Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?
Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?
© Northrop Grumman

publié le 06 octobre 2022 à 18:45

786 mots

Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?

La mise en service du tout premier avion de combat de 6ème génération sera un avantage certain pour la force aérienne qui réussira ce bond technologique. L'USAF espère développer le NGAD mais un général américain a annoncé que la Chine était également lancée dans la course au développement d'un appareil de nouvelle génération. Avec l'expansionnisme constant de la Chine, il a insisté sur le besoin pour les États-Unis de mettre en service en premier leur NGAD afin de garantir leur autonomie à l'échelle mondiale.


Un avion de 6ème génération chinois !

Cette information ne provient pas de la Chine mais des États-Unis. En effet, le 21 septembre dernier, dans le cadre de la conférence Air, Space & Cyber de l'Association de la Force aérienne américaine, le commandant de la chasse aérienne américaine, le général Mark Kelly, s'est exprimé sur le développement d'un avion de 6ème génération en Chine :

"Je ne peux pas vous dire aujourd'hui ce qui se passe en Chine, sauf qu'ils planifient leur 20ème Congrès du Parti national mais je peux vous dire ce qui ne se passe pas. Ils n'ont pas de débat sur la pertinence de la domination aérienne de sixième génération et je peux vous dire aussi qu'ils sont sur la bonne voie."

Le général s'était déjà exprimé sur ce sujet en février 2021 sur un ton plus alarmiste :

"Ce que je ne sais pas c'est si notre nation aura le courage et la concentration de déployer cette capacité [avions de 6ème génération] avant que quelqu'un comme les Chinois ne la déploie et ne l'utilise contre nous."

Un bond technologique important

La mise en service du premier avion de combat d'une génération supérieure est en générale synonyme d'un véritable gouffre technologique et donc un avantage pour une force aérienne sur les autres armées de l'air dans le monde. Il suffit de prendre l'exemple du F-22, le premier avion de combat de 5ème génération. Celui-ci devait permettre d'acquérir une supériorité aérienne en cas de conflit avec l'URSS et le Pacte de Varsovie. En plus de sa furtivité accrue, il dispose d'une manœuvrabilité élevée et de capacités multirôles. L'effondrement de l'URSS n'a toutefois pas empêché la livraison de ce modèle à l'USAF puisqu'il est entré en service en 2005 (les fonds ont diminué en même temps que la menace soviétique, ralentissant sa mise en service). Toutefois, conscient de ce bond technologique, les États-Unis ont empêché tout achat de F-22 à l'étranger.

D'ailleurs, à l'étranger, il faut attendre 2017 pour voir l'entrée en service du J-20 chinois et 2020 pour le Su-57 russe. De fait, l'USAF avait un avantage sur les autres forces aériennes potentiellement hostiles. Elle l'a d'ailleurs utilisé à son avantage en Syrie avec le déploiement de F-22 sur certaines zones afin de dissuader tout appareil syrien mais aussi russe de bombarder ladite zone.

C'est encore pire quand l'écart de génération est plus élevé. Par exemple, en mars 2013, un drone MQ-1 Predator américain en patrouille était sur le point d'être intercepté par deux chasseurs F-4 Phantom iranien (classés comme chasseurs de 3ème génération). L'interception n'a jamais eu lieu puisque deux F-22 suivaient depuis un moment les F-4 sans que ceux-ci n'étaient au courant... jusqu'à ce que le F-22 piloté par Showtime (nom de code du pilote) passa en dessous d'un des F-4, vira sur la gauche de l'avion iranien pour ensuite effectuer une montée rapide en altitude, post-combustion allumée. Les F-4 auraient fait demi-tour juste après.

Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22.
Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22. © USAF
Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22.

Un avion mais pas seulement

Il faut pouvoir prendre en compte la stratégie d'utilisation de l'appareil. Par exemple, pour rester sur la cinquième génération, le J-20 chinois ne dispose d'aucun canon et n'est donc pas développé dans le but d'un combat aérien à courte portée où il serait vulnérable à tout appareil disposant d'un canon. Le J-20 a été spécialement étudié afin d'opérer au sein même du dispositif ennemi et d'y détruire les appareils de commandement, les avions de guet aérien avancé, les ravitailleurs, etc. afin d'empêcher toute attaque aérienne coordonnée.

Or, la sixième génération d'avion de combat semble tout particulièrement centrée sur un avion accompagné de drones ; ce sera un système de systèmes. L'avion de combat de 6ème génération évoluera avec des drones spécialisés mais aussi capables d'évoluer sans remettre en cause l'avion piloté (tel que le besoin de furtivité). Il faut donc s'attendre à ce que les prochains programmes d'avions de 6ème génération soient accompagnés d'annonces de développement de drones de combat ou de soutien très avancés. Ils permettront à un groupe d'appareils mixtes de maitriser totalement un espace aérien. Or, ce saut technologique, s'il n'est pas maitrisé dans ce cas-ci, par l'USAF et le futur NGAD, peut risquer d'être problématique pour les États-Unis mais aussi leurs alliés, dans la région indopacifique, déjà sous tensions depuis quelques années suite à la forte montée en puissance des Forces armées chinoises. A titre d'exemple, la zone indopacifique comprend de grands espaces maritimes, l'amiral Prazuck, désormais ancien chef d'état-major de la Marine nationale annonçait le 26 juillet 2017 devant la Commission de défense nationale :

"[...] Ainsi, la Chine a lancé en quatre ans l'équivalent de la Marine française en bâtiments de combat [surface et sous-marins], tout en ouvrant une base de 10.000 hommes à Djibouti. [...]"

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06/10/2022 18:45
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Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?

