Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)
Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)
© Ministère de l'Intérieur (J. Rocha)

publié le 13 août 2024 à 10:30

2615 mots

Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)

Unique force aéroterrestre de sécurité publique du ministère de l’Intérieur, les Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN) couvrent l’ensemble des missions de sécurité intérieure, à l’exception de la sécurité routière. Les FAGN sont même pionnières du secours héliporté en montagne mais aussi en mer. Elles sont ainsi compétentes sur 100% du territoire national, en métropole et en Outre-mer. Les quelques 400 aérogendarmes des FAGN accomplissent aujourd’hui plus de 15 000 missions chaque année, sauvant plus de 6 000 personnes au passage. Ces sauvetages, peu médiatisés et bien souvent impressionnants, démontrent l’expertise des équipages engagés. Des images d’un sauvetage durant les vacances permet justement de (re)découvrir ce rôle important et pourtant méconnu des FAGN.


Un sauvetage en vidéo

Le 23 juillet, le compte X de la Gendarmerie nationale publiait une vidéo d’un sauvetage en haute montagne. À la demande du Peloton de Gendarmerie de Haute-montagne (PGHM), un hélicoptère EC145 de la section aérienne de Gendarmerie (SAG) de Chamonix (Haute-Savoie, France) est engagé, avec à son bord, un pilote (le capitaine Yann), un mécanicien de bord-treuilliste et un gendarme secouriste du PGHM. Ce dernier a pour rôle de sécuriser le blessé et le conditionner – en fonction de la situation – sur le système d’assurage ou dans la civière. C’est d’ailleurs sur son casque qu’est placé une caméra, permettant de s’immerger quelques instants dans ce sauvetage très technique.

La vidéo (ci-dessous) commence avec l’arrivée de l’hélicoptère EC145 sur le massif rocheux. Il est possible d’apercevoir le pilote ainsi que le mécanicien de bord-treuilliste. Le gendarme secouriste du PGHM s'accroche ensuite au treuil, situé sur la partie droite (tribord) de l’hélicoptère. C’est alors que la partie compliquée commence ; pendant que le gendarme descend, l’hélicoptère s’approche de la paroi rocheuse. Durant cette phase du vol, le pilote de montagne s'est transformé en un véritable chirurgien ; chaque mouvement doit être précis, sous risque d’envoyer le treuil et le gendarme secouriste sur la paroi rocheuse… tout en gérant les différents vents, capables eux aussi, s’ils ne sont pas pris en compte, de projeter l’hélicoptère sur l’éperon rocheux. La vidéo montre d’ailleurs la concentration du pilote lors de cette phase de descente. C’est ainsi qu’en combinant les gestes du pilote et la gestion du treuil par le mécanicien de bord-treuilliste, le gendarme secouriste est déposé à l’endroit précis où se trouvent les personnes à secourir. Une fois assurées, celles-ci sont hélitreuillées à bord de l’EC145 et la vidéo se termine sur le retour du gendarme secouriste à bord de l’hélicoptère.

Des missions de sécurité ET de secours

Unique force aéroterrestre de sécurité intérieure en France, les hélicoptères des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN) sont systématiquement engagés lors de grands événements ; compétitions sportives internationales ou de grande ampleur, visites et sommets importants en France, projection de forces spéciales de la Gendarmerie ou de la Police, etc. Le grand public voit ainsi ces hélicoptères bleus à lignes blanches lors de missions à vocation sécuritaire ou en soutien aux forces de l’ordre au sol. Cependant, ces appareils sont aussi employés dans de nombreuses missions de secours à personne. Ces missions de secours aérien par hélicoptère sont particulièrement déterminantes dans des reliefs ou zones difficilement accessibles.

