Une cinquantaine d'avions de l'Armée de l'Air ont décollé de plusieurs bases pour mener une mission nucléaire. Une séquence baptisée Poker et que les Forces Aériennes Stratégiques tiennent quatre fois par an.
Le Poker des Forces Aériennes Stratégiques
Même en étant en opérations, comme cet été en Irak (avec des Dassault Rafale) ou en permanence au Sahel (avec des tankers), les Forces Aériennes Stratégiques (FAS) s’entraînent inlassablement à la mission nucléaire. Mardi 15 septembre, une cinquantaine d’avions de l’Armée de l’Air ont décollé de plusieurs bases françaises afin de mener un de ces raids, sans tir réel évidemment. Ces séquences sont baptisées Poker, et se tiennent quatre fois par an. Sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier, une première vague de quatre Rafale a pris l’air vers 20h45, aux ordres du PC enterré commandé par un officier de l’escadron de chasse 1/4 Gascogne. A l’intérieur de ce qui ressemble assez à un sous-marin, avec un dédale de coursives, les aviateurs vivent évidemment avec les gestes barrière, le masque, mais dans une ambiance finalement assez proche de celles qu’on trouve dans les contextes NRBC.
Train aérien nucléaire
Tous les appareils ont convergé pour prendre le train aérien nucléaire qui réalise un tour de France pour environ cinq heures de vol, entrecoupées de ravitaillements et de phases de harcèlement par des chasseurs « adverses ». Deux de ces « red air » ont décollé de Saint-Dizier, des Rafale Marine de l’escadron de transformation Rafale (ETR) 3/4 Aquitaine. Toute la nuit, les escadrons d’hélicoptères de sauvetage restent prêts à prendre en compte un imprévu, puisque des séquences se jouent au-dessus de la mer. De fait, en plusieurs points du territoire, une bonne partie de l’armée de l’air bat au rythme du Poker : contrôleurs aériens, spécialistes du sauvetage, bases aériennes s'il fallait recueillir des aéronefs, etc. Sur les bases à vocation aérienne (BAVN) comme à Saint-Dizier, les fusiliers commandos de l'air, souvent invisibles mais bien présents, sont sur les dents pour assurer l'étanchéité idoine.
Une vingtaine de bombardiers
La cinquantaine d’aéronefs se décomposent en une vingtaine de bombardiers nucléaires, une dizaine d’avions d’appui (Awacs, tankers, etc) et une dizaine de « red air » qui assurent le réalisme de l’opération, complexe. Le Poker est un récurrent, qui intervient quatre fois par, an de façon immuable. Les FAS en avaient mené un durant le confinement, comme pour démontrer leur immunité à l’environnement extérieur. Et un autre s’est déroulé en juin dernier. Aucun Poker ne ressemble à l’autre. Hier, les départs en mission de Saint-Dizier ont été menés sans contact radio avec la tour de contrôle.