Drone Beaver

Les images permettent de confirmer qu'il s'agirait de la seconde utilisation du drone Beaver. Celui-ci dispose d'une configuration en canard et avec une hélice propulsive, à savoir ;

• deux plans canards à l'avant servant de gouverne de profondeur
• une aile située derrière les plans canards
• un moteur placé à l'arrière qui sert à "pousser" l'avion au lieu de le "tirer", comme c'est le cas dans une configuration plus classique

En termes de capacités et d'après les estimations, ce drone serait capable d'emporter une vingtaine de kilos d'explosifs. De plus, au vu du bruit entendu sur les vidéos, son moteur est thermique. Il avait été utilisé pour la première fois le 26 mai sur Krasnodar (sur le second tweet, il est possible d'apercevoir que le drone utilisé à Krasnodar reprend une configuration en canard et hélice propulsive du Beaver).

Qui est en cause ?

Actuellement, il n’est pas possible de confirmer la provenance de cette attaque. Plusieurs hypothèses sont donc envisagées :

• Les Forces armées ukrainiennes, cherchant à démontrer une nouvelle fois leur capacité à projeter des drones kamikazes jusque Moscou. Cette nouvelle démonstration est cependant volontairement limitée par les Ukrainiens en n'armant que faiblement les drones, au vue des quelques dégâts causés, l'objectif étant de ne pas escalader le conflit en cours. D'ailleurs, les façades des immeubles touchés ne sont que très légèrement endommagés. Or, une capacité d'emport d'une vingtaine de kilos d'explosifs est comparable à l'explosion d'un obus d'artillerie. Les immeubles ukrainiens ont déjà démontré depuis le 24 février 2022 que de telles frappes sont destructrices pour les buildings : plusieurs étages entièrement soufflés ou même l'effondrement du bâtiment en question. A titre de comparaison, le tweet ci-dessous permet de comparer les dégâts provoqués par les drones dans la région de Moscou et les dégâts effectués cette nuit par les Russes à Kiev.

• Des civils ayant acheté ces drones. Le 20 décembre 2022, un blogueur ukrainien, Ihor Lachen, avait annoncé que sa récolte de fonds avait permis la construction de cinq drones Beaver. Ceux-ci ont été livrés à la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense ukrainien. Il reste donc à voir si d’autres blogueurs ou civils ukrainiens ou même dissidents russes ont été capables d’acheter ces drones et ont été capables de les utiliser en dehors de la chaine de commandement ukrainien. Les faibles dégâts, comme expliqué dans l'hypothèse précédente, s'expliquent dans cette hypothèse que seuls les militaires ukrainiens détiennent des explosifs de type militaires. Les civils ayant utilisé ces drones ont donc dû improviser une charge explosive : explosifs de faible intensité ou bombe artisanale.

La configuration canard-hélice propulsive

Cette configuration canard-hélice propulsive n'est pas neuve dans le monde de l'aéronautique et apparait même à ses débuts : le premier vol contrôlé par un être humain, effectué le 17 décembre 1903 par les frères Wright, a été effectué sur le Wright Flyer, un avion canard avec hélices propulsives. Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux projets ont vu le jour mais la plupart ne sont pas entrés en service actif ; XP-55 Ascender américain, Messerschmitt P.1110 Ente allemand, J7W Shinden japonais,...

Aujourd'hui, cette double configuration est très rare au sein des avions militaires à travers le monde. Les constructeurs favorisent ainsi soit la configuration canard visible sur les avions de combat européens Rafale, Eurofighter, Gripen,... soit la configuration à hélice propulsive, visible sur le prototype d'hélicoptère SB-1 Defiant américain ou l'avion de transport P180 Avanti (utilisé principalement au sein des Forces militaires et de polices italiennes).

Article modifié le 30 mai 2023 à 15h56.