Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités
Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités
© @ZelenskyyUa

publié le 05 août 2024 à 00:25

1087 mots

Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités

Lors d’une cérémonie officielle, la Force aérienne ukrainienne a perçu ses premiers avions de combat F-16 Fighting Falcon. Les images de la cérémonie permettent d’identifier que les avions visibles ne sont pas uniquement d’ex-appareils hollandais. Au niveau armement, deux configuration air-air étaient visibles ainsi qu’une capacité d’autodéfense améliorée.


Réception officielle

Dans le cadre d’une cérémonie, Volodymyr Zelensky, président ukrainien, et différentes hautes autorités ukrainiennes, ont officiellement accueilli les premiers avions de combat F-16AM Fighting Falcon au sein de la Force aérienne ukrainienne. Cette cérémonie permet d’enfin apercevoir les premières images officielles des Fighting Falcon ukrainiens. Les avions gardent les marquages ukrainiens classiques, avec l'emblème de la Force aérienne ukrainienne sur la queue et une cocarde (jaune et bleue) sur chaque aile. Les numéros d'identification des appareils, situés sur la queue, semble toujours présents mais ont été flouté pour empêcher l'identification exacte des avions. En revanche, aucun numéro de couleurs ne semble visible sur le fuselage de l'avion.

À noter que la vidéo permet d'apercevoir un lance-missiles longue portée d'une batterie Patriot PAC-2 (1:37) ainsi qu'un radar TRML-4D (arrière de l'antenne visible) (1:40).

Juste d'ex-F-16AM hollandais ?

Au moins deux F-16 étaient en vol mais d'autres Fighting Falcon étaient également au sol. Deux avions sont ainsi visibles à 1:59. Un arrêt sur image permet de justement apercevoir une lampe de 450 W sous le cockpit du premier appareil mais pas du second. Cette lampe est intégrée sur les F-16 danois (dès la production) ou norvégiens (après production) et sert à identifier les avions durant les missions de nuit. Or, les différentes déclarations officielles annonçaient une livraison de six F-16 hollandais (dont fait partie l'avion en arrière-plan) et rapidement après, de Fighting Falcon danois ; l'appareil au premier-plan. Cette identification de deux nationalités différentes des appareils présents confirme au passage que la Force aérienne ukrainienne dispose, sur son territoire, d'un peu plus de 6 F-16AM.

Air-air courte portée

Un F-16AM a été filmé en phase d’atterrissage. Ce dernier est alors équipé en configuration air-air courte portée, avec deux missiles air-air courte portée AIM-9L/M Sidewinder, soit les dernières versions du Sidewinder avant la toute récente version AIM-9X Sidewinder. Ce missile utilise un capteur infrarouge permettant de guider le Sidewinder vers une source de chaleur importante : les réacteurs de l’avion ennemi. La survie de cet appareil ennemi ne dépend alors que d’une chose ; la rapidité du pilote. En tirant des leurres infrarouges, il peut tenter de tromper le Sidewinder. Cependant, lorsque ce dernier s’approche à une certaine distance, l’impact est quasi certain. Cette distance de plusieurs kilomètres n’est connue et se dénomme « no-escape zone ». Au niveau de sa portée, les AIM-9L et AIM-9M peuvent toucher une cible à plus de 18 kilomètres, avec une vitesse de 2 414 km/h (soit 1,95 Mach) (USAF)

Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+.
Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+. © @ZelenskyyUa
Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+.

Air-air longue portée

D’autres appareils étaient armés avec des missiles Sidewinder (deux) mais aussi deux missiles air-air longue portée AIM-120B AMRAAM. Contrairement au Sidewinder, l’AMRAAM utilise un capteur radar ; l’avion lanceur doit avoir un accrocher l’avion ennemi grâce à son radar. Les informations sur la cible sont alors transmises au missile qui est alors tiré. Une liaison de donnée avion-missile permet au missile de pouvoir affiner sa trajectoire, jusqu’au moment où le capteur radar du missile guide l’AMRAAM jusqu’à sa cible. Comme précisé par l’US Navy, l’AMRAAM est un missile « indépendant » de l’avion lanceur ; en cas de besoin, celui-ci peut changer de cible, de direction, effectuer des manœuvres défensives,… sans que le missile ne puisse plus se diriger vers sa cible.

D’un point de vue plus technique, l’AIM-120B dispose d’une portée supérieure à 64 kilomètres (les sources varient entre +50 kilomètres à 75 kilomètres), une charge militaire de 22,7 kg et une vitesse de Mach 4 (soit 4 939 km/h) (d’après la Force aérienne grecque). L'utilisation de tels missiles est avant tout attendue dans une optique de tir à longue portée et donc, de chasse aérienne pure, avec une volonté de chasser les appareils russes. Inversement, la configuration en full Sidewinder est plutôt attendue dans des combats aériens à très courte portée ; il est probable que cette configuration sera utilisée pour sécuriser les installations stratégiques des éventuels raids de drones russes par exemple. D'autres configuration sont bien sûr attendue et même déjà confirmée, avec notamment l'emport de bombes planantes de précision JDAM-ER. Il faut préciser qu'en air-sol, le F-16AM peut emporter des munitions air-sol mais aussi des missiles air-air (multi-missions).

