La mission Clémenceau 22 partira de Toulon le 3 février 2022 pour former une escadre internationale centrée autour du porte-avions français. La mission aura pour but d’appuyer différentes opérations nationales, européennes ou internationales, d’affirmer la liberté de navigation aérienne ou navale dans certaines zones contestées, tout en coopérant avec les nations alliées.
Un groupe aéronaval international
Le Charles de Gaulle disposera d’une escorte internationale de neufs navires. La Marine nationale déploiera une frégate multi-missions anti-sous-marine (classe FREMM), une frégate multi-missions de lutte aérienne renforcée (classe FREMM DA), une frégate de défense aérienne (classe Horizon), le pétrolier ravitailleur Marne et un sous-marin (qui n’a pas encore été spécifié).
Il faut ajouter à ce dispositif un destroyer américain (classe Arleigh Burke flight I), une frégate espagnole (classe F100), ainsi qu'une frégate et un sous-marin de la Marine grecque (dont les numéros de coque n'ont pas encore été confirmés). Par ailleurs, l’état-major du Charles de Gaulle intégrera des officiers italiens, allemands et canadiens.
Le groupe aérien embarqué du Charles de Gaulle comprendra une vingtaine de Rafale Marine au standard F3R, deux E-2C Hawkeye et plusieurs hélicoptères. Ces appareils seront renforcés par les hélicoptères attachés aux différents navires, ainsi que par un NH-90 NFH de la Composante marine (Belgique). Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 accompagnera également l’escadre et sera déployé dans différentes bases aériennes alliées au fur et à mesure de la mission, afin de rester au plus près des forces.
La Méditerranée au centre de la mission
La mer Méditerranée ne représente qu’un petit pourcent des espaces maritimes mondiaux. Pourtant, elle voit passer chaque année 25 % du trafic mondial ou 65 % des flux énergétiques de l’Union européenne. Ce sera donc l’occasion pour l’escadre de réaffirmer les intérêts de la France et de ses alliés dans des zones où les tensions sont élevées :
- Soutien à l’opération de l’Union européenne IRINI qui vise à faire respecter l’embargo sur les armes en Libye, démanteler les réseaux de trafic de migrant ou de traite des êtres humains et enfin, développement et entrainement de la Marine libyenne.
- Soutien à l’opération de l’Union européenne Althea qui assure la stabilité au sein de la Bosnie-Herzégovine.
- Participation à l’opération Chammal dans la lutte contre l’État Islamique au Levant.
- Dans le courant du mois d’avril, au moins une frégate et plusieurs avions se dirigeront vers la mer Noire pour effectuer des exercices avec l’Armée roumaine. Cet exercice est également une réponse de la France envers les diverses provocations russes en mer Noire.
L’interopérabilité du Rafale
Ce sera aussi une mission centrée sur l'interopérabilité du Rafale avec les forces aériennes alliées dans la région. Ainsi, le groupe aéronaval s’entrainera en mer Adriatique auprès des forces italiennes et croates. La Croatie ayant justement acheté 12 Rafales F3R d’occasion à l’Armée de l’Air et de l’Espace, elle aura la possibilité de disposer d’un premier apprentissage sur le terrain en analysant les multiples capacités du Rafale. Elle pourra aussi profiter de l’expérience des pilotes et personnels embarqués français. La Crète et la Grèce sont également sur la feuille de route. L’Armée de l’air grecque vient justement de recevoir ses premiers Rafale (voir notre article détaillé sur cet événement) et pourra ainsi s’entrainer à coopérer avec les Rafale Marine lors de différentes opérations.
Une force aéronavale de grande envergure en Méditerranée
Le Charles de Gaulle et son escadre rejoindront le porte-avion Cavour (porte-avion léger de la marine italienne) équipé du F-35B (décollage et atterrissage verticaux) dans le Sud de l’Italie. Les deux porte-avions se dirigeront ensuite vers l’Est pour retrouver le porte-avion américain Harry S. Truman. Pendant plusieurs jours, ils vont ainsi former un groupe aéronaval international d’une puissance et d’une envergure qu’il est rare de croiser en Méditerranée.
C’est au cours de ces phases d’entrainement que des appontages et catapultages de différents appareils des nations participantes seront effectués sur les porte-avions. Les types d’appareils reçus sur le Charles de Gaulle n’ont pas été spécifiés, en dehors d’un E-2D Hawkeye de l’US Navy, l'objectif étant de le tester en condition réelle sur le porte-avion français, l'appareil devant remplacer les E-2C actuellement exploités. Il faudra attendre 2030 pour voir le premier E-2D (électronique de bord, radar, capteurs et communication modernisés, ajout d’une perche de ravitaillement) aux couleurs de la Marine nationale être catapulté du pont du Charles de Gaulle.