Les réseaux sociaux permettent une analyse OSINT du conflit en Ukraine. Ils permettent aussi la création de fausses informations. La France a récemment fait les frais d'une fake news de la part des médias russes. Elle concernait deux automoteurs d'artillerie CAESAr français, donnés aux Ukrainiens mais soi-disant arrivés dans les mains des Russes. Cette annonce est d'autant plus étonnante qu'elle se basait sur un simple tweet d'un compte français, sans aucune image ou confirmation officielle. De nombreux doutes ont permis de confirmer que cette annonce était infondée.
Depuis l'existence même de la radio et plus particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, toute guerre est aussi combattue sur les ondes : il s'agit de la guerre de l'information. L'arrivée des réseaux sociaux augmente un peu plus "l'intensité" de la guerre de l'information avec l'arrivée des bots ou des fermes à trolls. Dans le premier cas, il s'agit de systèmes informatiques qui interagissent automatiquement avec un serveur ou avec une interface pour diffuser massivement des messages, dans le deuxième cas ce sont de vrais humains qui tentent d'influer sur l'opinion par leur nombre.
Depuis mars et le début des livraisons de matériels lourds en Ukraine, la Russie s'est lancée dans une campagne de désinformation en vue de saper le moral des populations des pays livrant les matériels : le matériel reçu serait détruit avant même d'arriver sur le champ de bataille, les armes se retrouveraient sur le marché noir via la mafia ukrainienne, des gradés ukrainiens revendraient même les équipements les plus modernes à la Russie....
La France n'est pas épargnée par cette propagande, avec notamment l'assomption que 2 canons automoteurs CAESAr livrés à l'Ukraine auraient été capturés par les Russes et seraient déjà décortiqués par les ingénieurs de l'usine Uralvagonzavod.
Cette "information" a été publiée le 20 juin par un compte twitter (image ci-contre) prorusse où il fait le buzz, ainsi que sur Telegram où la société Uralvagonzavod répond au message initial en prétendant avoir analysé les CAESAr, ceux-ci étant jugés inférieurs aux systèmes d'artillerie russe... Une affirmation absurde (aucun système d'artillerie russe n'a une portée équivalente ou une précision GPS) peut-être rédigée au second degré, mais qui transforme la rumeur en information. Le tweet d'origine est alors largement repris par des journaux publics russes, comme celui-ci.
Même dans ces médias, plusieurs commentaires réclament une source ou un simple lien internet. Face aux demandes répétées, l'auteur du tweet répond alors simplement : "FSB", sans donner plus d'indications. Il est très étonnant qu'un service de renseignement externe donne une information de cette importance "en privé" à un Français. Par ailleurs, la Russie met systématiquement en valeur toute destruction de matériel occidental et une prise de cette importance aurait mené à des partages d'images sur les médias sociaux, qu'elles soient officielles ou du fait de témoins.
Les état-majors français et ukrainiens ont beau affirmer, vérification faites, que les canons fournis sont bien toujours exploités par l'armée ukrainienne, l'histoire continue à se répandre, toujours sans preuve, si ce n'est des "confirmations officielles de Paris" qui n'ont évidemment jamais eu lieu. De nombreux articles russes affirment donc qu'il ne s'agit plus seulement d'une rumeur mais d'un fait confirmé par le premier pays concerné. Cette méthode a également été utilisée en Allemagne pour soutenir l'idée qu'un PzH2000 aurait été récupéré par les Russes, la source étant un article du journal Bild... Sauf que cet article n'a jamais existé, comme l'avaient démontré les équipes de StopFake. Une méthode qui a néanmoins comme avantage de permettre un passage dans certains médias traditionnels occidentaux...
D'autres "sources" apparaissent également sur des blogs de propagande russe diffusant régulièrement des fausses informations. Ce qui amène le journal militaire bulgare à évoquer l'affaire le 5 juillet, citant ce blog comme nouvelle source. L'article bulgare sera partagé plus de 1300 fois sur Twitter lors de la seule journée du 6 juillet... Le 21 juillet, c'est le président biélorusse qui évoque les CAESAr soit disant entre les mains des Russes...
A l'heure où nous écrivons ces lignes, aucune image des CAESAr capturés et démontés n'est disponible. Pourtant, la Russie n'est pas capable d'empêcher les images gênantes publiées par ses propres troupes contredisant le narratif officiel : images du croiseur Moskva touché par des missiles alors qu'elles étaient prises en pleine mer, tirs de missiles Tochka-U que la Russie prétend ne plus exploiter, images de destruction des villes, vidéos de torture...