(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024).
(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024). © @ZelenskyyUa
(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024).

Un pylône spécial

Le reste des avions présentent des réservoirs externes… mais un œil attentif verra qu’un pylône spécial est situé entre les missiles et les réservoirs externes. Au départ identifié comme la suite Pylon Integrated Dispensing System Plus (PIDS+), l’absence de lance-leurres mais la présence des caméras une d’une partie à l’arrière du pylône laisse clairement penser à la suite Electronic Combat Integrated Pylon System Plus (ECIPS+).

Concrètement, deux pylônes sont fixés sur l’appareil (un sous chaque aile). Les trois caméras AN/AAR-60, produites et développée par Hensoldt, offrent une capacité défensive passive augmentée, avec une capacité de détecter les missiles se dirigeant vers l’avion. Afin d’augmenter l’efficacité défensive de l’appareil, la suite ECIPS+ peut, dès qu’elle détecte un missile, lancer automatiquement les leurres de l’avion sans que le pilote n’ait le temps de réagir. Il comprend également un brouilleur radar AN/ALQ-162(V)6, développé et produit par Northrop Grumman. Ce dernier permet de brouiller les missiles à guidage radar lors de leur approche du F-16.

À noter qu’un avion peut-être équipé d’un ECIPS+ ainsi que du pylône PIDS+ ; il garde une capacité de détection par image des missiles, une capacité de brouillage radar grâce à l’ECIPS+ ainsi qu’un emport de leurres infrarouges (flares) et de paillettes (chaffs)(grâce à un PIDS+), le premier étant conçu pour leurrer les missiles à guidage infrarouges, le second pour les missiles à guidage radar. Il faut préciser que si aucun PIDS+ (ou autre variante de pylône de Terma) n’a été visible (du moins avec certitude), les pays livrant les F-16 disposent de ces différents pylônes et vont donc également les livrer avec les Fighting Falcon promis.

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05/08/2024 00:25
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Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités

Lors d’une cérémonie officielle, la Force aérienne ukrainienne a perçu ses premiers avions de combat F-16 Fighting Falcon. Les images de la cérémonie permettent d’identifier que les avions visibles ne sont pas uniquement d’ex-appareils hollandais. Au niveau armement, deux configuration air-air étaient visibles ainsi qu’une capacité d’autodéfense améliorée.

Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités
Premières images (confirmées) des F-16 en Ukraine : analyse des capacités

Réception officielle

Dans le cadre d’une cérémonie, Volodymyr Zelensky, président ukrainien, et différentes hautes autorités ukrainiennes, ont officiellement accueilli les premiers avions de combat F-16AM Fighting Falcon au sein de la Force aérienne ukrainienne. Cette cérémonie permet d’enfin apercevoir les premières images officielles des Fighting Falcon ukrainiens. Les avions gardent les marquages ukrainiens classiques, avec l'emblème de la Force aérienne ukrainienne sur la queue et une cocarde (jaune et bleue) sur chaque aile. Les numéros d'identification des appareils, situés sur la queue, semble toujours présents mais ont été flouté pour empêcher l'identification exacte des avions. En revanche, aucun numéro de couleurs ne semble visible sur le fuselage de l'avion.

À noter que la vidéo permet d'apercevoir un lance-missiles longue portée d'une batterie Patriot PAC-2 (1:37) ainsi qu'un radar TRML-4D (arrière de l'antenne visible) (1:40).

Juste d'ex-F-16AM hollandais ?

Au moins deux F-16 étaient en vol mais d'autres Fighting Falcon étaient également au sol. Deux avions sont ainsi visibles à 1:59. Un arrêt sur image permet de justement apercevoir une lampe de 450 W sous le cockpit du premier appareil mais pas du second. Cette lampe est intégrée sur les F-16 danois (dès la production) ou norvégiens (après production) et sert à identifier les avions durant les missions de nuit. Or, les différentes déclarations officielles annonçaient une livraison de six F-16 hollandais (dont fait partie l'avion en arrière-plan) et rapidement après, de Fighting Falcon danois ; l'appareil au premier-plan. Cette identification de deux nationalités différentes des appareils présents confirme au passage que la Force aérienne ukrainienne dispose, sur son territoire, d'un peu plus de 6 F-16AM.