Quelques-uns des nombreux sauvetages

C’est ainsi que le 3 août 2023, un EC145 de la SAG de Cayenne effectuait un ravitaillement du dispensaire de Maripasoula (Guyane, France) ; 150 kg de précieux médicaments furent héliportés dans le dispensaire isolé. Cette rotation n’est pas anodine dans la jungle guyanaise : certaines zones sont situées à plusieurs jours de pirogue des premiers villages disposant d’un véritable accès terrestre. Les hélicoptères de la SAG de Cayenne permettent alors de répondre aux besoins les plus urgents, comme expliqué par le lieutenant Julien :

« Notre engagement peut s’étendre au-delà des besoins des gendarmes […]. Nous sommes parfois sollicités par l’Agence régionale de santé (ARS) afin d’acheminer des médicaments aux populations. Par ailleurs, la compagnie Air Guyane, qui effectuait des vols régionaux, a été placée en liquidation à la fin de l’année 2023. Nous avons donc connu un important niveau d’engagement afin d’effectuer les ravitaillements essentiels à la population, qui n’étaient plus opérés par cette société. »

La mer est également un domaine apprivoisé par les FAGN. En avril 2024, le CROSS Sud Océan Indien publiait justement une image d’un secours en mer par un équipage de la SAG de Pamandzi (Mayotte) à bord d’un Écureuil des FAGN.

En novembre 2023, en pleine nuit et alors que les conditions météorologiques étaient dégradées, un hélicoptère de la Force aérienne de Gendarmerie d’Île de France (FAGIF) a été déployé à la demande de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). La petite Rose (3 mois seulement) avait alors dû être héliportée en extrême urgence de Paris vers le CHU de Dijon. Le vol, réalisé par un équipage expérimenté (le lieutenant Bastien, le major Julien et l’adjudant Jimmy), équipé de jumelles de visions nocturnes (JVN) et aux instruments (IFR), a permis de sauver la vie du tout jeune nourrisson.

Portrait d'un pilote

Bastien, l'un des deux pilotes engagés lors du transfert de la petite Rose, est un pilote expérimenté. À 14 ans, il était déjà pilote de planeur et avait un job étudiant en tant qu'aide-mécanicien auprès d'Héli Union France. C'est là qu'un moniteur l'aida à devenir pilote d'hélicoptère civil... mais durant une enquête - nécessaire avant d'avoir le précieux sésame - effectuée par un gendarme, ce-dernier lui demande : "Et pourquoi pas pilote d'hélicoptère au sein de l'Armée ?" C'est alors le déclic : pendant 15 ans, il volera sur les hélicoptères légers Gazelle au sein du 3ème Régiment d'hélicoptères de combat (3ème RHC) et du 5ème RHC, deux unités de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT). Ces 15 années verront aussi deux déploiements en opérations extérieures (OPEX) en Afghanistan ainsi qu'un déploiement au Tchad.

Après la fin de son contrat en 2012, il réussit le concours de sous-officier dans la Gendarmerie nationale mais reste au sol : pendant un an, il est intégré en tant que brigadier à Châteaulin (Finistère) et ensuite en Haute-Savoie... avant de reprendre les airs au sein des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale. Gendarme naviguant, il est respectivement déployé au sein des SAG de Limoges, Pamandzi (Mayotte), Metz et Villacoublay. Alors qu'il s'apprête actuellement à retourner sur la SAG de Metz, l'adjudant-chef Bastien réussit en 2024 le concours interne pour passer officier et sera prochainement promu lieutenant. À noter que l'ALAT reste assez "proche" du désormais lieutenant Bastien ; son épouse est également une pilote d'hélicoptère au sein de l'ALAT, sur l'hélicoptère de transport tactique EC 725 Caracal.

Dans le cadre d'une interview, ce dernier a décrit les conditions du transfert de Rose : 

"Les conditions de vols étaient exécrables et, suite au refus de la Sécurité Civile et du SMUR, la requête de transfert nous est transmise. Après réflexion, on donne notre accord : l'équipage comprend alors deux pilotes - configuration de nuit, donc toujours à deux - ainsi qu'un mécanicien de bord, respectivement moi, le major Julien et l'adjudant Jimmy. Arrivé à l'hôpital parisien, le bébé et trois responsables soins montent à bord. Le vol, effectué aux JVN, se fait sous un plafond bas, dans un brouillard très épais et le risque de givrage nous empêche de grimper au-dessus des nuages. Finalement, la fin du vol se fait dans des conditions toujours diminuées mais bien meilleures qu'à Paris. Une fois le bébé et le personnel soignant déposé à Dijon, la mission n'était pas terminée car il fallait revenir sur Paris : la concentration est restée à son maximum."

Très humble, il précise ensuite ; "Au final, nous effectuons de nombreux sauvetages mais il est vrai que celui-là restera dans ma mémoire."

Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN.
Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN. © FAGN
Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN.

Un appui patin qui fait le tour du monde

Il arrive aussi que certaines missions sortent de l’ombre… et fassent même le tour du monde ! Ce fut le cas en 2019, lorsqu’un skieur de 19 ans s’était blessé le genou lors d’une randonnée au col d’Anterne (massif du Giffre). Un EC145 avait alors décollé et rejoint la zone malgré le mauvais temps. L’hélicoptère n’avait cependant pas atterrit car le capitaine Jean-François, pilote de l’EC145, avait effectué un appui patin ; alors que le rotor principal porte toujours l’hélicoptère, le pilote vient poser l’un des patins de l’EC145 sur la piste. Cette manœuvre est bien plus rapide qu’un hélitreuillage et permet d’évacuer plus rapidement et plus facilement le blessé en réduisant le temps d’exposition au risque. En revanche, l’appui patin est aussi une manœuvre complexe à mettre en œuvre ; en plus d’avoir une machine stable, le pilote doit surveiller les pales de son rotor principal. Avec une pente déjà fortement inclinée, les pales ne se trouvent qu’à une dizaine de centimètres seulement de la piste en question !

La manœuvre avait été filmée ; l'arrivée des secouristes (vidéo moins connue) par appui patin et la reprise des secouristes et du blessé (vidéo la plus connue), suivie directement par un hélitreuillage des derniers secouristes. Ces images ont fait le tour des réseaux sociaux, accompagnées d’une large couverture médiatique, avec par exemple, un article dédié par CNN ou encore ABC News.

Les FAGN : une aventure née il y a plus de 70 ans 

L’idée d’une aviation de gendarmerie nait dans l’esprit du chef d’escadron Jean-Barthélémy Fouché : alors qu’il se trouvait à New York au début des années 1950, il voit le New York Police Department (NYPD) utiliser des hélicoptères Bell pour des missions de sécurité publique. Une expérience est alors lancée le 15 août 1952 entre Paris et Rambouillet. Un hélicoptère est loué et peint aux couleurs de la Gendarmerie afin d’effectuer un test de sécurisation des flux routiers. L’essai est concluant.

Le déclic viendra… de l’Armée de Terre ; alors en pleine guerre d’Indochine, elle cherche rapidement à former de nouveaux pilotes d’hélicoptères, un moyen tout nouveau dans les conflits de l’époque. Des gendarmes issus des deux subdivisions d’arme de la Gendarmerie, la Mobile et la Départementale, à titre individuels, décident alors de se porter volontaires. Le 7 septembre 1953, la formation débute et voit ainsi des gendarmes qui commencent à voler sur hélicoptères et mais aussi sur des avions. C’est cette date qui est alors choisie comme date anniversaire des FAGN.

Il faudra toutefois attendre la fin de l’année 1953 pour voir arriver les premiers hélicoptères aux couleurs de la Gendarmerie (opérationnels en 1954). Cette acquisition et mise en service d’hélicoptères Bell 47 fera de la Gendarmerie nationale la première force de sécurité intérieure en Europe occidentale à détenir des moyens aériens (historique des FAGN d’après le général Emmanuel Josse, commandant les FAGN).

Près de 70 ans plus tard, les Forces aériennes de la Gendarmerie nationale comptent actuellement 500 personnels dont 400 gendarmes navigants et 56 hélicoptères :

  • EC145 Choucas
  • EC135 Griffon
  • AS350 Écureuil

À noter que deux nouveaux types d’hélicoptères devraient venir compléter la flotte de la Gendarmerie dans les prochaines années. Assemblé au début de l’été 2022 par Airbus Helicopters (AH), le premier des dix H160 MSI (Missions de Sécurité Intérieure ou Law Enforcement) a été dévoilé le 19 mars dernier lors d’une visite de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur le site du constructeur à Marignane. Premier aéronef omnirôle, le H160 (baptisé Pégase dans sa version gendarmerie) sera aussi l’appareil le plus lourd jamais exploité par les FAGN et permettra de projeter plus loin un nombre plus conséquent de forces.

Parallèlement, six H145 D3 seront prochainement livrés au profit des unités de montagne et d’Outre-mer (Cayenne, Nouméa…), unités les plus sollicitées et les plus exposées. Ces machines plus puissantes et plus robustes, dont la maintenance sera facilitée, ont vocation à renforcer la manœuvrabilité des missions aéroterrestres et la sécurité des équipages. 

