Lors d’une publication sur X, Denys Shmyhal, ministre de la Défense ukrainien, a confirmé lors du salon DSEI à Londres que son pays souhaitait produire en Ukraine des systèmes antiaériens Gepard. Ce dernier, livré à plus de 80 exemplaires à l’Ukraine, est fort utile en anti-drone et a même confirmé la destruction d’au moins un missile de croisière russe… alors que le Gepard avait été pensé dans les années 70 pour neutraliser des avions et hélicoptères soviétiques !
Denys Shmyhal, ministre de la Défense ukrainien, s'est rendu à Londres cette semaine pour représenter la délégation ukrainienne au salon international de l'armement Defence and Security Equipment International de Londres (DSEI London). Le 11 septembre, ce dernier publiait sur son compte X (@Denys_Shmyhal) un résumé de sa visite du DSEI... annonçant au passage :
"Avec le CEO de KNDS Allemagne, Ralff Ketzel, nous discutions de la mise en œuvre d'accords conjoints pour la fourniture, le support technique et la coproduction de système de défense aérienne Gepard. Nous avons également évoqué les travaux de la coentreprise que KNDS lance en partenariat avec un important fabricant ukrainien."
Pour rappel, l'Ukraine a reçu plus de 78 Flakpanzer Gepard de l'Allemagne et Pantser Rups Tegen Luchtdoelen (PRTL, anciennement hollandais) en provenance de Jordanie mais acquis via les États-Unis. Ce véhicule combine le châssis modifié (batteries à l'arrière, blindage plus léger,...) d'un char de combat Leopard 1 avec une tourelle antiaérienne. Celle-ci est équipée :
Cependant, cette description ne correspond pas à tous les Gepard produits : les Pays-Bas ont également acquis 95 Gepard entre 1977 à 1979. Ceux-ci étaient dénommés localement en tant que Pantser Rups Tegen Luchtdoelen ou PRTL, également surnommés Cheetah. Ils se différenciaient notamment des Gepard par l'utilisation de deux radars différents. Le radar d'acquisition reste un radar à 360° à l'arrière de la tourelle mais ce dernier dispose d'une antenne "aplatie" en bande X (également rétractée lors du mouvement du véhicule s'il ne roule pas en environnement hostile). Le radar de poursuite reste également à l'avant de la tourelle du PRTL, comme sur le Gepard, mais utilise une antenne en bande Ka. Ce dernier est également différenciable par sa forme plus pointue en son centre, contrairement à une antenne arrondie sur le Gepard.
Cette différenciation est importante car le PRTL a notamment eu une seconde vie après sa retraite en 2006. En 2013, la Jordanie achetait 60 PRTL stockés aux Pays-Bas, acquis entre 2014 et 2016. Une troisième vie aurait même pu passer sous les radars, noyée dans les nombreux contrats... du Pentagone ! En effet, le 31 mai 2023, l'US Army annonçait un contrat de 118 375 740 millions de dollars pour l'entreprise américaine Global Military Products (Floride, États-Unis) "pour l'achat et la livraison de système de défense aérienne Gepard 35 mm" via un budget dégagé par un fonds de vente militaire à l'étranger. Il s'avère que ces Gepard sont en réalité des PRTL jordaniens achetés par les États-Unis et ensuite livrés à l'Ukraine. Ainsi, les Forces armées ukrainiennes sont les seules forces armées au monde à utiliser les deux versions principales de ce système antiaérien : le Gepard et le PRTL. Au moment où ces lignes sont écrites, le site Oryx annonce que plus de 78 Gepard et PRTL ont été livrés par l'Allemagne et les États-Unis auprès de l'Ukraine.