L'exemple des CAESAr n'est qu'un exemple de désinformation parmi de nombreux cas, mais il s'agit du plus récurrent concernant la Frane. Un autre exemple pourrait être la batterie de S-300 slovaque offerte à l'Ukraine au début du mois d'avril. Il s'agissait alors des premières livraisons de matériels lourds, comme expliqué dans cet article.
Or, le 11 avril, les journaux russes annonçaient que la batterie tout entière avait été détruite par une frappe de missile russes. A l'inverse des CAESAr, cette information était accompagnée d'images et même d'une vidéo d'une batterie de S-300 effectivement détruite. Cependant, les différents comptes OSINT ont permis de confirmer qu'il s'agissait d'une fake news car les différentes images et vidéos dataient du 30 mars.
Par ailleurs, certains analystes militaires estimaient que la destruction de cette batterie de S-300 avait eu lieu au début du conflit, durant la dispersion des forces ukrainiennes.
A la fin de l'URSS, de nombreux services de renseignement ont été transformés. Ce fut le cas du KGB, renommé sous le nom du FSB. Cependant, en termes d'espionnage, contre-espionnage, etc., il existe en réalité trois services en Russie :
De fait, assurer que le FSB ait transmis ce genre d'information est fort peu crédible puisque l'opération d'achat des deux CAESAr aurait été internationale et donc à minima, dans les prérequis du SVR mais plus probablement du GRU, du fait du caractère militaire de l'opération.
Les réseaux sociaux permettent une analyse OSINT du conflit en Ukraine. Ils permettent aussi la création de fausses informations. La France a récemment fait les frais d'une fake news de la part des médias russes. Elle concernait deux automoteurs d'artillerie CAESAr français, donnés aux Ukrainiens mais soi-disant arrivés dans les mains des Russes. Cette annonce est d'autant plus étonnante qu'elle se basait sur un simple tweet d'un compte français, sans aucune image ou confirmation officielle. De nombreux doutes ont permis de confirmer que cette annonce était infondée.
Depuis l'existence même de la radio et plus particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale, toute guerre est aussi combattue sur les ondes : il s'agit de la guerre de l'information. L'arrivée des réseaux sociaux augmente un peu plus "l'intensité" de la guerre de l'information avec l'arrivée des bots ou des fermes à trolls. Dans le premier cas, il s'agit de systèmes informatiques qui interagissent automatiquement avec un serveur ou avec une interface pour diffuser massivement des messages, dans le deuxième cas ce sont de vrais humains qui tentent d'influer sur l'opinion par leur nombre.
Depuis mars et le début des livraisons de matériels lourds en Ukraine, la Russie s'est lancée dans une campagne de désinformation en vue de saper le moral des populations des pays livrant les matériels : le matériel reçu serait détruit avant même d'arriver sur le champ de bataille, les armes se retrouveraient sur le marché noir via la mafia ukrainienne, des gradés ukrainiens revendraient même les équipements les plus modernes à la Russie....
La France n'est pas épargnée par cette propagande, avec notamment l'assomption que 2 canons automoteurs CAESAr livrés à l'Ukraine auraient été capturés par les Russes et seraient déjà décortiqués par les ingénieurs de l'usine Uralvagonzavod.
Cette "information" a été publiée le 20 juin par un compte twitter (image ci-contre) prorusse où il fait le buzz, ainsi que sur Telegram où la société Uralvagonzavod répond au message initial en prétendant avoir analysé les CAESAr, ceux-ci étant jugés inférieurs aux systèmes d'artillerie russe... Une affirmation absurde (aucun système d'artillerie russe n'a une portée équivalente ou une précision GPS) peut-être rédigée au second degré, mais qui transforme la rumeur en information. Le tweet d'origine est alors largement repris par des journaux publics russes, comme celui-ci.
Bonjour à tous, Il semble que ce que connaissent aujourd'hui les Russes de nos Caesar, c'est surtout ce qu'ils prennent sur la tronche... Leurs fake ... news ne servent qu'à rassurer leur population sur la grande et indiscutable supériorité de leur armée. Les lendemains d'opération spéciale vont être durs à digérer... Lorsque le régime du Staline 2.0 sera tombé, le réveil va être dur à l'est, reprendre de fond en comble l'histoire fantasmée de l'ex URSS et de la Russie depuis va générer de nombreux maux de tête. plus
Même dans ces médias, plusieurs commentaires réclament une source ou un simple lien internet. Face aux demandes répétées, l'auteur du tweet répond alors simplement : "FSB", sans donner plus d'indications. Il est très étonnant qu'un service de renseignement externe donne une information de cette importance "en privé" à un Français. Par ailleurs, la Russie met systématiquement en valeur toute destruction de matériel occidental et une prise de cette importance aurait mené à des partages d'images sur les médias sociaux, qu'elles soient officielles ou du fait de témoins.