La Gendarmerie s’appuie aussi sur une flotte conséquente de drones et étudie l’opportunité opérationnelle et la faisabilité technique d’expérimenter dans les prochains mois un drone autonome de moyenne endurance (DAME).

Au cœur de la manœuvre aéroterrestre, très souvent déterminants dans la réussite des opérations, les hélicoptères bleus à bandes blanches sont engagés sur une large diversité de missions :

  • projection des forces d’intervention de la Gendarmerie et de la Police,
  • appui-feu avec tireurs d’élite embarqués,
  • reconnaissance de zone, observation-recherche, retransmission d’images des caméras embarquées,
  • manœuvres aéroterrestres de maintien de l’ordre,
  • opérations judiciaires,
  • contre-terrorisme,
  • secours à personnes (par tout temps, en mer/terre/montagne, de jour comme de nuit,…),
  • recherche de personnes disparues,
  • et bien d'autres...

Régulièrement engagées sur des opérations militaires ou civiles interarmées, les pilotes de la Gendarmerie sont aussi formés à l’appontage sur les bâtiments de la Marine nationale.

Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023).
Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023). © Marine nationale
Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023).

Les unités des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale sont réparties de manière à assurer une présence sur la totalité du territoire national (métropole et Outre-Mer) au sein de 30 emprises spécifiques, depuis des bases aériennes de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) ou encore d’aérodromes ou d’héliports civils.

En cas de besoin, et comme démontré du 29 mai au 1er juin 2024 en Nouvelle-Calédonie, des hélicoptères peuvent être rapidement aérotransportés en renfort depuis un avion de transport tactique A400M Atlas de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024).
Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024). © SIRPA-G (F. Arrighi)
Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024).

Un centre d’excellence pour le vol en montagne

Les pilotes de montagne des FAGN figurent parmi les meilleurs au monde. Ils sont formés par le CVM (centre d’excellence (centrex) du vol en montagne) de Briançon qui dépend lui-même du centre national d’instruction des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale basé à Cazaux. Cette expertise reconnue permet au CVM de former, en plus des équipages français, des pilotes et mécaniciens de bord d’autres forces aériennes étrangères (Espagne, Maroc, Équateur, Chili…).

Des échanges et entrainements à l’étranger sont aussi organisés… l’un d’eux a d’ailleurs récemment permis d’écrire une nouvelle ligne dans l’Histoire des FAGN : à l’occasion d’une formation en Équateur, les capitaine Lionel (pilote), chef d’escadron Matthieu (pilote) et capitaine Laurent (mécanicien de bord) ont réussi à poser un hélicoptère H145 D2 sur les flancs du Cotopaxi (Équateur). Ce poser d’altitude, enregistré à 5 750 mètres d’altitude – pour rappel, le sommet du Mont Blanc se trouve à 4 809 mètres d'altitude – fait désormais partie du record d’altitude des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale.

Plus de 70 ans et toujours plus de vies sauvées

Enfin, un petit rappel statistique ; les quelques 500 personnels des FAGN permettent la mise en œuvre de 56 hélicoptères mais aussi leur maintien en condition opérationnelle, l’entrainement de nouveaux personnels, le perfectionnement de nouveaux modes opératoires et nouvelles techniques… et assurent au passage pas moins de 15 000 missions. Au niveau des secours, ces équipages ont sauvé, pour la seule année 2023, 6 423 personnes ! Cette bataille constante dans le secours de vies en danger augmente constamment depuis au moins 3 ans (5 486 en 2021 et 6 150 en 2022). Mais avec seulement 56 appareils bleus à bandes blanches (dont une partie en maintenance), ces chiffres rappellent une citation très célèbre de Winston Churchill, premier ministre britannique, durant la bataille d’Angleterre :

« Jamais dans le champ des conflits humains, tant d'hommes n'ont dû autant à si peu. »

Commentaires
13/08/2024 10:30
2615 mots

Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)

Unique force aéroterrestre de sécurité publique du ministère de l’Intérieur, les Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN) couvrent l’ensemble des missions de sécurité intérieure, à l’exception de la sécurité routière. Les FAGN sont même pionnières du secours héliporté en montagne mais aussi en mer. Elles sont ainsi compétentes sur 100% du territoire national, en métropole et en Outre-mer. Les quelques 400 aérogendarmes des FAGN accomplissent aujourd’hui plus de 15 000 missions chaque année, sauvant plus de 6 000 personnes au passage. Ces sauvetages, peu médiatisés et bien souvent impressionnants, démontrent l’expertise des équipages engagés. Des images d’un sauvetage durant les vacances permet justement de (re)découvrir ce rôle important et pourtant méconnu des FAGN.

Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)
Avec discrétion et précision, ils sauvent plus de 6000 vies par an : focus sur les pilotes des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN)

Un sauvetage en vidéo

Le 23 juillet, le compte X de la Gendarmerie nationale publiait une vidéo d’un sauvetage en haute montagne. À la demande du Peloton de Gendarmerie de Haute-montagne (PGHM), un hélicoptère EC145 de la section aérienne de Gendarmerie (SAG) de Chamonix (Haute-Savoie, France) est engagé, avec à son bord, un pilote (le capitaine Yann), un mécanicien de bord-treuilliste et un gendarme secouriste du PGHM. Ce dernier a pour rôle de sécuriser le blessé et le conditionner – en fonction de la situation – sur le système d’assurage ou dans la civière. C’est d’ailleurs sur son casque qu’est placé une caméra, permettant de s’immerger quelques instants dans ce sauvetage très technique.

La vidéo (ci-dessous) commence avec l’arrivée de l’hélicoptère EC145 sur le massif rocheux. Il est possible d’apercevoir le pilote ainsi que le mécanicien de bord-treuilliste. Le gendarme secouriste du PGHM s'accroche ensuite au treuil, situé sur la partie droite (tribord) de l’hélicoptère. C’est alors que la partie compliquée commence ; pendant que le gendarme descend, l’hélicoptère s’approche de la paroi rocheuse. Durant cette phase du vol, le pilote de montagne s'est transformé en un véritable chirurgien ; chaque mouvement doit être précis, sous risque d’envoyer le treuil et le gendarme secouriste sur la paroi rocheuse… tout en gérant les différents vents, capables eux aussi, s’ils ne sont pas pris en compte, de projeter l’hélicoptère sur l’éperon rocheux. La vidéo montre d’ailleurs la concentration du pilote lors de cette phase de descente. C’est ainsi qu’en combinant les gestes du pilote et la gestion du treuil par le mécanicien de bord-treuilliste, le gendarme secouriste est déposé à l’endroit précis où se trouvent les personnes à secourir. Une fois assurées, celles-ci sont hélitreuillées à bord de l’EC145 et la vidéo se termine sur le retour du gendarme secouriste à bord de l’hélicoptère.

Des missions de sécurité ET de secours

Unique force aéroterrestre de sécurité intérieure en France, les hélicoptères des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN) sont systématiquement engagés lors de grands événements ; compétitions sportives internationales ou de grande ampleur, visites et sommets importants en France, projection de forces spéciales de la Gendarmerie ou de la Police, etc. Le grand public voit ainsi ces hélicoptères bleus à lignes blanches lors de missions à vocation sécuritaire ou en soutien aux forces de l’ordre au sol. Cependant, ces appareils sont aussi employés dans de nombreuses missions de secours à personne. Ces missions de secours aérien par hélicoptère sont particulièrement déterminantes dans des reliefs ou zones difficilement accessibles.

Quelques-uns des nombreux sauvetages

C’est ainsi que le 3 août 2023, un EC145 de la SAG de Cayenne effectuait un ravitaillement du dispensaire de Maripasoula (Guyane, France) ; 150 kg de précieux médicaments furent héliportés dans le dispensaire isolé. Cette rotation n’est pas anodine dans la jungle guyanaise : certaines zones sont situées à plusieurs jours de pirogue des premiers villages disposant d’un véritable accès terrestre. Les hélicoptères de la SAG de Cayenne permettent alors de répondre aux besoins les plus urgents, comme expliqué par le lieutenant Julien :

« Notre engagement peut s’étendre au-delà des besoins des gendarmes […]. Nous sommes parfois sollicités par l’Agence régionale de santé (ARS) afin d’acheminer des médicaments aux populations. Par ailleurs, la compagnie Air Guyane, qui effectuait des vols régionaux, a été placée en liquidation à la fin de l’année 2023. Nous avons donc connu un important niveau d’engagement afin d’effectuer les ravitaillements essentiels à la population, qui n’étaient plus opérés par cette société. »

La mer est également un domaine apprivoisé par les FAGN. En avril 2024, le CROSS Sud Océan Indien publiait justement une image d’un secours en mer par un équipage de la SAG de Pamandzi (Mayotte) à bord d’un Écureuil des FAGN.

