés dans ce conflit.

S'il est pensé contre des cibles aériennes classiques (avions, hélicoptères, drones tactiques,...) et des mini-drones, le Skyranger 35 peut aussi être utilisé dans une optique C-RAM : il peut aussi détruire en vol des roquettes, obus d'artillerie et de mortiers (Counter-Rocket, Artillery and Mortar). À voir si cette capacité sera utilisée par les Forces armées ukrainiennes contre des roquettes tirées par les Russes ou encore des bombes planantes larguées par les avions de combat russes ?

À noter que ce futur système antiaérien ukrainien ne doit pas être confondu avec cette même tourelle Skyranger 35 mais placée sur un châssis de char Leopard 2. Cette solution avait été dévoilée à l'occasion du salon Eurosatory 2024 mais qui, dans le cadre de l'annonce d'aujourd'hui, n'est pas prévue pour être envoyée en Ukraine... ou du moins, pour l'instant !

Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté).
Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté). © Gaétan Powis
Système antiaérien mobile très courte portée hybride combinant la tourelle antiaérienne très courte portée Skyranger 35 sur un châssis de char de combat Pz.87 (Leopard 2A4 produit en Suisse)(de côté).

Skyranger 35

Au niveau des détails spécifiques au Skyranger 35, la tourelle en question se compose de plusieurs systèmes. Il y a tout d'abord le plus évident, à savoir le canon à tir rapide de 35 mm (35 x 228). Ce dernier peut tirer à plus de 4 kilomètres des obus avec une capacité de 1000 coups par minutes (252 coups prêts au tir). Ce canon peut notamment tirer des obus AHEAD : à la sortie du canon, chaque obus, en fonction de sa vélocité et de la distance de la cible, voit un compteur s'enclencher. Une fois arrivé à 0, ce décompte déclenche une charge et permet de projeter des petits projectiles de tungstène, formant un mur en forme de cône juste devant le drone (vidéo ci-dessous).

Il faut aussi ajouter deux systèmes de détection sur la tourelle : un radar de suivi de cible en bande Ku (portée de 35 kilomètres) et une suite optronique avec une vue jour (HD) et infrarouge (HD). Ces deux systèmes, indépendants du mouvement de la tourelle, permettent à l'équipage du véhicule de suivre et identifier la cible détectée. Mais en plus d'être équipé d'un radar pour guider le canon, la tourelle offre aussi une solution de recherche aérienne à 360°. En effet, 4 antennes radars (AESA, 3D, bande S ou X, -5° à +70° d'élévation) permettent à l'équipage du véhicule de connaitre la situation aérienne tout autour d'eux et sur une portée de 35 kilomètres. Par ailleurs, les deux radars (recherche et tracking) sont capables de détecter et suivre alors même que le véhicule est en mouvement. La suite de détection peut-être améliorée avec l'ajout en option d'un système IFF.

Au niveau équipage, ce dernier sera très probablement composé de deux militaires : un commandant de véhicule et un opérateur engagement. Enfin, il faut rappeler que le Skyranger 35 se distingue du Skyranger 30 en plusieurs points. Il dispose tout d'abord d'un plus gros calibre (30 mm pour le Skyranger 30) mais aussi et surtout, ne peut intégrer des missiles de types MANPADS par manque de place, visibles sur l'image ci-dessous.

Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3.
Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3. © Gaétan Powis
Véhicule blindé de combat d'infanterie Lynx équipé d'une tourelle Skyranger 30, elle-même équipée d'un lanceur Mistral 3.


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