Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre
Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre
© JAXA

publié le 20 février 2017 à 08:09

598 mots

Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre

Après les Américains (Landsat, 1972), les Soviétiques (Meteor, 1977), les Indiens (Bhaskara, 1979) et les Français (Spot, 1986), les Japonais rejoignaient en 1987 les nations engagées dans un système global d’observation des ressources naturelles.


A l’aide de son huitième et dernier lanceur N II, le Japon place le 19 février 1987 à 909 km sur orbite héliosynchrone Mos 1 (Marine Observation Satellite n°1), également appelé «Momo» (en japonais « fleur de pêcher »), un satellite dédié à l’observation de la Terre, spécialisé dans l’océanographie. Etant donné le caractère insulaire du Japon, il était opportun d’orienter le programme d’observation de la Terre sur un système adapté aux besoins du pays, davantage intéressé par les ressources maritimes que terrestres.

Les précurseurs.

Si les Etats-Unis ont lancé le premier satellite d’observation des ressources terrestres Landsat, ils ont également placé sur orbite en 1978 le premier satellite d’étude des océans Seasat. Bien que ce dernier ait eu une courte durée de vie (juin-octobre), il a démontré l’utilité d’une observation globale et permanente des océans. Le satellite embarquait un radar à synthèse d’ouverture, un radar-altimètre et deux capteurs passifs : un radiomètre fonctionnant dans le visible et l’infrarouge thermique, et un autre à micro-onde. Les résultats ont été impressionnants et ont permis les premières études océaniques sur la houle, les ondes de surface, les pentes topographiques, etc. Ce programme a conforté les Japonais à suivre cette voie.

Les ambitions de Momo.

D’une masse de 740 kg, doté d’un unique panneau solaire fournissant l’énergie, le satellite Momo est principalement équipé de trois radiomètres : le premier MESSR (Multispectral Electronic Self-Scanning Radiometer) fonctionne dans cinq bandes spectrales en lumière visible et proche infrarouge (résolution de 45 m), le second VTIR (Visible and Thermal Infrared Radiometer) dans quatre bandes spectrales en lumière visible et en infrarouge thermique (résolution de 900 à 2 700 m), le troisième MSR (Microwave Scanning Radiometer) en micro-ondes. Tous ces instruments permettent aux japonais d’obtenir de précieuses données sur les océans comme la couleur, la température et la présence de vapeur d’eau à la surface, l’apparition des algues, la localisation des glaces flottantes, etc. L’objectif affiché est de contribuer à la protection de l’environnement et, surtout, à mieux gérer les ressources de la pêche.

Une nation de pêcheurs.

Le Japon étant naturellement ouvert sur les mers et océans, la pêche y a toujours tenu une place primordiale. Faisant vivre environ 1 400 000 personnes, elle est l’une des plus importantes au monde. Connaître les courants marins, les changements météorologiques et, d’une manière générale, le milieu naturel des poissons permet d’établir des prévisions bien utiles aux pêcheurs. Par le passé, ceux-ci ont régulièrement dû faire face aux problèmes de fluctuations hydrologiques. Ainsi, il n’était pas rare d’assister à un effondrement des prises de certains poissons (sardines, thons, bonites, etc.). Jusqu’alors, et pour répondre à ce problème, les acteurs de la pêche comptaient sur un réseau d’environ 4 000 embarcations (de pêche, de navires marchands) qui livraient en temps réel de précieuses informations. Toutefois, avec le début du premier choc pétrolier et le coût du pétrole, il devenait nécessaire de faire appel à d’autres moyens. Avec l’avènement des outils spatiaux, les Japonais pouvaient acquérir des données auprès des Etats-Unis (Landsat, Tiros…). Ainsi, au cours de la première moitié des années 1980, des opérations ont été conduites sur de vastes échelles maritimes pour recueillir et exploiter les données satellitaires ; des cartes ont même été réalisées permettant de transmettre en quelques heures les informations nécessaires aux pêcheurs japonais. C’est dans ce contexte qu’il a été donc décidé de lancer le programme national Mos. Mos 1 fonctionna jusqu’au 31 mars 1995 ; un second exemplaire identique a été lancé le 7 février 1990.

 

Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.