Les état-majors français et ukrainiens ont beau affirmer, vérification faites, que les canons fournis sont bien toujours exploités par l'armée ukrainienne, l'histoire continue à se répandre, toujours sans preuve, si ce n'est des "confirmations officielles de Paris" qui n'ont évidemment jamais eu lieu. De nombreux articles russes affirment donc qu'il ne s'agit plus seulement d'une rumeur mais d'un fait confirmé par le premier pays concerné. Cette méthode a également été utilisée en Allemagne pour soutenir l'idée qu'un PzH2000 aurait été récupéré par les Russes, la source étant un article du journal Bild... Sauf que cet article n'a jamais existé, comme l'avaient démontré les équipes de StopFake. Une méthode qui a néanmoins comme avantage de permettre un passage dans certains médias traditionnels occidentaux...
D'autres "sources" apparaissent également sur des blogs de propagande russe diffusant régulièrement des fausses informations. Ce qui amène le journal militaire bulgare à évoquer l'affaire le 5 juillet, citant ce blog comme nouvelle source. L'article bulgare sera partagé plus de 1300 fois sur Twitter lors de la seule journée du 6 juillet... Le 21 juillet, c'est le président biélorusse qui évoque les CAESAr soit disant entre les mains des Russes...
A l'heure où nous écrivons ces lignes, aucune image des CAESAr capturés et démontés n'est disponible. Pourtant, la Russie n'est pas capable d'empêcher les images gênantes publiées par ses propres troupes contredisant le narratif officiel : images du croiseur Moskva touché par des missiles alors qu'elles étaient prises en pleine mer, tirs de missiles Tochka-U que la Russie prétend ne plus exploiter, images de destruction des villes, vidéos de torture...
L'exemple des CAESAr n'est qu'un exemple de désinformation parmi de nombreux cas, mais il s'agit du plus récurrent concernant la Frane. Un autre exemple pourrait être la batterie de S-300 slovaque offerte à l'Ukraine au début du mois d'avril. Il s'agissait alors des premières livraisons de matériels lourds, comme expliqué dans cet article.
Or, le 11 avril, les journaux russes annonçaient que la batterie tout entière avait été détruite par une frappe de missile russes. A l'inverse des CAESAr, cette information était accompagnée d'images et même d'une vidéo d'une batterie de S-300 effectivement détruite. Cependant, les différents comptes OSINT ont permis de confirmer qu'il s'agissait d'une fake news car les différentes images et vidéos dataient du 30 mars.
Par ailleurs, certains analystes militaires estimaient que la destruction de cette batterie de S-300 avait eu lieu au début du conflit, durant la dispersion des forces ukrainiennes.
A la fin de l'URSS, de nombreux services de renseignement ont été transformés. Ce fut le cas du KGB, renommé sous le nom du FSB. Cependant, en termes d'espionnage, contre-espionnage, etc., il existe en réalité trois services en Russie :
De fait, assurer que le FSB ait transmis ce genre d'information est fort peu crédible puisque l'opération d'achat des deux CAESAr aurait été internationale et donc à minima, dans les prérequis du SVR mais plus probablement du GRU, du fait du caractère militaire de l'opération.
Bonjour à tous, Il semble que ce que connaissent aujourd'hui les Russes de nos Caesar, c'est surtout ce qu'ils prennent sur la tronche... Leurs fake ... news ne servent qu'à rassurer leur population sur la grande et indiscutable supériorité de leur armée. Les lendemains d'opération spéciale vont être durs à digérer... Lorsque le régime du Staline 2.0 sera tombé, le réveil va être dur à l'est, reprendre de fond en comble l'histoire fantasmée de l'ex URSS et de la Russie depuis va générer de nombreux maux de tête. plus
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Bonjour à tous, Il semble que ce que connaissent aujourd'hui les Russes de nos Caesar, c'est surtout ce qu'ils prennent sur la tronche... Leurs fake ... news ne servent qu'à rassurer leur population sur la grande et indiscutable supériorité de leur armée. Les lendemains d'opération spéciale vont être durs à digérer... Lorsque le régime du Staline 2.0 sera tombé, le réveil va être dur à l'est, reprendre de fond en comble l'histoire fantasmée de l'ex URSS et de la Russie depuis va générer de nombreux maux de tête. plus