Au niveau de la méthode d'engagement, une fois l'hélicoptère ou l'avion ennemi localisé par le radar d'acquisition, l'équipage demande sa prise en compte par le radar de poursuite. Ce dernier va alors diriger automatique la tourelle et les canons vers la cible. Une fois la cible située à moins de 6 kilomètres, les deux canons de 35 mm pouvaient l'engager. Cependant, ce scénario n'était valable que durant la guerre froide jusqu'au début des années 2000. Depuis l'Ukraine, et sans changement majeur, les Gepard et PRTL sont aussi capables d'engager avec grande efficacité des drones russes ! Une vidéo confirme aussi l'impensable : conçu dans les années 70 pour protéger les chars de combat des hélicoptères de combat Mi-24 Hind et avions d'attaque Su-25 Frogfoot soviétiques, un Gepard ukrainien a réussi à détecter, engager et détruire en vol au moins un missile de croisière russe à la fin de l'année 2022 !
Avec une défense anti-drone majoritairement équipée de canons et mitrailleuses lourdes non-guidés par radar, augmenter la capacité de l'Ukraine à produire des Gepard pourrait représenter un avantage défensif important pour les troupes au contact ou encore des sites importants à protéger. À voir toutefois la configuration des futurs Gepard made in Ukraine : quel châssis utilisé ? quels radars ? équipés de missiles de type MANPADS ? Si tous les scénarios sont possibles, il ne faut pourtant pas chercher bien loin pour trouver une image d'un Gepard "modifié". Sur la fin de la guerre froide, une tourelle de Gepard 1A2 (équipée de 2x 2 Stinger fixés sur la base des canons) a été placée sur un châssis de char Leclerc de l'Armée de Terre française ! La disparition de la menace des hélicoptères et avions soviétiques à la fin de la guerre froide avait alors vu l'abandon de ce projet, situation (mal)heureusement différente pour l'Armée de terre ukrainienne aujourd'hui.
Enfin, si la production du système sera effectuée en Ukraine, qu'en sera-t-il des obus pour les canons de 35 mm ? La ligne de production étant située en Suisse, alors neutre dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie, celle-ci ne pouvait fournir un flux de précieuses munitions. La solution fut trouvée par l'Allemagne et annoncée au début de l'année 2023 : Rheinmetall a relancé la production de ces obus en Allemagne au profit unique de l'Ukraine.
Lors d’une publication sur X, Denys Shmyhal, ministre de la Défense ukrainien, a confirmé lors du salon DSEI à Londres que son pays souhaitait produire en Ukraine des systèmes antiaériens Gepard. Ce dernier, livré à plus de 80 exemplaires à l’Ukraine, est fort utile en anti-drone et a même confirmé la destruction d’au moins un missile de croisière russe… alors que le Gepard avait été pensé dans les années 70 pour neutraliser des avions et hélicoptères soviétiques !
Denys Shmyhal, ministre de la Défense ukrainien, s'est rendu à Londres cette semaine pour représenter la délégation ukrainienne au salon international de l'armement Defence and Security Equipment International de Londres (DSEI London). Le 11 septembre, ce dernier publiait sur son compte X (@Denys_Shmyhal) un résumé de sa visite du DSEI... annonçant au passage :
"Avec le CEO de KNDS Allemagne, Ralff Ketzel, nous discutions de la mise en œuvre d'accords conjoints pour la fourniture, le support technique et la coproduction de système de défense aérienne Gepard. Nous avons également évoqué les travaux de la coentreprise que KNDS lance en partenariat avec un important fabricant ukrainien."
Pour rappel, l'Ukraine a reçu plus de 78 Flakpanzer Gepard de l'Allemagne et Pantser Rups Tegen Luchtdoelen (PRTL, anciennement hollandais) en provenance de Jordanie mais acquis via les États-Unis. Ce véhicule combine le châssis modifié (batteries à l'arrière, blindage plus léger,...) d'un char de combat Leopard 1 avec une tourelle antiaérienne. Celle-ci est équipée :
Cependant, cette description ne correspond pas à tous les Gepard produits : les Pays-Bas ont également acquis 95 Gepard entre 1977 à 1979. Ceux-ci étaient dénommés localement en tant que Pantser Rups Tegen Luchtdoelen ou PRTL, également surnommés Cheetah. Ils se différenciaient notamment des Gepard par l'utilisation de deux radars différents. Le radar d'acquisition reste un radar à 360° à l'arrière de la tourelle mais ce dernier dispose d'une antenne "aplatie" en bande X (également rétractée lors du mouvement du véhicule s'il ne roule pas en environnement hostile). Le radar de poursuite reste également à l'avant de la tourelle du PRTL, comme sur le Gepard, mais utilise une antenne en bande Ka. Ce dernier est également différenciable par sa forme plus pointue en son centre, contrairement à une antenne arrondie sur le Gepard.
