André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »
André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »
© Collection A. Rémondière

publié le 02 octobre 2019 à 17:43

663 mots

André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »

Le 14 septembre dernier, André Rémondière nous quittait. Retour sur un homme à la carrière d’exception, qui a connu les débuts et l’essor du spatial en France.


Né le 26 novembre 1930 à Paris (35 ans jour pour jour avant le premier vol de Diamant), André Rémondière a suivi des études scientifiques le menant à l’Ecole spéciale de mécanique et d’électricité (ESME), puis le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), dont il sort ingénieur en 1953.

 

En 1954, il intègre l’ONERA, l’Office national d’études et de recherches aéronautiques (aérospatiales après 1963), où il y devient chef de groupe de recherche sur les questions de pilotage et de stabilisation automatique. Il travaille au sein de l’OPd, une division de la direction Physique générale chargée d’expérimenter du matériel aéronautique à bord de fusées technologiques. André Rémondière se souvenait avec émotions de cette époque pionnière : « J’ai connu Mailly-le-camp où l’ONERA venait au début y tester ses premiers engins-fusées. J’y ai fait des essais de 1954 à 1959 avant d’aller au Levant (…). A Mailly, j’ai fait des essais de pilotage et de stabilisation avec des fusées de type OPd-250, mais aussi des essais avec un booster porteur récupérable par un système de parachute ».

 

En 1969, après 15 ans passés à l’ONERA, André Rémondière rejoint le CNES (Centre national d’études spatiales), créé 8 ans plus tôt. Il dirige successivement les divisions Fusées-sondes, Techniques aérospatiales et Satellites, avant de devenir sous-directeur pour les Projets et la recherche technique.

 

Entre 1983 et 1985, André Rémondière est d’abord amené à diriger Intespace, une filiale du CNES spécialisée en ingénierie et essais en environnement spatial. Il est ensuite directeur du Centre spatial guyanais (CSG) de 1986 à 1991, où il contribue à assurer le lancement de 33 lanceurs Ariane (permettant de satelliser 50 satellites), avec seulement deux échecs en mai 1986 et février 1990. Il a l’occasion de suivre l’évolution du lanceur, d’Ariane 1 à Ariane 4 : « A l’époque où j’étais au CSG, j’ai vu grandir Ariane… ». Mais pas seulement. Il a également accompagné la mutation du CSG : « Cette base spatiale, qui s’est limitée au CNES d’abord, puis au CNES et à Arianespace, est devenue la juxtaposition d’un certain nombre d’établissements et d’entreprises (Régulus, Europropulsion, Air Liquide, etc.) », ce qui a nécessité « à avoir un protocole de vie commune. C’est cela que nous appelons la Communauté industrielle et spatiale de Guyane ».

 

En janvier 1992, André Rémondière quitte le CSG pour prendre la responsabilité de la Direction centrale de la qualité du CNES, jusqu’à son départ en retraite le 30 novembre 1994. Il n’en poursuit pas moins ses engagements : dès décembre 1995, il devient le premier président de l’Institut des sciences spatiales et applications de Toulouse (ISSAT), un organisme dont l’objectif est de coordonner les activités de formation et d’enseignement dans le domaine spatial. Tout en restant président d’honneur de l’ISSAT, il officie ensuite comme administrateur dans une association gérant des EHPAD en région toulousaine.

 

André Rémondière était également correspondant à l’Académie de l’Air et de l’Espace (AAE) depuis 1985. Commandeur de l’Ordre national du mérite dès 1983, il a été Chevalier de la Légion d’honneur en 1988 et a reçu en 2002 le prix Science de l’ingénieur de l’Académie internationale d’astronautique (IAA).

 

A l’annonce de la disparition d’André Rémondière, Frédéric d’Allest, directeur général du CNES de 1982 à 1989, a tenu à souligner que notre pays perdait un « grand serviteur des activités spatiales françaises ».

 

 

Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.

 

 

Références.

Correspondances et entretiens téléphoniques entre André Rémondière et Philippe Varnoteaux, 2009-2019.

André Rémondière, Le CSG et l’essor commercial d’Ariane, conférence du 25 novembre 2014, Paris, à l’occasion du colloque sur les 50 ans du CSG.

Joëlle Brami, « André Rémondière : une véritable communauté industrielle et spatiale », in Cnesquisepasse ? n°65, avril 1991

 

Sur le net.

« Des ananas au pied d’Ariane », 12 décembre 1990, in L’Humanité

« Manager Qualité CNAM : André Rémondière », 11 octobre 2011, in http://geqc.unicnam.net/spip.php?article187

50 ans d’A1-Astérix, témoignage d’André Rémondière, 26 novembre 2015, Cité de l’espace, recueilli par Olivier Sanguy.