Air-air courte portée

Un F-16AM a été filmé en phase d’atterrissage. Ce dernier est alors équipé en configuration air-air courte portée, avec deux missiles air-air courte portée AIM-9L/M Sidewinder, soit les dernières versions du Sidewinder avant la toute récente version AIM-9X Sidewinder. Ce missile utilise un capteur infrarouge permettant de guider le Sidewinder vers une source de chaleur importante : les réacteurs de l’avion ennemi. La survie de cet appareil ennemi ne dépend alors que d’une chose ; la rapidité du pilote. En tirant des leurres infrarouges, il peut tenter de tromper le Sidewinder. Cependant, lorsque ce dernier s’approche à une certaine distance, l’impact est quasi certain. Cette distance de plusieurs kilomètres n’est connue et se dénomme « no-escape zone ». Au niveau de sa portée, les AIM-9L et AIM-9M peuvent toucher une cible à plus de 18 kilomètres, avec une vitesse de 2 414 km/h (soit 1,95 Mach) (USAF)

Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+.
Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+. © @ZelenskyyUa
Une des premières images d'un F-16AM Fighting Falcon ukrainien atterrissant. L'avion est équipé de 4 Sidewinder L/M et d'au moins un pylône d'autodéfense ECIPS+.

Air-air longue portée

D’autres appareils étaient armés avec des missiles Sidewinder (deux) mais aussi deux missiles air-air longue portée AIM-120B AMRAAM. Contrairement au Sidewinder, l’AMRAAM utilise un capteur radar ; l’avion lanceur doit avoir un accrocher l’avion ennemi grâce à son radar. Les informations sur la cible sont alors transmises au missile qui est alors tiré. Une liaison de donnée avion-missile permet au missile de pouvoir affiner sa trajectoire, jusqu’au moment où le capteur radar du missile guide l’AMRAAM jusqu’à sa cible. Comme précisé par l’US Navy, l’AMRAAM est un missile « indépendant » de l’avion lanceur ; en cas de besoin, celui-ci peut changer de cible, de direction, effectuer des manœuvres défensives,… sans que le missile ne puisse plus se diriger vers sa cible.

D’un point de vue plus technique, l’AIM-120B dispose d’une portée supérieure à 64 kilomètres (les sources varient entre +50 kilomètres à 75 kilomètres), une charge militaire de 22,7 kg et une vitesse de Mach 4 (soit 4 939 km/h) (d’après la Force aérienne grecque). L'utilisation de tels missiles est avant tout attendue dans une optique de tir à longue portée et donc, de chasse aérienne pure, avec une volonté de chasser les appareils russes. Inversement, la configuration en full Sidewinder est plutôt attendue dans des combats aériens à très courte portée ; il est probable que cette configuration sera utilisée pour sécuriser les installations stratégiques des éventuels raids de drones russes par exemple. D'autres configuration sont bien sûr attendue et même déjà confirmée, avec notamment l'emport de bombes planantes de précision JDAM-ER. Il faut préciser qu'en air-sol, le F-16AM peut emporter des munitions air-sol mais aussi des missiles air-air (multi-missions).

(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024).
(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024). © @ZelenskyyUa
(De g. à dr.) Missile air-air AIM-120B AMRAAM, missile air-air AIM-9L/M, pylône ECIPS+ et enfin, réservoir externe sous l'aile gauche (tribord) d'un F-16AM ukrainien (4 août 2024).

Un pylône spécial

Le reste des avions présentent des réservoirs externes… mais un œil attentif verra qu’un pylône spécial est situé entre les missiles et les réservoirs externes. Au départ identifié comme la suite Pylon Integrated Dispensing System Plus (PIDS+), l’absence de lance-leurres mais la présence des caméras une d’une partie à l’arrière du pylône laisse clairement penser à la suite Electronic Combat Integrated Pylon System Plus (ECIPS+).

Concrètement, deux pylônes sont fixés sur l’appareil (un sous chaque aile). Les trois caméras AN/AAR-60, produites et développée par Hensoldt, offrent une capacité défensive passive augmentée, avec une capacité de détecter les missiles se dirigeant vers l’avion. Afin d’augmenter l’efficacité défensive de l’appareil, la suite ECIPS+ peut, dès qu’elle détecte un missile, lancer automatiquement les leurres de l’avion sans que le pilote n’ait le temps de réagir. Il comprend également un brouilleur radar AN/ALQ-162(V)6, développé et produit par Northrop Grumman. Ce dernier permet de brouiller les missiles à guidage radar lors de leur approche du F-16.

À noter qu’un avion peut-être équipé d’un ECIPS+ ainsi que du pylône PIDS+ ; il garde une capacité de détection par image des missiles, une capacité de brouillage radar grâce à l’ECIPS+ ainsi qu’un emport de leurres infrarouges (flares) et de paillettes (chaffs)(grâce à un PIDS+), le premier étant conçu pour leurrer les missiles à guidage infrarouges, le second pour les missiles à guidage radar. Il faut préciser que si aucun PIDS+ (ou autre variante de pylône de Terma) n’a été visible (du moins avec certitude), les pays livrant les F-16 disposent de ces différents pylônes et vont donc également les livrer avec les Fighting Falcon promis.



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