La mise en service du tout premier avion de combat de 6ème génération sera un avantage certain pour la force aérienne qui réussira ce bond technologique. L'USAF espère développer le NGAD mais un général américain a annoncé que la Chine était également lancée dans la course au développement d'un appareil de nouvelle génération. Avec l'expansionnisme constant de la Chine, il a insisté sur le besoin pour les États-Unis de mettre en service en premier leur NGAD afin de garantir leur autonomie à l'échelle mondiale.

Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?
Avions de 6ème génération : une course au développement entre la Chine et les États-Unis ?

D'ailleurs, à l'étranger, il faut attendre 2017 pour voir l'entrée en service du J-20 chinois et 2020 pour le Su-57 russe. De fait, l'USAF avait un avantage sur les autres forces aériennes potentiellement hostiles. Elle l'a d'ailleurs utilisé à son avantage en Syrie avec le déploiement de F-22 sur certaines zones afin de dissuader tout appareil syrien mais aussi russe de bombarder ladite zone.

C'est encore pire quand l'écart de génération est plus élevé. Par exemple, en mars 2013, un drone MQ-1 Predator américain en patrouille était sur le point d'être intercepté par deux chasseurs F-4 Phantom iranien (classés comme chasseurs de 3ème génération). L'interception n'a jamais eu lieu puisque deux F-22 suivaient depuis un moment les F-4 sans que ceux-ci n'étaient au courant... jusqu'à ce que le F-22 piloté par Showtime (nom de code du pilote) passa en dessous d'un des F-4, vira sur la gauche de l'avion iranien pour ensuite effectuer une montée rapide en altitude, post-combustion allumée. Les F-4 auraient fait demi-tour juste après.

Un avion de 6ème génération chinois !

Cette information ne provient pas de la Chine mais des États-Unis. En effet, le 21 septembre dernier, dans le cadre de la conférence Air, Space & Cyber de l'Association de la Force aérienne américaine, le commandant de la chasse aérienne américaine, le général Mark Kelly, s'est exprimé sur le développement d'un avion de 6ème génération en Chine :

"Je ne peux pas vous dire aujourd'hui ce qui se passe en Chine, sauf qu'ils planifient leur 20ème Congrès du Parti national mais je peux vous dire ce qui ne se passe pas. Ils n'ont pas de débat sur la pertinence de la domination aérienne de sixième génération et je peux vous dire aussi qu'ils sont sur la bonne voie."

Le général s'était déjà exprimé sur ce sujet en février 2021 sur un ton plus alarmiste :

"Ce que je ne sais pas c'est si notre nation aura le courage et la concentration de déployer cette capacité [avions de 6ème génération] avant que quelqu'un comme les Chinois ne la déploie et ne l'utilise contre nous."

Un bond technologique important

La mise en service du premier avion de combat d'une génération supérieure est en générale synonyme d'un véritable gouffre technologique et donc un avantage pour une force aérienne sur les autres armées de l'air dans le monde. Il suffit de prendre l'exemple du F-22, le premier avion de combat de 5ème génération. Celui-ci devait permettre d'acquérir une supériorité aérienne en cas de conflit avec l'URSS et le Pacte de Varsovie. En plus de sa furtivité accrue, il dispose d'une manœuvrabilité élevée et de capacités multirôles. L'effondrement de l'URSS n'a toutefois pas empêché la livraison de ce modèle à l'USAF puisqu'il est entré en service en 2005 (les fonds ont diminué en même temps que la menace soviétique, ralentissant sa mise en service). Toutefois, conscient de ce bond technologique, les États-Unis ont empêché tout achat de F-22 à l'étranger.

Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22.
Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22. © USAF
Tableau intitulé "Showtime" présenté en 2014 au chef d'état-major de l'USAF. Il rappelle l'interception des deux F-4 iranien par les deux F-22.

Un avion mais pas seulement

Il faut pouvoir prendre en compte la stratégie d'utilisation de l'appareil. Par exemple, pour rester sur la cinquième génération, le J-20 chinois ne dispose d'aucun canon et n'est donc pas développé dans le but d'un combat aérien à courte portée où il serait vulnérable à tout appareil disposant d'un canon. Le J-20 a été spécialement étudié afin d'opérer au sein même du dispositif ennemi et d'y détruire les appareils de commandement, les avions de guet aérien avancé, les ravitailleurs, etc. afin d'empêcher toute attaque aérienne coordonnée.

Or, la sixième génération d'avion de combat semble tout particulièrement centrée sur un avion accompagné de drones ; ce sera un système de systèmes. L'avion de combat de 6ème génération évoluera avec des drones spécialisés mais aussi capables d'évoluer sans remettre en cause l'avion piloté (tel que le besoin de furtivité). Il faut donc s'attendre à ce que les prochains programmes d'avions de 6ème génération soient accompagnés d'annonces de développement de drones de combat ou de soutien très avancés. Ils permettront à un groupe d'appareils mixtes de maitriser totalement un espace aérien. Or, ce saut technologique, s'il n'est pas maitrisé dans ce cas-ci, par l'USAF et le futur NGAD, peut risquer d'être problématique pour les États-Unis mais aussi leurs alliés, dans la région indopacifique, déjà sous tensions depuis quelques années suite à la forte montée en puissance des Forces armées chinoises. A titre d'exemple, la zone indopacifique comprend de grands espaces maritimes, l'amiral Prazuck, désormais ancien chef d'état-major de la Marine nationale annonçait le 26 juillet 2017 devant la Commission de défense nationale :

"[...] Ainsi, la Chine a lancé en quatre ans l'équivalent de la Marine française en bâtiments de combat [surface et sous-marins], tout en ouvrant une base de 10.000 hommes à Djibouti. [...]"



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