Commentaires
user_picture thierry remond 03/10/2019 18:40

mon père



02/10/2019 17:43
663 mots

André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »

Le 14 septembre dernier, André Rémondière nous quittait. Retour sur un homme à la carrière d’exception, qui a connu les débuts et l’essor du spatial en France.

André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »
André Rémondière, « grand serviteur des activités spatiales françaises »

Né le 26 novembre 1930 à Paris (35 ans jour pour jour avant le premier vol de Diamant), André Rémondière a suivi des études scientifiques le menant à l’Ecole spéciale de mécanique et d’électricité (ESME), puis le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), dont il sort ingénieur en 1953.

 

En 1954, il intègre l’ONERA, l’Office national d’études et de recherches aéronautiques (aérospatiales après 1963), où il y devient chef de groupe de recherche sur les questions de pilotage et de stabilisation automatique. Il travaille au sein de l’OPd, une division de la direction Physique générale chargée d’expérimenter du matériel aéronautique à bord de fusées technologiques. André Rémondière se souvenait avec émotions de cette époque pionnière : « J’ai connu Mailly-le-camp où l’ONERA venait au début y tester ses premiers engins-fusées. J’y ai fait des essais de 1954 à 1959 avant d’aller au Levant (…). A Mailly, j’ai fait des essais de pilotage et de stabilisation avec des fusées de type OPd-250, mais aussi des essais avec un booster porteur récupérable par un système de parachute ».

 

En 1969, après 15 ans passés à l’ONERA, André Rémondière rejoint le CNES (Centre national d’études spatiales), créé 8 ans plus tôt. Il dirige successivement les divisions Fusées-sondes, Techniques aérospatiales et Satellites, avant de devenir sous-directeur pour les Projets et la recherche technique.

 

Entre 1983 et 1985, André Rémondière est d’abord amené à diriger Intespace, une filiale du CNES spécialisée en ingénierie et essais en environnement spatial. Il est ensuite directeur du Centre spatial guyanais (CSG) de 1986 à 1991, où il contribue à assurer le lancement de 33 lanceurs Ariane (permettant de satelliser 50 satellites), avec seulement deux échecs en mai 1986 et février 1990. Il a l’occasion de suivre l’évolution du lanceur, d’Ariane 1 à Ariane 4 : « A l’époque où j’étais au CSG, j’ai vu grandir Ariane… ». Mais pas seulement. Il a également accompagné la mutation du CSG : « Cette base spatiale, qui s’est limitée au CNES d’abord, puis au CNES et à Arianespace, est devenue la juxtaposition d’un certain nombre d’établissements et d’entreprises (Régulus, Europropulsion, Air Liquide, etc.) », ce qui a nécessité « à avoir un protocole de vie commune. C’est cela que nous appelons la Communauté industrielle et spatiale de Guyane ».

 

En janvier 1992, André Rémondière quitte le CSG pour prendre la responsabilité de la Direction centrale de la qualité du CNES, jusqu’à son départ en retraite le 30 novembre 1994. Il n’en poursuit pas moins ses engagements : dès décembre 1995, il devient le premier président de l’Institut des sciences spatiales et applications de Toulouse (ISSAT), un organisme dont l’objectif est de coordonner les activités de formation et d’enseignement dans le domaine spatial. Tout en restant président d’honneur de l’ISSAT, il officie ensuite comme administrateur dans une association gérant des EHPAD en région toulousaine.

 

André Rémondière était également correspondant à l’Académie de l’Air et de l’Espace (AAE) depuis 1985. Commandeur de l’Ordre national du mérite dès 1983, il a été Chevalier de la Légion d’honneur en 1988 et a reçu en 2002 le prix Science de l’ingénieur de l’Académie internationale d’astronautique (IAA).

 

A l’annonce de la disparition d’André Rémondière, Frédéric d’Allest, directeur général du CNES de 1982 à 1989, a tenu à souligner que notre pays perdait un « grand serviteur des activités spatiales françaises ».

 

 

Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.

 

 

Références.

Correspondances et entretiens téléphoniques entre André Rémondière et Philippe Varnoteaux, 2009-2019.

André Rémondière, Le CSG et l’essor commercial d’Ariane, conférence du 25 novembre 2014, Paris, à l’occasion du colloque sur les 50 ans du CSG.

Joëlle Brami, « André Rémondière : une véritable communauté industrielle et spatiale », in Cnesquisepasse ? n°65, avril 1991

 

Sur le net.

« Des ananas au pied d’Ariane », 12 décembre 1990, in L’Humanité

« Manager Qualité CNAM : André Rémondière », 11 octobre 2011, in http://geqc.unicnam.net/spip.php?article187

50 ans d’A1-Astérix, témoignage d’André Rémondière, 26 novembre 2015, Cité de l’espace, recueilli par Olivier Sanguy.


03/10/2019 18:40



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03/10/2019 18:40

mon père