En novembre 2023, en pleine nuit et alors que les conditions météorologiques étaient dégradées, un hélicoptère de la Force aérienne de Gendarmerie d’Île de France (FAGIF) a été déployé à la demande de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). La petite Rose (3 mois seulement) avait alors dû être héliportée en extrême urgence de Paris vers le CHU de Dijon. Le vol, réalisé par un équipage expérimenté (le lieutenant Bastien, le major Julien et l’adjudant Jimmy), équipé de jumelles de visions nocturnes (JVN) et aux instruments (IFR), a permis de sauver la vie du tout jeune nourrisson.

Portrait d'un pilote

Bastien, l'un des deux pilotes engagés lors du transfert de la petite Rose, est un pilote expérimenté. À 14 ans, il était déjà pilote de planeur et avait un job étudiant en tant qu'aide-mécanicien auprès d'Héli Union France. C'est là qu'un moniteur l'aida à devenir pilote d'hélicoptère civil... mais durant une enquête - nécessaire avant d'avoir le précieux sésame - effectuée par un gendarme, ce-dernier lui demande : "Et pourquoi pas pilote d'hélicoptère au sein de l'Armée ?" C'est alors le déclic : pendant 15 ans, il volera sur les hélicoptères légers Gazelle au sein du 3ème Régiment d'hélicoptères de combat (3ème RHC) et du 5ème RHC, deux unités de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT). Ces 15 années verront aussi deux déploiements en opérations extérieures (OPEX) en Afghanistan ainsi qu'un déploiement au Tchad.

Après la fin de son contrat en 2012, il réussit le concours de sous-officier dans la Gendarmerie nationale mais reste au sol : pendant un an, il est intégré en tant que brigadier à Châteaulin (Finistère) et ensuite en Haute-Savoie... avant de reprendre les airs au sein des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale. Gendarme naviguant, il est respectivement déployé au sein des SAG de Limoges, Pamandzi (Mayotte), Metz et Villacoublay. Alors qu'il s'apprête actuellement à retourner sur la SAG de Metz, l'adjudant-chef Bastien réussit en 2024 le concours interne pour passer officier et sera prochainement promu lieutenant. À noter que l'ALAT reste assez "proche" du désormais lieutenant Bastien ; son épouse est également une pilote d'hélicoptère au sein de l'ALAT, sur l'hélicoptère de transport tactique EC 725 Caracal.

Dans le cadre d'une interview, ce dernier a décrit les conditions du transfert de Rose : 

"Les conditions de vols étaient exécrables et, suite au refus de la Sécurité Civile et du SMUR, la requête de transfert nous est transmise. Après réflexion, on donne notre accord : l'équipage comprend alors deux pilotes - configuration de nuit, donc toujours à deux - ainsi qu'un mécanicien de bord, respectivement moi, le major Julien et l'adjudant Jimmy. Arrivé à l'hôpital parisien, le bébé et trois responsables soins montent à bord. Le vol, effectué aux JVN, se fait sous un plafond bas, dans un brouillard très épais et le risque de givrage nous empêche de grimper au-dessus des nuages. Finalement, la fin du vol se fait dans des conditions toujours diminuées mais bien meilleures qu'à Paris. Une fois le bébé et le personnel soignant déposé à Dijon, la mission n'était pas terminée car il fallait revenir sur Paris : la concentration est restée à son maximum."

Très humble, il précise ensuite ; "Au final, nous effectuons de nombreux sauvetages mais il est vrai que celui-là restera dans ma mémoire."

Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN.
Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN. © FAGN
Le désormais futur lieutenant Bastien devant un hélicoptère EC145 Choucas des FAGN.