Cette différenciation est importante car le PRTL a notamment eu une seconde vie après sa retraite en 2006. En 2013, la Jordanie achetait 60 PRTL stockés aux Pays-Bas, acquis entre 2014 et 2016. Une troisième vie aurait même pu passer sous les radars, noyée dans les nombreux contrats... du Pentagone ! En effet, le 31 mai 2023, l'US Army annonçait un contrat de 118 375 740 millions de dollars pour l'entreprise américaine Global Military Products (Floride, États-Unis) "pour l'achat et la livraison de système de défense aérienne Gepard 35 mm" via un budget dégagé par un fonds de vente militaire à l'étranger. Il s'avère que ces Gepard sont en réalité des PRTL jordaniens achetés par les États-Unis et ensuite livrés à l'Ukraine. Ainsi, les Forces armées ukrainiennes sont les seules forces armées au monde à utiliser les deux versions principales de ce système antiaérien : le Gepard et le PRTL. Au moment où ces lignes sont écrites, le site Oryx annonce que plus de 78 Gepard et PRTL ont été livrés par l'Allemagne et les États-Unis auprès de l'Ukraine.
Au niveau de la méthode d'engagement, une fois l'hélicoptère ou l'avion ennemi localisé par le radar d'acquisition, l'équipage demande sa prise en compte par le radar de poursuite. Ce dernier va alors diriger automatique la tourelle et les canons vers la cible. Une fois la cible située à moins de 6 kilomètres, les deux canons de 35 mm pouvaient l'engager. Cependant, ce scénario n'était valable que durant la guerre froide jusqu'au début des années 2000. Depuis l'Ukraine, et sans changement majeur, les Gepard et PRTL sont aussi capables d'engager avec grande efficacité des drones russes ! Une vidéo confirme aussi l'impensable : conçu dans les années 70 pour protéger les chars de combat des hélicoptères de combat Mi-24 Hind et avions d'attaque Su-25 Frogfoot soviétiques, un Gepard ukrainien a réussi à détecter, engager et détruire en vol au moins un missile de croisière russe à la fin de l'année 2022 !
Avec une défense anti-drone majoritairement équipée de canons et mitrailleuses lourdes non-guidés par radar, augmenter la capacité de l'Ukraine à produire des Gepard pourrait représenter un avantage défensif important pour les troupes au contact ou encore des sites importants à protéger. À voir toutefois la configuration des futurs Gepard made in Ukraine : quel châssis utilisé ? quels radars ? équipés de missiles de type MANPADS ? Si tous les scénarios sont possibles, il ne faut pourtant pas chercher bien loin pour trouver une image d'un Gepard "modifié". Sur la fin de la guerre froide, une tourelle de Gepard 1A2 (équipée de 2x 2 Stinger fixés sur la base des canons) a été placée sur un châssis de char Leclerc de l'Armée de Terre française ! La disparition de la menace des hélicoptères et avions soviétiques à la fin de la guerre froide avait alors vu l'abandon de ce projet, situation (mal)heureusement différente pour l'Armée de terre ukrainienne aujourd'hui.
Enfin, si la production du système sera effectuée en Ukraine, qu'en sera-t-il des obus pour les canons de 35 mm ? La ligne de production étant située en Suisse, alors neutre dans le conflit entre l'Ukraine et la Russie, celle-ci ne pouvait fournir un flux de précieuses munitions. La solution fut trouvée par l'Allemagne et annoncée au début de l'année 2023 : Rheinmetall a relancé la production de ces obus en Allemagne au profit unique de l'Ukraine.
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