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20/02/2017 08:09
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Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre

Après les Américains (Landsat, 1972), les Soviétiques (Meteor, 1977), les Indiens (Bhaskara, 1979) et les Français (Spot, 1986), les Japonais rejoignaient en 1987 les nations engagées dans un système global d’observation des ressources naturelles.

Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre
Il y a 30 ans, le Japon plaçait sur orbite son premier satellite d’observation de la Terre

A l’aide de son huitième et dernier lanceur N II, le Japon place le 19 février 1987 à 909 km sur orbite héliosynchrone Mos 1 (Marine Observation Satellite n°1), également appelé «Momo» (en japonais « fleur de pêcher »), un satellite dédié à l’observation de la Terre, spécialisé dans l’océanographie. Etant donné le caractère insulaire du Japon, il était opportun d’orienter le programme d’observation de la Terre sur un système adapté aux besoins du pays, davantage intéressé par les ressources maritimes que terrestres.

Les précurseurs.

Si les Etats-Unis ont lancé le premier satellite d’observation des ressources terrestres Landsat, ils ont également placé sur orbite en 1978 le premier satellite d’étude des océans Seasat. Bien que ce dernier ait eu une courte durée de vie (juin-octobre), il a démontré l’utilité d’une observation globale et permanente des océans. Le satellite embarquait un radar à synthèse d’ouverture, un radar-altimètre et deux capteurs passifs : un radiomètre fonctionnant dans le visible et l’infrarouge thermique, et un autre à micro-onde. Les résultats ont été impressionnants et ont permis les premières études océaniques sur la houle, les ondes de surface, les pentes topographiques, etc. Ce programme a conforté les Japonais à suivre cette voie.

Les ambitions de Momo.

D’une masse de 740 kg, doté d’un unique panneau solaire fournissant l’énergie, le satellite Momo est principalement équipé de trois radiomètres : le premier MESSR (Multispectral Electronic Self-Scanning Radiometer) fonctionne dans cinq bandes spectrales en lumière visible et proche infrarouge (résolution de 45 m), le second VTIR (Visible and Thermal Infrared Radiometer) dans quatre bandes spectrales en lumière visible et en infrarouge thermique (résolution de 900 à 2 700 m), le troisième MSR (Microwave Scanning Radiometer) en micro-ondes. Tous ces instruments permettent aux japonais d’obtenir de précieuses données sur les océans comme la couleur, la température et la présence de vapeur d’eau à la surface, l’apparition des algues, la localisation des glaces flottantes, etc. L’objectif affiché est de contribuer à la protection de l’environnement et, surtout, à mieux gérer les ressources de la pêche.

Une nation de pêcheurs.

Le Japon étant naturellement ouvert sur les mers et océans, la pêche y a toujours tenu une place primordiale. Faisant vivre environ 1 400 000 personnes, elle est l’une des plus importantes au monde. Connaître les courants marins, les changements météorologiques et, d’une manière générale, le milieu naturel des poissons permet d’établir des prévisions bien utiles aux pêcheurs. Par le passé, ceux-ci ont régulièrement dû faire face aux problèmes de fluctuations hydrologiques. Ainsi, il n’était pas rare d’assister à un effondrement des prises de certains poissons (sardines, thons, bonites, etc.). Jusqu’alors, et pour répondre à ce problème, les acteurs de la pêche comptaient sur un réseau d’environ 4 000 embarcations (de pêche, de navires marchands) qui livraient en temps réel de précieuses informations. Toutefois, avec le début du premier choc pétrolier et le coût du pétrole, il devenait nécessaire de faire appel à d’autres moyens. Avec l’avènement des outils spatiaux, les Japonais pouvaient acquérir des données auprès des Etats-Unis (Landsat, Tiros…). Ainsi, au cours de la première moitié des années 1980, des opérations ont été conduites sur de vastes échelles maritimes pour recueillir et exploiter les données satellitaires ; des cartes ont même été réalisées permettant de transmettre en quelques heures les informations nécessaires aux pêcheurs japonais. C’est dans ce contexte qu’il a été donc décidé de lancer le programme national Mos. Mos 1 fonctionna jusqu’au 31 mars 1995 ; un second exemplaire identique a été lancé le 7 février 1990.

 

Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.



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