Un appui patin qui fait le tour du monde

Il arrive aussi que certaines missions sortent de l’ombre… et fassent même le tour du monde ! Ce fut le cas en 2019, lorsqu’un skieur de 19 ans s’était blessé le genou lors d’une randonnée au col d’Anterne (massif du Giffre). Un EC145 avait alors décollé et rejoint la zone malgré le mauvais temps. L’hélicoptère n’avait cependant pas atterrit car le capitaine Jean-François, pilote de l’EC145, avait effectué un appui patin ; alors que le rotor principal porte toujours l’hélicoptère, le pilote vient poser l’un des patins de l’EC145 sur la piste. Cette manœuvre est bien plus rapide qu’un hélitreuillage et permet d’évacuer plus rapidement et plus facilement le blessé en réduisant le temps d’exposition au risque. En revanche, l’appui patin est aussi une manœuvre complexe à mettre en œuvre ; en plus d’avoir une machine stable, le pilote doit surveiller les pales de son rotor principal. Avec une pente déjà fortement inclinée, les pales ne se trouvent qu’à une dizaine de centimètres seulement de la piste en question !

La manœuvre avait été filmée ; l'arrivée des secouristes (vidéo moins connue) par appui patin et la reprise des secouristes et du blessé (vidéo la plus connue), suivie directement par un hélitreuillage des derniers secouristes. Ces images ont fait le tour des réseaux sociaux, accompagnées d’une large couverture médiatique, avec par exemple, un article dédié par CNN ou encore ABC News.

Les FAGN : une aventure née il y a plus de 70 ans 

L’idée d’une aviation de gendarmerie nait dans l’esprit du chef d’escadron Jean-Barthélémy Fouché : alors qu’il se trouvait à New York au début des années 1950, il voit le New York Police Department (NYPD) utiliser des hélicoptères Bell pour des missions de sécurité publique. Une expérience est alors lancée le 15 août 1952 entre Paris et Rambouillet. Un hélicoptère est loué et peint aux couleurs de la Gendarmerie afin d’effectuer un test de sécurisation des flux routiers. L’essai est concluant.

Le déclic viendra… de l’Armée de Terre ; alors en pleine guerre d’Indochine, elle cherche rapidement à former de nouveaux pilotes d’hélicoptères, un moyen tout nouveau dans les conflits de l’époque. Des gendarmes issus des deux subdivisions d’arme de la Gendarmerie, la Mobile et la Départementale, à titre individuels, décident alors de se porter volontaires. Le 7 septembre 1953, la formation débute et voit ainsi des gendarmes qui commencent à voler sur hélicoptères et mais aussi sur des avions. C’est cette date qui est alors choisie comme date anniversaire des FAGN.

Il faudra toutefois attendre la fin de l’année 1953 pour voir arriver les premiers hélicoptères aux couleurs de la Gendarmerie (opérationnels en 1954). Cette acquisition et mise en service d’hélicoptères Bell 47 fera de la Gendarmerie nationale la première force de sécurité intérieure en Europe occidentale à détenir des moyens aériens (historique des FAGN d’après le général Emmanuel Josse, commandant les FAGN).

Près de 70 ans plus tard, les Forces aériennes de la Gendarmerie nationale comptent actuellement 500 personnels dont 400 gendarmes navigants et 56 hélicoptères :

  • EC145 Choucas
  • EC135 Griffon
  • AS350 Écureuil

À noter que deux nouveaux types d’hélicoptères devraient venir compléter la flotte de la Gendarmerie dans les prochaines années. Assemblé au début de l’été 2022 par Airbus Helicopters (AH), le premier des dix H160 MSI (Missions de Sécurité Intérieure ou Law Enforcement) a été dévoilé le 19 mars dernier lors d’une visite de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur le site du constructeur à Marignane. Premier aéronef omnirôle, le H160 (baptisé Pégase dans sa version gendarmerie) sera aussi l’appareil le plus lourd jamais exploité par les FAGN et permettra de projeter plus loin un nombre plus conséquent de forces.

Parallèlement, six H145 D3 seront prochainement livrés au profit des unités de montagne et d’Outre-mer (Cayenne, Nouméa…), unités les plus sollicitées et les plus exposées. Ces machines plus puissantes et plus robustes, dont la maintenance sera facilitée, ont vocation à renforcer la manœuvrabilité des missions aéroterrestres et la sécurité des équipages. 

La Gendarmerie s’appuie aussi sur une flotte conséquente de drones et étudie l’opportunité opérationnelle et la faisabilité technique d’expérimenter dans les prochains mois un drone autonome de moyenne endurance (DAME).

Au cœur de la manœuvre aéroterrestre, très souvent déterminants dans la réussite des opérations, les hélicoptères bleus à bandes blanches sont engagés sur une large diversité de missions :

  • projection des forces d’intervention de la Gendarmerie et de la Police,
  • appui-feu avec tireurs d’élite embarqués,
  • reconnaissance de zone, observation-recherche, retransmission d’images des caméras embarquées,
  • manœuvres aéroterrestres de maintien de l’ordre,
  • opérations judiciaires,
  • contre-terrorisme,
  • secours à personnes (par tout temps, en mer/terre/montagne, de jour comme de nuit,…),
  • recherche de personnes disparues,
  • et bien d'autres...

Régulièrement engagées sur des opérations militaires ou civiles interarmées, les pilotes de la Gendarmerie sont aussi formés à l’appontage sur les bâtiments de la Marine nationale.

Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023).
Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023). © Marine nationale
Appontage d'un hélicoptère EC135 des Forces Aériennes de la Gendarmerie nationale sur le pont du porte-hélicoptères amphibie Mistral (L9013, classe Mistral)(14 juin 2023).

Les unités des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale sont réparties de manière à assurer une présence sur la totalité du territoire national (métropole et Outre-Mer) au sein de 30 emprises spécifiques, depuis des bases aériennes de l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) ou encore d’aérodromes ou d’héliports civils.

En cas de besoin, et comme démontré du 29 mai au 1er juin 2024 en Nouvelle-Calédonie, des hélicoptères peuvent être rapidement aérotransportés en renfort depuis un avion de transport tactique A400M Atlas de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024).
Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024). © SIRPA-G (F. Arrighi)
Préparation à l'aérotransport d'un H145M de la Gendarmerie nationale dans un avion de transport tactique A400M Atlas de l'Armée de l'Air et de l'Espace à destination de la Nouvelle-Calédonie (29 mai 2024).

Un centre d’excellence pour le vol en montagne

Les pilotes de montagne des FAGN figurent parmi les meilleurs au monde. Ils sont formés par le CVM (centre d’excellence (centrex) du vol en montagne) de Briançon qui dépend lui-même du centre national d’instruction des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale basé à Cazaux. Cette expertise reconnue permet au CVM de former, en plus des équipages français, des pilotes et mécaniciens de bord d’autres forces aériennes étrangères (Espagne, Maroc, Équateur, Chili…).

Des échanges et entrainements à l’étranger sont aussi organisés… l’un d’eux a d’ailleurs récemment permis d’écrire une nouvelle ligne dans l’Histoire des FAGN : à l’occasion d’une formation en Équateur, les capitaine Lionel (pilote), chef d’escadron Matthieu (pilote) et capitaine Laurent (mécanicien de bord) ont réussi à poser un hélicoptère H145 D2 sur les flancs du Cotopaxi (Équateur). Ce poser d’altitude, enregistré à 5 750 mètres d’altitude – pour rappel, le sommet du Mont Blanc se trouve à 4 809 mètres d'altitude – fait désormais partie du record d’altitude des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale.

Plus de 70 ans et toujours plus de vies sauvées

Enfin, un petit rappel statistique ; les quelques 500 personnels des FAGN permettent la mise en œuvre de 56 hélicoptères mais aussi leur maintien en condition opérationnelle, l’entrainement de nouveaux personnels, le perfectionnement de nouveaux modes opératoires et nouvelles techniques… et assurent au passage pas moins de 15 000 missions. Au niveau des secours, ces équipages ont sauvé, pour la seule année 2023, 6 423 personnes ! Cette bataille constante dans le secours de vies en danger augmente constamment depuis au moins 3 ans (5 486 en 2021 et 6 150 en 2022). Mais avec seulement 56 appareils bleus à bandes blanches (dont une partie en maintenance), ces chiffres rappellent une citation très célèbre de Winston Churchill, premier ministre britannique, durant la bataille d’Angleterre :

« Jamais dans le champ des conflits humains, tant d'hommes n'ont dû autant à si peu. »



Commentaires